La Transnistrie, en forme longue la République moldave du Dniestr (RMN),  est un État non reconnu, indépendant de fait depuis la dislocation de l’URSS en 1991.

Sa capitale est Tiraspol et son territoire situé rive gauche du Dniestr est constitué, selon le droit de la Moldavie et selon l’Organisation des Nations unies, par cinq raionsautonomes et la municipalité de Tiraspol, dénommés Unités administratives territoriales de la rive gauche du Dniestr. Mais en fait le territoire qu’elle contrôle est un peu différent, car la moitié de l’un des cinq rayons autonomes (celui de Dubăsari) a choisi l’obédience du gouvernement légal de Chișinău, alors qu’en revanche la RMN tient la ville et la citadelle de Bender/Tighina sur la rive droite du Dniestr.

Le territoire de 4 163 km2 contrôlé de facto par le gouvernement de Tiraspol a une superficie équivalente à celle du département français des Pyrénées-Orientales ou de la province belge de Luxembourg, mais s’étire, tel un Chili miniature, entre le fleuve Dniestr et la Frontière entre la Moldavie et l’Ukraine.

Le point culminant de la Transnistrie (273,9 m) se situe sur les hauteurs de la commune de Plopi.

La République moldave du Dniestr (RMN) s’étend sur les régions historiques ukrainiennes de Podolie et du Yédisan : à l’exception des villes de Dubăsari et de Bender/Tighina, son territoire n’a appartenu ni à l’ancienne Principauté de Moldavie ni à l’ancienne Bessarabie.

Le 28 juin 1940, à la suite de l’ultimatum russe du 26 juin 1940 avec délai de 24 heures, l’URSS annexe la Bessarabie qui est alors incluse dans la République autonome de Moldavie, transformée en République Socialiste Soviétique de Moldavie. Du 28 juin 1940 au 2 août 1940, pendant 5 semaines, la RSSM comprend l’ex-RSSA de Moldavie et la Bessarabie (soit 52 710 km2).

Pendant la Seconde Guerre mondiale, en juillet 1941, la Bessarabie est réoccupée par la Roumanie devenue fasciste dans le cadre de l’invasion forces de l’Axe en Union Soviétique.

L’Armée rouge revient en mars 1944 et la Transnistrie est réintégrée à l’Union soviétique qui déporte la moitié des roumanophones, accusés de collusion avec l’occupant fasciste. Dans les années 1960, la rive gauche du Dniestr s’industrialise : centrale hydroélectrique de Dubăsari, arsenal de Colbasna, industries mécaniques et autres de Tiraspol. De nombreux russophones s’y installent.

La RMN fait sécession de la Moldavie en 1991 lorsque cette dernière prend son indépendance vis-à-vis de l’URSS (au sein de laquelle la RMN souhaite demeurer).

Alors que l’Union soviétique commence à se démocratiser à la fin des années 1980, il se produit en Moldavie, avec la future RMN et la Gagaouzie, un phénomène similaire à celui observé ultérieurement en Ukraine avec la Crimée et le Donbass, en Géorgie avec l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud, ou en Azerbaïdjan avec le Haut-Karabakh : face aux mouvements centrifuges et indépendantistes des Républiques unionales (Moldavie, Ukraine, Géorgie, Azerbaïdjan), le pouvoir russe encourage et soutient l’autonomie des minorités locales (russe en Ukraine et Moldavie, abkhaze et ossète en Géorgie, arménienne en Azerbaïdjan). Cela a pour effet de dresser les habitants les uns contre les autres, et de poser l’armée soviétique en arbitre.

Les tensions augmentent d’autant et en juin 1990, lorsque le Parlement de la République de Moldavie adopte l’utilisation du roumain (langue de la majorité autochtone) comme seule langue officielle de la république, les Russo-Ukrainiens, déjà alarmés depuis 1989 par la réintroduction de l’alphabet latin et la volonté moldave de sortir du giron soviétique, expriment leur refus de devoir apprendre la langue locale et leur crainte de perdre leur situation privilégiée pour raison linguistique, comme dans les pays baltes. De plus, une éventuelle réunification entre la Roumanie et la Moldavie paraît inacceptable pour les slavophones (25,4 % de la population en République de Moldavie, mais qui ne seraient plus que 8 % dans une Roumanie-Moldavie unie). Aussi, les slavophones de Transnistrie rassemblés par Igor Smirnov, réclament le maintien de leur région au sein de l’URSS et son rattachement à la République soviétique de Russie, comme l’enclave de Kaliningrad. Le 2 septembre 1990, ils proclament une « République socialiste soviétique moldave du Dniestr » qui n’est pas reconnue par le Soviet Suprême de l’URSS, car elle n’existait pas auparavant, la Moldavie ayant une structure unitaire au sein de l’URSS.

