Au cœur de l’Atlantique Nord, les îles Féroé forment un archipel sauvage et mystérieux, où la nature règne en maître et où chaque recoin offre un spectacle saisissant. Nous avons eu la chance d’y passer plusieurs jours afin de vous faire découvrir les incontournables de cette terre de fjords abrupts, de falaises vertigineuses et de traditions ancestrales.

Depuis des années, les îles Féroé flottent dans notre esprit comme une terre lointaine, un fragment d’ailleurs, un monde préservé que seuls quelques voyageurs intrépides osent explorer. Un archipel battu par les vents, posé entre l’Écosse et l’Islande, à la merci de l’Atlantique Nord. Nous les avons vues en images, sur des cartes, dans des récits de marins et d’aventuriers, et chaque fois, elles nous semblent inaccessibles, un rêve presque irréalisable. Un bout du monde, un territoire de légende où le ciel et la mer se confondent dans un ballet incessant de brumes et de lumière. Pourtant, la réalité est tout autre. Ce pays que nous imaginons si reculé, si difficile d’accès, n’est en fait qu’à quatre heures de vol de Paris. Quatre heures à peine pour passer du tumulte urbain à une nature brute, où le vent hurle entre les falaises et où l’homme n’a jamais réellement pris le dessus.
Maintenant que nous avons entrepris l’imaginable, la possibilité de nous y rendre, l’envie de découvrir ces îles grandit chaque jour en nous, alimentée par ces images de montagnes aux courbes douces, de fjords profonds, de maisons aux toits d’herbe, et de cascades dévalant les falaises pour se jeter dans l’océan. Nous rêvons de villages perdus, de routes sinueuses disparaissant dans le brouillard, de moutons impassibles, maîtres absolus de ces terres rudes et sauvages. Les îles Féroé évoquent pour nous un voyage hors du temps, une parenthèse dans un monde où tout va trop vite, une île refuge à la lisière du connu et de l’inexploré.
Alors, nous décidons de partir. Plus qu’un voyage, c’est une plongée dans l’inconnu, une promesse de solitude et de grandeur, une invitation à la contemplation. Nous voulons sentir le vent féroïen fouetter notre visage, entendre le silence profond de ces paysages où seul résonne le cri des oiseaux marins. Nous voulons arpenter ces terres où la nature règne en maître, loin des foules et du bruit. Et bientôt, nous y serons. Nous irons voir de nos propres yeux ces îles qui nous hantent depuis si longtemps.
Alors nous nous renseignons, préparons notre périple. Mais difficile est la recherche lorsque les informations sont absentes. Nous tombons bien sur des blogs, sur des articles, mais ils ne nous apprennent rien. Basiques, ils survolent les destinations, les côtés pratiques et chaque détour de l’écran nous laisse avec le sentiment de n’avoir rien appris.
Situées entre le Groenland et la Norvège, les îles Féroé sont un territoire autonome du Danemark, composé de 18 îles principales, reliées par des ponts, des tunnels sous-marins et des ferries. Ce petit archipel, d’une superficie de 1 399 km², abrite environ 54 000 habitants, principalement répartis entre la capitale Tórshavn, la deuxième ville Klaksvík et les nombreux villages nichés au creux des vallées ou perchés au bord des falaises.
L’île de Vágar, à l’ouest, est souvent la première que le visiteur découvre en arrivant par avion. Elle est connue pour ses falaises vertigineuses, ses lacs d’altitude et ses villages comme Gásadalur. Juste à côté se trouve l’île de Streymoy, la plus grande île, où se situe Tórshavn, le cœur administratif et culturel de l’archipel. À l’est de l’île de Streymoy se trouve l’île d‘Eysturoy, une île montagneuse parsemée de fjords et de villages charmants, dont Gjógv, célèbre pour son port naturel encaissé dans la roche. Plus au nord, les îles du Nord, notamment Borðoy, Viðoy, Kunoy et Kalsoy, offrent des panoramas sauvages et des randonnées exceptionnelles, souvent dominées par des falaises abruptes plongeant dans l’Atlantique. Au sud, l’île de Sandoy, reliée récemment à l’île de Streymoy par un tunnel, présente un paysage plus doux avec des collines verdoyantes et des plages de sable noir. Encore plus au sud, l’île de Suðuroy, accessible en deux heures de ferry, reste l’une des plus préservées de l’archipel, avec ses villages reculés et ses panoramas spectaculaires sur l’océan déchaîné.
Chaque île possède une identité propre, entre les reliefs escarpés de Streymoy, les vastes plateaux d’Eysturoy, les montagnes abruptes de Vágar et les paysages sauvages de Suðuroy. Ce territoire est un véritable paradis pour les amateurs de randonnée, de photographie et d’ornithologie, avec ses colonies de macareux, ses cascades plongeant dans l’océan et ses fjords spectaculaires ciselés par les vents et les marées.
Se restaurer aux îles Féroé s’est révélé être un véritable casse-tête, surtout en dehors de Tórshavn. Si la capitale regorge de quelques restaurants et cafés proposant une cuisine plutôt internationale, le reste de l’archipel est beaucoup moins bien desservi. En dehors de l’été, les établissements ferment souvent leurs portes, rendant l’accès à un repas chaud plus compliqué. Heureusement, les stations-service jouent un rôle essentiel dans la restauration quotidienne des habitants et des voyageurs. Elles proposent des plats simples mais nourrissants, comme des hamburgers, des hot-dogs ou des sandwichs, à des prix plus abordables que dans les restaurants traditionnels… bien que cela reste environ 30 % plus cher qu’en France. Il est donc fortement recommandé de prévoir ses provisions à l’avance, surtout avant de s’aventurer dans des zones reculées où l’offre est quasi inexistante. |
Avant d’entamer notre voyage, nous recherchons soigneusement un vol afin de minimiser les coûts. Après plusieurs comparaisons, nous trouvons un billet au départ du Luxembourg, avec deux escales : l’une à Amsterdam, l’autre à Copenhague, avant d’atterrir à l’aéroport de Vágar, le seul de l’archipel. Ce trajet, bien que légèrement plus long qu’un vol direct, nous permet de voyager à un tarif avantageux de 400 euros aller-retour.
Se déplacer aux îles Féroé est une expérience en soi, tant l’archipel a su défier la rudesse de la nature avec des infrastructures modernes et bien pensées. La majorité des îles sont reliées entre elles par des tunnels sous-marins ou des ponts, facilitant grandement les trajets. Par exemple, le tunnel de l’île de Vágar permet de rejoindre l’île de Streymoy sans avoir à prendre un ferry, tandis que le Eysturoyartunnilin, récemment construit, relie l’île de Streymoy à l’île d‘Eysturoy en passant sous l’océan. Un autre tunnel sous-marin relie l’île d’Eysteroy à l’île de Borðoy et un quatrième permet de rejoindre l’île de Sandoy depuis l’île de Streymoy. Pour les îles non reliées par des infrastructures terrestres, des ferries peu coûteux sont mis en place, permettant aux habitants et aux visiteurs de circuler facilement d’un point à un autre. Ce qui frappe aux îles Féroé, c’est leur capacité à s’adapter à un environnement difficile sans pour autant s’en vanter : ici, tout semble fonctionner simplement, sans ostentation, avec une efficacité discrète mais redoutable. |
Une fois sur place, la meilleure option pour explorer ces îles sauvages reste la voiture. Nous optons donc pour une location via BSP Auto, en choisissant un SUV automatique, idéal pour affronter les routes sinueuses et parfois escarpées des îles Féroé. Avec ses nombreux tunnels et ponts reliant les îles principales, ainsi que ses routes panoramiques offrant des vues imprenables sur l’océan et les falaises abruptes, la conduite sur l’archipel promet d’être une aventure en soi.
Afin de réduire les coûts d’hébergement, nous optons pour des réservations chez des particuliers plutôt que des hôtels, les prix pratiqués sur l’archipel étant particulièrement élevés. Pour une meilleure répartition de notre temps, nous avons divisé notre séjour en trois étapes principales. La première nuit, nous avons choisi de dormir sur l’île de Vágar, où se trouve l’aéroport, afin d’explorer ses paysages saisissants, notamment la spectaculaire cascade de Múlafossur et le lac Sørvágsvatn, connu pour son illusion d’optique donnant l’impression qu’il flotte au-dessus de l’océan. Ensuite, nous avons pris la direction de l’extrême opposé de l’archipel, dans les territoires du Nord ou Norderøernes, pour passer la seconde nuit à Klaksvík, sur l’île de Borðoy. Ce choix nous permet d’avoir un point de chute idéal pour découvrir les îles du Nord, notamment l’île de Kunoy et l’île de Viðoy, célèbres pour leurs montagnes abruptes et leurs villages isolés. Enfin, pour le reste de la semaine, nous avons décidé de nous établir à Tórshavn, la capitale des îles Féroé, qui constitue un excellent camp de base grâce à sa position centrale pour découvrir l’île de Streymoy et l’île de Eysturoy, les deux plus grandes îles de l’archipel.
Cet article est le guide ultime pour préparer votre voyage aux îles Féroé. Peut-être même un des plus complets jamais rédigé sur cette destination fascinante. Alors que l’archipel reste encore méconnu et que les informations disponibles sont souvent partielles, ce guide vous dévoile tout ce qu’il faut savoir pour explorer chaque recoin de ces terres sauvages et mystérieuses. Le site officiel de l’office de tourisme des îles Féroé ne recense que les lieux les plus emblématiques, laissant de côté des trésors insoupçonnés, des villages oubliés et des paysages d’une beauté saisissante. Ici, nous allons bien au-delà des circuits classiques, avec des détails précis, des conseils d’initiés et des anecdotes qui vous permettront de vivre une expérience immersive et authentique. Que vous soyez passionné de randonnées à flanc de falaises, amateur d’histoires vikings, ou simplement en quête de paysages à couper le souffle, ce guide vous accompagnera pas à pas. Hébergements, transports, traditions locales, événements incontournables… Aucun détail n’a été laissé au hasard pour faire de votre voyage une aventure inoubliable. Plongez dans la bible des îles Féroé et laissez-vous guider vers un territoire préservé, sauvage et profondément ancré dans ses traditions. Vous ne verrez plus jamais ces îles de la même façon ! |
Pour découvrir la première partie de notre séjour dans les Îles Féroé, n’hésitez pas à vous rendre sur notre récit de voyage sur l’île de Vágar.
Pour les lecteurs intéressés, découvrez notre récit de voyage sur la deuxième partie de notre voyage sur les îles de la région de Norderøernes avec les îles de Kunoy, Viðoy et Borðoy.
Vous pouvez également découvrir notre récit de voyage sur la troisième partie de notre séjour et l’île de Streymoy.
Vous pouvez également découvrir notre récit de voyage sur la quatrième partie de notre voyage et l‘île de Suðuroy au travers de ce lien.
La cinquième partie de notre voyage et l’île de Sandoy vous attend sur ce lien.
La dernière partie de notre voyage avec le récit complet de l’île d’Eysturoy vous attend ici.
Un périple vers le bout du monde
Notre voyage débute au Luxembourg, où nous embarquons pour notre premier vol avec la compagnie KLM. Une heure seulement nous sépare d’Amsterdam, et malgré la courte durée du trajet, nous ressentons déjà l’excitation du départ. À peine arrivés aux Pays-Bas, nous avons trois heures devant nous avant notre prochain vol. L’aéroport de Schiphol est un gigantesque carrefour aérien, mais il nous semble impersonnel, presque froid. L’agitation y est palpable, les couloirs bondés, les espaces d’attente souvent bruyants. Nous nous contentons d’une courte pause avant de repartir.
À bord de notre second vol, toujours avec la compagnie KLM, nous mettons à peine une heure pour rejoindre Copenhague. Dès notre arrivée, le contraste est frappant. L’aéroport danois nous paraît beaucoup plus moderne et accueillant que celui d’Amsterdam. Les espaces sont vastes, lumineux, et l’ambiance y est plus détendue. A l’intérieur de notre hall, tout semble fluide et organisé, loin du tumulte que nous venons de quitter. Les commerces sont nombreux et bien agencés, et surtout, le personnel est bien plus accessible, souriant, et à l’écoute. Ce passage au Danemark, bien que bref, nous donne une impression de légèreté et de bien-être avant notre dernier vol.

