Au cœur de l’Afrique de l’Ouest, la République de Guinée est une terre de paysages exceptionnels et d’une biodiversité remarquable, abritant de nombreuses espèces endémiques et des sites naturels d’une rare beauté. Nous y avons passé plusieurs jours afin de vous y présenter les incontournables de la république de Guinée.
La République de Guinée, souvent appelée Guinée Conakry pour la distinguer des autres pays portant le nom de Guinée, est située en Afrique de l’Ouest, bordée par l’océan Atlantique. Ce pays, avec une superficie de 245 857 km², partage ses frontières avec six pays : le Sénégal, le Mali, la Côte d’Ivoire, le Liberia, la Sierra Leone, et la Guinée-Bissau. La Guinée est composée de quatre régions naturelles, chacune possédant ses caractéristiques géographiques, culturelles et climatiques : la Guinée maritime, la Moyenne Guinée, la Haute Guinée, et la Guinée forestière, offrant une diversité impressionnante de paysages, allant des montagnes aux savanes, en passant par des zones côtières et des forêts denses.
Nous avons appris l’existence de ce pays lors de l’IFTM 2023 à Paris, lorsque sa directrice de l’Office du Tourisme, Kade Camara, nous a présenté Saida, fondatrice de la seule agence de voyages en France spécialisée dans la Guinée. Élégante et chaleureuse, vêtue d’un habit traditionnel coloré, Saida a su nous transmettre sa passion pour cette destination unique, et c’est avec enthousiasme que nous avons planifié ce voyage de deux semaines en son cœur.
La Guinée possède des ressources naturelles considérables, ce qui en fait un acteur clé en matière de production minière, notamment de bauxite, dont elle est l’un des plus grands producteurs mondiaux. Elle est aussi riche en or, en fer et en diamants, des ressources qui jouent un rôle essentiel dans son économie. En outre, le pays est doté de cours d’eau importants, comme le fleuve Niger qui prend sa source dans les montagnes guinéennes. Ce potentiel hydraulique fait de la Guinée le « château d’eau de l’Afrique de l’Ouest », une richesse naturelle qui contribue grandement à son développement énergétique et environnemental au travers de sa verdure omniprésente.
Au fil des discussions avec Saida, notre désir de découvrir ce pays s’est ainsi intensifié progressivement. Nous avons ainsi tout d’abord réservé nos vols, avant d’effectuer nos contrôles santé et voir si nous détenions bien nos vaccins à jour contre la fièvre jaune. Nous avons ensuite procédé à l’enregistrement de nos demandes de visa, obtenus en 3 jours pour 80 euros chacun, avant de finaliser notre programme de visite.
Si vous souhaitez trouver la meilleure agence de voyage spécialisée dans les voyages en Afrique de l’Ouest, n’hésitez pas à consulter le site Internet ou à prendre contact avec l’agence Saida voyages dont le siège français se trouve au 108 rue Clignancourt à Paris. Plus d’informations peuvent être demandées directement au 0033 7 53 99 08 65. Un mail peut être envoyé au contact@saida-voyages.com Saida voyages possède également une agence locale à Conakry, gérée par son fils Ismaël. Plus d’informations peuvent être données sur le 00 224 626 40 36 50. |
La culture guinéenne est un savant mélange d’ethnies et de traditions, marquée par une diversité linguistique et artistique qui s’exprime à travers la musique, la danse et les cérémonies traditionnelles. Les principales langues ethniques incluent le Soussou, le Pular et le Malinké, en plus du Français, la langue officielle. La Guinée a su se démarquer sur la scène artistique mondiale, notamment grâce à son riche patrimoine musical, avec des instruments emblématiques comme le balafon, la kora et le djembé, qui accompagnent les rythmes entraînants des danses traditionnelles.
Avec une population chaleureuse et des traditions riches, chaque région de la Guinée recèle des trésors culturels et naturels qui la rendent unique. Ses villages, dotés de cases traditionnelles, sont de véritables havres de paix où le temps semble s’être figé.
À travers cette expérience immersive, nous avons exploré des sites emblématiques du pays, des lacs cristallins aux chutes spectaculaires, en passant par les hauts plateaux du Fouta-Djalon et les rivières aux eaux tumultueuses. Loin du tourisme de masse, notre séjour en Guinée a été une aventure profondément humaine et authentique, où chaque paysage et chaque rencontre ont renforcé notre attachement à cette terre exceptionnelle.
Pour les lecteurs qui le souhaitent, n’hésitez pas à vous rendre sur notre récit photographique complet qui vous présente le vrai visage de la république de Guinée.
Découvrez ainsi un article précis, véritable guide ultime au cœur de la Guinée, une destination qui mérite toute votre attention et promet des souvenirs impérissables.
Premiers pas dans le pays
Notre voyage débute à Orly, en France, lorsque nous embarquons à bord d’un vol Royal Air Maroc, empreints d’une excitation qui ne cesse de croître à mesure que nous quittons le sol. L’avion fend les nuages, et après quelques heures de vol, nous atterrissons à Casablanca pour une escale. L’aéroport, vaste et animé, mêle modernité et effervescence marocaine. Nous profitons de ce moment pour observer la vie qui y foisonne, déjà plongés dans une atmosphère qui annonce le dépaysement.
Quelques heures plus tard, nous redécollons pour notre destination finale. Le vol de 3 heures nous semble presque court tant nous anticipons avec impatience notre arrivée en Guinée. Enfin, les roues de l’avion touchent le tarmac de l’aéroport de Conakry. Dès que nous descendons, nous découvrons un aéroport moderne et impeccablement propre, reflet d’une capitale qui cherche à affirmer son rang en Afrique de l’Ouest. Les formalités aux frontières se déroulent sans encombre, et tout, ici, nous semble accueillir une promesse d’aventure. Nous ressentons immédiatement que nous venons de poser le pied sur une terre vibrante, riche de mille possibilités.
À la sortie de l’aéroport, nous faisons la rencontre d’Ismaël. Grand, élancé, il se distingue par son allure et l’élégance naturelle qui émane de lui. Fils de Saida et directeur de l’agence locale Saida Voyages, Ismaël dégage un charisme captivant. Il nous accueille avec une chaleur qui met aussitôt fin à notre fatigue de voyageurs. Par ses gestes, ses mots soigneusement choisis et son sourire rassurant, il nous met immédiatement à l’aise.
Avec une aisance impressionnante, Ismaël organise notre transfert à l’hôtel Onomo, l’un des beaux hôtels de la capitale. Nous sommes fascinés par la manière dont il négocie le prix de notre chambre. Chaque mot semble pesé, chaque phrase prononcée avec tact et intelligence. Il incarne parfaitement l’image d’une Afrique jeune, dynamique et ambitieuse. Nous devinons en lui un esprit brillant et cultivé, forgé par de longues études, et il nous inspire un profond respect.
La nuit à l’hôtel Onomo est paisible et réparatrice, bercée par le murmure lointain de la ville qui s’endort. Le lendemain matin, nous retrouvons Ismaël dans le hall. Toujours aussi élégant, il est accompagné de Gassama, un guide renommé en Guinée. Dès les premiers instants, Gassama, avec ses dreadlocks soignées et son sourire sincère, nous inspire une confiance totale. Il dégage une énergie apaisante et, rapidement, nous comprenons que nous sommes entre de bonnes mains.
Gassama se présente avec modestie, mais sa connaissance profonde de la Guinée transparaît dans chacun de ses mots. Il nous parle de son pays avec passion, en dévoilant autant ses trésors géographiques que ses richesses historiques. Nous avons l’impression qu’il connaît chaque recoin de cette terre, chaque histoire, chaque légende. Avec lui, nous nous sentons déjà connectés à cette nouvelle aventure, prêts à explorer une Guinée authentique et captivante.
L’excitation monte. Une nouvelle journée commence, et avec elle, les promesses d’un voyage inoubliable prennent vie.
Conakry, une capitale tumultueuse
Conakry, la capitale de la Guinée, s’étend le long de l’océan Atlantique et accueille près de deux millions d’habitants. Située sur la presqu’île de Kaloum, la ville est un centre névralgique économique et culturel pour l’Afrique de l’Ouest, où se mêlent traditions et modernité. Réputée pour sa vibrante vie urbaine et ses nombreux sites historiques, Conakry se déploie en plusieurs quartiers animés, reliés par des marchés, des édifices religieux et des institutions culturelles qui rythment la vie quotidienne de ses habitants.
Nous découvrons Kaloum, familièrement considéré comme le centre de Conakry, une ville dont chaque quartier semble avoir sa propre âme, chargée de mémoire et d’énergie. En arpentant ses rues, nous comprenons peu à peu comment la capitale s’ancre dans l’histoire et le quotidien de la Guinée. Le centre-ville est marqué par ses maisons coloniales et anciennes maisons de commerce, vestiges d’une époque révolue mais intégrés dans la vitalité actuelle.
Le marché de Madina, l’un des plus grands et des plus vivants d’Afrique de l’Ouest, absorbe les visiteurs dans son tourbillon de couleurs et d’odeurs. À une échelle plus intime, nous lui préférons le marché Niger qui offre les mêmes trésors, mais dans une ambiance plus feutrée, où chaque interaction semble plus personnelle. Nous nous laissons également attirer par le marché aux Artisans près de l’hôtel 5 étoiles Palm Camayenne, un lieu foisonnant de sculptures, de bijoux et d’objets uniques.
Nous nous dirigeons ensuite vers les institutions culturelles de Conakry, où l’histoire prend forme devant nous. Le musée national de Sandervalia, fondé en 1960, possède des objets ethnographiques et archéologiques des différentes communautés guinéennes, chaque pièce racontant un fragment de l’histoire nationale. Le palais du peuple et son impressionnant monument du 22 novembre se dressent comme des symboles de liberté, érigés en hommage aux hommes et aux femmes morts lors de l’agression portugaise de 1970.
Nous trouvons aussi au cœur de la ville un espace de verdure dans le jardin Botanique, créé en 1894. Ce havre de paix nous offre une parenthèse apaisante, tandis que le cimetière de Boulbinet intrigue avec son atmosphère presque mystique.
Parmi les autres lieux marquants, le palais des Nations ou palais Mohamed V se distingue par sa prestance unique. Construit en 1978, ce monument reste un symbole de fierté pour la nation guinéenne. Nous passons également devant la case d’Olivier de Sanderval et la maison du Jardin Camayenne, témoins de l’époque coloniale, puis devant le Mausolée Camayenne, où reposent des personnalités de renom, dont le premier président guinéen, Sékou Touré.
La ville ne manque pas non plus de trésors de connaissance, comme la bibliothèque nationale de Guinée et les archives nationales, précieux pour les amateurs d’histoire. Enfin, la gare centrale de Conakry, bien que hors service, conserve sa magnifique architecture coloniale, un vestige du passé ferroviaire de la Guinée.
Non loin de là, plusieurs édifices religieux témoignent de la richesse spirituelle de la ville. La mosquée Fayçal, imposante et majestueuse, et la cathédrale Sainte-Marie, érigée à l’époque coloniale, nous impressionnent par leur architecture et leur sérénité, comme deux points d’ancrage spirituel au cœur de l’agitation urbaine.
Les environs de Conakry offrent un mélange d’activités balnéaires et de découvertes naturelles :
- La plage de Rogbané, à Taouyah, célèbre pour ses couchers de soleil spectaculaires et son ambiance animée, où se tiennent régulièrement des événements musicaux et culturels.
- La plage de Tayaki, dans le quartier de Kobaya, une étendue de sable fin idéale pour la détente en famille ou entre amis.
- La plage de Kromayah, réputée pour ses eaux calmes et son atmosphère paisible.
- Chaka Waka Beach, à Camayenne, un lieu populaire pour la baignade et la détente.
- La plage de Bokérasse (Benarès), un site rustique où la nature est encore préservée.
- La plage de Bonfi Port, combinant paysage portuaire et coins isolés pour profiter de la mer.
- La grotte de Kaporo (ou grotte de Kakimbo), nichée à proximité de la forêt éponyme, un lieu empreint de légendes locales, parfait pour une exploration souterraine unique.
Conakry, dans chaque recoin, chaque marché, chaque édifice, nous raconte son histoire et partage son âme. En parcourant ses rues et en écoutant les murmures de son passé, nous nous imprégnons de l’énergie et de la vitalité qui font de cette ville un carrefour essentiel en Afrique de l’Ouest.
Le port de Conakry
Pour rejoindre les îles de Loos, un archipel proche de la capitale, nous devons acheter un ticket de pirogue. Après un court trajet en voiture, nous entrons au cœur du port de Conakry, entourés par un tumulte de vie vibrant et intense. Autour de nous, des centaines de personnes s’activent, les voix s’élèvent, les couleurs éclatent, les odeurs de poisson, de sel et de fruits mûrs emplissent l’air lourd de l’effervescence du matin. Ici, nous sommes vivants, pleinement présents dans cette scène que rien n’atténue.
Les femmes, debout derrière leurs étals chargés de poissons fraîchement pêchés, attirent l’attention par des cris puissants et cadencés. Elles scandent le nom de leurs prises, leurs voix se mêlent aux appels des autres vendeuses, formant une symphonie bruyante et familière. Chacune défend son morceau d’océan, négocie avec les acheteurs, et nous sentons la détermination dans leur regard, dans leurs gestes habiles et rapides.
À côté, des hommes robustes s’affairent sans répit. Ils transportent des cageots de polystirènes remplis à ras bord, les bras et les épaules luisants sous le poids des poissons qui glissent, déversant un filet d’eau salée mêlée de jus visqueux. Cette liqueur iodée trace des sillons sur leurs muscles tendus, témoins d’une journée déjà ardue alors que le soleil commence à peine son ascension. Autour d’eux, l’animation est constante, une chorégraphie spontanée où chacun occupe son rôle dans cette fresque vivante.
Les enfants, espiègles et vifs, circulent entre les adultes, cherchant à se faire une petite pièce en offrant de menus services. Ils proposent d’aider à porter des sacs, nettoient ici et là, ramassent ce qui traîne, s’insinuant dans les interstices de la foule avec une rapidité et une agilité qui défient l’agitation ambiante. Ils sourient, fiers de leur rôle, et leurs yeux pétillent de l’envie de faire partie de cette scène vibrante.
Non loin de nous, des militaires, droits et silencieux, veillent sur le palais présidentiel qui se trouve à côté et impressionne au travers de sa forme concentrique et sa couleur verte. Leur présence imposante rappelle la proximité de l’autorité et du pouvoir, leurs regards fermes scrutant la foule, attentifs au moindre signe de désordre. Leurs uniformes nets et leur posture rigide contrastent avec le mouvement incessant qui agite le port. Ils sont comme des statues, ancrés dans cette marée humaine, protégeant discrètement cet édifice symbolique, rappelant que même dans l’agitation, l’ordre reste un maître discret et puissant.
Le trajet vers l’île de Kassa
Nous embarquons à bord d’une pirogue étroite et colorée, les vagues légères de l’océan nous invitant à prendre le large. Le trajet vers l’île de Kassa nous coûté 35 000 francs guinéens (3,50 euros) par personne, une somme modeste pour ce qui s’annonce déjà comme une aventure unique. À mesure que le moteur de la pirogue vrombit et que nous nous éloignons du quai, le tumulte du port de Conakry s’estompe, se dissolvant dans un calme progressif. Les silhouettes des habitants, animées par leurs allées et venues, s’éloignent et se rétrécissent, telles des fourmis colorées qui s’agitent sur le rivage.