En novembre, des violences éclatent entre les forces armées de la République de Moldavie et les milices russophones de la RMN, ces dernières étant alors appuyées par la XIVe armée russe qui est stationnée en permanence sur le territoire. La nouvelle République moldave du Dniestr choisit Tiraspol comme capitale et demande son rattachement à la Russie.

En novembre 1991, dans le contexte de la dislocation de l’URSS et de l’abandon du communisme, le pays est renommé par les autorités de Tiraspol en « République moldave du Dniestr » (RMN) et abandonne officieusement et partiellement l’idéologie communiste (du moins dans le domaine économique) pour s’orienter vers un passage progressif à l’économie de marché. À l’occasion d’un premier référendum organisé en décembre 1991, la population de la RMN se prononce pour l’indépendance du territoire.

En juin 1992, les combats reprennent. Le 3 juillet 1992, un violent tir d’artillerie sur les gardes-frontières moldaves fait 112 morts dans les rangs moldaves et signe la fin effective des hostilités à la suite de cette démonstration de force.

Une force trilatérale de la mission PFK de maintien de la paix de la CEI (russe, moldave et transnistrienne) est déployée le 29 juillet 1992 le long du Dniestr et autour de Tighina. Dans cette force, Russes et Transnistriens sont 894 (402 soldats russes et 492 transnistriens), les Moldaves sont 355, et il y a aussi 10 observateurs militaires ukrainiens.

À l’automne 1992, les négociations aboutissent à un accord entre le président de la République de Moldavie Mircea Snegur et le président de la Fédération de Russie, Boris Eltsine : la Russie resterait neutre si la RMN bénéficiait d’un statut de région autonome dans le cadre de la République de Moldavie : c’est la naissance de l’« Unité territoriale autonome de la rive gauche du Dniestr » (UTAN). En échange, la République de Moldavie s’engage à ne plus revendiquer son identité roumaine, à ne pas demander son rattachement à la Roumanie ou, dans ce cas, à accorder le droit à l’autodétermination à l’UTAN.

La position du président russe, Vladimir Poutine, soutient aussi la création d’une région intégrée à la République de Moldavie, à condition que cette dernière soit bilingue russe-moldave, ne revendique pas sa roumanophonie et reste liée à la Fédération de Russie par des accords bilatéraux.

En décembre 2011, le nouveau président Evgueni Chevtchouk déclare qu’il cherchera « la reconnaissance internationale de l’indépendance de la RMN » mais en mars 2014 il déclare vouloir rattacher la RMN à la Fédération de Russie.

En décembre 2014, les média transnistriens et gagaouzes se rallient aux revendications de Pavel Goubarev pour une « Nouvelle-Russie » incluant la partie sud-est de l’Ukraine, la Transnistrie et la Gagaouzie tandis qu’en 2015 le général moldave Ion Costaș, ancien ministre de la défense de Moldavie durant la guerre du Dniestr, déclare que la « solution des conflits serait que la Moldavie cède la Transnistrie et la Gagaouzie à la Nouvelle-Russie ou à l’Ukraine en échange de l’accord définitif de Moscou et de Kiev pour une entrée de la Moldavie dans l’Union européenne et l’OTAN et/ou une union avec la Roumanie ».

En 2003, Dmitri Kozak, l’envoyé du président russe Vladimir Poutine, appuie une « fédéralisation » de la République de Moldavie garantie par la Russie et l’Ukraine.

Toutefois, la RMN n’a reconnu aucune de ces dispositions, et c’est pourquoi elle n’est à son tour reconnue par aucun état membre de l’ONU et n’existe donc que de facto : seule l’UTAN bénéficie d’un statut de jure. Pour tenter de débloquer la situation après que les communistes ont également acquis la majorité à Chișinău, une première rencontre directe entre les deux présidents communistes de Moldavie (Vladimir Voronine) et de la République moldave du Dniestr (Igor Smirnov) a lieu à Bendery (Tighina) (ville sous administration de la RMN) le 11 avril 2008. Mais la relance du processus de négociations dit « 5+26 » échoue, car Smirnov, son gouvernement et, pour autant qu’ils puissent s’exprimer, ses électeurs souhaitent un rattachement à la Russie, que ni le Kremlin ni la Moldavie, ni l’Organisation des Nations unies n’admettent. L’intransigeance de la RMN se durcit à l’été 2013 en même temps que la crise de Crimée et pour la même raison : l’approche de la signature d’un accord d’association avec l’Union européenne dont la Russie ne veut pas.

De jure, la Transnistrie reste un état fantôme non reconnu par la communauté internationale.