Nous embarquons enfin à bord d’un avion d’Atlantic Airways, la compagnie nationale des îles Féroé. Deux heures de vol nous séparent de notre destination finale. Alors que nous approchons de l’aéroport de Vágar, plongée dans l’obscurité de la nuit, nous scrutons les quelques lumières éparses au sol, témoins d’un territoire sauvage et isolé. L’excitation monte. Et alors que les roues de l’avion touchent le sol, nous ressentons une immense satisfaction. Nous venons d’arriver aux îles Féroé, enfin !

Mais la joie de l’arrivée est rapidement ternie par une mauvaise surprise : deux de nos bagages manquent à l’appel. Un employé de l’aéroport nous apprend, sans grande surprise, que ce retard vient de l’aéroport d’Amsterdam, un problème récurrent et quasi quotidien. L’aéroport de Vágar est petit, presque confidentiel, et nous sentons que l’organisation y est bien différente des grands hubs internationaux. On nous remet dans la foulée un petit livret en Anglais nous expliquant la démarche à suivre pour signaler l’oubli en ligne. Nous est également promis une compensation de 70 euros par jour de retard, mais nous préférerions largement retrouver nos affaires au plus vite.
Malgré cette déconvenue, nous récupérons notre voiture de location et nous nous mettons en route, fatigués mais exaltés d’être enfin sur ces terres méconnues. Il est tard, et la faim commence à se faire sentir. Nous faisons une halte à Miðvágur, où nous dégustons une pizza et un hamburger dans un des rares restaurants de l’île. Et qui plus est ouvert jusqu’à 22 heures. La simplicité du repas contraste avec son prix : 40 euros pour deux, un premier aperçu du coût de la vie sur l’archipel. Le ventre plein, nous poursuivons notre route jusqu’à Sørvágur, où nous avons réservé une guesthouse modeste. La bâtisse, aux plafonds bas, a un charme discret mais rustique. Nous sommes accueillis par la propriétaire, une Philippine mariée à un insulaire, qui nous demande 80 euros pour la nuit. Éreintés par cette longue journée de voyage, mais galvanisés par l’excitation d’explorer ce territoire unique, nous tombons de fatigue, conscients que l’aventure ne fait que commencer.

Sørvágur : premiers pas sur l’île de Vágar
Le lendemain matin, nous arpentons de bonne heure les rues désertes de Sørvágur. En déambulant dans les ruelles de cette localité vivante, nous ressentons une atmosphère à la fois paisible et chargée d’histoire. Nous levons les yeux vers Sørvágs Kirkja, une charmante église datant de 1886, qui se dresse fièrement avec son architecture traditionnelle féroïenne. Ses murs en bois peints de blanc contrastent magnifiquement avec le ciel souvent changeant des Féroé, et nous nous arrêtons quelques instants pour admirer ses détails subtils. Non loin de là, une petite cascade ornée d’un pont ajoute une touche de douceur à ce paysage enivrant.


En poursuivant notre exploration, nous faisons une halte devant le S.O.R.-Bygningurin, un musée qui plonge les visiteurs dans l’histoire militaire de la région. Il abrite un bunker et une tour de la Seconde Guerre mondiale, témoins silencieux du rôle stratégique qu’a joué cet archipel dans la surveillance de l’Atlantique Nord.
Un peu plus loin, nous faisons une halte aux abords du port de la ville. Mélangés dans une sorte de fouilli contrôlé, les bateaux semblent immuable. Au loin, le fjord nous appelle et nous trépignons d’impatience de nous y rendre.

Sørvágur, est aussi le point de départ pour des excursions fascinantes, comme Baturin til Mykines, une traversée en bateau vers l’île de Mykines, sanctuaire de macareux et de falaises abruptes. Malheureusement, cette traversée n’est possible que du 1er mai au 31 août.

Cascade de Múlafossur : la puissance de la nature
Après Sørvágur, nous mettons le cap sur l’ouest de l’île de Vágar pour admirer l’un des joyaux naturels des îles Féroé : la cascade de Múlafossur. Située près du minuscule village de Gásadalur, cette chute d’eau de 30 mètres se précipite directement dans l’Atlantique Nord, offrant un spectacle fascinant. Le grondement de l’eau qui s’abat sur les rochers en contrebas, mêlé au souffle du vent, crée une ambiance mystique qui nous saisit instantanément.

Après avoir garé notre véhicule le long de la route, nous empruntons le sentier gravillonné menant à un point de vue exceptionnel. De là, nous pouvons contempler toute la vallée, creusée par la rivière Dalsá, qui s’écoule paisiblement avant de chuter dans le vide. Les montagnes Árnafjall et Eysturtindur encadrent la scène de manière imposante, leurs cimes souvent noyées dans les nuages. Nous restons longuement à observer ce ballet d’éléments, fascinés par la manière dont la brume saline danse dans les airs. La chute s’écoule directement dans la mer et de notre emplacement, nous en avons une vue sublime.



Les jours de tempête, le vent remonte l’eau de la cascade vers le sommet de la falaise, transformant le flot en une bruine suspendue qui semble défier la gravitation. Le jour de notre découverte, le climat est plus clément, et nous avons la chance d’apercevoir le rideau d’eau tomber avec une régularité presque hypnotique. Nous comprenons pourquoi cet endroit est l’un des plus photographiés des Féroé, tant il dégage une force brute et une beauté surnaturelle.


Gásadalur : un village au bout du monde
Nous continuons notre chemin jusqu’au minuscule village de Gásadalur, perché au bord du fjord Mykinesfjørður et cerné par des montagnes impressionnantes. Pendant longtemps, ce village fut l’un des plus isolés des Féroé, accessible uniquement à pied par un sentier abrupt.

Aujourd’hui, un tunnel routier permet d’y parvenir plus aisément, mais nous ressentons toujours cette sensation d’être au bout du monde. En outre, il se trouve à proximité de la cascade, ce qui nous permet de le rejoindre en quelques minutes.


Le village, bien que modeste, regorge d’histoires et de traditions. Nous apprenons que la messe y est encore célébrée dans l’école faute d’église. Avant 1873, les défunts devaient être transportés dans le village voisin de Bøur, une tâche harassante à travers les montagnes. Nous apprenons également que les porteurs s’arrêtaient épuisés, non loin de Líksteinurin, la pierre des cadavres et de la fontaine sacrée de Keldan Vígda, lieu où un enfant malade fut baptisé d’urgence avant d’être transporté pour recevoir des soins. Ces anecdotes nous rappellent ainsi la rudesse de la vie sur ces terres reculées.

Le village de Bøur, entre tradition et panorama grandiose
Nous arrivons au village de Bøur sous un ciel changeant, où les rayons du soleil percent timidement à travers d’épais nuages gris. Ce petit village, figé dans le temps, nous émerveille par ses maisons traditionnelles aux toits recouverts de gazon, qui semblent se fondre dans le paysage vallonné de l’île de Vágar. L’église de Bøur, avec son clocher élancé, se dresse fièrement au centre du hameau, rappelant l’attachement des habitants à leur histoire et à leurs traditions. En nous promenant dans les ruelles du village, nous avons l’impression d’être plongés dans un conte nordique, où le temps s’écoule différemment, bercé par le bruissement du vent et le cri des mouettes.


Depuis la plage, le spectacle est époustouflant. Face à nous, les formations rocheuses de Tindhólmur et de l’arche de Drangarnir se découpent sur l’horizon comme des sentinelles silencieuses défiant les assauts de l’Atlantique. L’air iodé emplit nos poumons alors que nous nous laissons envahir par un profond sentiment de sérénité. À chaque rafale, les embruns viennent fouetter nos visages, nous rappelant la puissance brute de la nature féroïenne. De vieux entrepôts de pêche bordent la côte, témoins d’une époque où la mer représentait l’unique moyen de subsistance pour les habitants du village.



Notre immersion dans la culture locale prend une tournure plus troublante lorsque nous apprenons que Bøur, comme d’autres villages féroïens, perpétue encore aujourd’hui la tradition du grindadráp, cette chasse aux cétacés, pratiquée depuis des siècles, qui fait partie intégrante de l’identité des îles Féroé, bien qu’elle soit vivement critiquée à l’international.

Nous sommes partagés entre fascination pour ces coutumes anciennes et malaise face à leur brutalité. Ce contraste illustre à quel point la relation entre l’homme et son environnement est complexe et empreinte de traditions indélébiles. Mais en tant que voyageurs, nous avons notre avis que nous ne nous permettrons pas de donner. Nous ne sommes que des invités dans ces terres reculés.

L’arche naturelle de Drangarnir, une merveille inaccessible
Nous quittons Bøur en gardant les yeux rivés sur l’océan, impatients de voir de plus près l’impressionnante arche de Drangarnir. De loin, elle se dresse fièrement au milieu des flots, sculptée par des millénaires d’érosion et recouverte d’un fin tapis d’herbe qui lui donne des allures de monument mystique. Plus nous nous approchons, plus nous sommes fascinés par sa hauteur vertigineuse de 70 mètres. Cette formation rocheuse semble tout droit sortie d’un rêve, un portail naturel vers un autre monde.

L’excitation monte lorsque nous apprenons que l’excursion vers Drangarnir est l’une des plus exclusives des îles Féroé. Seules quelques randonnées guidées sont autorisées entre avril et octobre, et elles doivent être réservées à l’avance pour un coût assez élevé de 80 euros par personne. Nous hésitons un instant : devrions-nous nous lancer dans cette aventure de sept heures aller-retour ? L’envie est forte, mais le climat incertain et la fatigue accumulée nous poussent à reconsidérer notre choix. Finalement, nous décidons d’admirer cette merveille depuis la terre ferme.


Installés sur un promontoire rocheux près de Bøur, nous laissons nos regards se perdre dans les vagues qui viennent s’écraser contre l’arche. Malgré la distance, nous ressentons toute la force de cet endroit, où la nature semble avoir façonné un chef-d’œuvre avec patience et précision. Le vent souffle avec une intensité nouvelle, comme s’il voulait nous rappeler que certaines beautés se méritent, et que le voyage ne réside pas toujours dans la conquête, mais parfois dans la contemplation.

Sandavágur, entre héritage viking et paysages envoûtants
Notre prochaine halte nous mène à Sandavágur, un charmant village qui recèle des trésors d’histoire et de légendes. Dès notre arrivée, notre regard est attiré par la Sandavágs kirkja, une église à la façade rouge et blanche, élégante et intemporelle. Nous poussons ses portes et découvrons à l’intérieur un vestige remarquable : une pierre runique datant de l’époque viking. Devant cette inscription mystérieuse, nous sommes transportés plusieurs siècles en arrière, imaginant les premiers colons nordiques foulant ces terres hostiles. L’histoire des îles Féroé se dévoile devant nous, gravée dans la pierre comme un témoignage indélébile du passé.