Le capitaine, un homme d’un jeune âge à l’œil vigilant, nous observe en silence avant de nous tendre des gilets de sauvetage avec insistance. Avec un regard entendu, il nous fait signe de les enfiler, un geste prudent que nous respectons sans hésiter, du moins pour une grande partie d’entre nous. La mer est calme, mais le sérieux du capitaine nous rappelle que ce voyage, aussi tranquille soit-il, demande le respect de cette immensité salée qui nous entoure.
Au fil de notre avancée, nous croisons d’autres embarcations, certaines robustes, d’autres semblant d’un autre âge, leurs coques usées par les années et l’eau salée, marquées par les voyages de générations passées. Les pêcheurs nous saluent d’un geste de la main, et leurs visages, burinés par le soleil et le vent, nous racontent leur vie sur ces eaux, si familières pour eux.
Enfin, l’île de Kassa se dessine devant nous, entourée de plages de sable clair et de palmiers, une invitation irrésistible à la découverte, entourée par les deux autres îles habitées de l’archipel de Loos : Tamara et Room. La pirogue ralentit alors que nous approchons du rivage, le capitaine manœuvrant habilement pour nous permettre d’accoster en douceur. Soudain, il se tourne vers nous, un sourire amusé aux lèvres, et, dans un élan de générosité, nous propose de nous porter jusqu’à terre pour que nos pieds ne touchent pas l’eau. Surpris, nous refusons poliment, un peu gênés par cette attention inattendue.
Seul Gassama, notre guide au sourire malicieux et à la silhouette élancée, accepte cette offre avec un rire léger. Le capitaine, aussi vigoureux que prévenant, le porte d’un geste assuré jusqu’au sable sec. Nous sautons alors de la pirogue, sentant enfin sous nos pieds la terre de Kassa.
En regardant autour de nous, une sensation de liberté et de calme nous envahit. Ici, loin de l’agitation de la capitale, le temps semble ralentir, et l’île nous invite à entrer dans son rythme, bercé par le bruit des vagues et la chaleur douce du soleil.
L’île de Kassa
Nous accostons sur l’île de Kassa, également appelée Factory Island, la plus peuplée des îles de Loos avec ses 12 000 habitants répartis dans quatre villages. Nous faisons nos premiers pas sur le sable, accueillis chaleureusement par un groupe de pêcheurs locaux qui déchargent leurs prises du jour.
Ils nous sourient, posent quelques questions, et la gentillesse qui se lit dans leurs regards nous fait sentir comme chez nous.
Immédiatement, après la montée d’une petite côte, une famille nous invite à partager un moment d’échange durant lequel, nous ne faisons plus qu’un avec cette vie locale sincère que nous découvrons en profondeur au travers de l’humanité de ses membres.
Nous poursuivons notre chemin et arrivons au cœur de Kassa centre, le village principal de l’île.
Le centre du village s’organise autour d’un rond-point orné d’une statue simple mais empreinte de caractère, une image qui semble veiller sur les habitants et sur la petite mosquée locale, lieu de prière et de rassemblement pour la communauté qui se trouve à proximité.
Un peu plus loin, une jeune fille se fait coiffer, assise sur un tabouret, le visage crispé par la douleur tandis que des mains expertes tressent ses cheveux avec précision. Nous observons, fascinés par la dextérité de la coiffeuse et par la manière dont la douleur semble être intégrée comme une part naturelle de cette tradition de beauté.
Alors que nous déambulons dans les ruelles sableuses, un groupe de locaux, assis dans un petit bar aux murs de bois, nous invite à partager un verre.
Leurs visages sont illuminés de rires et de discussions animées. Les verres se succèdent, accompagnés de sourires et de toasts joyeux qui résonnent dans l’atmosphère détendue du bar.
À la tombée de la nuit, nous décidons de nous baigner dans l’océan, bercés par la lumière douce des étoiles qui se reflète sur la surface sombre de l’eau. Le calme de l’île est profond, seulement interrompu par le bruissement des vagues qui viennent caresser la plage.
Plus tard, nous retrouvons notre chambre à l’hôtel Kassa Kounki, un petit établissement simple mais accueillant, où nous espérons trouver un repos bien mérité après cette journée riche en découvertes. Mais les moustiques, eux aussi bien présents, nous tiennent en éveil et nous rappellent qu’ici, la nature ne se laisse jamais oublier.
Malgré cette petite bataille nocturne, le dîner est un régal : du poulet local savoureux, grillé et épicé à la perfection, accompagné de frites fraiches Ce repas, humble mais délicieux, est un véritable festin qui conclut notre journée de manière chaleureuse et conviviale.
Le lendemain matin, nous faisons la connaissance de Doug, un américain septuagénaire qui parcourt le monde. Nous grimpons sur des moto-taxis, moyen de transport principal de l’île, pour nous rendre au port d’embarquement. La brise matinale, le soleil qui perce doucement, et la route cahoteuse qui défile sous nos pieds nous rappellent toute la beauté brute et simple de Kassa. Cette île, avec ses villages, ses plages et ses habitants, est une parenthèse vivante et vibrante qui nous donne un aperçu unique de la vie insulaire guinéenne.
L’île de Tamara
Une vingtaine de minutes de pirogue suffit pour nous permettre d’accoster sur l’île de Tamara, aussi appelée île de Fotoba, la plus grande des îles de Loos, qui s’étend sur une vaste superficie de 15,36 km².
Son allure semi-circulaire s’étire sur près de dix kilomètres de long, et avec ses 3 000 habitants, elle semble bien plus vaste et mystérieuse que les autres îles de l’archipel. Alors que nous avançons, le calme imposant de Tamara nous frappe. L’île porte une histoire profonde, gravée dans chaque coin de ses paysages : elle abrite l’ancien pénitencier de Fotoba, ouvert en 1905, un lieu jadis redouté pour les conditions de vie rudimentaires qu’il imposait aux détenus venus d’Afrique Occidentale Française.
Nous décidons de commencer notre découverte par une longue marche à travers l’île, suivant les sentiers qui serpentent dans une nature luxuriante et indomptée. À chaque pas, l’île dévoile des fragments de son passé colonial.
Un peu plus loin, nous atteignons le site du traité cordial, un lieu marqué par la présence de drapeaux et des tombes de résistants guinéens. Sur place, nous ressentons une profonde solennité et un hommage vibrant à ceux qui ont marqué la région par leur lutte et leur détermination, surtout lorsque Gassama notre guide nous en conte l’histoire.
Alors que nous continuons notre randonnée, notre vigilance se relâche un instant, et en posant nos pieds sur le sol, nous sentons soudain une vive douleur. En baissant les yeux, nous découvrons des fourmis soldats qui tracent des sillons bien alignés dans le sol ; nos pieds, sans le vouloir, sont passés au milieu de leur chemin. En l’espace de quelques secondes, nous subissons de multiples piqûres, aussi brèves qu’intenses. Tandis que nous nous débarrassons de ces petites intruses, un mouvement rapide attire notre attention à quelques mètres de là. Un serpent, d’une couleur noire et au corps fin, se glisse lentement sous un buisson, nous rappelant que Tamara reste une île sauvage où la nature garde tous ses droits.
Nous en profitons tout de même pour nous détendre, grâce à des hamacs que nous trouvons sur notre chemin.
À l’extrême opposé de l’île, à près de 200 mètres d’altitude, le phare de Tamara, majestueux, se dresse fièrement au sommet d’une colline. Construit en 1905 par l’ingénieur français Thompson, ce phare emblématique, visible à 100 kilomètres en mer, a guidé des générations de marins vers le port de Conakry. La vue panoramique qu’il offre sur l’océan Atlantique et les côtes environnantes nous coupe le souffle.
En poursuivant notre route, nous assistons dans le village de l’île, au coeur d’une école historique érigée en 1905, à des chants d’enfants qui nous accueillent avec un respect émotionnel.
Nous découvrons ensuite une église anglicane construite initialement en bois en 1870 et reconstruite en béton, qui nous rappelle la présence britannique passée sur l’île.
L’île de Room
Notre pirogue approche ensuite des rivages de l’île de Room, également connue sous le nom de Crawford Island ou île de Roume, réputée pour être la plus touristique de l’archipel des îles de Loos.
Située au centre de ces îles habitées, elle abrite environ 1 200 habitants et attire de nombreux visiteurs avec ses plages sublimes, en particulier sur sa côte Nord. Room est aussi connue pour son histoire fascinante : un fortin anglais, érigé au début du XIXe siècle par les Britanniques, témoigne de l’époque où cette base servait de poste d’observation contre la traite négrière.
Épuisés par le voyage et sous l’effet de la chaleur humide qui avoisine les 35 degrés, nous atteignons enfin notre restaurant, une petite bâtisse simple mais accueillante qui s’intègre parfaitement au décor naturel de l’île. À peine installés, nos ventres réclament un bon repas, et nous nous installons en terrasse, impatients de déguster les spécialités locales. La musique des vagues, mêlée à l’ambiance paisible de l’île, nous berce… jusqu’à ce qu’un groupe de musiciens locaux apparaisse, et nous permette d’oublier pour un moment, notre fatigue.
Les musiciens entament des chants en langue locale, accompagnés par le rythme profond des percussions. Nous observons avec curiosité et enchantement leurs mains glisser sur les instruments de musique, créant des sons puissants et enveloppants, un véritable appel à la fête. L’un des musiciens retient particulièrement notre attention : vêtu aux couleurs de la Jamaïque, il porte un pull épais et une écharpe multicolore, malgré la chaleur suffocante.
Nous nous échangeons un regard, surpris et amusés. Comment peut-il supporter cette tenue dans une telle moiteur ? Le mystère reste entier, mais son sourire, paisible et serein, semble prouver qu’il est parfaitement à l’aise…et a probablement cette envie de recevoir de notre part, un petit pourboire, qu’il parviendra à obtenir à de multiples reprises en tendant son chapeau à chaque membre du groupe…le tout toujours en musique.
Nos plats arrivent finalement, et au son des percussions, nous savourons des mets parfumés de saveurs locales, entre calamars grillés et poissons épicés, des saveurs qui complètent idéalement l’expérience de notre premier repas sur l’île.
Avant de quitter Room, nous prenons le temps d’explorer ses plages immaculées, déployées comme un trésor naturel sous le soleil. Le sable blanc et fin, la mer d’un bleu profond et les reflets étincelants de la lumière sur l’eau créent un tableau idyllique.
Le charme de l’île de Room, à la fois paisible et empreint de mystère, nous enveloppe ; il nous laisse un souvenir inoubliable et nous donne l’impression d’avoir découvert un petit bout de paradis, le même qui aurait inspiré Robert Louis Stevenson pour son célèbre roman, l’Île au trésor.
La cascade de la Soumba
Après une nuit sur la capitale, au sein de la guest-house Chez Nadine, nous prenons la route et après 3 heures pour sortir de Conakry, nous entrons dans la région verdoyante de Khorira, et arrivons après une vingtaine de minutes de piste, à la cascade de la Soumba, un site naturel prisé pour sa beauté saisissante.
Avant même de pouvoir explorer ce lieu, une surprise désagréable nous attend : le droit d’entrée s’élève à 20 000 francs guinéens par personne, chauffeur compris. Le prix nous paraît excessif, et nous apprenons que ce tarif est sujet à de vives contestations de la part des autorités locales. Malgré tout, nous réglons les frais, impatients de découvrir la splendeur promise.
La route pour arriver jusqu’à la chute n’est pas de tout repos. Les 7 kilomètres de piste en terre, escarpés et parfois glissants, mettent à l’épreuve notre véhicule et notre patience. Mais dès que nous posons le pied sur le site, tout semble oublié. Devant nous, la cascade se déploie en un spectacle naturel époustouflant, surtout en cette saison où les pluies ont gonflé son débit. L’eau jaillit en plusieurs chutes formant un arc de cercle parfait, créant une danse incessante qui hypnotise le regard.
Depuis une passerelle en béton construite sur deux niveaux, nous admirons le panorama. L’air est frais, et les embruns des chutes viennent caresser nos visages. Autour de nous, la végétation est luxuriante, d’un vert éclatant qui contraste avec le blanc tumultueux de l’eau. Le lieu invite à la sérénité, loin du bruit et de la chaleur étouffante de la capitale. Nous nous laissons captiver par le son apaisant des cascades, une musique naturelle qui accompagne chaque instant passé sur place, et les rejoignons au plus près en traversant un passage fluvial rendu glissant par la présence de mousses vertes.
Le mont du chien qui fume
Dans la foulée, nous prenons la direction de Bondabon, à quelques kilomètres de Dubréka, pour découvrir le fameux mont du Chien qui fume.
Situé sur l’une des crêtes du mont Kakoulima, ce site impressionnant se distingue par une formation rocheuse unique et l’étrange brouillard qui enveloppe souvent son sommet. En arrivant, nous comprenons immédiatement d’où vient son surnom : la brume épaisse qui s’élève donne l’illusion que le mont fume, comme s’il exhalait un souffle ancien et mystérieux.
Le paysage est à couper le souffle. Les crêtes rocheuses s’élèvent fièrement, offrant un spectacle brut et majestueux. Cette atmosphère mystique, renforcée par le silence des lieux et la densité du brouillard, semble tout droit sortie d’une légende. Nous nous arrêtons un moment pour contempler cette montagne fascinante, sa silhouette imposante contrastant avec la douceur de la brume.
À proximité, une chute d’eau que nous rejoignons en voiture se jette dans un bassin naturel, un autre bijou de la région. Le son de l’eau qui s’écrase sur les rochers nous guide jusqu’à ce havre de fraîcheur. Nous en profitons pour nous rafraîchir, les pieds dans l’eau, entourés d’une nature sauvage et préservée. Le calme environnant est total, et nous ressentons ici une communion rare avec l’environnement.
Face à nous, un jeune homme rivalise d’ingéniosité pour se faire photographier. Tantôt dans l’eau, tantôt sur les rochers, il égaye notre visite et tel un artiste, dévoile son art sur cette estrade naturelle unique.
Dubréka
Dubréka, située dans la grande banlieue de Conakry, nous accueille avec son dynamisme vibrant et son cadre naturel exceptionnel. Avec une population de 182 173 habitants, cette ville est un véritable carrefour entre traditions et modernité, où la mer et la terre s’entrelacent harmonieusement.
En traversant Dubréka, nous découvrons son marché animé. A l’intérieur, fruits juteux, légumes colorés, poissons et artisanat local s’étalent sous le soleil guinéen, aux abords du carrefour de la route principale, marquée par une petite statue représentant une colombe blanche. Les commerçants nous interpellent avec enthousiasme, et nous nous laissons séduire par la richesse et l’authenticité des produits. Ce lieu modeste mais central constitue un point de rencontre quotidien pour les habitants, comme un cœur battant pour cette ville dynamique.
Nous sommes subitement pris au coeur d’une averse qui déverse en quelques minutes des trombes d’eau. Mais bien loin d’inquiéter vendeurs et acheteurs qui continuent comme si de rien n’était, leur activité. Tout au plus, ils se protègent sous des parasols durant le point culminant de cette fureur aquatique céleste.
À proximité de l’océan Atlantique, Dubréka est surtout célèbre pour son ancien port négrier de la Soumba, aujourd’hui transformé en port de pêche et de bois.
