Restaurant parisien traditionnel : les Noces de Jeannette

J’ai testé le restaurant les Noces de Jeannette

Peu d’endroits dans le monde, et qui plus est, des restaurants, peuvent se targuer de faire voyager leurs clients aussi bien culturellement que culinairement. Basé au 14 rue Favart, dans le deuxième arrondissement de Paris, le restaurant les Noces de Jeannette le permet et l’encourage même. Bienvenue dans un univers où les années d’antan sont à portée de fourchette.

Un peu d’histoire

Si la gastronomie est un voyage, le restaurant les Noces de Jeannette permet de faire en plus un bond dans le passé. Retourner près de quarante ans en arrière et profiter d’une indolence qu’on avait fini par oublier. Une sorte de kitch, mais dans le bon sens du terme : celui de prendre son temps sans le perdre.

Proposant une cuisine raffinée au cœur de Paris, non loin des Grands Boulevards et à quelques encablures des monuments les plus célèbres de la ville, le restaurant possède une âme jusque dans le moindre de ses recoins et plonge ses visiteurs dans un univers concomitamment culturel et gastronomique.

Mais remontons un peu dans le temps. Au début du 20 èm siècle, Poccardi, un célèbre restaurateur crée son enseigne, qui devient par le biais de la qualité culinaire qu’il propose, une adresse incontournable, prisée par le Tout-Paris qui s’y presse afin d’y déguster des spécialités italiennes raffinées que ses membres accompagnent de grands crus. Il s’y raconte qu’il faille y patienter jusqu’à l’extérieur du restaurant pour avoir le privilège d’y dîner.

Dans les décennies qui suivent, le restaurant tout en restant familial, change de nom pour prendre celui d’un opéra-comique de Victor Massé qui se joue de l’autre côté de la rue et raconte l’histoire des noces de Jean et Jeannette. Le nom est trouvé ; il ne changera plus jamais. La qualité non plus.

Au travers de son envie de pérenniser une cuisine qualitative et optimale, le restaurant est ainsi parvenu en plusieurs années à être récompensé par ses pairs, le considérant ainsi que le guide Michelin : « comme un restaurant typique de Paris ancré dans les plus belles traditions parisiennes » Mais le restaurant est également distingué par les labels suivants : le bottin gourmand, les produits cuisinés ici, le guide gourmand, Pudlo Paris, le Prosper Montagné, le petit futé, les tables et auberges de France, les bistrots beaujolais, le best restaurant Paris et le guide Mercier.

Un endroit hors du temps

Juste avant de prendre un vol en direction du Cap-Vert, j’en profite pour rejoindre le centre de Paris et déjeuner dans ce restaurant dont j’ai si souvent entendu parler. En arrivant rue Favart, je le découvre après avoir arpenté depuis la sortie de métro Opéra, l’avenue des Grands-Boulevards.

Il apparaît devant moi, reconnaissable entre mille au travers de sa façade verte et de son néon nominatif qui clignote.

En entrant à l’intérieur, je découvre un escalier qui permet de rejoindre des salons qui se trouvent à l’étage. Et juste aux côtés de cet escalier, une petite table sur laquelle, une sorte de maître d’hôtel effectue l’administratif des réservations et de temps à autres, récupère les vestes des clients. L’homme, légèrement vouté qui m’accueille me salue et m’accompagne à ma table. Je prends le temps de m’asseoir et de découvrir l’univers qui m’entoure.

Tout autour de moi, sur les murs, des cadres contenant des affichettes de pièces de théâtres. La salle dans laquelle je me trouve est à moitié remplie ; il faut dire qu’à près de 14 h 00, nombre de clients ont déjà terminé de déjeuner, seuls restent les irréductibles hommes d’affaire qui prennent le temps de discuter contrat autour d’un léger digestif.

Deux tables sont occupées par des retraités qui s’affairent à terminer leur dessert et non loin d’eux une famille qui parle le verbe haut, continue sa commande.

Un autre serveur se présente à moi et me remet la carte. En guise d’apéritif, je commande une boisson gazeuse, bien fraîche, qui me désaltèrera après ce crapahutage au cœur du métro parisien.

La carte est relativement peu fournie, gage de qualité des restaurants qui font tout maison. Mais elle contient l’essentiel des plats que l’on retrouve dans les hauts établissements parisiens avec des prix somme toute accessibles.

Entrées
Salade de roquefort aux noix du Périgord – 10,00 €
Salade de mesclun au parmesan et magrets fumés – 11,00 €
Panaché de salade aux herbes et à l’huile d’olive – 5,00 €
Salade de poulet aux agrumes – 11,00 €
Assiette de charcuterie de chez Chedeville – 12,00 €
Terrine de foie gras du sud-ouest maison – 18,00 €
Terrine de foie de volaille et pimientos – 9,00 €
Six gros escargots de Bourgogne – 9,00 €
Rillettes aux deux saumons sur salade – 11,00 €
Salade aux anchois de la Maison Desclaux à Collioure – 12,00 €
Chipirons à l’encre de chez Ramon Peña en salade – 12,00 €
Sardines de La Perle des Dieux – 11,00 €