Aux abords de l’église, le monument du berger de Sondum nous émeut. Elle représente sur plusieurs grosses pierres, la représentation en bronze d’une femme dont les cheveux longs ou la robe forment la queue d’une étoile filante. Nous la découvrons avec attention sans perdre une miette de son côté épique.


Nous poursuivons notre exploration en longeant les anciens entrepôts de pêche de Pakkhúsini úti á Bakka, qui rappellent à quel point la mer a toujours été essentielle à la survie des habitants. Ces bâtiments modestes, marqués par le temps et les embruns, sont les vestiges d’une époque où le commerce du poisson rythmait la vie du village. Nous tombons sur une statue de V. U. Hammershaimb, père de la langue écrite féroïenne, ainsi que le buste de Jens Pauli Heinesen, écrivain emblématique du pays. Ces sculptures nous rappellent que, derrière ces paysages sauvages, se cache une culture riche et profondément enracinée.


Avant de quitter Sandavágur, nous grimpons dans les hauteurs de la ville pour rejoindre le point de vue d’Útsýnissstadur, d’où il est possible d’admirer Trøllkonufingur, un impressionnant monolithe rocheux de 313 mètres de haut. Selon la légende, il s’agirait du doigt pétrifié d’une sorcière, figée à jamais alors qu’elle tentait de jeter un sort aux îles Féroé.


Witches Finger Trail : face à la légende figée
Nous avançons sur le sentier qui serpente à travers les collines verdoyantes de Vágar, avec pour objectif le monolithe solitaire qui semble percer le ciel. Le vent siffle autour de nous, rendant l’ascension plus saisissante encore. Au loin, la mer gronde contre les falaises, ajoutant à l’atmosphère presque irréelle du lieu. À mesure que nous nous approchons du Trøllkonufingur Viewpoint, la silhouette élancée du rocher se découpe plus nettement contre l’horizon.

Il est possible de garer son véhicule aux abords de l’entrée du trail. La circulation des véhicules est interdite à partir d’un certain point, mis à part pour les riverains. De l’entrée du trail, il faut compter 25 minutes de marche. Pour les visiteurs bravant l’interdiction, cette marche se réduit à quelques minutes. |


La randonnée, bien que raide par endroits, est une merveille pour les yeux. Les landes couvertes de mousse contrastent avec le bleu profond de l’Atlantique, tandis que l’îlot de Klovnigur se dévoile à l’horizon. Nous faisons une pause pour reprendre notre souffle et admirer le paysage grandiose. L’absence de touristes renforce l’impression d’être seuls au monde, face à une nature brute et indomptée. Nous nous imaginons les rares alpinistes qui ont osé affronter ce monolithe : seulement onze grimpeurs ont atteint son sommet, la dernière tentative remontant à 2016. Le simple fait de nous tenir au pied du Witches Finger nous emplit d’un profond respect pour ce défi presque insurmontable.


Nous repartons lentement, jetant un dernier regard à ce doigt rocheux pointé vers le ciel, comme un avertissement figé dans la pierre. L’histoire d’un noble danois qui aurait chuté en tentant de récupérer son gant nous revient en tête, et nous frissonnons à l’idée de cette tragédie oubliée. Le ciel se couvre légèrement, plongeant le paysage dans une lumière plus dramatique encore. Nous redescendons avec prudence, profitant des derniers instants dans cet endroit empreint de mystère. L’air salin nous fouette le visage, nous rappelant que, dans ces terres sauvages, la nature dicte toujours ses lois.


The Nix : une rencontre avec la créature des eaux
Sur les rives du lac Sørvagsvatn, non loin de l’aéroport et après avoir effectué un détour dans un hôtel pour boire un café, nous découvrons la silhouette étrange du Nix, cette statue d’un cheval cabré, figée dans un assemblage de grilles et de pierres. Même en plein jour, la créature dégage une aura troublante, comme si elle s’apprêtait à bondir dans l’eau à tout instant. Nous nous approchons doucement, fascinés par les détails de l’œuvre.


La nuit, nous explique une habitante de Vatnsoyrar, le village voisin, qui, assise sur un banc perd son regard vers l’horizon, les lumières LED donnent au cheval une apparence encore plus inquiétante, rappelant la légende qui l’entoure. Selon le folklore féroïen, le Nix est une créature métamorphe, capable de prendre l’apparence d’un splendide cheval pour attirer les humains vers les profondeurs du lac.

Nous nous asseyons sur le même banc face au lac, observant les reflets changeants de l’eau, tantôt sombre et menaçante, tantôt paisible et accueillante. Nous repensons à la légende de ces enfants ayant croisé un cheval mystérieux sur les berges. L’un d’eux, en appelant son frère par son prénom, l’aurait par erreur nommé « frère Nix », révélant ainsi sa véritable nature. Juste à temps, l’animal aurait perdu son emprise et plongé dans l’eau, relâchant les enfants. L’histoire nous arrache un sourire, mais nous ne pouvons nous empêcher d’imaginer ce cheval mythique tapi sous la surface, prêt à tromper d’autres voyageurs imprudents.



Une légère brise fait onduler l’herbe autour de nous tandis que deux moutons curieux s’approchent, nous observant avec un mélange d’indifférence et de curiosité. L’instant est suspendu entre mythe et réalité, entre l’art et la nature. Nous quittons lentement le site, jetant un dernier regard à la statue. Même sans croyance aux légendes, nous ne pouvons nous empêcher de sentir une étrange présence autour de ces eaux, comme si le Nix veillait toujours sur son domaine.


Miðvágur : entre traditions et paysages grandioses
Nous arrivons à Miðvágur, le plus grand village de l’île de Vágar, imprégné d’histoire et de traditions. Dès notre entrée, nous remarquons la silhouette de la Miðags Kirkja, l’église sobre et élégante construite en 1952. Le style architectural inspiré de la Norvège nous évoque immédiatement l’héritage viking de l’archipel. Nous nous arrêtons devant le mémorial face à l’église : deux pierres marquent l’histoire du village, dont l’une est ornée d’une sculpture en bronze représentant un ouvrier, un hommage aux habitants qui ont façonné cette terre battue par les vents.


Nous poursuivons notre découverte en nous rendant à Kálvalíð, une maison vieille de plusieurs siècles, la plus ancienne des îles Féroé. Transformée en musée, elle nous plonge dans le quotidien des anciens habitants de Miðvágur. À l’intérieur, les objets du quotidien et les récits des pêcheurs et chasseurs de baleines nous rappellent la dureté de la vie sur ces îles isolées. Une photo d’archives que nous découvrons à travers la fenêtre du bâtiment attire notre attention : celle de la plus grande prise de chasse à la baleine jamais enregistrée, en 1899, où 1 300 cétacés furent capturés.


Nous terminons notre passage à Miðvágur en nous dirigeant vers l’entrée de la randonnée vers le lac Sørvágsvatn. Le sentier mène vers la crête de Trælanípa, où les visiteurs peuvent découvrir une illusion d’optique époustouflante : le lac semble suspendu au-dessus de l’Atlantique.

Randonnée vers le lac suspendu de Sørvágsvatn
L’air est vif, chargé de l’humidité du large, et nous avançons vers le petit abri en bois qui marque l’entrée du sentier après avoir garé notre véhicule sur le parking attenant. Personne. Le silence du hors-saison nous enveloppe, et nous réalisons que l’absence de gardien signifie une économie inattendue de 200 couronnes par personne. Une surprise qui nous ravit et nous donne encore plus d’élan pour cette aventure.

Devant nous, le chemin s’étire sur trois kilomètres, longeant le lac Sørvágsvatn, cette vaste étendue d’eau semblant vouloir se fondre dans le ciel. Nous marchons avec entrain, le vent s’infiltrant entre nos écharpes, tandis que l’horizon se dessine dans une palette de gris et de verts éclatants. À chaque pas, le lac paraît se rapprocher, jusqu’à nous envoûter totalement.

La montée vers la crête de Trælanípa commence doucement, puis devient plus exigeante. Nos cœurs battent plus vite, tant par l’effort que par l’excitation de la découverte. Le sol devient plus rocailleux, et lorsque nous atteignons enfin la ligne de crête, un spectacle à couper le souffle s’offre à nous. En contrebas, les falaises plongent abruptement dans l’océan, un gouffre vertigineux où se brisent les vagues en un tumulte incessant.


L’adrénaline monte alors que nous avançons prudemment sur cette arrête effilée, chaque rafale de vent semblant vouloir nous défier. Nos regards se croisent, brillants d’émotion, conscients de la magie de l’instant. Mais où est cette vue mythique, celle que nous avons tant rêvée à travers les photos ?

Nous tentons plusieurs angles, avançons et reculons, scrutons l’horizon… Rien. L’illusion parfaite du lac flottant au-dessus de l’océan n’existe qu’à travers l’objectif d’un drone ou d’un avion. Une légère déception nous effleure, vite balayée par la beauté brute du paysage qui nous entoure. L’image fantasmée s’efface devant la réalité, tout aussi grandiose.



Nous décidons alors de descendre jusqu’aux pieds de la falaise, là où la cascade Bøsdalafossur se jette dans l’océan. Le sentier nous entraîne à travers une lande sauvage, et bientôt, nous nous trouvons face à cette chute d’eau que nous n’apercevons qu’en partie.


Elle se devine plus qu’elle ne se révèle, cachée par la roche et le relief, inaccessible à moins d’être sur l’eau, en bateau ou à la dérive dans le tumulte de l’Atlantique. L’élément liquide est partout, puissant, insaisissable. L’écume gronde, le vent hurle. Debout sur la falaise, nous regardons la mer en furie sous nos pieds, impressionnés et un peu terrifiés par cette force brute qui défie notre présence. Le vent s’engouffre dans nos vêtements, fouette nos visages, nous fait vaciller. Le moindre faux pas, et nous serions précipités dans cet abîme insondable.



Nous restons un long moment à contempler cette scène sauvage, captivés par la rudesse de cet endroit qui semble appartenir à un autre temps, une autre réalité. Ici, les légendes vikings prennent tout leur sens. Nous ressentons la solitude des anciens esclaves poussés dans le vide, la brutalité de ces terres où l’homme n’est qu’un invité précaire. Puis, lentement, nous entamons le chemin du retour e nnous rapprochant des barges du lac, le cœur vibrant encore de l’intensité de ce moment. La nature féroïenne nous a offert un spectacle d’une puissance inouïe, un souvenir gravé dans notre mémoire, plus fort que n’importe quelle photo retouchée sur Internet.


Anecdote Hors-Frontières :
Pour le départ, installés sur nos sièges du côté droit de l’avion, nous profitons d’un dernier cadeau offert par les îles Féroé avant notre départ : une vue imprenable sur le lac Sørvágsvatn, ce lac suspendu qui semble flotter au-dessus de l’Atlantique. Depuis notre hublot, le contraste entre les eaux sombres du lac et les falaises abruptes plongeant dans l’océan est plus saisissant qu’à hauteur d’homme. L’illusion d’optique qui donne l’impression que le lac est bien plus haut qu’il ne l’est réellement se révèle dans toute sa splendeur. Un dernier regard sur ce paysage irréel, et déjà, notre avion amorce son virage, nous emportant loin de cette terre sauvage qui nous aura tant émerveillés.