Ce lieu est un véritable théâtre vivant, où pêcheurs, commerçants et artisans se croisent dans une animation incessante. L’odeur du poisson fraîchement pêché se mêle aux sons des bateaux accostant et des discussions animées, reflétant l’importance de la mer pour la ville.
Un jeune garçon prend la pause devant notre objectif, amusant les badauds présents.
A leurs côtés, de nombreux pêcheurs s’adonnent à leur activité en se plaçant sur les bateaux à quai, qui pris dans leur ensemble, dessinent les contours d’une carte postale onirique.
Les alentours de Dubréka offrent une variété de paysages enchanteurs, parfaits pour les amoureux de la nature :
- Les cascades de la Soumba, un cadre idyllique avec des piscines naturelles où il est possible de se baigner, entourées par une végétation luxuriante.
- Les chutes de Bondabon, situées au pied du Chien qui Fume, qui offrent une atmosphère sauvage et préservée, idéale pour la détente.
- L’île Wondima, entourée de mangroves, est un havre de paix parfait pour les pique-niques, les balades en bateau, et l’observation de la biodiversité locale.
- Les chutes de Ketina, dont le débit impressionnant en fait un lieu rafraîchissant en été.
- Les chutes de Balendi et Kateha, nichées dans une végétation dense, offrent des panoramas spectaculaires et des espaces de tranquillité.
- Le pied du massif de Kakoulima, propice à la randonnée, avec des sentiers naturels menant à des panoramas époustouflants.
- Le site de Touritédé, connu pour ses sentiers bien entretenus et ses vues imprenables, est un incontournable pour les randonneurs.
Le complexe des eaux de Kilissi
Après une nuit à l’hôtel HB de Dubréka et une bonne route goudronnée de 2 heures, nous arrivons au complexe des eaux de Kilissi, situé à seulement 4 kilomètres de Kindia, dans un écrin de verdure qui respire la sérénité.
Dès notre arrivée, l’atmosphère paisible et le murmure constant des cascades nous enveloppent.
Ce lieu, alimenté par une source jaillissant d’une grotte en amont, est bien plus qu’un simple site touristique. Il sert également de réservoir d’eau potable pour une partie de la ville, un détail qui renforce notre respect pour cet espace précieux.
Le complexe est bien aménagé, avec un bâtiment d’accueil comprenant des chambres confortables et une salle de conférence. Mais ce sont les chutes d’eau et les piscines naturelles qui nous attirent irrésistiblement. La première cascade, située à proximité de l’hôtel, s’élance avec force dans une piscine naturelle aux eaux profondes. Bien que la baignade y soit interdite à cette saison en raison du débit puissant, nous restons fascinés par la majesté du lieu. L’eau, limpide et tumultueuse, se précipite dans un spectacle impressionnant, et nous ressentons toute l’énergie brute de la nature.
Nous descendons ensuite à environ 150 mètres pour atteindre la seconde cascade. Plus accessible, elle semble danser dans un cadre intime et enchanteur. Les arbres autour forment une voûte naturelle, laissant passer des rayons de soleil qui illuminent l’eau comme des diamants. Entre les deux chutes, nous découvrons une troisième cascade creusée dans la roche.
La forêt des grandes cascades
Nous nous enfonçons dans la région de la forêt des grandes cascades, impatients de découvrir un lieu décrit comme l’un des trésors naturels de la Guinée. La route qui nous y mène est bordée de paysages époustouflants : une végétation dense et luxuriante s’étend à perte de vue, traversée par des rivières scintillantes. L’air devient plus frais et plus pur à mesure que nous nous éloignons des zones habitées, et une sérénité enveloppe le paysage, presque irréelle.
Soudain, après avoir dépassé un site de travaux d’exploitation minière, menés par une entreprise chinoise, notre avancée est brusquement stoppée par un blocage de pont imprévu. Nous apercevons au loin un village construit par les exploitants, isolé, organisé en blocs modernes et sans lien visible avec les villages locaux. Ce contraste nous frappe : ces installations étrangères semblent presque déconnectées de l’environnement et de ses habitants.
Bien que déçus de ne pas pouvoir atteindre les grandes cascades, nous profitons tout de même des panoramas offerts par la forêt environnante. Les falaises abruptes, les arbres centenaires, et les cours d’eau qui serpentent au loin composent une toile vivante d’une beauté inégalée. Sur un grand rocher baigné par le soleil, nous avons la chance d’apercevoir un crocodile immobile, sa peau rugueuse se fondant presque dans la pierre. Cette vision rare est fascinante, une preuve de la richesse de cette région.
Kindia
Kindia, surnommée la cité des agrumes, nous accueille avec ses terres fertiles. Située à 135 kilomètres de Conakry, cette ville cosmopolite, peuplée de 183 000 habitants, nous apparaît comme un carrefour de cultures et de traditions. En traversant ses rues, nous sommes immédiatement séduits par l’énergie qui s’en dégage.
L’architecture de Kindia ne manque pas de charme. L’hôtel de ville, avec son style typique de la région, est un bel exemple de l’harmonie entre modernité et tradition. A ses abords, nous sommes accostés par une dizaine de femmes qui chantent à notre arrivée, en échange de billets qu’elles ne nous demandent pas ouvertement, mais qu’elles souhaitent faire fructifier…ou du moins décupler, sans que nous ne sachions réellement si elles comptent sur nos talents de magiciens…ou notre générosité.
Non loin de l’hôtel de ville, nous découvrons la place des Martyrs, un lieu empreint de solennité. Le monument au centre de la place honore les figures historiques locales qui se sont battues pour la liberté et l’indépendance.
En parcourant la ville, nous sommes impressionnés par cette coexistence culturelle entre Soussous et Peuls, qui confère à Kindia une identité unique. Nous continuons notre exploration par le marché local, un lieu foisonnant de vie. Les étals regorgent de fruits exotiques aux couleurs vives, d’épices parfumées, et de produits artisanaux. L’air est saturé de l’odeur des agrumes, et nous succombons à la tentation de goûter une orange fraîchement cueillie. Sa saveur est intense, une véritable explosion de fraîcheur qui reflète la richesse agricole de la région. Les marchands, chaleureux et accueillants, échangent avec nous quelques mots, fiers de partager leur savoir-faire.
Les alentours de Kindia offrent une multitude de sites fascinants, mêlant paysages spectaculaires et légendes locales :
- Le site des chutes du Voile de la Mariée, avec ses cascades majestueuses formant des voiles d’eau délicats le long des falaises.
- La grotte de Séguéya (ou Koumbi-Tidé), un lieu intrigant décoré de stalactites.
- La grotte des Singes, près de Sougouboundji, où les primates évoluent librement, un spectacle fascinant pour les visiteurs.
- La chute de « 15 » près du mont Gangan, avec ses bassins naturels propices à la baignade.
- Les chutes de Kilissi et de Santa, offrant des panoramas à couper le souffle, idéales pour les pique-niques.
- Les grandes chutes de Bale Wondy, impressionnantes et prisées des amateurs de randonnée.
- Le mont Gangan, un haut lieu de randonnée offrant des vues panoramiques depuis son sommet.
- La chute de Kombitidé à Madina Woula, un autre site à ne pas manquer pour les amateurs de nature.
- Le Guèmè Tidé dans le mont Kibili, une montagne fascinante pour les randonneurs.
- L’étang de Sikhina-Kchenya, un site paisible riche en biodiversité.
- Le fromager de Gomba, un arbre sacré vénéré pour sa taille imposante et sa longévité.
- Les pierres magiques de Maléah à Kolintè, qui ajoutent une dimension mystique à la région.
- Le périmètre de reboisement de Konnadé et le mont Alkaly Guéya à Tamisso, symboles de préservation et de beauté naturelle.
Le voile de la mariée
À une dizaine de kilomètres de Kindia, nous atteignons l’une des merveilles les plus emblématiques de la région : le voile de la mariée. Dès que nous apercevons les eaux vaporeuses de ces 2 cascades qui se rejoignent, nous comprenons l’origine de son nom. Les chutes, hautes de 80 mètres, tombent avec une grâce presque irréelle, évoquant le mouvement fluide et délicat d’un voile de mariée.
Le site se trouve au fond d’une vallée suspendue, où la blancheur éclatante de l’eau contraste avec la verdure luxuriante qui l’entoure.
Un souffle léger nous parvient, emportant avec lui des gouttelettes fines et rafraîchissantes. Nous restons un moment immobiles, simplement à contempler ce spectacle naturel. Une danse entre l’eau et le vent, une symphonie visuelle et sonore qui nous transporte, alors que dans le bassin naturel que nous surplombons, des locaux se baignent et se lavent. Un pur moment de détente nous arguent-ils comme pour nous donner la force d’entrer dans l’eau.
Nous décidons de nous aventurer plus près. Le sol est légèrement glissant, mais chaque pas nous rapproche de la magie du lieu.
Le murmure constant des chutes, le chant des oiseaux, et le doux bruissement du vent sur les bambous qui se trouvent sur notre côté composent une mélodie apaisante qui nous accompagne tout au long de notre visite.
Mamou
A nouveau, après 2 heures d’une bonne route, nous rejoignons de nuit la ville de Mamou, située au cœur de la Moyenne Guinée, qui se révèle comme un véritable carrefour culturel et historique. Fondée en 1908 pour accueillir une gare ferroviaire sur la ligne Conakry–Niger, Mamou porte les traces de son passé colonial, visible dans l’ancienne gare aujourd’hui désaffectée. Ce lieu, bien que silencieux, raconte une époque où le train reliait les régions, transportant marchandises et voyageurs dans cette région montagneuse du Fouta-Djalon.
La ville est également connue pour sa mosquée, un monument impressionnant. L’architecture islamique africaine y est magnifiquement représentée, et l’atmosphère paisible qui s’en dégage invite à un moment de contemplation.
À quelques pas, nous plongeons dans l’effervescence du marché local. Les étals débordent de produits agricoles, d’artisanat, et de textiles typiques du Fouta-Djalon, leurs couleurs vives attirant immédiatement notre regard. Les senteurs des fruits frais et des épices envahissent nos sens, et les sourires des commerçants rendent chaque échange chaleureux.
Les chutes de Konkouré
De bonne heure, nous prenons la route qui mène aux chutes de Konkouré et qui progressivement, devient de plus en plus escarpée, recouverte d’herbes hautes et entourée d’une forêt dense. Notre chauffeur, nerveux, hésite à avancer, inquiet pour son véhicule. Mais Gassama, notre guide, nous rassure avec son sourire confiant.
Il semble connaître chaque recoin de la région et, contre toute attente, parvient à nous guider avec une précision impressionnante, n’hésitant pas à sortir de la voiture pour nous en faciliter l’accès.
Les chutes de Konkouré, formées par le puissant fleuve éponyme, apparaissent enfin devant nous. Elles tombent d’une hauteur de près de trente mètres, s’écrasant sur des rochers imposants dans un grondement apaisant.
L’eau s’étale en un éventail spectaculaire, partiellement masquée par la végétation luxuriante.
Nous grimpons sur les rochers pour trouver le meilleur point de vue et sommes frappés par la beauté brute du lieu. Au pied des chutes, un rocher en forme de crâne intrigue et fascine, ajoutant une touche mystérieuse à cette scène grandiose.
Le lac de Tolo Bafing
Notre aventure se poursuit sur les berges du lac de Tolo Bafing, un étang piscicole de plus de trois hectares. Créé pour soutenir la production de poissons à bas coût, ce lac est bien plus qu’un simple projet économique. Il est une vitrine de la durabilité et de l’interconnexion entre les hommes et la nature.
Nous arpentons les rives du lac, fascinés par l’écosystème qu’il abrite. Alimenté par les eaux de la rivière Bafing, un affluent du fleuve Sénégal, ce site est un véritable écrin de biodiversité. Les oiseaux survolent le lac avec grâce, tandis que des grenouilles et des insectes animent la végétation environnante. À chaque pas, nous découvrons des détails qui racontent l’harmonie entre la terre et l’eau.
En parlant avec des agriculteurs locaux, nous apprenons que le lac n’est pas seulement une source de nourriture mais aussi un lieu d’éducation environnementale. Les communautés locales, les chercheurs, et les écologistes s’y rassemblent pour échanger sur les pratiques de gestion durable. Cette initiative nous inspire, et nous réalisons à quel point ce site est essentiel à la sécurité alimentaire et écologique de la région.
Le lac, bien qu’encore peu connu des touristes, a un potentiel immense. Il incarne une Guinée tournée vers l’avenir, où le respect de la nature et le développement humain se rejoignent. Nous quittons Tolo Bafing avec le sentiment d’avoir exploré un lieu de beauté discrète mais d’une importance capitale pour la région.
Le marché local : un festival de vie et de couleurs
Une fois par semaine, le petit village que nous traversons se transforme en un lieu d’effervescence joyeuse : le marché hebdomadaire. Dès que nous arrivons, une explosion de sons et de couleurs nous enveloppe. Les voix des commerçants qui appellent les clients se mêlent aux rires des enfants, aux conversations animées des acheteurs, et aux bruits des casseroles des vendeurs ambulants qui préparent des plats fumants.
Les odeurs s’entrelacent dans l’air chaud : les effluves épicées des grillades, la douceur des ananas mûrs, et l’arôme plus âcre des poissons séchés forment un cocktail olfactif unique. Chaque stand semble être une invitation à découvrir un aspect différent de la vie locale.
Nous avançons au milieu des étals où s’accumulent des montagnes de fruits tropicaux aux couleurs éclatantes, des épices présentées en petits tas soigneusement alignés, et des tissus teints à la main qui ondulent au vent. Les femmes, vêtues de pagnes colorés, s’affairent avec une énergie débordante. Certaines portent des bébés dans le dos tout en négociant habilement le prix de leurs produits.
Les visages souriants des habitants nous mettent immédiatement à l’aise. Les vendeurs nous proposent de goûter à leurs produits, et nous acceptons avec plaisir. Une bouchée d’un fruit juteux nous rafraîchit, tandis qu’une poignée de cacahuètes grillées nous réchauffe l’estomac. Chaque interaction est empreinte d’une hospitalité sincère et d’une générosité désarmante.
Nous sommes particulièrement fascinés par les artisans qui exposent leurs créations : des calebasses gravées, des bijoux faits main, et des outils simples mais ingénieux qui témoignent du savoir-faire local. À un coin du marché, un groupe d’hommes joue à un jeu de société traditionnel, attirant une petite foule qui commente chaque mouvement avec enthousiasme.
En nous baladant, nous réalisons que ce marché n’est pas seulement un lieu d’échange économique, mais aussi un carrefour social, un moment où la communauté se retrouve pour partager des histoires, des rires, et des traditions.
Le pont de Dieu de Dalaba : une merveille naturelle et apaisante
La route que nous empruntons se dégrade fortement ; alors que le centre-ville de Dalaba se rapproche, nous bifurquons et empruntons une piste de 7 kilomètres pour rejoindre le pont de Dieu, un site naturel spectaculaire, dans le quartier de Syli. La route qui nous y conduit est un enchantement visuel, bordée de forêts d’arbres qui se balancent doucement au rythme du vent.
En chemin, nous traversons la forêt de Pârâya, où résonnent encore les échos du passé colonial, et apercevons les hauteurs du mont Kawadou, culminant à plus de 1 300 mètres.