 Plats
Spaghetti aux légumes sautés – 14,00 €
Brandade de morue de Ciboure, chorizo et roquette – 16,00 €
Suprême de daurade, riz de Camargue – 23,00 €
Volaille sautée aux champignons des bois – 18,00 €
Cuisse de canard rôtie aux épices – 19,00 €
Magret de canard au cassis, poire rôtie – 19,00 €
Filet de bœuf à la plancha – 25,00 €
Pavé de cœur de rumsteck à la plancha, nature ou sauce au poivre vert – 19,00 €
Tradition du Terroir
Saucisson pistaché de l’ïle de France – 17,00 €
Boudin noir aux piments d’Espelette de Christian Parra – 19,00 €
Andouillette AAAAA grillée – 19,00 €
Tripes viroises à la mode de Caen de Michel Ruault – 19,00 €

Desserts
Crème brûlée à la vanille bourbon – 9,00 €
Croustillant au chocolat amer, crème anglaise – 8,00 €
Framboisier au coulis de fruits rouges – 9,00 €
Fromage blanc aux griottines ou à la crème de marrons Imbert – 8,00 €
Opéra (chocolat café) – 8,00 €
Pain perdu au miel, glace crème de lait bouilli – 9,00 €
Douceur glacée, framboise bio et Griottines au Kirsch – 8,00 €
Glace bio au caramel sel de Guérande – 8,00 €
Ange Noir : sorbet fruits noirs & citron bio, cassis « noirs » de Bourgogne – 8,00 €
Sorbet citron myrtille – 8,00 €

Je me laisse tenter par un foie gras en entrée ; en plat principal, par un pavé de rumsteck à la plancha et par une crème brûlée en dessert. J’accompagnerai ma viande par un vin rouge au verre.

Le serveur me remercie, récupère la carte et me laisse visiter les différents salons du restaurant. Ma première découverte est la salle qui se trouve à mon opposé, au rez-de-chaussée. En entrant à l’intérieur, je suis submergé par un plaisir visuel. Les affiches présentes sur les murs sont les pièces d’un puzzle grandeur nature, qui une fois assemblées dévoilent un véritable décor de théâtre. Sur le mur, comme centrant l’attention et entouré de deux statues angéliques, un dessin caricaturant l’office du mariage.

La salle, dont la couleur jaune uniforme est égayée par ces dizaines d’affiches, attire le regard et représente une sorte de gardien du temple ; chaque objet semblant posé sans grande réflexion et de manière désordonnée dans la salle est en réalité la conséquence d’un désir : surprendre, émouvoir et avec une didactique modeste, transmettre des pans de notre histoire.

De prime abord surprenant, le restaurant se révèle riche de tout, mais jamais avec frénésie et mauvais goût. Ici, tout n’est que finesse et subtilité.

Alors que je me trouve à l’étage, à arpenter un long couloir pour découvrir encore mille trésors, à la manière d’un visiteur de musée, le serveur qui a fait l’effort de venir me chercher, me prévient que mon premier plat est disponible.

Une maîtrise culinaire surprenante

Le foie gras est servi dans une assiette rectangulaire aux bords arrondis. La tranche est épaisse et fait maison. Au cœur de l’assiette, séparés en deux parties : un petit monticule de fleur de sel et une petite salade.

Je coupe dans la tranche que j’accompagne avec une petite compotée de fruits rouges servie à part. Le pain légèrement doré permet d’amener à la bouchée le craquant nécessaire qui en sublime le goût.

Puis, à peine terminé mon entrée, je déguste le vin rouge que le sommelier m’a servi au verre. Fruité et maintenu en bouche, le vin, un Bordeaux récent permet d’agrémenter la puissance du bœuf qui fond sous la langue. La pièce de viande est servie avec une petite sauce brune et accompagnée de légumes verts et d’un gratin dauphinois.

La viande est tendre ; ses bords un peu plus prononcés niveau cuisson laissent découvrir en bouche un cœur à la température optimale. Je me régale.

Le temps passant, je me sens bercé par une sorte de mélancolie que je ne parviens pas à localiser. Est-ce ce décor unique qui attise mes sens ? Ou est-ce ce repas maîtrisé à la perfection qui en sublime le moment. Quoi qu’il en soit, mon dessert posé sur la table et un expresso que je commande afin de me réveiller sonne le glas de ce voyage culinaire et culturel.

J’ai le temps de commander un Uber pour me conduire à l’aéroport et de saluer furtivement le chef que j’aperçois dans le couloir, avant de prendre congé du restaurant.

Sur le pas de la porte, je termine ce repas en remerciant Anita Duleba, la directrice commerciale de l’établissement qui  travaille pour les propriétaires : la famille Fracheboud depuis plus de dix ans. Ce travail d’équipe a permis à cet univers de rester familial, à la différence de nombreux autres restaurants typiques parisiens qui ont accepté de céder aux sirènes du mercantilisme de grands groupes qui à coup de millions d’euros, les ont rachetés pour les uniformiser. Ne pas vendre son âme pour garder la sienne, telle pourrait être  la philosophie de vie du restaurant : « Les Noces de Jeannette »

Comment s’y rendre ?

Restaurant les Noces de Jeannette
Ouverture tous les jours12h00–14h00 & 18h30–21h30 y compris Dimanche et jours fériés
14, rue Favart – 75002 Paris
Métro Richelieu Drouot (Lignes 8, 9) ou Opéra (Lignes 3, 7, 8)
Bus – arrêt Richelieu Drouot (Lignes 20, 39, 48, 67, 74, 85)
Contacts et réservations : 01 42 96 36 89
Site Internet : https://www.lesnocesdejeannette.com/restaurant-francais-paris