Les autres incontournables de l’île de Vágar
Île de Mykines
L’île de Mykines, joyau sauvage des îles Féroé, est un paradis pour les ornithologues et les randonneurs. Son village unique, Mykines bygd, abrite l’église de Mykines, construite en 1862, et un mémorial rendant hommage aux habitants disparus en mer. L’île est célèbre pour ses colonies de macareux, de fous de Bassan et d’autres oiseaux marins nichant sur ses falaises escarpées. Des sentiers offrent des panoramas saisissants depuis Rógvu et Kumlar, notamment sur le phare de Mykineshólmur, accessible par une passerelle suspendue. Coupée du monde la majeure partie de l’année, l’île n’est accessible que de mai à août par bateau depuis Sørvágur. Son relief accidenté culmine au sommet du Knúkur, théâtre d’un accident aérien en 1970. La forêt de pierres de Korkadalur évoque une légende locale sur une forêt pétrifiée. L’île conserve un charme brut, où le silence est seulement troublé par les cris des oiseaux et le vent atlantique.

Cascade de Reipsáfossur
La cascade de Reipsáfossur, cachée au cœur de l’île de Vágar, est une merveille naturelle pour les randonneurs en quête de solitude. Accessible depuis Vatnsoyrar via une randonnée de 17,2 kilomètres, elle traverse des paysages de landes sauvages et le lac Fjallavatn. Le sentier longe la rivière Reipsá, qui se jette en une chute spectaculaire dans une crevasse profonde avant de rejoindre l’Atlantique. La traversée de rivières sans pont ajoute une touche d’aventure au parcours. Depuis le promontoire dominant la cascade, la vue sur les falaises et la plage de sable noir est impressionnante. À proximité, les ruines du village abandonné de Víkar rappellent la rudesse de la vie insulaire. Peu connue, cette cascade est un bijou préservé des îles Féroé.
Cascade de Skarðsáfossur
Skarðsáfossur, perchée sur la côte ouest de Vágar, est une cascade discrète mais spectaculaire, uniquement visible depuis la mer. Nichée entre Bøur et Gásadalur, elle se jette d’une falaise abrupte sur une plage de galets noirs. Accessible par bateau, elle offre un panorama unique avec en toile de fond l’îlot Tindhólmur et l’arche naturelle Drangarnir. Son débit varie selon les saisons, passant d’un filet d’eau discret à une chute puissante après les pluies. Les macareux nichant dans les falaises environnantes ajoutent une touche de vie à ce décor sauvage. L’accès étant privé, seule une approche maritime permet de l’admirer pleinement. Peu visitée, elle demeure un secret bien gardé des îles Féroé, offrant un spectacle naturel brut et préservé.

Slættanes
Slættanes est un village abandonné situé au nord-ouest de l’île de Vágar, accessible uniquement à pied ou par bateau. Fondé en 1835, il a compté jusqu’à 75 habitants avant d’être déserté en 1964 en raison de son isolement extrême. Les vestiges de ses maisons en pierre et en bois rappellent la vie difficile des anciens résidents, qui dépendaient de l’agriculture et de la pêche. Le site offre des panoramas exceptionnels sur l’Atlantique et les falaises escarpées environnantes. La randonnée menant à Slættanes traverse des vallées sauvages et des cours d’eau, offrant une immersion totale dans la nature féroïenne. Aujourd’hui, seuls les moutons paissent dans cet endroit préservé, où règnent calme et solitude.
Munkastova Cave
Non loin de Slættanes, la grotte marine Munkastova se dresse comme un sanctuaire naturel au creux des falaises de Sørvágur. Accessible uniquement par bateau, cette cavité impressionnante est l’une des plus grandes des îles Féroé, avec un volume de 260 000 mètres cubes. Son entrée majestueuse s’ouvre sur une vaste chambre aux eaux cristallines, où la lumière s’infiltre en créant des jeux de reflets bleutés fascinants. Depuis des siècles, les pêcheurs féroïens utilisent cette grotte comme point de repère et refuge en cas de tempête. La visite de Munkastova est une expérience sensorielle unique, combinant l’immensité de l’océan aux sonorités naturelles amplifiées par les parois rocheuses. Certains concerts y sont organisés, exploitant l’acoustique exceptionnelle de la grotte pour créer une ambiance mystique et envoûtante. Ce site, situé près du cap Ráðnes, est un incontournable pour les amateurs de nature et d’exploration maritime. Lorsque les conditions météorologiques le permettent, les excursions en bateau permettent d’admirer cet écrin de roche volcanique sculpté par les vagues au fil des millénaires.

Le lac Vatnsdalsvatn
Le lac Vatnsdalsvatn, troisième plus grand lac de l’île de Vágar, est niché dans une vallée au-dessus du charmant village de Bøur. Accessible via une randonnée relativement facile, la montée vers le lac est toutefois raide. Le sentier commence près du ruisseau Breiðá, situé à mi-chemin entre Bøur et Sørvágur, et requiert environ une heure de marche pour l’atteindre. En observant une carte, le lac Vatnsdalsvatn révèle une forme de cœur, bien que l’érosion et les variations côtières aient modifié cette silhouette au fil du temps. Cette particularité en fait un lieu privilégié pour une randonnée romantique, où de nombreux couples immortalisent leur passage avec le lac en arrière-plan. Du lac, la vue panoramique englobe la côte ouest de Vágar, avec des perspectives époustouflantes sur Tindhólmur et l’île de Mykines, rendant cette ascension encore plus gratifiante.
Vatnsoyrar
Fondé en 1921, Vatnsoyrar est un village unique aux îles Féroé, non seulement en raison de sa jeunesse, mais aussi parce qu’il est le seul à ne pas être situé sur la côte. Niché au sud de l’île de Vágar, il borde le majestueux lac Sørvagsvatn, le plus grand lac de l’archipel.
Le village abrite Vatnsoyra Bilasavn, un petit musée de l’automobile qui témoigne de l’arrivée des premières voitures aux îles Féroé. Parmi les pièces les plus précieuses de la collection, se trouvent une Ford modèle T de 1915 et un camion Ford modèle TT de 1922. Le village permet également d’admirer la statue du Nix, dévoilée en 2017 par l’artiste local Pól Skarðenni. Inspirée d’une légende féroïenne, elle représente un cheval mystérieux, conçu à partir d’une structure en grille remplie de pierres.

Route vers les îles du Territoire de Norderøernes (Nord) : une traversée fascinante
Nous quittons l’île de Vágar en empruntant le Vágatunnilin, ce tunnel sous-marin de 4 kilomètres qui relie l‘île de Vágar à l’île de Streymoy et coûte 50 couronnes l’aller. À mesure que nous nous enfonçons sous la mer, une sensation étrange nous envahit : la sensation de traverser un monde invisible, où l’eau nous enveloppe de toutes parts sans que nous puissions la voir. Une légère excitation nous gagne à l’idée d’émerger de l’autre côté, sur une nouvelle île qui nous promet d’autres merveilles.
À peine sortis du tunnel, la route nous guide à travers les paysages majestueux de l’île de Streymoy, l’île la plus vaste des Féroé. Les montagnes abruptes, coiffées de brume, se dressent de chaque côté, tandis que les fjords étendent leurs bras d’eau sombre jusqu’à l’horizon. Nous traversons de nuit cette île en direction de l’île d’Eysturoy, accessible par un pont qui nous fait littéralement changer de terre en un clin d’œil. Contrairement aux tunnels, ce passage à ciel ouvert nous permet d’imaginer les formes du contraste entre la mer et la roche escarpée.
Enfin, nous atteignons le Norðoyatunnilin, long de 6,2 kilomètres, qui nous mène sous l’océan jusqu’à l’île de Borðoy au coût de 50 couronnes l’aller. L’idée d’être à une telle profondeur nous impressionne, et nous ressentons un mélange de curiosité et de respect pour ces infrastructures qui relient des îles autrefois isolées. Lorsque nous ressortons du tunnel, Klaksvík apparaît, nichée entre les montagnes. Un sentiment de satisfaction nous envahit : après ce long périple souterrain, nous sommes prêts à explorer cette nouvelle partie des Féroé.

Klaksvík (Île de Borðoy)
Après une bonne nuit de sommeil, lorsque la lumière douce du jour caresse les eaux calmes du fjord, nous nous réveillons au sein de l’appartement que nous avons réservé pour la somme de 90 euros la nuit. Entourée par des montagnes imposantes, cette ville portuaire se déploie en un écrin de nature où l’air marin et le silence se mêlent à la rumeur lointaine des bateaux de pêche. La baie de Vágin, bordée de quais en bois et de maisons colorées, respire une authenticité que l’on ressent immédiatement.
L’église Christianskirken se dresse devant nous, avec son architecture inspirée des traditions féroïennes. Son toit en pente, ses murs de basalte et de bois rappellent les paysages que nous avons traversés. En plus de posséder un retable impressionnant de Joakim Skovgaard, l’église est aussi un hommage poignant aux marins disparus.


Avant de repartir, nous explorons un petit parc qui comprend de magnifiques monuments. outre un mémorial, se trouve à ses côtés une belle fontaine futuriste ainsi qu’une statue faisant tenir en équilibre un personnage et en l’admirant, nous nous tentons une analyse comparative des îles : l’équilibre parfait entre le sauvage et le moderne ; l’équilibre entre l’homme et la nature.



Nous flânons ensuite dans les ruelles menant au Norðoya Fornminnissavn, le musée des traditions locales. Installé dans une ancienne maison marchande, il offre une plongée fascinante dans le passé de la région : outils de pêche, costumes traditionnels, et surtout un ancien bateau à moteur conservé avec soin. Nous terminons par une découverte du port de la ville, dans lequel nous prenons le temps de profiter pleinement de cette vue qui nous subjugue.


La montagne Klakkur (Île de Borðoy)
Depuis Klaksvík, la silhouette de Klakkur attire immanquablement notre regard. Cette montagne, qui a donné son nom à la ville, semble veiller sur le fjord. Nous entreprenons son ascension en voiture et bénéficions à son sommet d’une magnifique vue dégagée sur le fjord et la ville qui dévoile sous nos pieds, son immensité.


Après avoir franchi deux portails en bois, nous entrons dans le vif du sujet. La montée devient plus raide, mais à chaque pas, l’horizon s’élargit. De là-haut, la vue est époustouflante : les îles de Kalsoy et Kunoy émergent des eaux comme des remparts de roche et de verdure. Le vent siffle doucement à nos oreilles, nous offrant un instant suspendu dans le temps.

Nous restons un moment, bercés par la beauté brute du paysage, surtout face à un petit lac sur lequel la force du vent génère l’apparition d’une légère écume. En redescendant, nous empruntons Ástarbreytin, le chemin de l’amour, une route où les couples se promènent main dans la main sous le regard des montagnes. Ce sentier porte bien son nom : l’endroit invite à la contemplation, au partage d’une émotion silencieuse face à l’immensité féroïenne.


Norðoyri (Île de Borðoy)
Notre étape suivante nous mène à Norðoyri, un petit village niché au bord du fjord. Dans le village, le temps semble suspendu : quelques maisons aux toits de tourbe, un petit port bordé de chalutiers, et un silence ponctué seulement par le cri des mouettes.

Les traces du passé sont bien présentes. En marchant sur les hauteurs du village, nous tombons sur les vestiges de l’avalanche de 1745, une tragédie que les habitants racontent encore aujourd’hui avec respect et émotion. L’histoire de ce lieu est marquée par la rudesse du climat, mais aussi par la résilience de ceux qui y vivent.

Nous nous dirigeons ensuite vers le pont reliant l’île de Borðoy à l’île de Viðoy. L’endroit offre un panorama sublime : la mer s’étire entre les fjords, miroitant sous le ciel changeant. L’air salé et la lumière douce de la fin d’après-midi confèrent à l’endroit une aura presque mystique.
En quittant le village, nous emportons avec nous ces images d’une nature à la fois sauvage et fragile, où chaque instant passé semble gravé dans la roche et le vent. Les îles Féroé nous ont offert bien plus qu’un voyage : une expérience intime et indélébile, un dialogue silencieux avec l’immensité du monde.