En approchant, un doux bruit d’eau commence à se faire entendre, et l’atmosphère change. Une tranquillité rare enveloppe le paysage. Nous dépassons une rivière où un homme lave sa moto avant d’emprunter une nouvelle portion de chemin. Le pont de Dieu, cette arche naturelle formée par des roches surplombant la rivière Tènè, apparaît soudain, encadré par des jardins potagers verdoyants cultivés par les habitants des villages voisins. Ce pont, sculpté par des siècles d’érosion, est une véritable œuvre d’art de la nature.
Nous explorons les rives, touchés par l’authenticité du lieu. L’air frais, le chant des oiseaux et le bruit constant de l’eau créent une ambiance apaisante qui semble suspendre le temps. Nous prenons un moment pour contempler ce pont extraordinaire, symbole d’un lien entre la terre et l’eau, entre la force et la douceur.
Alors que des responsables des autorités s’affairent à le filmer pour le mettre en avant, gentiment, ils nous accueillent avec le sourire et s’écartent volontairement pour nous permettre de le photographier sans pression. Face à nous, des enfants semblent tenir en équilibre sur le pont, lui donnant un cadre de carte postale unique.
Dalaba : la Suisse de l’Afrique
Nichée dans les montagnes verdoyantes du Fouta-Djalon, Dalaba mérite bien son surnom de Suisse de l’Afrique de l’Ouest.
Dès notre arrivée, nous sommes charmés par son climat frais et son atmosphère paisible, loin de l’agitation des grandes villes.
La première étape de notre exploration est le célèbre kouratier de Dalaba, un arbre centenaire situé dans la cour de l’hôtel SIB dans lequel nous déjeunons.
Imposant et majestueux, il semble veiller sur la ville, un témoin silencieux des rassemblements et des traditions locales.
Dalaba abrite également des lieux culturels fascinants. La villa de Miriam Makeba fermée au public est un hommage vibrant à cette artiste respectée.
La case à palabres, construite en 1935, nous transporte dans un passé où les anciens se rassemblaient pour discuter et transmettre leur sagesse. Ces sites, empreints d’histoire et de mémoire, nous plongent dans l’âme de Dalaba.Après avoir tenté d’ouvrir la porte d’entrée de la case grâce à une clef particulière et une technique qui l’est tout autant, nous écoutons le guide nous conter le déroulé des cérémonies qui s’y sont déroulé. La case constituée au sol de plusieurs cercles concentriques accueillait les visiteurs lors de conseils cérémoniels codifiés.
La structure de la case, avec ses quatre portes d’entrée, reflète une organisation minutieuse où chaque détail a une signification. Les invités y entrent selon leur rang, chaque porte étant réservée à un groupe spécifique. Cette division symbolise l’ordre et le respect des coutumes, ancrés dans l’histoire de la région.
Au centre de la case se trouve une table ronde, simple mais imposante, symbole de justice et d’équité. Autour de cette table, sur des tabourets traditionnels finement sculptés, prennent place les figures les plus éminentes : le gouverneur colonial, son commandant, et l’Almamy, chef religieux et politique respecté. Ces trois hommes, représentant le pouvoir et l’autorité, entrent par la porte principale, réservée aux membres qui siègent au premier cercle. Leur présence donne le ton à la cérémonie. Les regards sont tournés vers eux, car leurs décisions influencent directement l’avenir de la communauté. L’Almamy, en particulier, incarne la sagesse spirituelle et la justice. Ses mots, lorsqu’il s’adresse à l’assemblée, sont écoutés avec une attention quasi religieuse. Autour du premier cercle se forme un deuxième rang, occupé par les chefs de villages. Ces figures respectées, qui entrent par une porte différente de celle du gouverneur et de l’Almamy, portent fièrement leurs vêtements traditionnels, ornés de broderies symboliques. Leurs visages expriment la fierté et la responsabilité, car ils sont les voix de leurs villages. Le deuxième cercle est un espace d’échange direct avec les leaders centraux. Les chefs de village interviennent pour transmettre les préoccupations, les besoins et les attentes de leurs communautés. Leur parole est précieuse, car elle relie les sphères locales au pouvoir central. Le troisième cercle, légèrement en retrait, est occupé par les notables. Ces hommes influents, bien que moins directement impliqués dans les décisions que les chefs de village, jouent un rôle essentiel dans la discussion. Leur entrée se fait par une troisième porte, marquant leur rang distinct. Assis sur des bancs ou des nattes, ils observent attentivement les débats et interviennent ponctuellement pour apporter leur sagesse ou leur soutien à une proposition. Ils sont les gardiens des traditions et de la mémoire collective, veillant à ce que les décisions prises respectent les valeurs ancestrales. Enfin, le quatrième cercle accueille les chefs de cantons, des figures locales chargées de représenter des territoires plus vastes. Ces derniers, bien que placés au dernier rang, ne sont pas pour autant marginalisés. Leur rôle est de faire le lien entre les grandes régions du Fouta Djalon et les cercles plus proches du pouvoir. Ils entrent par une quatrième porte, symbole de leur position dans la hiérarchie. Depuis leur place, ils écoutent attentivement et interviennent rarement, sauf pour des questions touchant à leur canton. Leur posture est humble, mais leur présence souligne l’importance de chaque échelon dans cette organisation complexe. |
Nous poursuivons notre visite par le jardin Chevalier, un espace botanique créé en 1906 par le botaniste français Auguste Chevalier. Ce lieu, renommé plus tard jardin Barry Gassimou, est une oasis de verdure, où les arbres exotiques et les espèces rares forment un tableau de biodiversité exceptionnelle.
Les alentours de Dalaba recèlent de trésors naturels et historiques qui racontent l’histoire du Fouta-Djalon :
- Les chutes de Ditinn, impressionnantes par leur grandeur, situées au cœur d’une nature verdoyante et idéales pour la contemplation.
- Tinka, un site préservé offrant une immersion dans la beauté sauvage des montagnes environnantes.
- Fougoumba, ancien lieu de couronnement des Almamys du Fouta théocratique, chargé d’histoire et de spiritualité.
- La stèle de René Caillé à Ditinn, qui commémore l’explorateur français ayant traversé cette région au XIXe siècle.
- Le centre religieux de Koléa, un pôle spirituel majeur pour l’enseignement religieux et la transmission des savoirs théologiques.
La fête du lancement de la saison touristique
Avant de rejoindre Pita, nous faisons une halte à la fête organisé comme chaque année par l’office du tourisme pour marquer le lancement de la saison touristique qui intervient après la saison des pluies. La forêt dense nous enveloppe, comme un cocon de verdure bruissant de vie, alors que nous arrivons dans ce petit village au cœur de la région de Dalaba. La fête du lancement de la saison touristique bat son plein depuis deux jours, et il semblerait que l’Office du Tourisme ait décidé de mettre les petits plats dans les grands.
La scène, habillée en plein air, semble se fondre harmonieusement dans l’environnement. Des groupes musicaux traditionnels et modernes se succèdent, leurs mélodies portées par un vent léger qui fait danser les feuillages. Tambours, balafons et kora résonnent dans un élan de joie communicative, et peu à peu, les spectateurs se laissent entraîner, formant des cercles de danse spontanés. Les sourires sont éclatants, les éclats de rire fusent, et il devient impossible de résister à l’énergie contagieuse de cette fête.
Au coeur de cette effervescence, nous sommes alpagués par une équipe de télévision. Micro en main, le journaliste, tout sourire, nous interroge sur nos impressions. Les mots viennent d’eux-mêmes : émerveillement, partage, hospitalité. La chaleur humaine des habitants, leur fierté de montrer leur culture et leur patrimoine, rendent l’expérience inoubliable. À peine l’interview terminée, nous sommes alpagués par une foule curieuse et joyeuse. Des mains se tendent pour nous saluer, des enfants rient à nos côtés, des aînés nous invitent à partager un repas ou une histoire. Nous nous sentons chez nous, portés par cette bienveillance collective.
La fête devient un mélange de couleurs et de saveurs, d’accents et de rires. Sans barrière : organisateurs, acteurs du tourisme, villageois et visiteurs se mélangent dans une harmonie rare. Au-delà des discours et des festivités, il se dégage une vérité simple : le tourisme, en Guinée, est bien plus qu’une affaire de lieux à visiter. Il un véritable échange humain, une invitation à ressentir et à s’imprégner de la vie dans toute sa splendeur.
Pita
À Pita que nous rejoignons en 2 heures sur une route goudronnée comportant de nombreux nids de poules, située au cœur du Fouta-Djalon, nous sommes accueillis par des paysages d’une beauté saisissante.
Les collines verdoyantes entourent le lac d’Oustoya, un espace paisible où les reflets du ciel dans l’eau offrent un spectacle hypnotisant. En explorant les environs, se trouve Timbi, un lieu historique où neuf Saints se sont réunis en 1725 pour diviser le Fouta en neuf provinces, un événement qui a profondément marqué l’organisation socio-politique de la région.
Non loin de là, à Donghol Touma, se trouvent des vestiges laissés par le comte Olivier de Sanderval : une résidence, une forge, et une marmite, autant de symboles de ses explorations et de ses échanges avec les populations locales. Ces traces du passé colonial nous rappellent l’histoire complexe et riche du Fouta-Djalon.
Cependant, notre séjour à Pita prend une tournure inattendue lorsque notre véhicule tombe en panne. Une pièce située sous le châssis s’est brisée, et nous devons le laisser au garage pour réparation. Alors que nous attendons la fin des travaux, nous nous installons dans un café local et savourons des cafés chauds tout en discutant avec les habitants. Mais un problème surgit : le garagiste a retiré une pièce essentielle du système de freinage, retardant encore les réparations.
Nous en profitons pour découvrir le marché de la ville.
En arrivant, nous sommes immédiatement happés par l’effervescence du lieu. Les étals, alignés sans ordre apparent, débordent de fruits tropicaux, de légumes frais, et de sacs de grains soigneusement empilés. L’air est saturé des odeurs des mangues sucrées, des épices exotiques, et des poissons séchés qui forment un mélange envoûtant.
Les commerçants nous saluent avec des sourires chaleureux, vantant la qualité de leurs produits. Les femmes, habillées de pagnes colorés, s’affairent avec une énergie débordante, négociant avec habileté tout en s’occupant de leurs enfants.
Le marché est un lieu de vie où chaque interaction est empreinte de vitalité et de partage.
Nous rejoignons le marché couvert avant de plonger dans des petites ruelles, qui nous permettent de découvrir des échoppes en dur, propres et bien tenues.
Mais c’est dans une rue légèrement en retrait que nous faisons une découverte exceptionnelle. Attirés par le bruit rythmique du marteau contre le bois, nous tombons sur un atelier d’artisanat où des canapés sont fabriqués avec une ingéniosité remarquable.
L’atelier artisanal de fabrique de canapé
L’atelier est une structure simple, une sorte de hangar en bois et en tôle où s’activent plusieurs artisans. Au centre, un homme d’une vingtaine d’années : le maître artisan, dirige les opérations. À ses côtés, des enfants et des adolescents s’affairent avec une dextérité surprenante, chacun ayant un rôle précis dans la construction des meubles.
Le bois utilisé pour la structure des canapés est récupéré de caisses usagées et de planches réutilisées. Les jeunes, concentrés, mesurent, découpent, et assemblent les morceaux avec une précision admirable. À l’aide d’outils rudimentaires, des scies manuelles, des marteaux, et des clous rouillés, ils transforment ces matériaux bruts en une base solide.
Une fois la structure en bois achevée, l’attention se tourne vers le rembourrage. De vieux matelas déchirés sont récupérés et découpés pour former les coussins. Les enfants découpent des morceaux de mousse, tandis que les plus âgés les fixent avec des agrafes et des cordes nouées. C’est un travail minutieux, mais l’harmonie et la coordination entre les artisans rendent le processus presque fluide.
Enfin, vient l’étape de l’habillage. Des tissus colorés, souvent des restes de pagnes ou des morceaux de textile récupérés sur le marché, sont soigneusement ajustés et tendus sur les coussins. Un adolescent, à l’œil vif et à la main sûre, fixe le tout avec des agrafes, créant un résultat aussi esthétique que fonctionnel.
Le canapé terminé est une œuvre d’art : un mélange vibrant de couleurs, de textures, et de résilience. Malgré les moyens limités, le résultat final est élégant et robuste, prêt à embellir un salon ou une terrasse.
La chute de Kinkon
En retournant dans notre café, nous apprenons que la réparation du véhicule s’éternise. En voulant souder une pièce, le garagiste âgé de même pas 15 ans et qui semble découvrir le métier en même temps qu’il travaille, perce un tuyau. Nous devons encore patienter plusieurs heures. Notre journée continue par un trajet mouvementé en moto-taxi à travers les ruelles animées de Pita où nous nous rendons dans un restaurant qui ne paye pas de mine pour manger un plat qui est à l’image de l’établissement.
Pour ne pas perdre de temps, nous décidons de prendre un taxi pour rejoindre la chute de Kinkon, un site emblématique niché dans la vallée de Kokoulo, près de Touiti. Dès notre arrivée, après une piste de 30 minutes, le grondement sourd de l’eau nous parvient, résonnant dans l’air comme un appel irrésistible à la découverte. Cette cascade majestueuse, haute de près de 80 mètres, est encore plus impressionnante en cette saison des pluies, où les eaux gonflées par le fleuve se précipitent avec une puissance saisissante.
En approchant du belvédère, nous sommes frappés par la beauté fatale du paysage. La chute s’élance avec fracas, entourée de falaises abruptes où s’accroche une végétation luxuriante. De là, nous avons une vue imprenable sur la vallée, un panorama à couper le souffle. Le contraste entre l’écume blanche de la cascade et les teintes vertes de la forêt environnante est d’une harmonie parfaite, comme un tableau vivant de la nature.
Nous descendons ensuite un sentier escarpé qui nous mène au pied de la chute. Le chemin, parfois glissant, est une aventure en soi. À mesure que nous nous approchons, l’air devient plus frais, saturé de l’humidité des embruns. Enfin, nous nous trouvons au-dessus ce spectacle grandiose : des torrents d’eau tombant dans un vacarme assourdissant, formant une piscine naturelle agitée. La force de l’eau, la lumière qui danse sur les éclaboussures, et l’odeur minérale du fleuve créent une expérience sensorielle inoubliable…et une sensation de danger omniprésent.
Hôtel Chez Tata à Labé : un havre de réconfort
Après deux heures de route sur un goudron abîmé, nous arrivons à Labé, au sein de l’hôtel Chez Tata. Tard dans la nuit, l’obscurité et la fatigue nous enveloppent.
Cela fait deux jours que nous n’avons pas mangé un repas digne de ce nom, évitant les plats proposés dans les petits restaurants locaux où la nourriture, préparée tôt le matin, reste exposée à l’air toute la journée. L’idée de trouver un lieu où nous pourrions enfin nous régaler semble presque irréelle.
Mais dès que nous franchissons le portail de cet établissement unique, nos craintes disparaissent. Tata, une femme chaleureuse et charismatique, nous accueille avec un sourire espiègle. Grande, élégante, et dotée d’une énergie contagieuse, elle nous met instantanément à l’aise.
Elle a vécu en Europe, et cette expérience transparaît dans la manière soignée dont elle a conçu son hôtel. Les chambres, organisées en petites cases portant les noms de villes guinéennes, sont propres, confortables et accueillantes.