Múli (Île de Borðoy)
Blotti entre les montagnes escarpées du nord de l’île de Borðoy, Múli se dévoile à nous, après une longue route abîmée, tel un sanctuaire oublié du temps. Dominé par les imposants sommets du Knúkur et du Tindur, culminant respectivement à 642 et 535 mètres d’altitude, le village semble presque irréel, figé dans un silence profond, seulement rompu par le vent s’engouffrant dans la gorge de Múlagjógv. Loin des sentiers battus, cet endroit nous offre un voyage dans le passé, un retour aux origines des îles Féroé.

Nous apprenons que Múli fut le dernier village des îles à être raccordé à l’électricité en 1970, illustrant l’isolement qui a longtemps caractérisé ce lieu. À cette époque, l’accès n’était possible qu’à travers des chemins de montagne escarpés ou par la mer, soumise aux caprices de l’Atlantique Nord. Même après la construction d’une route reliant le village à Norðdepil, l’exode rural n’a cessé de s’intensifier, et en 2015, Múli a été officiellement déclaré inhabité. Pourtant, certaines maisons continuent d’abriter la mémoire de ceux qui y ont vécu, et quelques visiteurs, comme nous, viennent y chercher un contact intime avec cette nature indomptée.



La vue depuis le village est à couper le souffle : d’un côté, l’océan s’étend à l’infini, tandis que de l’autre, les falaises abruptes créent un écrin de solitude et de contemplation. L’absence d’église n’a jamais empêché la communauté d’y trouver un lieu de rassemblement, et nous découvrons avec émotion le musée en plein air Har Frammi, où sont préservés les objets du quotidien d’autrefois. Ces vestiges du passé nous plongent dans la rudesse mais aussi la beauté de cette vie d’antan, rythmée par les éléments et les saisons.


Nous décidons d’explorer les alentours, suivant les sentiers qui serpentent à travers les montagnes. La randonnée nous mène vers les pentes du Knúkur et du Tindur, où la vue devient encore plus spectaculaire. En contrebas, une rivière serpente dans la vallée avant de se jeter dans la mer, ajoutant une touche de douceur à ce paysage sauvage. Ici, à Múli, le temps semble suspendu, et nous ressentons pleinement la force et la sérénité de cet endroit hors du monde.

Árnafjørður (Île de Borðoy)
À proxiité, nous arrivons dans le paisible village d’Árnafjørður, niché au creux de la baie d’Árnfjarðarvík. Contrairement à Múli, ce village de 65 habitants vit encore, préservant une atmosphère chaleureuse et authentique. Entouré de montagnes majestueuses, il nous semble à la fois protégé et ouvert sur l’horizon, où la mer et le ciel se confondent dans un camaïeu de gris et de bleu.
Les maisons, pour la plupart anciennes, témoignent de son passé maritime et agricole. Nous apprenons que l’économie repose en partie sur la pisciculture, avec une ferme qui emploie une partie des habitants. Le fjord d’Árnafjørður s’étire sur près de 7 kilomètres, offrant un cadre propice à la contemplation et aux balades le long de ses rives. Nous nous arrêtons un instant pour observer les reflets du ciel sur l’eau calme, un spectacle hypnotisant que seuls les paysages nordiques savent offrir.
Nous ne manquons pas de visiter l’église d’Árnafjarðar, un édifice simple mais élégant, consacré en 1937. Son intérieur chaleureux, avec sa voûte en berceau et ses panneaux peints, dégage une sérénité qui nous enveloppe. Le retable, réplique d’une œuvre de Bernhard Plockhorst réalisée par Jógvan Waagstein en 1936, attire particulièrement notre attention. Ici, au cœur de ce petit village, nous ressentons toute l’âme des Féroé, un mélange de foi, de traditions et d’une profonde connexion à la nature environnante.

La cascade de Svartidalurfoss (Île de Borðoy)
Poussés par notre envie d’exploration, nous quittons Árnafjørður pour nous aventurer vers un joyau caché et en quelques minutes, nous atteignons la cascade de Svartidalurfoss. Nichée dans la vallée de Svartidalur, elle se dévoile après une petite marche au coeur d’un paysage brut et préservé. Les falaises sombres qui l’entourent tranchent avec l’écume blanche de l’eau en chute libre, créant un contraste saisissant. À mesure que nous approchons, le grondement de l’eau devient plus intense, emplissant l’air d’une énergie vivifiante.

Le sentier, bordé de mousses épaisses et de rivières cristallines, nous plonge dans une atmosphère presque irréelle. Loin du tumulte du monde moderne, chaque pas est une immersion dans une nature brute et indomptée. Le soleil, jouant avec les embruns, dessine des reflets argentés sur la paroi rocheuse, offrant un tableau éphémère à chaque instant.


Nous nous arrêtons un moment à ses pieds, simplement pour écouter, observer, ressentir. La puissance de l’eau en mouvement nous rappelle combien la nature ici est souveraine, façonnant ces paysages spectaculaires qui semblent défier le temps.

Viðareiði (Île de Viðoy)
Notre voyage nous mène ensuite à Viðareiði, la localité la plus septentrionale des îles Féroé, perchée sur la pointe nord de l’île de Viðoy que nous rejoignons en empruntons un petit pont gratuit. Ce petit village, abritant 347 âmes, se love entre les majestueuses montagnes de Villingardalsfjall et Malinsfall, formant un décor spectaculaire où la nature s’impose avec force et splendeur.

Au coeur de la localité, nous ressentons pleinement la rudesse du climat et la richesse du paysage, façonné par des siècles d’histoire et de traditions. Depuis toujours, ce village a joué un rôle clé dans les îles du Nord, en raison de ses falaises ornithologiques, de ses terres fertiles et de ses zones de pêche qui ont permis à ses habitants de survivre en mer et sur terre. Jusqu’en 1934, Viðareiði était le siège d’une vaste paroisse, témoignant de son importance religieuse et sociale au sein de l’archipel.


Aux abords de la mer, l’église de Viðareiði, construite en 1892, nous impressionne par son charme authentique et son histoire fascinante. Les pierres ayant servi à son édification ont été transportées une à une par les villageois, un exploit collectif qui nous rappelle l’entraide et la persévérance des communautés insulaires.



À l’intérieur, nous découvrons un retable offert en 1533 par Thomas Koppen et une argenterie offerte par la Royal Navy britannique en reconnaissance du sauvetage de l’équipage du Marwood en 1847. Juste à côté, le cimetière abrite la tombe de Guttormur i Múla, un sorcier légendaire dont l’histoire continue d’alimenter les mythes locaux. Une pierre tombale attire notre regard qui ne peut s’empêcher de se projeter vers l’horizon.

Non loin de là, un cercle de rochers mystérieux nous intrigue et suscite encore de nombreuses questions parmi les visiteurs.

Nous poursuivons notre exploration avec le presbytère d’Onagerd, construit entre 1853 et 1864, qui fut la demeure de Beinta Christine Broberg, une femme ayant inspiré le personnage du roman Barbara de Jørgen-Frantz Jacobsen. La légende raconte que son esprit hante toujours les lieux, ajoutant une touche de mystère à ce site déjà imprégné d’histoire. Nous découvrons également la statue de Christian Matras, célèbre poète féroïen, dont les souvenirs d’enfance à Viðareiði ont nourri ses œuvres. Son poème Folk i huganum est immortalisé dans une sculpture réalisée par Fridijof Joensen en 1986, que nous admirons près de l’école du village. Une dernière halte dans les hauteurs du village et aux abords du petit port suffit à imprimer dans nos mémoires, ces souvenirs intemporels, gravés au plus profond de nos êtres.


Hvannasund (Île de Viðoy)
Notre prochaine étape nous conduit à Hvannasund, un village de 250 habitants situé au sud de Viðareiði sur l’île de Viðoy. Ce lieu est relié à Norðdepil, sur l’île voisine de Borðoy, par un barrage construit en 1963, facilitant la circulation et renforçant les liens entre les communautés. Dès notre arrivée, nous sommes frappés par l’architecture unique de l’église de 1949, un édifice en béton recouvert de tôle rouge, qui contraste avec les paysages verdoyants environnants. À l’intérieur, une image brodée de La Cène de Léonard de Vinci, installée en 1982, remplace l’ancienne croix qui ornait autrefois l’autel.


Nous découvrons comment Hvannasund a évolué au fil des décennies, passant d’un village agricole traditionnel à un centre industriel tourné vers la pêche et la transformation du poisson. Nous visitons les deux fermes marines et l’usine de transformation du poisson, témoins de l’activité économique essentielle à la survie de la communauté. Les infrastructures modernes ne manquent pas, comme l’école Skúlin á Fossanesi, construite en 1983 et agrandie en 2009, qui accueille les enfants jusqu’à la 7e année avant qu’ils ne poursuivent leur scolarité à Klaksvík. Une garderie intégrée permet également de répondre aux besoins des jeunes familles du village.

Malínsfjall (Île de Viðoy)
Nous clôturons notre exploration par Malínsfjall, une montagne emblématique de Viðoy. Nous empruntons le sentier d’accès, situé environ un kilomètre après la sortie du dernier tunnel menant à Viðareiði. L’ascension, bien que modérée, nous offre un panorama saisissant sur les six îles de Norðoyar et sur l’imposant promontoire d’Enniberg, qui culmine à 754 mètres, faisant de lui l’un des plus hauts d’Europe. Depuis ces hauteurs, le regard se perd dans l’immensité de l’Atlantique, et nous prenons pleinement conscience de la puissance et de la beauté sauvage des îles Féroé.
En redescendant, nous faisons un détour par un séchoir à viande traditionnel, dont une réplique construite en 1965 est exposée au musée en plein air de Kongens Lyngby au Danemark. Ce vestige nous rappelle l’importance des méthodes de conservation ancestrales, encore pratiquées aujourd’hui par les habitants des îles. L’air vif et pur de Malínsfjall nous accompagne jusqu’à notre retour, marquant la fin d’une aventure inoubliable au cœur de l’une des régions les plus sauvages et authentiques des Féroé.

Kunoy (Île de Kunoy)
Blotti sur la côte ouest de l’île de Kunoy, le village du même nom incarne à la fois la résilience et la tradition des Féroés. Entouré de falaises abruptes, il offre un paysage impressionnant dominé par la majesté de la nature. Longtemps isolé, il n’était accessible que par voie maritime, reliant ainsi ses habitants à Klaksvík grâce au bateau postal. Cependant, en 1988, la construction d’un tunnel a permis de le relier à Haraldssund, facilitant les déplacements et l’accès aux services essentiels. Ses ruelles pavées bordées de maisons aux couleurs vives s’ouvrent sur une vue spectaculaire de l’île voisine de Kalsoy, offrant aux visiteurs un spectacle saisissant.



L’église de Kunoy, consacrée en 1867, est un véritable symbole du dévouement communautaire. Faite de bois flotté récupéré sur la plage rocheuse, elle a été érigée par les villageois eux-mêmes. Pour financer les ornements intérieurs, chaque bateau de pêche offrait une morue à l’église après chaque sortie en mer, perpétuant une tradition de solidarité et de foi qui subsiste encore aujourd’hui. Le Litla Mylla, un petit moulin à eau datant du XIXe siècle, est un autre témoignage précieux du passé. Unique rescapé de son genre aux îles Féroé, il rappelle l’époque où Kunoy était un centre important de culture céréalière.

L’élément le plus surprenant du village reste la plantation de Viðarlundin, créée en 1905. Elle constitue l’une des rares zones boisées des îles Féroé et abrite une variété d’essences résistantes aux tempêtes féroïennes. Des sentiers serpentent au cœur de cette petite forêt, offrant des moments de calme et de contemplation. Pour les amateurs de randonnée, un chemin historique part du nord du village et rejoint l’ancienne colonie de Skarð, abandonnée après une tragédie maritime au XXe siècle. Ce sentier, jalonné de cairns, permet une immersion dans l’histoire mouvementée de l’île.

Haraldssund (Île de Kunoy)
Sur la côte est de l’île de Kunoy, Haraldssund se distingue par sa tranquillité et son charme singulier. Avec environ 74 habitants, ce village se divise en deux parties : la vieille ville, riche de maisons traditionnelles aux toits de tourbe, et la nouvelle ville, dotée d’habitations modernes adaptées aux besoins contemporains. L’école locale, érigée en 1930, est un témoignage de l’importance de l’éducation même dans les recoins les plus reculés des Féroés.

L’agriculture, bien que longtemps dominante avec l’élevage de moutons, a cédé la place aux activités économiques modernes. La plupart des habitants travaillent aujourd’hui à Klaksvík, centre régional de l’île de Borðoy, à seulement quelques kilomètres de là. Toutefois, la communauté reste très unie et se retrouve régulièrement dans son centre communautaire, un espace moderne pouvant accueillir jusqu’à 200 personnes. Ce lieu est essentiel pour la vie sociale et culturelle du village, organisant des événements festifs et des rencontres intergénérationnelles.
Pour les amateurs de nature et d’aventure, Haraldssund constitue le point de départ d’un sentier historique menant à Skarð. Cette randonnée d’environ trois heures suit l’ancien chemin pédestre qu’empruntaient autrefois les habitants pour relier les villages de l’île. Bordé par les eaux tumultueuses de l’Atlantique, le sentier offre une expérience immersive au cœur de paysages à couper le souffle, rappelant la force et la beauté sauvage des îles Féroé.

Les autres incontournables des territoires du Nord
Skarð (Île de Kunoy)
Skarð, sur la côte est de Kunoy, est un village abandonné marqué par une tragédie. Le 23 décembre 1913, sept hommes périrent en mer, forçant les habitants restants à partir, le dernier quittant le village en 1919. Aujourd’hui, Skarð est accessible par une randonnée de trois heures depuis Haraldssund ou Kunoy, offrant des vues spectaculaires sur l’océan et les montagnes. Le sentier, exigeant mais balisé de cairns, mène aux ruines des anciennes habitations et à un hangar servant d’abri. Un livre d’or et un compte rendu historique permettent de mieux comprendre ce lieu chargé de mémoire. En 2013, une pierre commémorative sculptée par Hans Pauli Olsen a été érigée pour honorer les victimes. Ce monument attire chaque année des visiteurs venus rendre hommage. Skarð est un site de recueillement où la nature a repris ses droits. La randonnée, réservée aux marcheurs expérimentés, doit être préparée en fonction des conditions météorologiques. Ce lieu témoigne de la résilience des communautés insulaires face aux épreuves.

Villingardalsfjall (Île de Viðoy)
Dominant l’extrême nord de l’île de Viðoy, le Villingardalsfjall culmine à 841 mètres et figure parmi les plus hautes montagnes des îles Féroé. L’ascension exige une excellente condition physique et ne doit être tentée que par temps clair en raison des brusques changements météorologiques. Depuis le sommet, la vue s’étend jusqu’aux îles de Borðoy, Kunoy et Kalsoy, offrant un panorama spectaculaire. Le sentier révèle également Viðareiði, perché sur un isthme étroit, entre fjords et montagnes escarpées. La montée, bien que difficile, procure une expérience inoubliable aux amateurs de randonnée. Il est impératif d’emporter de l’eau et des provisions, car l’île ne dispose d’aucune infrastructure commerciale. Le terrain peut être traître, notamment par temps humide, rendant l’usage de bâtons de randonnée recommandé. L’absence de balisage clair impose une navigation attentive, et il est préférable de randonner en groupe. Les vents violents au sommet renforcent la sensation d’immensité, mais nécessitent une vigilance accrue. Pour les non-motorisés, des excursions depuis Tórshavn permettent d’accéder à cette randonnée exceptionnelle.

Cap Enniberg (Île de Viðoy)
Le Cap Enniberg, culminant à 754 mètres, est l’une des plus hautes falaises maritimes du monde et le point le plus septentrional des îles Féroé. Son imposante paroi de basalte plonge abruptement dans l’Atlantique, attirant ornithologues et aventuriers. La montée depuis Viðareiði est exigeante, avec des pentes raides et un terrain glissant, nécessitant l’accompagnement d’un guide expérimenté. En été, le cap abrite une impressionnante colonie d’oiseaux marins, dont des macareux et des fulmars boréaux. Par temps clair, la vue s’étend vers l’infini, tandis que par temps brumeux, l’atmosphère devient mystique et envoûtante. L’hiver rend l’accès périlleux, avec la neige et la glace recouvrant les sentiers escarpés. Pour une approche plus sécurisée, des excursions en bateau depuis Klaksvík permettent d’admirer la falaise depuis la mer. Ces sorties offrent une perspective saisissante sur la puissance brute de la nature féroïenne. Rares sont les habitants de Viðareiði qui s’y aventurent, préférant contempler le cap de loin. Sa beauté sauvage en fait une destination incontournable pour les amateurs de paysages extrêmes.

Hattarvík (Île de Fugloy)
Hattarvík, sur la côte est de Fugloy, est un des villages les plus isolés des Féroé, avec seulement 11 habitants. Son accès se fait via le bateau postal M/S Ritan depuis Hvannasund ou par hélicoptère depuis Tórshavn. Son église, construite en 1899, domine les maisons et reflète la tradition architecturale féroïenne. Son toit rouge et son clocher en font un point de repère important. Hattarvík est également célèbre pour le manuscrit Fugloyarbók, écrit en 1850 par Hanus Hanusarson, rassemblant légendes et récits historiques. Le village est marqué par l’histoire des floksmenn, rebelles du XVᵉ siècle exécutés après une tentative de prise de pouvoir. L’atmosphère du village, entre isolement et héritage historique, fascine les visiteurs en quête d’authenticité. La connexion avec Kirkja, à 5 kilomètres, facilite les échanges entre les deux villages. Hattarvík, malgré son déclin démographique, reste un symbole du mode de vie traditionnel féroïen. Ses paysages sauvages et son patrimoine oral en font un lieu à part. Ce village est un témoignage vivant d’un passé riche et d’une culture résiliente.
Kirkja (Île de Fugloy)
Kirkja, avec ses 30 habitants, est le centre administratif de Fugloy, offrant école, magasin et restaurant. L’église actuelle, reconstruite en 1933 après un drame maritime en 1818, incarne la résilience du village. Le port, desservi par le M/S Ritan, est essentiel aux échanges avec le reste de l’archipel. Une route de 5 kilomètres relie Kirkja à Hattarvík, facilitant les déplacements entre les deux villages. La vue depuis Kirkja sur Svínoy et le Cap Enniberg est impressionnante et attire les amateurs de photographie. Les collines environnantes et le sommet du Klubbin offrent des randonnées spectaculaires. Kirkja conserve une vie communautaire active malgré son éloignement. Son atmosphère paisible séduit les visiteurs en quête d’authenticité féroïenne. La centrale électrique et les infrastructures locales en font un village plus stable que Hattarvík. Kirkja reste un bastion du mode de vie insulaire traditionnel. Son avenir dépend de la capacité de ses habitants à maintenir ses infrastructures et services.

Klubbin (Île de Fugloy)
Le Klubbin, culminant à 621 mètres, est le point le plus élevé de Fugloy et un incontournable pour les randonneurs. Son ascension offre une vue panoramique sur les îles du nord des Féroé. Une arche naturelle au sommet ajoute une touche spectaculaire au paysage. La randonnée, bien que difficile, est récompensée par des perspectives saisissantes sur l’océan. De mai à août, Klubbin devient un sanctuaire pour les oiseaux marins tels que les macareux et les guillemots. L’isolement du sommet en fait un lieu idéal pour les ornithologues et photographes. Le sentier escarpé nécessite une bonne condition physique et une préparation minutieuse. Les vents forts rendent l’ascension encore plus épique et immersive. Les crêtes environnantes offrent des possibilités d’exploration supplémentaires. Klubbin incarne la beauté brute et sauvage des îles Féroé. Il reste un défi captivant pour les amateurs de nature et d’aventure.
Réserve naturelle d’Árantshola (Île de Svínoy)
La réserve naturelle d’Árantshola couvre une grande partie du nord de l’île de Svínoy. Le relief est marqué par l’isthme Svínoyareiði, qui sépare l’île en une zone montagneuse au sud et une région plus basse au nord. Plusieurs sentiers de randonnée traversent la réserve, offrant des panoramas impressionnants, notamment sur l’île voisine de Fugloy. Parmi les sites remarquables, se trouve un ravin naturel (gjógv) près de Svínoyarvík et le sommet Havnatindur, qui culmine à 586 mètres et offre une vue dégagée sur les environs.
Svínoy (Île de Svínoy)
Svínoy est un petit village situé dans la baie de Svínoyarvík, à l’est de l’île de Svínoy. Ancien centre administratif, il ne compte plus qu’une trentaine d’habitants vivant principalement de la pêche et de l’élevage. Le village dispose d’un port de plaisance et d’une étable moderne, mais souffre d’un certain isolement. Son église, construite entre 1877 et 1879, présente une architecture en pierre et contient des éléments historiques, dont une réplique d’un tableau de Carl Bloch et une maquette de chaloupe suspendue au plafond. À proximité, un cimetière circulaire constitue un élément architectural distinctif du village.
Kallur Lighthouse (Île de Kalsoy)
Situé à l’extrémité nord de l’île de Kalsoy, le phare de Kallur est un site emblématique des îles Féroé. Construit en 1927, il se dresse sur un promontoire offrant une vue panoramique sur les îles voisines, notamment Eysturoy et Streymoy, ainsi que sur les formations rocheuses de Risin et Kellingin. L’accès se fait par une randonnée d’environ une heure depuis le village de Trøllanes, avec un sentier traversant un plateau verdoyant. Le phare est entouré de falaises abruptes plongeant dans l’Atlantique, ce qui en fait un lieu prisé des photographes et randonneurs. Pour les plus téméraires, un sentier étroit permet d’atteindre une crête offrant une vue spectaculaire, bien que dangereuse.
Kópakonan (Île de Kalsoy)
Kópakonan, est une statue située à Mikladalur, rendant hommage à une légende féroïenne. Selon le folklore, une femme-phoque enlevée par un pêcheur fut contrainte de vivre parmi les humains avant de retrouver sa liberté. Sculptée par Hans Pauli Olsen, la statue est installée sur un plateau basaltique noir, renforçant son aura mystique. L’endroit est accessible par un escalier en béton menant à la côte escarpée, où l’on peut admirer l’île de Kunoy en arrière-plan. En hiver, les tempêtes transforment le site en un spectacle impressionnant, recouvrant parfois la statue d’écume.
Trøllanes (Île de Kalsoy)
Trøllanes est un petit village de treize habitants, situé à l’extrême nord-est de l’île de Kalsoy. Il est principalement tourné vers l’agriculture et offre un accès privilégié aux randonnées menant au phare de Kallur. La montagne Nestindur, culminant à 787 mètres, domine le paysage au sud du village. Trøllanes est lié à une légende féroïenne selon laquelle des trolls envahissaient le village chaque nuit d’Épiphanie jusqu’à ce qu’ils soient chassés par une vieille femme effrayée. Le village a aussi servi de décor au film No Time to Die, avec une tombe fictive de James Bond installée près du phare Kallur.