Les réservations peuvent se faire par téléphone au 624 582 537 ou par Whatsapp au 00224 624 582 537. Un mail est également disponible : hoteltata@gmail.com |
Après une douche chaude qui nous lave enfin de la poussière omniprésente et de l’humidité étouffante, nous découvrons la pièce maîtresse de notre séjour : le dîner. Tata, qui aime à dire qu’elle « cuisine avec le cœur », nous prépare un festin. Nous dégustons la variante d’un bœuf bourguignon mijoté avec des carottes fraîches de son jardin. La viande, tendre à souhait, fond dans la bouche, et les saveurs, subtiles et équilibrées, nous rappellent la gastronomie de nos racines. Pour couronner le tout, un dessert inattendu : une crème brûlée délicatement caramélisée. Chaque bouchée est un pur bonheur.
Assis sous le ciel étoilé, nous réalisons à quel point cet endroit est une oasis. Ici, dans ce coin de Labé, au cœur du Fouta-Djalon, nous retrouvons non seulement notre énergie mais aussi une sensation de vie renouvelée. Nous sommes propres, rassasiés, et apaisés. Tata, avec sa générosité et sa passion pour l’accueil, offre bien plus qu’un hébergement : elle nous donne un refuge.
La piste vers les échelles de Djinkan : un voyage vers l’authenticité
Le lendemain matin, la piste qui mène aux échelles de Djinkan est à la fois une épreuve et une immersion profonde dans l’âme de la Guinée. Durant six heures, nous avançons à une vitesse d’à peine 10 km/h, secoués dans tous les sens par une piste chaotique. La route est un enchaînement de trous béants, de crevasses, et de passages étroits où chaque mètre franchi ressemble à une victoire.
Malgré les difficultés, ce périple révèle la beauté brute du pays. Nous traversons des villages ruraux où la vie quotidienne se déploie dans toute sa simplicité et sa magie. Des femmes, droites et élégantes, portent sur leur tête de lourdes charges : des paniers débordant de fruits, des fagots de bois ou même des bidons d’eau. Leur grâce est fascinante.
Des véhicules improbables, surchargés de marchandises et de passagers, avancent lentement en grinçant, témoins d’une ingéniosité qui défie les limites de la mécanique. Certains semblent sortir d’un autre âge, mais ils continuent, résilients, à rouler sur ces pistes difficiles.
Partout, des enfants nous saluent respectueusement au travers de Fotés, Fotés (blancs), leurs visages illuminés par de larges sourires. D’autres jouent avec une roue de vélo, la faisant rouler avec un bâton, transformant cet objet simple en source de joie infinie.
Nous voyons également des groupes d’enfants en uniforme, marchant sur de longues distances pour rejoindre leur école. Leur détermination, malgré les défis, est une leçon silencieuse de courage et de persévérance.
À travers les rivières qui bordent la piste, des familles se baignent joyeusement, profitant d’un moment de fraîcheur dans cette chaleur accablante. Les rires et les éclats de voix se mêlent au bruit de l’eau, créant une ambiance paisible et joyeuse.
Ce voyage, bien que physiquement éprouvant, est une plongée dans un univers authentique. La vie se dévoile sans artifice, dans sa forme la plus sincère et touchante.
Les paysages, les rencontres, et les scènes de vie que nous découvrons nous rappellent que la Guinée est une terre de générosité et de beauté naturelle.
Les échelles en liane de Djinkan : un témoignage suspendu du passé
Une fois arrivés aux abords du village qui se trouve sur le site des échelles en liane de Gkinkan, le chemin débute doucement, presque trompeusement, sur un sentier plat qui serpente à travers une savane parsemée d’arbustes et de quelques grands arbres. L’air est déjà lourd, chargé de chaleur, et nos pas font crisser la terre sèche. Gassama, toujours confiant et optimiste, nous avait assuré que la randonnée ne prendrait que « 20 à 30 minutes tout au plus. » Mais rapidement, nous croisons une femme assise sous un arbre.
Elle nous regarde avec un sourire mi-compatissant, mi-amusé, et, dans un souffle, nous livre une vérité que Gassama avait soigneusement minimisée : le chemin prendra bien une heure, sinon plus. Ses mots tombent comme une cloche dans nos esprits déjà chauffés à blanc par le soleil, et une légère anxiété s’installe. La perspective d’un effort plus long que prévu, combinée au peu d’eau que nous avons emportée, commence à peser. Nous souhaitons faire marche arrière, rebrousser chemin, mais après avoir effectué tout ce périple, la renonciation est impossible.
Après une vingtaine de minutes sur ce terrain plat, le sentier change brusquement de visage. Nous atteignons le bord d’un flanc rocheux abrupt, une descente qui demande à la fois équilibre et concentration. Les pierres sont irrégulières, parfois glissantes, et chaque pas devient un exercice de prudence. Nos chaussures crissent sur le gravier, et nos muscles se tendent pour éviter tout faux mouvement.
Comme par magie, nous apercevons le jeune homme sourd et muet que nous avions rencontré au village où nous avons laissé notre véhicule, qui nous a suivis, sans un bruit. Surgit de nulle part, il commence à nous accompagner. Ses gestes sont précis mais silencieux. Sa présence est à la fois réconfortante et intrigante, même si son mutisme nous laisse dans le mystère.
Lorsque nous atteignons le bas de cette première descente en une vingtaine de minutes supplémentaires, une bouffée d’air chaud nous enveloppe. Nous essuyons la sueur qui perle sur nos fronts. Le sentier continue à descendre, et un deuxième flanc rocheux, encore plus escarpé, se présente devant nous. Cette fois, la pente est presque vertigineuse, et nous devons utiliser nos mains pour nous stabiliser en descendant. Chaque pas est calculé, chaque mouvement exigeant une énergie que nous sentons s’épuiser rapidement.
La chaleur, écrasante, devient un véritable adversaire. Le soleil semble impitoyable, ses rayons nous frappant sans relâche, et la poussière soulevée par nos pas s’accroche à nos vêtements, nos mains et nos visages. La sensation de soif s’intensifie, et chaque goutte d’eau économisée devient précieuse.
Le sentier redevient plat, mais la fatigue commence à peser lourd. Nos jambes, déjà sollicitées par les descentes rocheuses, peinent à avancer. Le sol, jonché de petits cailloux, ajoute une difficulté supplémentaire : chaque pas devient un effort conscient pour éviter de trébucher ou de glisser.
Notre mystérieux guide, toujours silencieux, marche devant nous avec une aisance déconcertante. Il pointe parfois un obstacle à venir ou nous montre un raccourci, mais il ne ralentit jamais. Son agilité et sa résistance contrastent fortement avec notre lenteur, et nous ne pouvons qu’admirer sa capacité à naviguer ce terrain hostile sans montrer le moindre signe de fatigue.
Alors que le chemin semble s’étirer sans fin, un souffle d’air légèrement plus frais atteint nos visages. Nous savons que nous nous rapprochons, et ce simple changement nous redonne une étincelle d’énergie. Les arbres deviennent plus denses, projetant une ombre bienvenue sur le sentier. Nous entendons enfin un bruit lointain, comme un murmure : le son de l’eau.
Le dernier tronçon est le plus exigeant. Chaque pas demande une volonté renouvelée, et nos corps, fatigués et déshydratés, semblent fonctionner par pur instinct. Après un périple épuisant sur une piste chaotique depuis Labé, suivi d’une heure de randonnée à travers les reliefs escarpés du Fouta Djalon, nous arrivons enfin aux célèbres échelles en liane de Djinkan. Ces structures incroyables, se dressent devant nous, solidement arrimées contre une paroi rocheuse vertigineuse.
Les échelles, constituées de perches de bambou liées par des lianes épaisses, semblent à la fois fragiles et résistantes. Leur verticalité impressionnante et le dénivelé de près de 80 mètres qu’elles surmontent nous laissent sans voix. Ces passages suspendus relient les villages des plateaux à ceux des plaines, un lien direct avec une époque où la hiérarchie sociale structurait les relations entre les communautés.
Nous apprenons avec fascination que les villageois, notamment les femmes, gravissent ces échelles avec une habileté déconcertante. Pieds nus ou en tongs à la main, elles montent avec des charges incroyables : des paniers débordants de fruits, des bassines, et parfois même des enfants attachés dans leur dos. Chaque échelon franchi est précis, mesuré, et témoigne d’une confiance inébranlable en cette structure séculaire.
Cependant, pour nous, la vue seule suffit à provoquer un vertige. La fatigue accumulée de notre voyage, combinée à l’adrénaline suscitée par la hauteur, nous dissuade de tenter la descente. Gassama, toujours partant pour l’aventure, décide d’essayer. Il s’accroche avec assurance aux perches, avançant avec une agilité qui force notre admiration. Il atteint sans problème la deuxième échelle, celle qui mène à une vaste grotte en passant par une chute d’eau, et nous fait signe depuis le bas. Il ne la parcourt cependant pas et remonte peu après.
Pendant ce temps, nous restons au sommet, fascinés par le spectacle de cette faille géologique . Lorsque Gassama revient, le sourire aux lèvres, il partage son expérience en soulignant à quel point cette descente est un défi autant physique que mental.
Alors que nous reprenons la route vers Labé, l’épuisement se fait sentir, mais il est accompagné d’un profond respect pour ce lieu. Ces échelles sont bien plus qu’un simple moyen de transport : elles sont un témoignage de tradition et d’adaptation humaine face à la nature.
La chute de Saala
Non loin de Labé, mais à nouveau à 5 heures de piste des échelles de Djinkan, la chute de Saala s’impose comme un incontournable de notre voyage.
L’accès au site est une nouvelle aventure en soi : nous empruntons une piste escarpée à travers des paysages sauvages. Les collines verdoyantes, les rivières sinueuses, et les rochers érodés qui jalonnent notre chemin nous donnent un avant-goût de la beauté brute qui nous attend.
Sur place, après avoir vu un de nos membres chuter dans la rivière, une courte marche d’une vingtaine de minutes, le grondement de l’eau devient de plus en plus fort.
Lorsque nous atteignons le belvédère, le spectacle est saisissant. La cascade, haute de plus de 80 mètres, déverse ses eaux bouillonnantes dans un torrent d’écume. Le débit, amplifié par la saison des pluies, est d’une puissance impressionnante. Le vent, chargé de fines gouttelettes, nous rafraîchit tandis que nous admirons la chute.
En contrebas, des forêts denses s’étendent à perte de vue, ajoutant une dimension presque mystique à l’endroit. La lumière joue sur l’eau, créant des reflets argentés qui dansent au gré des mouvements du courant.
Labé
Nous arrivons de nuit à Labé, où à l’hôtel Chez Tata, nous retrouvons des forces, nous qui n’avons pas mangé depuis le réveil.
Après une nuit réparatrice, nous saluons chaleureusement Tata et rejoignons le centre de l’une des villes les plus animées du Fouta-Djalon ; nous sommes immédiatement captivés par son énergie.
Avec ses 151 325 habitants, Labé est un carrefour culturel et historique, où les traditions peules se mêlent à la modernité.
Au cœur de Labé, une ville où les traditions peules et musulmanes dominent, nous découvrons avec surprise une belle église chrétienne, nichée dans un quartier paisible. L’architecture simple mais élégante de l’édifice attire immédiatement notre regard. Ses murs blanchis à la chaux, ses vitraux modestes mais colorés, et sa petite croix qui s’élève au-dessus du toit témoignent d’une foi discrète mais profonde.
En entrant, nous sommes accueillis par un calme apaisant, l’atmosphère chaleureuse contrastant avec la chaleur extérieure. A l’intérieur, dans les bâtiments adjacents, nous y trouvons : une classe d’enfants vêtus d’uniformes de couleurs vertes et jaunes, en plein apprentissage, sous la supervision bienveillante de leur institutrice.
À notre arrivée, les enfants, âgés d’environ 6 à 10 ans, interrompent un instant leur leçon. Sous un signe de l’enseignante, ils se lèvent en rangées ordonnées, leurs visages illuminés par des sourires curieux. Puis, à notre grande surprise, ils entonnent un chant pour nous souhaiter la bienvenue. Leurs voix cristallines résonnent dans la salle, remplissant l’espace d’une harmonie douce et émouvante.
Chaque note porte une sincérité désarmante. Nous sommes profondément touchés par cet accueil spontané et plein de chaleur. Lorsque le chant se termine, nous les applaudissons, mais ce sont les enfants qui, avec un enthousiasme innocent, semblent fiers d’avoir pu partager ce moment avec nous.
Nous avons ensuite la chance d’assister à leur cours, une expérience qui nous plonge dans une pédagogie à la fois simple et incroyablement efficace. La leçon du jour est axée sur le vocabulaire français. L’institutrice, une femme patiente et souriante, demande aux enfants de nommer les éléments qui composent la salle de classe.
« Fenêtre, volet, mur, sol, plafond… » Les mots sont prononcés à haute voix, chaque enfant répétant en chœur. Ensuite, trois d’entre eux se lèvent à tour de rôle pour pointer et nommer ces éléments. L’exercice semble anodin, mais nous observons la concentration sur leurs visages. Lorsqu’un enfant réussit à répondre correctement, toute la classe éclate en applaudissements enthousiastes.
La méthode d’enseignement, loin d’être rigide, est empreinte de convivialité. Chaque succès est célébré collectivement, renforçant la confiance des élèves et créant une atmosphère de camaraderie et de soutien mutuel.
La leçon évolue ensuite vers l’arithmétique, où des bonbons deviennent un outil d’apprentissage. Les enfants comptent ces petits trésors sucrés en français, en les redistribuant soigneusement. Là encore, ils se relaient à trois, sous les encouragements de leurs camarades. Ceux qui réussissent reçoivent non seulement des félicitations mais aussi, parfois, un bonbon en récompense, ce qui suscite des éclats de rire joyeux dans la salle.
Notre étape suivante est le marché central, véritable cœur battant de la ville. Les étals débordent de produits locaux : des tissus colorés, des fruits exotiques, et des objets artisanaux qui témoignent du savoir-faire des habitants.
Les senteurs d’épices et de nourriture fraîchement préparée embaument l’air, ajoutant une dimension sensorielle à cette immersion.
Nous visitons ensuite le musée du Fouta, un lieu riche en histoire qui nous dévoile les traditions, les objets culturels et les récits des Peuls.
Chaque salle nous plonge dans un passé vibrant, où les figures comme Karamoko Alpha Mo Labé et Thierno Aliou Bhoubha Diyan prennent vie à travers les expositions.
Les environs de Labé offrent en plus un éventail d’expériences, mêlant patrimoine culturel et paysages à couper le souffle :
- La mosquée de Diawoya à Noussy, première mosquée de la région, toujours en activité, où se mêlent spiritualité et traditions séculaires.
- La tombe de Thierno Aliou Bhoubha Diyan et celle de l’Almamy Sory de Timbo, des lieux de pèlerinage chargés de ferveur et d’histoire.
- La plaine de Pètèl Djiga, un site naturel symbolique autrefois utilisé pour les rassemblements communautaires et aujourd’hui idéal pour la détente et la contemplation.
- Les foyers culturels de Koula Mawdhè, où les traditions et savoir-faire ancestraux continuent d’être transmis.
- La case de Alpha Yaya Diallo, une figure emblématique de l’histoire régionale.
- Les chutes de la Saala, cascades rafraîchissantes nichées dans une forêt verdoyante.
- La grotte de Pammel à Donghora, un lieu empreint de légendes et profondément ancré dans les traditions locales.
- Le mont Kolima et l’aire protégée transfrontalière Bafing Falémé, des destinations prisées pour la randonnée et les vues imprenables.