Mikladalur (Île de Kalsoy)
Mikladalur est le plus grand village de l’île de Kalsoy, avec ses 27 habitants ; il se distingue par son riche patrimoine culturel et naturel. Accessible via un tunnel reliant Trøllanes, il surplombe la mer et offre une vue impressionnante sur les falaises abruptes. Son port, bien que difficile d’accès, témoigne de l’histoire maritime du village. Parmi ses sites notables, un ancien moulin à grains restauré et une forge traditionnelle rappellent les pratiques artisanales d’autrefois. Le lavoir en pierre, autrefois utilisé par les femmes du village, évoque un mode de vie ancestral. Plus haut, la plantation de Viðarlundin í Mikladali, créée en 1953, abrite des essences rares aux îles Féroé, comme le mélèze du Japon. L’église Mikladals kirkja, reconstruite en 1915, se distingue par son intérieur en bois sculpté et son toit rouge contrastant avec le paysage environnant. Le village est surtout célèbre pour la statue de Kópakonan, hommage à la légende de la Dame-phoque, installée sur un rocher battu par les vagues. L’endroit, imprégné de mystère et de folklore, attire de nombreux visiteurs.
Húsar (Île de Kalsoy)
Húsar, le plus ancien village de Kalsoy, se niche au sud-est de l’île et abrite une trentaine d’habitants. Fondé avant le XVIe siècle, il joue un rôle clé dans l’histoire de la région, notamment par sa position stratégique sur les routes maritimes. L’église du village, construite en 1592 puis reconstruite en 1920, est l’une des plus anciennes des îles Féroé et symbolise l’importance de la foi dans la communauté. Son financement, partagé entre plusieurs paroisses, témoigne de l’effort collectif pour préserver le patrimoine religieux. À proximité, un cimetière ancien, situé au nord de Gjógvaránna, rappelle les origines du village et la dureté des conditions de vie des premiers habitants. Húsar est également marqué par un gouffre naturel impressionnant qui intrigue les visiteurs par sa profondeur et sa formation géologique unique. L’activité principale des habitants reste l’élevage et la pêche, perpétuant les traditions séculaires de l’île. Isolé mais vivant, le village conserve un lien fort avec son passé tout en s’adaptant aux réalités modernes.
Syðradalur (Île de Kalsoy)
Syðradalur est le village le plus au sud de l’île de Kalsoy, niché sur la côte est et peuplé de seulement 7 habitants. Fondé en 1812 par des survivants du village disparu de Blankaskáli, il incarne la résilience des communautés féroïennes. Accessible en ferry depuis Klaksvík, Syðradalur est relié aux autres villages de l’île par un réseau de tunnels facilitant les déplacements. Contrairement aux autres localités de Kalsoy, le village ne possède ni église ni infrastructure notable, renforçant son atmosphère de bout du monde. Les maisons dispersées témoignent d’un mode de vie centré sur la nature et l’isolement. En 2000, un monument commémoratif a été érigé en hommage aux marins disparus, rappelant les liens forts des habitants avec l’océan. Le silence qui règne à Syðradalur, seulement troublé par le vent et le ressac, en fait un lieu de contemplation unique. Loin des circuits touristiques classiques, il attire ceux en quête d’authenticité et de paysages bruts.
James Bond Headstone (Île de Kalsoy)
À proximité du phare de Kallur, sur les falaises escarpées de l’île de Kalsoy, se trouve une pierre tombale insolite dédiée à James Bond. Installée en hommage au personnage après le tournage de Mourir peut attendre, elle arbore l’inscription : À la mémoire de James Bond, 1962-2021, accompagnée d’une citation poignante sur la vie. Cette tombe fictive, inaugurée par le Premier ministre féroïen Bárður á Steig Nielsen, marque le lien durable entre l’archipel et la saga cinématographique. L’île de Kalsoy a servi de décor aux scènes finales du film, où Bond trouve une fin dramatique face aux missiles de Lyutsifer Safin. Aujourd’hui, la tombe est devenue un site incontournable pour les amateurs de 007, qui viennent y rendre hommage. Un sentier de randonnée depuis Trøllanes permet d’atteindre le site en environ deux heures, en passant par les paysages spectaculaires du nord de l’île. Les Îles Féroé ont même créé un circuit touristique retraçant les lieux du tournage, attirant de nombreux fans. Ce lieu unique, suspendu entre fiction et réalité, offre une expérience immersive dans l’univers de James Bond.

Premiers pas sur l’île de Streymoy
Après avoir quitté les territoires du Nord, nous empruntons le tunnel sous-marin reliant l’île d’Eysturoy, long de plusieurs kilomètres et nécessitant un péage de 50 couronnes. La descente dans ce boyau immergé, presque irréel, nous plonge dans une obscurité ponctuée de rares éclairages bleutés avant de resurgir à la surface, où l’île nous accueille sous un ciel bas, typique des Îles Féroé. Nous traversons immédiatement l’île d’Eysturoy avant d’emprunter un pont qui nous permet de rejoindre l’île de Streymoy où après 30 minutes de route, nous rejoignons Tórshavn.
La capitale nous semble immédiatement paisible, entre ses maisons aux toits de tourbe et ses quartiers plus modernes. Après avoir mangé au Sunset Boulevard, un fast-food excellent et peu cher, nous rejoignons l’appartement que nous avons réservé pour cinq jours, et notre GPS nous mène vers une résidence récente, une sorte d’HLM bien entretenu. Impatients, nous grimpons directement au deuxième étage, après avoir reçu un message de confirmation de la propriétaire qui nous informe que la porte est ouverte et que la clé repose simplement dans la cuisine.
Confiants, nous pénétrons dans l’appartement, mais une forte odeur de poisson nous saisit immédiatement. D’abord déconcertés, nous espérons que cette odeur finira par se dissiper… jusqu’à ce que nous tombions nez à nez avec une famille installée sur le canapé : deux personnes âgées et deux jeunes filles qui nous regardent avec curiosité. Devant l’étrangeté de la situation, nous leur montrons notre message de réservation.
Sans s’alarmer, ils contactent la propriétaire qui, embarrassée, réalise qu’elle s’est trompée d’adresse, l’appartement loué étant en réalité le numéro 94 et non 92. Nous éclatons tous de rire devant cette méprise, soulagés par la bienveillance de nos hôtes improvisés et qui comme la majorité des habitants ne ferment pas leur porte à clef. Enfin guidés vers le bon logement, nous découvrons un appartement magnifique, moderne et spacieux. L’odeur de poisson oubliée, nous nous installons avec un sourire, savourant déjà cette première anecdote féroïenne.

Vestmanna : au cœur des falaises sauvages
Le lendemain, Vestmanna nous accueille avec son atmosphère paisible, où le vent chargé d’embruns caresse doucement notre visage. Dès notre arrivée, notre regard est attiré par une cascade jaillissant des hauteurs, coulant avec force à proximité du port, pouvant être admiré d’une sorte de place publique agrémentée d’une belle statue.



Les bateaux de pêche colorés dansent au gré des vagues, témoins d’une vie maritime encore bien ancrée dans le quotidien des habitants. Nous nous sentons immédiatement happés par cette ambiance typiquement féroïenne, où l’homme et la mer vivent en parfaite harmonie.

Sur la place, quatre jeunes filles rient aux éclats alors qu’à nos pieds, des entrepôts colorés égayent l’horizon marqué par la présence des falaises de Vestmannabjørgini accessibles en bateau. Les macareux, avec leurs becs colorés, volent en rase-motte, tandis que les guillemots plongent dans l’eau translucide à la recherche de poissons. Ce ballet aérien, accompagné du cri perçant des oiseaux, nous émerveille. Nous sommes à la fois petits face à l’immensité de ces falaises et privilégiés de pouvoir assister à ce spectacle brut, authentique.

Il nous faut ensuite prendre notre véhicule pour nous enfoncer dans le coeur de la ville afin de découvrir l’église de Vestmanna, dont le cimetière ouvre sur le fjord.


La ville comporte également une centrale hydroélectrique, témoin de la manière dont les Féroïens exploitent la puissance de la nature pour subvenir à leurs besoins et la distillerie Faer Isles qui offre aux visiteurs une parenthèse réconfortante.


Kvívík : un voyage dans le temps
En arrivant à Kvívík, nous sommes immédiatement charmés par l’équilibre parfait entre mer et montagne. Le village est divisé en deux par une rivière sinueuse, qui ajoute une touche de douceur au paysage. L’endroit respire la sérénité, et nous ressentons un profond apaisement en nous imprégnant de cette atmosphère hors du temps.


Sur une des rives de la rivière, une magnifique église émerge. Mais ce qui nous intrigue le plus, ce sont les vestiges vikings disséminés en plein cœur du village. Ces ruines, témoins d’un passé lointain, nous projettent immédiatement plusieurs siècles en arrière. En marchant entre ces fondations de pierre, nous imaginons la vie des premiers colons scandinaves, installés ici il y a plus de mille ans. Était-ce un village de pêcheurs, un lieu de commerce, un abri contre les tempêtes ? Chaque pierre semble receler une histoire que nous aimerions percer à jour.


Nous poursuivons notre découverte en nous aventurant sur les sentiers menant aux hauteurs du village. Le panorama qui s’offre à nous est saisissant : l’océan s’étend à perte de vue, tandis que les fjords sculptent le littoral de leurs courbes majestueuses. Le vent souffle fort, mais loin de nous déranger, il nous donne un sentiment de liberté absolue. Tout semble figé dans un équilibre parfait entre nature et histoire, entre hier et aujourd’hui.

Tjørnuvík, au bout du monde
La route sinueuse qui nous mène à Tjørnuvík semble défier les lois de la nature. Coincée entre des falaises vertigineuses et une mer tumultueuse, elle s’étire au gré des contours abrupts de l’île de l’île de Streymoy. Le ciel, tantôt d’un bleu intense, tantôt voilé par des nuages bas, confère au paysage une aura mystique. Lorsque nous atteignons enfin ce village recroquevillé au creux d’une vallée, nous avons l’impression d’avoir atteint l’un des derniers refuges du monde.


Devant nous s’ouvre une plage de sable noir, une rareté aux Féroé. Le vent fouette nos visages tandis que nous marchons vers le rivage, fascinés par les imposantes silhouettes de Risin et Kellingin, ces stacks rocheux jaillissant de l’océan comme deux gardiens immuables. La mer, tantôt déchaînée, tantôt apaisée, reflète les humeurs changeantes de ces terres sauvages. Nous nous asseyons un instant sur le sable humide, hypnotisés par le fracas des vagues et la mélancolie du lieu.


Mais Tjørnuvík ne se limite pas à son panorama envoûtant. Ce village recèle aussi des vestiges de son passé viking. En longeant les ruelles bordées de maisons colorées, nous découvrons les vestiges laissées par les premiers colons scandinaves.



Nous imaginons ces navigateurs du Xe siècle, leurs embarcations affrontant les eaux hostiles pour accoster sur ces rivages. L’ancien sentier menant à Saksun, serpentant entre les montagnes, semble lui aussi porteur d’histoires oubliées. A son entrée se laisse découvrir un cimetière multi-séculaire, constituée en pierres brutes arrangées de manière circulaire.