- La source de la Gambie, point de départ du célèbre fleuve ouest-africain, un site naturel incontournable.
Les chutes de Kambadaga : la puissance brute du Fouta-Djalon
Après un retour sur Pita, nous nous engageons sur une piste de 20 kilomètres depuis la ville pour atteindre les chutes de Kambadaga, l’un des joyaux naturels du Fouta-Djalon. La piste, bien que praticable, met nos nerfs à l’épreuve.
Les cahots successifs de la route nous rappellent que la beauté se mérite. À chaque virage, la végétation devient plus dense, et un murmure lointain, celui de l’eau, commence à se faire entendre.
Nous sommes arrêtés sur la route par des jeunes hommes qui réclament 25 000 francs guinéens (2,50 euros) pour nous autoriser le passage. Ce n’est pas tant la somme qui pose problème, cet argent étant utilisé pour financer la rénovation de la piste, mais plutôt la manière de l’exiger, sans réellement de légitimité pour le faire. Fort heureusement, Gassama notre guide et Ismaël refusent, mais acceptent volontairement d’effectuer un petit don.
Lorsque nous arrivons sur le site, la majesté des lieux nous coupe le souffle. Devant nous, grâce à un premier belvédère, se dresse une cascade de plus de 60 mètres de hauteur, alimentée par la rivière Kokoulo.
Cette chute se déploie en deux paliers distincts, chacun créant un spectacle saisissant de puissance et de grâce. Les eaux, éclatantes et vivantes, plongent avec fracas dans un bassin naturel en contrebas, soulevant une fine brume qui danse sous les rayons du soleil.
Nous empruntons un sentier escarpé qui mène à un autre belvédère et permet d’obtenir une vue dégagée de la cascade. Le chemin est un défi : les pierres sont parfois glissantes, et chaque pas demande une concentration totale. Mais l’effort est récompensé. Arrivés au belvédère, nous avons une vue plongeante sur les chutes et la vallée environnante. Le bruit assourdissant de l’eau, l’air saturé d’humidité et la vue panoramique forment une expérience presque mystique.
Les chutes de Kambadaga, avec leur force brute et leur beauté sauvage, incarnent parfaitement l’âme du Fouta-Djalon : indomptable, impressionnante, et inoubliable.
La piste vers Doucky : une aventure nocturne
Lorsque nous quittons Pita pour Doucky, la nuit tombe rapidement, enveloppant le paysage dans une obscurité presque totale. La piste, déjà difficile en plein jour, devient un véritable défi dans cette pénombre. Nous avançons lentement, à une vitesse d’à peine 30 km/h, nos phares peinant à percer l’obscurité.
La route est ponctuée de crevasses et de nids-de-poule que nous devons éviter avec une précision millimétrique. À plusieurs reprises, nous descendons du véhicule pour inspecter le chemin, éclairant les obstacles à l’aide de lampes de poche. Les secousses sont incessantes, et la fatigue s’installe peu à peu. Mais malgré ces difficultés, l’aventure nocturne a un charme particulier.
En chemin, nous sommes dans l’obligation de nous arrêter : le véhicule conduit par notre chauffeur voit ses freins réduits. Pourtant, lorsque nous sommes arrivés à Pita, nous avons une nouvelle fois perdu 2 heures de temps pour faire réparer une nouvelle pièce. Mais lors de cette réparation, le chauffeur nous a appris qu’un des autres jeunes garagistes avait malencontreusement coupé un autre tuyau alimentant le système de freinage.
Face à cette déconvenue, nous commençons à douter de la véracité de ces pannes à répétition, supputant une mauvaise volonté du chauffeur de continuer l’aventure, lui qui a plusieurs reprises, nous a confié qu’il n’était pas assez payé pour les routes et le temps de conduite qu’il pratique. En outre, originaire de Doucky, il a fortement insisté pour intégrer cette étape au sein de notre programme. L’ambiance est ainsi suspicieuse.
Néanmoins, nous reprenons la route et quand nous atteignons enfin Doucky, la vue des lumières tamisées du campement nous emplit d’un profond soulagement.
Le campement de Hassan Bah : un accueil inoubliable
Nous arrivons au campement de Hassan Bah, un lieu simple mais chargé de personnalité. Les bâtiments en dur qui le composent sont modestes, offrant un confort spartiate. Nos chambres sont équipées de lits simples, et l’électricité, limitée, provient d’un générateur. Mais ce lieu dégage une atmosphère chaleureuse qui nous met immédiatement à l’aise.
Et puis, il y a Hassan Bah lui-même. Dès que nous posons le pied au campement, il surgit, petit, charismatique, et avec une énergie débordante. Hassan, sexagénaire, parle fort et beaucoup, jonglant avec plusieurs langues dans une effusion de mots et de rires. Il plaisante, court dans tous les sens, et semble omniprésent, gérant à la fois notre installation, la cuisine, et l’organisation des activités du lendemain.
Sous son exubérance se cache un homme profondément généreux. Hassan nous traite comme des invités d’honneur, nous offrant un dîner simple mais honnête et veillant à ce que nous ne manquions de rien. Il nous présente sa famille, partage avec nous des histoires du Fouta-Djalon, ponctuées d’éclats de rire, et nous parle avec fierté de sa région et de son rôle en tant que guide.
Le contraste entre la rudesse de notre trajet et la chaleur de cet accueil est saisissant. Hassan Bah est bien plus qu’un hôte ou un guide. Il est une figure centrale de Doucky, un homme qui incarne l’âme de cette région par son énergie, son humour, et sa passion.
Lorsque nous nous endormons dans nos chambres simples, bercés par le bruit lointain des grillons et des discussions animées de Hassan avec ses employés, nous ressentons un profond sentiment de gratitude. Doucky, sous le ciel étoilé du Fouta-Djalon, est un lieu où l’aventure et l’hospitalité se rencontrent pour créer une expérience unique et mémorable.
Le canyon de Doucky : entre émerveillement et exploits inattendus
Le soleil se lève doucement alors que nous entamons notre marche pour rejoindre le canyon de Doucky, un site aussi isolé que spectaculaire niché au cœur du Fouta-Djalon. Après une nuit reposante au campement de Hassan Bah, nous sommes prêts à affronter cette nouvelle aventure.
Le chemin commence par 30 minutes de marche à travers une végétation luxuriante. Les premiers rayons du soleil filtrent à travers les arbres, projetant des ombres dansantes sur le sol. La fraîcheur de la matinée rend nos premiers pas agréables, et l’atmosphère est calme, presque méditative.
En chemin, nous croisons un petit groupe de villageois. Un homme, coupant de hautes herbes, s’arrête un instant pour nous saluer avant de nous laisser continuer notre progression.
Hassan, en tête du groupe, se trouve dans son élément. Il s’arrête pour nous montrer un arbre aux branches fines et flexibles. « Ça, c’est l’arbre qui sert de brosse à dents ! » déclare-t-il avec un sourire. Il casse une branche et fait mine de se brosser les dents, avant de nous confier, non sans humour : « Enfin, je l’utilise moins ces derniers temps. Il ne me reste que huit dents ! » Son autodérision provoque un fou rire général.
L’arrivée au canyon de Doucky est saisissante. Devant nous, une faille spectaculaire s’ouvre dans le paysage, dévoilant des falaises impressionnantes recouvertes de mousses vertes et de lianes suspendues. L’atmosphère change immédiatement : l’air est plus frais, le bruit de nos pas est étouffé par la végétation, et un silence apaisant règne dans ce sanctuaire naturel.
Mais Hassan ne s’arrête pas là. Soudain, il saisit une liane suspendue et se hisse avec une agilité déconcertante. Nous le regardons, stupéfaits, tandis qu’il grimpe de plusieurs mètres, oscillant légèrement dans les airs comme un Tarzan expérimenté. À plus de soixante ans, il nous prouve qu’il a encore une vitalité à faire pâlir les plus jeunes.
Quelques instants plus tard, il escalade un petit arbre, atteint une branche stable, et se met en position de yoga, croisant les jambes tout en restant parfaitement équilibré. « C’est comme ça qu’on médite ici ! » crie-t-il, hilare, tandis que nous restons bouche bée devant cette prouesse improbable.
La descente dans le canyon est un défi physique. Les rochers glissants et les sentiers escarpés exigent une attention constante, mais Hassan nous guide avec une assurance inébranlable. Il saute d’un rocher à l’autre avec une facilité déconcertante, toujours en plaisantant et en racontant des anecdotes.
À un moment, il grimpe sur une falaise basse pour nous montrer un point de vue exceptionnel sur le canyon et tente d’en maintenir un autre, jouant sur son éventuelle force herculéenne. Le panorama est à couper le souffle : les falaises verdoyantes, les lianes qui tombent comme des rideaux naturels, et les rayons du soleil jouant sur les mousses créent une scène féerique. Hassan, au sommet de la falaise, lève les bras en signe de triomphe.
Au fil de notre exploration, le canyon révèle toute sa beauté. Les lianes, que nous utilisons parfois comme cordes pour nous stabiliser, ajoutent une touche d’exotisme à ce décor déjà enchanteur. La végétation dense, les roches recouvertes de mousse, et le jeu de lumière naturelle créent une ambiance presque mystique.
Hassan, toujours infatigable, continue de nous surprendre par son énergie et sa bonne humeur. Il grimpe, saute, plaisante, et nous entraîne dans cette aventure avec une joie contagieuse.
Lorsque nous quittons le canyon, fatigués mais émerveillés, nous réalisons que cette expérience n’était pas seulement une immersion dans l’une des merveilles naturelles du Fouta-Djalon, mais aussi une rencontre avec un homme extraordinaire. Hassan Bah, qui par son charisme et sa passion, a transformé cette randonnée en une aventure inoubliable, mêlant effort, découverte, et éclats de rire.
La panne suspecte et le changement de véhicule : entre frustration et renouveau
Alors que nous avons prévu de partir dès notre retour, la journée se poursuit sous de mauvais augures. Le chauffeur de notre véhicule : Shériff, un homme taciturne qui avait déjà montré des signes de nervosité, nous annonce que les freins sont défectueux. Il a fait venir un mécanicien pour tenter une réparation, mais après deux heures d’attente sous un soleil accablant, le verdict tombe : les freins ne peuvent pas être réparés sur place.
Très vite, le doute s’installe. Nous observons les gestes lents et désordonnés du mécanicien, ainsi que l’attitude du chauffeur, qui semble plus préoccupé par son téléphone que par notre situation. Cette panne semble arrangée, une manœuvre pour gagner du temps ou éviter un itinéraire qu’il n’avait peut-être pas envie de parcourir, du fait qu’il est originaire de Doucky. Quoi qu’il en soit, il est évident que nous devons changer de véhicule.
Au lieu du 4×4 robuste promis par un chauffeur local contacté par Hassan, nous nous retrouvons dans un taxi standard, un véhicule bien moins adapté aux pistes difficiles que nous devons traverser. Comme pour ajouter à notre frustration, le chauffeur remplaçant, un homme antipathique déjà peu engageant, nous abandonne au village suivant, laissant sa place à un jeune homme nommé Mamadou, qui, heureusement, s’avère être tout le contraire de son prédécesseur.
Sympathique, souriant, et attentif, il transforme notre humeur et nous accompagne avec une attitude professionnelle et agréable jusqu’à la fin de notre périple.
La piste vers le barrage de Kaléta : 7 heures d’efforts
Nous reprenons la route, avec Mamadou au volant, pour un trajet de 7 heures sur une piste ardue menant au barrage de Kaléta. La route, bordée de paysages à couper le souffle, n’en reste pas moins un véritable défi pour notre endurance.
La piste est un enchaînement de trous béants, de nids-de-poule, et de passages étroits bordés par une végétation dense. Le véhicule secoue et tremble à chaque kilomètre, et la chaleur étouffante rend la progression encore plus éprouvante. Malgré tout, les paysages qui se déroulent devant nous atténuent notre fatigue : des collines verdoyantes, des plaines dorées baignées de lumière, et des rivières scintillantes qui serpentent entre les rochers.
Nous traversons la région de Télimélé, un endroit riche en sites touristiques que nous n’avons malheureusement pas le temps d’explorer. Les noms seuls éveillent notre imagination :
- Les grottes et abris sous roche de Guémé Sangan, témoins d’un passé historique et naturel mystérieux.
- Le mont Dantèguè, majestueux, dont les sommets semblent caresser les nuages.
- Les chutes de Samankou, où l’eau cascade en un spectacle fascinant.
- La plage de Kaaba, offrant un contraste saisissant avec les montagnes environnantes.
- Le col de Loubha, d’où la vue panoramique est réputée époustouflante.
- Les chutes de Saouapity, entourées de forêts luxuriantes.
- La falaise de Wonkou, impressionnante par sa verticalité.
- Le col de Maninko, un lieu de passage chargé de légendes.
- Les grottes de Ley Lèguel, mystérieuses et captivantes.
Chaque lieu semble une promesse d’aventure, mais le temps presse, et nous devons poursuivre notre route.
Le lac et le barrage de Kaléta : une rencontre entre nature et prouesse humaine
Enfin, après des heures de secousses, nous apercevons les eaux scintillantes du lac de Kaléta. Formé par le barrage de Kaléta, ce vaste plan d’eau artificiel s’étend majestueusement, reflétant le ciel bleu et les montagnes environnantes. Le paysage, mélange d’ingénierie humaine et de beauté naturelle, est à couper le souffle.
Le barrage de Kaléta, construit sur le fleuve Konkouré, est un impressionnant ouvrage d’ingénierie. Sa structure massive retient les eaux, créant une chute naturelle de près de 40 mètres utilisée pour produire de l’électricité. Ce site, fierté nationale, témoigne des efforts de la Guinée pour allier modernité et durabilité.
Nous nous approchons du lac, où des habitants profitent des eaux calmes. Certains pêchent avec des filets rudimentaires, tandis que d’autres s’y baignent, riant et discutant sous le soleil. Les rives sont accueillantes, et l’air, rafraîchi par l’eau, apporte un soulagement bienvenu après les heures passées sur la piste.
Le site offre également une perspective unique sur la rencontre entre la nature et l’homme. D’un côté, les montagnes et les forêts environnantes rappellent la puissance brute de la nature. De l’autre, le barrage, avec sa structure imposante, témoigne de la capacité humaine à utiliser cette puissance pour créer quelque chose de fonctionnel et bénéfique.
Le lac de Koba : sérénité et découverte au cœur de la nature
Situé au sud-ouest de Boffa, le lac de Koba nous accueille de nuit dans un havre de paix après des journées de voyage éreintantes. Formé par la construction d’un barrage, ce lac artificiel, niché au cœur du village de Koba et de ses quatre hameaux, est entouré de paysages verdoyants : des rizières luxuriantes, des mangroves, et des bancs de sable immaculés. Ce cadre offre une échappatoire bienvenue, un moment de calme loin de l’agitation des villes.
Nous passons la nuit à l’Auberge du lac, un établissement simple mais charmant, constitué de cases traditionnelles nichées dans un univers forestier.
La nuit est calme, mais non sans défis : les moustiques et les fourmis, nombreux dans cet environnement naturel, nous rappellent que la nature ici règne en maître.
Les réservations peuvent se faire sur le 00 224 628 278 090 ou sur le 00224 623 633 225. Un mail est également disponible : mahsylla280@gmail.com |
Le matin, nous explorons les environs du lac. Une balade nous permet d’apprécier la tranquillité des eaux et de découvrir de petites criques bordées de végétation dense. Les rizières environnantes, baignées de lumière matinale, offrent une palette de verts éclatants, tandis que les mangroves abritent une vie sauvage discrète mais fascinante.
Avant de partir, nous faisons une halte à l’hôtel Beau village, un établissement plus moderne où nous prenons un repas. Les habitations en dur, d’un style contemporain, contrastent agréablement avec la simplicité de l’auberge, et le repas, copieux et savoureux, nous prépare pour la suite de notre périple.
Boffa : une ville au carrefour de l’histoire et de la mémoire
En quittant le lac de Koba, nous rejoignons la ville de Boffa, une localité riche en histoire et en patrimoine. Avec ses 27 047 habitants, cette ville côtière nous plonge dans un passé mêlant colonialisme, traite négrière, et traditions locales.
Entourés par les villas coloniales, vestiges de l’époque de l’occupation française, nous prenons le temps de nous imprégner de cette architecture, bien que marquée par le temps, qui raconte une époque où l’influence européenne transformait le paysage et la vie locale. Ces bâtisses, avec leurs balcons en bois et leurs grandes fenêtres, offrent un aperçu poignant de cette période.
Nous rejoignons le port de pêche, ancien port colonial, aujourd’hui utilisé par les pêcheurs locaux, qui au moment de notre arrivée réparent plusieurs bateaux, le tout face à des mines de bauxite qui, exploitées par des compagnies chinoises, tournent à plein régime.
L’église anglicane Saint-Joseph, datant du XIXe siècle située dans un sanctuaire unique, tout de bleu constitué, apporte un contraste apaisant à cette étape.
Sa simplicité et sa sérénité nous permettent de reprendre notre souffle, tandis que la place des Martyrs rend hommage à ceux qui ont sacrifié leur vie pour la liberté.
Non loin de là, les ruines du port négrier nous plongent dans une mémoire plus sombre. Nous découvrons tout d’abord une belle église, dont la peinture jaune s’écaille sans altérer sa beauté, avant d’effectuer une petite marche dans les broussailles pour rejoindre le front d’une étendue d’eau où des vestiges sont encore visibles.
Ce site, témoin des souffrances de la traite négrière, est un lieu de réflexion. Les pierres usées par le temps et la mer semblent porter les échos des vies brisées, et l’air salé qui nous entoure ajoute une dimension poignante à cette visite.
Les environs de Boffa regorgent de sites qui enrichissent notre compréhension de l’histoire et des traditions de la région.
- L’esclaverie de Farinyah, un site marquant de la traite négrière.
- Le débarcadère et l’esclaverie de Kissing, où les traces de ce passé difficile sont encore visibles.
- Les sites négriers de Dominyah et de Konsinsi, symboles de mémoire collective.
- Le site de Thié, résidence des chefs Katty, témoignant de la structure traditionnelle de la société guinéenne.
- Le site d’Agna, fief des Faber, où la noblesse locale exerçait son autorité.
Boké : entre mémoire et dynamisme
Notre arrivée à Boké, située dans le nord-ouest de la Guinée après une bonne route goudronnée, marque une plongée dans l’histoire et le patrimoine de ce carrefour culturel. Avec ses 240 375 habitants, cette ville, bien que marquée par son passé colonial, affiche une énergie vivante et actuelle.
Notre première étape est le célèbre fortin, un complexe historique qui surplombe la ville. En pénétrant dans ses murs, nous ressentons immédiatement le poids de son histoire. Le fortin abrite plusieurs points d’intérêt : une place publique où la vie locale semble s’organiser, une obélisque commémorative, et un musée captivant retraçant l’histoire de la ville, notamment celle de la traite négrière.
Nous découvrons la prison du site, une prison constituée de 4 salles qui servait à punir les esclaves récalcitrants.
Ce lieu nous plonge dans une période sombre, surtout lorsque nous empruntons le chemin sans retour, qui mène au port négrier. Ce passage, utilisé autrefois pour transporter les captifs, symbolise une époque douloureuse de l’histoire guinéenne. L’ambiance est lourde, mais nécessaire, et nous quittons le fortin avec une réflexion profonde sur cette période marquante.
Dans la ville, la mosquée du XVIIIe siècle, un édifice chargé d’histoire et de spiritualité possède une architecture ancienne qui contraste avec le dynamisme des fidèles qui s’y rassemblent encore aujourd’hui. Le marché central de Boké, quant à lui, nous rappelle que cette ville est aussi un lieu de vie animé. Les couleurs, les sons, et les odeurs nous transportent dans une mosaïque de cultures et de traditions.
Avant de quitter la ville, accompagnés par les responsables de l’office du tourisme, nous visitons un peu excentrée, la mystérieuse grotte de Korera, située à proximité. Cette formation calcaire, décorée de stalactites et stalagmites, s’étend sur 180 kilomètres et servait autrefois de refuge pour les résistants.
Boké regorge de sites naturels fascinants qui enrichissent la découverte de cette région historique :
- La mare à eaux sonnantes de Dabis, un lieu mystérieux où les eaux produisent des sons uniques, attirant les curieux et les habitants.
- La mare de Daparéré à Kaboy, un site sacré vénéré par les populations locales pour sa valeur spirituelle et culturelle.
- Les îles Tristao, connues pour leur biodiversité marine et terrestre exceptionnelle, offrant un refuge à de nombreuses espèces rares.
- Le canal naturel de Yarga, qui serpente à travers des paysages sauvages et intacts, parfait pour une immersion dans la nature.
- L’aire protégée transfrontalière des Rios Cogon, Couroubal et Nunez, s’étendant sur 800 000 hectares, un sanctuaire naturel combinant mangroves, rivières et forêts denses.
- L’île Alcatraz, difficile d’accès, qui sert d’abri naturel pour des milliers d’oiseaux, en étant un lieu unique pour l’observation de la faune.
La plage de Bel-Air : entre détente et culture
Située à environ 200 kilomètres de Conakry, la plage de Bel-Air est un véritable paradis de sable fin bordé de cocotiers et de palmiers. En plein coeur de la nuit, nous nous rendons au sein des Jumelles, un petit hôtel proche de la plage, qui propose une cuisine locale délicieuse et dans lequel nous pouvons manger.
Alors qu’un autre hôtel nous a purement et simplement annulé la réservation, l’heure tardive de notre arrivée le justifiant selon le gérant, un Français installé dans la région, l’hôtel des Jumelles nous accueille au travers de Maryam, une jeune femme jolie et réservée, qui se rend pour nous au port afin de nous acheter du poisson frais et de nous le cuisiner.
Pendant ce temps, nous sommes installés dans nos chambres, qui malheureusement subissent une panne d’eau, nous obligeant à nous laver à l’aide d’un seau. Nous terminons de manger tard dans la nuit et épuisés, nous profitons d’une nuit agréable, bercés par les ronflements de la climatisation qui tourne à plein régime dans la chambre.
Le lendemain matin, aux côtés de l’hôtel, la vue de cette étendue longue de 7 kilomètres, caressée par des eaux calmes et scintillantes, nous coupe le souffle.
L’atmosphère de Bel-Air est unique. Pendant la journée, des familles s’installent pour pique-niquer et préparer des barbecues, tandis que d’autres profitent des activités aquatiques comme le surf et la natation. Des élèves et des étudiants viennent également ici pour des sorties éducatives, alliant détente et apprentissage.
Nous apprenons que cette plage est aussi un lieu de célébrations. Chaque année, le 11 mai, des admirateurs de Bob Marley s’y réunissent pour commémorer l’artiste. Des concerts improvisés et des danses traditionnelles créent une ambiance festive, mêlant modernité et culture locale.
La plage révèle tout son potentiel aux abords de l’hôtel Bel-Air, malheureusement toujours fermé en 2024, qui nous rappelle qu’il y a encore un potentiel inexploité pour le développement de ce site exceptionnel. La plage surveillée par des gendarmes qui ont trouvé un site de travail unique, est une véritable carte-postale, son décor étant partagé entre des bancs de sable et des cocotiers qui s’étendent à perte de vue.
Le port de Koukoudé : une immersion dans la vie locale
Non loin de la plage de Bel-Air, le port de Koukoudé, situé dans le village de Foulaya, est une autre facette fascinante de cette région côtière. Ce petit port, autrefois un point de passage pour les marchandises et les voyageurs, est aujourd’hui un centre névralgique pour la pêche artisanale.
Lorsque nous arrivons, le lieu est en pleine effervescence. Des pêcheurs amarrent leurs bateaux traditionnels, tandis que d’autres réparent leurs filets ou transportent leurs prises. L’odeur du poisson frais et des fumoirs, utilisés pour la conservation, emplit l’air. Ces fumoirs, dispersés un peu partout dans le village, offrent un aperçu unique d’une technique ancestrale qui continue de jouer un rôle important dans la vie locale.
Nous prenons le temps d’échanger avec quelques habitants, qui nous racontent avec fierté l’impact de ce port pour leur communauté. Les mangroves environnantes, accessibles en bateau, sont un sanctuaire de biodiversité. Elles abritent des oiseaux marins, des poissons, et une végétation luxuriante qui attire autant les pêcheurs que les amateurs de nature.
Le port de Koukoudé, bien que modeste, est un véritable poumon économique et culturel pour cette région. Entre les allées et venues des pêcheurs et l’ambiance paisible des plages adjacentes, il illustre parfaitement la symbiose entre tradition et modernité.
Retour à Conakry : entre embouteillages et confort retrouvé
Après des jours passés à explorer les merveilles du Fouta-Djalon et de la Guinée rurale, nous amorçons notre retour à Conakry, la capitale grouillante. Nous mettons quatre heures pour rejoindre notre hôtel, pris dans un interminable flux de circulation.
Les embouteillages de Conakry, célèbres pour leur chaos, ne déçoivent pas. Les klaxons résonnent, les nerfs s’échauffent, et nous assistons même à une altercation entre deux automobilistes qui en viennent aux mains.
À l’approche de Kaloum, le centre-ville, tous les véhicules doivent être fouillés. Cette mesure de sécurité ralentit davantage le trajet, mais nous savourons le moment où nous arrivons enfin à l’hôtel Souaré Premium, un établissement 4 étoiles, moderne et accueillant.
La nuit est tombée, et la vue des lumières scintillantes de la ville nous procure un sentiment de soulagement et de retour à la civilisation.
Affamés, nous dînons au restaurant de l’hôtel, ravis de retrouver une cuisine raffinée. Cependant, comme dans de nombreux restaurants en Guinée, la carte, riche en promesses, n’offre en réalité que deux plats disponibles : du poulet rôti et du poulet braisé. Nous rions de cette situation typique et apprécions malgré tout un repas de qualité, heureux d’être dans un cadre confortable.
Le lendemain matin, après une grasse matinée bien méritée, nous retrouvons Ismaël, qui rayonne de bonne humeur. Il nous emmène au restaurant l’Aquarium, tenu par des Libanais. Le repas y est exceptionnel : des beignets de calamars croustillants en entrée, une viande grillée fondante en plat, et un fondant au chocolat en dessert. Chaque bouchée est un régal, et l’ambiance conviviale du lieu ajoute à notre plaisir. Nous embrassons chaleureusement Gassama qui rejoint son foyer sur l‘île de Kassa.
L’après-midi, nous effectuons quelques achats au marché des artisans, situé devant l’hôtel Palm Camayenne. Entre bijoux, sculptures et tissus, nous découvrons l’artisanat local avant de quitter la capitale pour poursuivre notre aventure.
Week-end à MAF Village : détente et émerveillement
Notre escapade avec Ismaël à MAF Village, situé dans la sous-préfecture de Maférinya près de Forécariah, commence par un trajet fluide grâce à la route côtière rénovée.
Dès notre arrivée, nous sommes frappés par l’immensité du site pensé pour l’éco-tourisme : un domaine de 100 hectares pensé pour offrir détente et activités variées.
Après une courte visite du domaine, nous rejoignons le restaurant pour un diner délicieux, servi dans un cadre charmant.
Les réservations peuvent se faire sur le 00 224 657 27 67 27. |
Le soir, nous nous installons dans une belle chambre spacieuse, où chaque détail est pensé pour notre confort. La nuit est douce, bercée par les sons apaisants de la nature environnante.
Le lendemain matin, nous profitons pleinement des nombreuses activités qu’offre le village. Nous débutons par une séance de quad, explorant les sentiers balisés du domaine, puis participons à des jeux de groupe et des courses d’obstacles qui nous reconnectent à notre esprit d’enfance.
Ensuite, nous visitons le verger du site, un lieu verdoyant où poussent des fruits locaux.
Le clou de notre séjour est sans aucun doute notre rencontre avec les chefs de MAF Village, qui nous régalent de plats exquis. Chaque assiette est un mélange de saveurs locales et de touches modernes, préparée avec des ingrédients frais provenant du domaine.
Retour à Conakry : un dernier contretemps et des adieux inoubliables
La route vers l’aéroport international de Conakry se déroule étonnamment bien : deux heures suffisent pour parcourir le trajet, un soulagement après les embouteillages habituels de la capitale.
Alors que nous descendons du véhicule et nous apprêtons à décharger nos bagages, une réalisation glaciale nous frappe : nos passeports ne sont pas dans nos sacs. Après quelques instants de panique, nous comprenons qu’ils sont restés à l’hôtel, pris en caution lors de notre enregistrement mais jamais restitués.
Face à cette situation, Ismaël garde son calme. Il décroche immédiatement son téléphone et appelle Gassama, qui, depuis la fin de notre périple, était retourné chez lui sur l’île de Kassa. Malgré la distance et l’urgence, Gassama ne réfléchit pas deux fois. Avec sa gentillesse et son sens du devoir qui ne nous ont jamais fait défaut, il monte dans une pirogue pour rejoindre Conakry.
De là, il grimpe sur un moto-taxi, traversant le chaos de la circulation pour se rendre à l’hôtel. En un temps record, il récupère nos passeports, puis repart aussi vite vers l’aéroport. Lorsque nous voyons sa silhouette se dessiner à l’entrée, un immense soulagement nous envahit. Essoufflé mais souriant, il nous tend les précieux documents, et sans un mot, nous nous jetons dans ses bras.
Avant de nous enregistrer, nous prenons un moment pour dire au revoir à Gassama et Ismaël, deux hommes qui, au fil de cette aventure, sont devenus bien plus que des guides ou des accompagnateurs. Ismaël, avec son humour, son intelligence, et sa gentillesse, s’est imposé comme un véritable frère. Quant à Gassama, son dévouement et sa connaissance profonde de la Guinée ont fait de lui un pilier indispensable de notre périple.
Les adieux sont empreints d’émotion. Nous nous promettons de rester en contact et de revenir rapidement en Guinée, ce pays qui nous a tant offert.
Avec nos passeports désormais en main, nous passons à l’enregistrement, où tout se déroule sans encombre. Une fois dans le hall d’embarquement, nous profitons d’un dernier instant de calme pour repenser à ce voyage extraordinaire.
Avant de monter à bord, nous devons subir un dernier contrôle de sécurité. Chaque bagage est fouillé méticuleusement, une procédure standard mais légèrement stressante à ce moment crucial. Une fois la fouille terminée, nous rejoignons enfin l’avion, prêts à prendre notre envol.
Les autres incontournables
Réserve naturelle du mont Nimba
Située au carrefour de la Guinée, du Liberia et de la Côte d’Ivoire, la réserve naturelle du mont Nimba est un trésor de biodiversité inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1981. Dominé par le mont Nimba culminant à 1 752 mètres, ce sanctuaire abrite une faune et une flore exceptionnelles, incluant des espèces rares comme le crapaud vivipare et les chimpanzés de Bossou. La réserve, surnommée le : « château d’eau », alimente de nombreuses rivières locales grâce à ses cinquante sources. Sa faune comprend 317 espèces de vertébrés et plus de 2 500 invertébrés, dont des espèces endémiques comme le Micropotamogale du mont Nimba. La flore n’est pas en reste, avec plus de 2 000 plantes vasculaires, offrant un panorama allant des forêts tropicales aux prairies d’altitude.
Dabola
Dabola, ville située au centre de la Guinée, est connue pour son foisonnement culturel et ses trésors naturels. Chaque semaine, sa foire attire les habitants des environs pour des échanges d’artisanat et de produits locaux. Les mares de Dandendan, Dala-oulen et Mouroumourou illustrent la richesse de la pêche artisanale, pratiquée avec des techniques traditionnelles. Les chutes de Tinkisso, Kindoi, et Kankama émerveillent par leurs cascades majestueuses, tandis que la dame du Mont Foulah et la grotte du Mont Sawamba sont des sites empreints de mystère et de spiritualité. Le jardin naturel du Djiguilin et le Kogno Mouran dans la grotte de Sembakomiya offrent une plongée dans la biodiversité et les légendes locales, faisant de Dabola une destination captivante.
Nzérékoré
Nzérékoré, située en Guinée forestière, est une ville dynamique entourée de sites naturels et culturels. Ses monuments, comme la mosquée de 1905 et le musée régional, retracent son histoire. Les sources de Diakolé et Gueya et les chutes de Kabiéta enrichissent les paysages environnants. La réserve de Manden Woula et le pont de lianes de Koulé dévoilent une biodiversité exceptionnelle et le savoir-faire local. Les villages de Samoé et Kpaya plongent les visiteurs dans les traditions locales, tandis que les tombes coloniales à Guécké rappellent l’histoire complexe de la région.
Île Alcatraz
L’île Alcatraz, située au large de Kamsar et de Kanfarande, est une destination incontournable pour les passionnés d’ornithologie. Reconnue comme site Ramsar depuis 1990, elle héberge la plus grande colonie africaine de Sula leucogaster, comptant environ 3 000 couples, et accueille des espèces migratrices venues d’Europe, d’Asie, et d’Amérique. Avec son sol rocheux couvert de guano et l’absence de végétation, l’île offre un paysage brut et sauvage. Ses eaux attirent également tortues marines et cétacés. L’accès, exigeant en raison de sa localisation en haute mer, passe par Kamsar et nécessite plusieurs heures de navigation. L’île séduit particulièrement les ornithologues, offrant une fenêtre unique sur des écosystèmes préservés.
Îles Tristao
Les îles Tristao, situées près de la frontière entre la Guinée et la Guinée-Bissau, forment un archipel unique mêlant mangroves, bancs de sable et estuaires. Ces îles, habituellement accessibles via Kamsar, abritent une biodiversité exceptionnelle avec des espèces comme les tortues marines, les lamantins, et les crocodiles. Les habitants, majoritairement Nalous et Balantes, perpétuent des traditions séculaires basées sur la pêche, l’agriculture, et le fumage du poisson. En 1992, l’archipel a été classé zone humide d’importance internationale par la Convention de Ramsar et, en 2008, il est devenu une aire marine communautaire protégée, préservant ainsi ses écosystèmes remarquables.
La dame du Mali
Perchée à 1 500 mètres d’altitude sur les pentes du Mont Loura, dans la préfecture de Mali, la dame du Mali est une formation rocheuse fascinante qui ressemble au visage d’une femme, sculptée naturellement par l’érosion éolienne. Cette paréidolie emblématique du Fouta-Djalon domine les plaines et offre des panoramas exceptionnels. À proximité, une autre roche semblant représenter un sage, appelée Néné Fouta, complète ce duo poétique. Ce site attire randonneurs et passionnés de géologie, témoignant de l’interaction entre les forces de la nature et l’imaginaire humain.
Pont de Dieu et cascades d’Ainguel
Au cœur des collines verdoyantes de la région d’Ainguel se trouve le pont de Dieu, une arche de roche naturelle de 10 mètres de long suspendue au-dessus de la rivière Fétoré. Accessible après une courte randonnée, ce site offre un décor unique où roche et eau s’entrelacent. Sous le pont, des cascades et bassins naturels ajoutent une touche féerique. Non loin, une cascade impressionnante alimente ce réseau aquatique, offrant un spectacle saisissant. Ainguel, avec ses paysages et son village traditionnel, est un lieu parfait pour les amateurs de nature et de tranquillité.
Fougoumba
Fougoumba, petit village historique du Fouta-Djalon, est un ancien centre religieux où les almamys étaient couronnés. Sa mosquée ancienne, modernisée mais fidèle à ses origines, et sa case de couronnement, lieu des rituels sacrés des chefs religieux, reflètent son importance spirituelle. Chaque almamy, après neuf jours de méditation, emportait un turban symbolique en signe d’autorité. Fougoumba accueillait également une conférence annuelle des provinces du Fouta, jouant un rôle clé dans la cohésion politique et religieuse de la région. Aujourd’hui, ce village reste un témoignage vivant de l’histoire et des traditions musulmanes.
Mali
La ville de Mali, dans l’extrême nord de la Guinée, est un carrefour naturel et culturel. Dominée par des reliefs impressionnants tels que la dame du mont Loura et le pic de Pétenya, elle offre des panoramas spectaculaires. Ses sites sacrés comme la mare de Namboma et celle de Diénakaly sont entourés de légendes spirituelles. La région est également riche en grottes historiques, telles que les grottes de Koussoya et Madina Koura, témoins de la vie ancienne. Les chutes de Lakata et de Kambara ajoutent une touche spectaculaire à cette région prisée des randonneurs. Enfin, des vestiges comme les hauts fourneaux de Gaya ou le Dolmen de Tanda Muller révèlent un riche passé technologique et culturel.
Faranah
Ville natale de Sékou Touré, Faranah est un lieu de mémoire avec la maison du premier président de Guinée. Le pont colonial et la statue de l’éléphant symbolisent l’identité de la ville. Les marchés et lieux spirituels comme le site abritant le masque Sawoulen et le puits sacré plongent les visiteurs dans la culture locale. Non loin, des sites historiques comme la caverne de la cité du Niger et la source du fleuve Niger à Kobikoro enrichissent la découverte. Les collines, monts, et lieux sacrés, tels que le mont Gboudou et la pierre de Tindo Gnadalla, renforcent la spiritualité et la beauté de la région.
Parc national du Haut Niger
Situé le long du fleuve Niger, le parc national du Haut Niger couvre 1 200 000 hectares de savanes et forêts épaisses. Classé réserve de biosphère, il abrite des espèces menacées comme les lions, les chimpanzés et les hippopotames. Les visiteurs, accompagnés de guides, explorent les zones protégées pour observer la faune et la flore rares. Malgré des infrastructures touristiques limitées, cette aventure en pleine nature offre une immersion authentique dans un écosystème unique, essentiel pour la conservation en Guinée.
Parc Diwasi
Le parc Diwasi, dans la région de Kankan, s’étend sur 104 000 hectares et protège des espèces emblématiques comme les céphalophes géants et les lycaons. Ce projet, né d’une collaboration entre l’État et une famille française, combine écotourisme et préservation. Les visiteurs peuvent y pratiquer des activités comme l’observation des oiseaux ou l’exploration de la grotte aux chauves-souris, tout en interagissant avec les habitants des villages environnants. Ce sanctuaire écologique est une destination prisée des amoureux de la nature en quête d’aventure.
Kankan
Traversée par le fleuve Milo, Kankan est une ville dynamique où cohabitent histoire et traditions. Les visiteurs découvrent des lieux marquants comme le mausolée de Cheick Fantamady Chérif, les vestiges de Niani, et les plages du fleuve Milo. Les artisans locaux créent des sculptures en bois dans le quartier des sculpteurs, tandis que le balafon sacré de Soumaoro Kanté à Niagassola témoigne de l’héritage musical mandingue. Entourée de sites spirituels et naturels comme le mont Gboudou et la mare de Koumban, Kankan offre une immersion riche et variée dans la culture guinéenne.
Cascade de Tabouna
À proximité de Kindia, la cascade de Tabouna est un havre de tranquillité et de beauté naturelle. Facilement accessible après 30 minutes en voiture et une courte marche, cette chute d’eau s’étale en largeur et se termine dans un bassin naturel propice à la baignade. Entourée de collines verdoyantes, elle offre une vue apaisante sur une vallée luxuriante, idéale pour les promenades et les pique-niques. Ce lieu, parfait pour une journée de détente, allie sérénité et beauté naturelle.
Chute de Ditinn
La chute de Ditinn, haute de 120 mètres, est la plus impressionnante cascade de Guinée. Située près de Fougoumba, elle fascine par sa puissance, surtout en saison des pluies, où elle devient un torrent rugissant. Les visiteurs peuvent explorer plusieurs points de vue offrant des perspectives variées sur cette merveille naturelle nichée dans la vallée de la Ténée. En saison sèche, son débit plus paisible invite à la contemplation dans un cadre serein, parfait pour les amateurs de photographie et de nature.
Parc national du Moyen-Bafing
Créé pour protéger les chimpanzés, le parc national du Moyen-Bafing abrite la plus grande population de ces primates en Afrique de l’Ouest, avec plus de 4 000 individus. Situé dans la région de Labé, ce parc de 6 426 km² accueille également des léopards, hippopotames et babouins. Les initiatives de conservation sensibilisent les communautés locales et offrent une opportunité unique d’observer les chimpanzés dans leur habitat naturel. Ce sanctuaire, ouvert aux visiteurs, illustre l’importance de la préservation de la biodiversité.
Lac de Samaya
Le lac de Samaya, à 44 kilomètres de Kindia, est un lac artificiel formé par un barrage hydroélectrique. Entouré par les montagnes du mont Gangan, il offre des paysages somptueux et une atmosphère paisible. À proximité, l’écolodge de Walia enrichit l’expérience avec des infrastructures écologiques et des sentiers aménagés. Ce site, où nature et histoire se mêlent, est idéal pour la randonnée, les pique-niques, et l’exploration du patrimoine local dans un cadre enchanteur.
Grotte de Kakimbo
Située dans la forêt de Kakimbo, à proximité de Conakry, la grotte de Kakimbo est un site archéologique fascinant datant du XIIIe siècle. Des fouilles y ont révélé des outils en pierre et des objets en grès, témoignant du savoir-faire des anciens habitants. Ce lieu mystique, entouré de légendes et de pratiques rituelles, est vénéré par les communautés locales. La grotte, avec ses offrandes et ses récits spirituels, est un témoignage unique du lien entre les traditions ancestrales et la nature.
Forecariah
Située à 140 kilomètres de Conakry, Forecariah est une ville historique aux multiples attraits culturels et naturels. Parmi ses sites marquants figurent l’îlot de Matakang et ses vestiges historiques, le port de Benty, ancien port négrier, et l’esclaverie de Benty, qui témoignent d’un passé poignant. Les plages de Salatougou et des îles Kakossa et Kabacki offrent détente et beauté sauvage. L’île de Khonikounson, un sanctuaire naturel, complète cette exploration en alliant biodiversité et paysages marins.
Kissidougou
Kissidougou, au cœur de la Guinée forestière, mêle histoire et nature. Le mausolée de Kissi Kaba et le musée préfectoral illustrent la richesse culturelle de la région. Les chutes de Brouadou, de Yendé Millimou, et de Yombiro attirent les amoureux de la nature, tout comme le mont Yendé Milimou. Les croyances locales se dévoilent à travers les poissons sacrés de Bendou. Ce mélange d’histoire et de paysages spectaculaires fait de Kissidougou une destination captivante.
Grotte de Cireyah
À 25 kilomètres de Fria, la grotte de Cireyah est un joyau géologique remarquable. Avec ses galeries imposantes soutenues par des piliers naturels, elle offre une ambiance mystique et grandiose. Les visiteurs peuvent explorer ce site en partie accessible ou se lancer dans des sections plus aventureuses. À proximité, les chutes de Bogoro et les plages de Konkouré ajoutent des expériences variées dans un cadre naturel enchanteur.
Kérouané
Berceau de l’histoire samorienne, Kérouané se distingue par la tombe de Djaoulén-Karamo et les sites samoriens, comme les baobabs centenaires de Bissandougou. Les ruines des fortifications et le cimetière des tirailleurs rappellent les luttes passées. Avec des paysages variés entre savane et forêt, la région est idéale pour explorer des sites comme Sanankoro et la réserve de Bonko, tout en découvrant un riche patrimoine historique.
Siguiri
Siguiri, située au Nord-Est, est un centre culturel et historique de premier plan. La ville est célèbre pour le balafon Sosso Bala, patrimoine UNESCO, et pour son fort colonial français. Les chutes de Bouroundoun et la réserve de Manden Woula, qui préservent une biodiversité unique, enrichissent l’expérience. Les mines d’or de Bouré et les plages du Niger illustrent le dynamisme économique et la beauté naturelle de la région.
Macenta
Au sud-est de la Guinée, Macenta est une porte d’entrée vers les trésors naturels et culturels environnants. La résidence du Gouverneur et la forêt sacrée de Sérédou reflètent un passé riche en traditions. La réserve de biosphère de Ziama, avec ses chimpanzés et ses montagnes, offre des randonnées inoubliables. Entre lacs, ponts en lianes, et sources naturelles, Macenta est un paradis pour les amateurs de nature et d’histoire.
Conclusion
Alors que notre avion quitte le sol guinéen, nous replongeons dans les souvenirs intenses de ce voyage. La Guinée, avec ses paysages variés, ses cultures riches, et ses habitants accueillants, s’est révélée bien plus qu’une destination. Elle nous a offert une expérience humaine et émotionnelle d’une rare intensité.
Des vastes montagnes du Fouta-Djalon aux plages de sable fin de la Basse Guinée, chaque étape a été marquée par des rencontres, des découvertes et des défis. Nous avons marché dans les vallées et gravi des sentiers escarpés, admiré les cascades majestueuses et traversé des villages où la simplicité de la vie quotidienne nous a révélé une beauté authentique. Les sourires des enfants dans les écoles, les chants pour nous accueillir, et les récits des anciens dans la case à palabres resteront gravés dans nos mémoires.
Ce voyage a aussi été une leçon d’humilité. La gentillesse de Gassama, qui n’a jamais hésité à nous guider avec patience, et le dévouement d’Ismaël, dont l’amitié sincère nous a marqués, n’a jamais cessé d’incarner la générosité et la chaleur humaine de ce pays. Ces liens tissés au fil des jours ont transcendé le simple rôle d’accompagnateurs pour devenir des amitiés durables.
La Guinée, avec ses embouteillages chaotiques de Conakry, ses routes parfois difficiles, et ses imprévus, nous a appris à ralentir, à apprécier les moments simples et à voir au-delà des obstacles pour découvrir une richesse insoupçonnée.
Nous repartons ainsi avec une certitude : ce voyage nous a enrichis bien au-delà de ce que nous aurions pu imaginer et nous n’avons qu’une hâte : y retourner.
Pas de commentaires
Ecrire un commentaire