Avant de repartir, nous visitons la petite église construite en 1937. Son intérieur, sobre et intime, résonne encore du chant Kingo, cette forme de chant religieux traditionnel que certains habitants perpétuent encore aujourd’hui. Ce moment suspendu, baigné dans la lumière tamisée de l’édifice, nous laisse une impression de quiétude et de respect pour ce lieu figé hors du temps.

Haldarsvík, entre mer et montagne
La route qui nous mène à Haldarsvík longe le Sundini, ce détroit séparant les îles de Streymoy et d’Eysturoy, offrant des vues spectaculaires sur les montagnes escarpées. En contrebas, les eaux sombres reflètent les nuages bas qui effleurent les cimes. En arrivant dans le village, nous sommes immédiatement frappés par son église octogonale, unique en son genre aux Féroé.

Son intérieur recèle une surprise : un retable peint par Tórbjørn Olsen, représentant la Cène de manière insolite. Au lieu des apôtres traditionnels, nous y découvrons des figures féroïennes modernes, une fusion étonnante entre foi et identité culturelle. Ce détail nous rappelle que, même dans ces contrées reculées, l’histoire et les traditions ne cessent de s’entrelacer.

Depuis le village, la vue sur Slættaratindur, le plus haut sommet des Féroé, est imprenable. Nous respirons l’air vif, imprégné du parfum salin de la mer et de l’humidité des cascades environnantes. À quelques kilomètres, nous faisons une halte devant Fossá, la plus haute chute d’eau de l’archipel.


Avant de quitter Haldarsvík, nous nous attardons devant un mémorial de marins disparus. La statue, représentant de manière abstraite une femme et ses enfants regardant vers l’horizon, évoque les adieux et l’attente, une réalité poignante pour ces communautés tournées vers la mer.



Fossá, la cascade sauvage
Notre arrêt suivant est consacré à l’un des joyaux naturels les plus impressionnants des Féroé : la chute de Fossá. Dévalant sur 140 mètres en deux paliers, elle s’impose au regard bien avant d’y parvenir.

Nous stationnons sur le bas-côté de la route et descendons pour mieux admirer le spectacle. L’eau s’écrase avec force contre les rochers, produisant un grondement continu qui emplit l’air. Nous nous approchons prudemment, suivant un sentier glissant qui nous permet d’atteindre le premier palier. La puissance de la cascade nous enveloppe, des embruns frais s’accrochant à nos vêtements. Nous restons là, fascinés par ce tumulte hypnotique.

Depuis cet éperon rocheux, la vue sur le Sundini et les montagnes environnantes est saisissante. Le contraste entre la blancheur écumeuse de l’eau et la sombre minéralité du paysage environnant nous plonge dans une contemplation silencieuse. En hiver, nous apprenons que l’eau gèle parfois, transformant la cascade en un palais de glace naturel. Cette image nous laisse rêver aux métamorphoses incessantes de ces paysages féroïens.


Saksun, un sanctuaire hors du temps
Nous empruntons une route sinueuse, bordée de montagnes escarpées et de vallées verdoyantes, menant à l’un des lieux les plus reculés des îles Féroé : Saksun. Dès notre arrivée, un profond sentiment de sérénité nous envahit. Ici, loin du tumulte du monde, le silence n’est troublé que par le murmure des cascades et le souffle du vent sur les toits de tourbe des quelques maisons disséminées dans le paysage.


L’ancien port naturel, aujourd’hui transformé en lagune d’eau salée, reflète le ciel changeant comme un miroir hypnotisant. Nous marchons le long de l’eau de ce petit lac à l’entrée du village, impressionnés par l’harmonie entre la nature et ce minuscule hameau de quelques âmes.

L’église, déplacée pierre par pierre depuis Tjørnuvík en 1858, se dresse fièrement au cœur de Saksun. Sa simplicité, sa blancheur éclatante contrastant avec la verdure environnante, nous inspire une sorte de respect silencieux.

À quelques pas, la ferme patrimoniale Dúvugarðar ouvre ses portes, dévoilant un mode de vie ancestral qui semble figé dans le temps. Nous observons avec fascination les moutons broutant paisiblement autour des bâtiments recouverts de mousse. Ici, chaque pierre, chaque poutre de bois, raconte une histoire.



Attirés par la promesse de panoramas encore plus saisissants, nous nous lançons sur les sentiers de randonnée. L’un d’eux mène à la plage isolée, où l’océan vient lécher le sable noir avec une puissance brute. Cependant, nous sommes surpris d’apprendre que l’accès est devenu payant, une décision prise par un fermier local, Johán Jógvansson, soucieux de préserver son domaine. Cette tension entre préservation et tourisme nous interroge, mais n’ôte rien à la magie du lieu. En montant vers les hauteurs, nous découvrons un paysage grandiose, où la vallée s’étire à perte de vue, embrassant fjords et montagnes d’un seul regard. L’émotion est forte : nous avons la sensation d’être au bout du monde, dans un sanctuaire naturel où le temps semble suspendu.


Við Áir, mémoire d’une époque révolue
Sur la route côtière, nous nous arrêtons à Við Áir, un site au passé chargé d’histoire. Cette ancienne station baleinière, aujourd’hui transformée en musée, nous transporte dans une époque où la chasse à la baleine était l’une des principales activités économiques des îles Féroé. L’endroit, marqué par le temps et l’usure, semble figé dans une autre ère. Nous parcourons les bâtiments abandonnés, ressentant un mélange de fascination et de malaise face aux vestiges de cette industrie disparue.
Les chiffres donnent le vertige : plus de 4 400 cétacés y ont été traités, dont des rorquals communs et des baleines bleues. Chaque recoin du site raconte une histoire de labeur et de survie dans un environnement hostile. L’explosion accidentelle d’un cachalot en 2013, dont les images avaient fait le tour du monde, revient en mémoire. Un sentiment d’étrangeté nous envahit, mêlé à une réflexion sur l’évolution de notre rapport à la nature.
En quittant le musée, nous découvrons que le site accueille aujourd’hui l’école Dugni, un établissement dédié aux jeunes en difficulté d’apprentissage. Ce contraste entre un passé industriel brutal et une volonté moderne d’éducation et d’accompagnement nous frappe. Nous repartons songeurs, conscients d’avoir effleuré un pan méconnu de l’histoire féroïenne.

Hvalvík, un écrin de tranquillité
Notre voyage nous mène ensuite à Hvalvík, un village où règne une quiétude apaisante. La rivière Stórá serpente entre les maisons, offrant un terrain de jeu idéal aux truites et saumons sauvages. Les reflets argentés de l’eau, le vert éclatant des prairies et les montagnes imposantes créent un décor d’une beauté saisissante. L’air pur, chargé des senteurs marines, nous emplit d’une énergie nouvelle.
Nous visitons l’église en bois de Hvalvík, la plus ancienne des îles Féroé. Son histoire nous captive : construite en 1829 avec le bois d’un navire naufragé, elle abrite une chaire datant de 1609, vestige d’un passé lointain. Le charme du bâtiment, noir comme l’ébène, contraste avec l’éclat du ciel changeant au-dessus de nos têtes. Nous nous asseyons un instant, laissant le silence nous envelopper, touchés par la simplicité et l’authenticité de cet endroit.

Hvalvík est aussi un point de départ idéal pour l’exploration. Pour les plus aventureux, les sommets de Sneis et Ørvisfelli offrent des panoramas à couper le souffle. La montée est rude, mais une fois en haut, ils peuvent contempler un horizon infini, où la mer et la terre semblent s’unir en un tableau grandiose.

Sornfelli, le toit sauvage de Streymoy
Situé à environ 12 kilomètres de Tórshavn, Sornfelli est un plateau montagneux perché à 725 mètres d’altitude, surplombant le sud-est de l’île de Streymoy. Sur ce toit du monde…ou du moins des îles, ce qui n’est déjà pas si mal, les éléments règnent en maîtres, sculptant un paysage brut et inhospitalier. Le vent, omniprésent, s’engouffre dans les reliefs escarpés et balaye les cimes, tandis que le froid mordant façonne un décor presque lunaire. Dominant ce territoire impitoyable, une base militaire et une station météorologique, reconnaissables à leurs deux sphères blanches, semblent observer silencieusement l’immensité.


Le chemin pour atteindre Sornfelli est une expérience en soi. La route de montagne Oyggjarvegin, l’une des plus impressionnantes des îles Féroé, serpente à travers les crêtes, offrant des panoramas à couper le souffle. Plus on s’élève, plus le décor devient austère, jusqu’à ce que la silhouette imposante du mont Sornfelli, culminant à 749 mètres, apparaisse. Une fois arrivé sur le plateau, une sensation unique envahit l’âme : celle d’être minuscule face à la grandeur du monde.


Les saisons transforment Sornfelli en un tableau mouvant, passant de l’austérité glaciale de l’hiver à l’éclatante clarté du solstice d’été. Lorsque la neige recouvre le plateau, le silence devient absolu, seulement rompu par le hurlement du vent.


En été, la lumière dorée caresse la pierre et s’attarde sur l’horizon sans jamais vraiment disparaître. À la nuit tombée, c’est un autre spectacle qui s’offre aux visiteurs : des aurores boréales dansant au-dessus des sommets, projetant des voiles lumineux verts et violets sur ce royaume minéral.



Norðradalur, le hameau secret des montagnes
Blotti dans une vallée encaissée sur la côte ouest de Streymoy, Norðradalur est un village suspendu entre terre et mer, bordé par les sommets imposants de Núgvan (667 mètres), Stiðjafjall (547 mètres) et Tungulíðfjall (535 mètres). Il faut emprunter la route Oyggjarvegur, qui relie Tórshavn aux paysages sauvages de l’ouest, pour découvrir ce petit coin de paradis méconnu. Dès la descente du col de Norðradalsskarð, une vision féérique se dévoile : une vallée sculptée par le temps, où un ruisseau sinueux guide le regard jusqu’à l’Atlantique, face à l’île solitaire de Koltur.



Le temps semble suspendu à Norðradalur. Le village, à peine habité par une quinzaine d’âmes, est une parenthèse de sérénité. Les maisons aux toits de gazon se fondent dans le paysage, comme si elles avaient toujours fait partie de cette nature indomptée. Loin du tumulte, le silence est seulement troublé par le ruissellement de l’eau et le bruissement du vent sur les herbes folles. Chaque pas dans ce décor est une immersion dans l’essence même des îles Féroé, où la nature prime sur l’homme.

Les falaises de Norðradalur cachent un trésor prisé des grimpeurs : un mur de basalte en colonnes, lieu de défi pour les passionnés d’escalade. Mais au-delà des performances sportives, c’est avant tout l’authenticité brute du site qui marque les esprits.


Lorsque la lumière s’adoucit, que le soleil effleure les crêtes et que l’océan reflète des teintes argentées, Norðradalur devient un tableau vivant, un instant suspendu entre rêve et réalité.

La cascade de Týggjará, le murmure des montagnes
Perchée sur les hauteurs de l’île de Streymoy, la cascade de Týggjará est l’un des joyaux les plus accessibles des îles Féroé. Elle apparaît soudainement au détour de la route Oyggjarvegur, comme un fil argenté se détachant des montagnes. Tombant en un voile gracieux dans le fjord de Kaldbaksfjøður, elle hypnotise les voyageurs par sa beauté sauvage. Sa source, nichée dans les hauteurs du village de Kaldbak, se gonfle des pluies fréquentes qui balayent l’archipel, donnant à la chute d’eau une puissance parfois imprévisible.

Après une averse, Týggjará se transforme en un torrent impétueux. Son rugissement emplit l’air, brisant le calme environnant. L’eau s’écrase sur la roche sombre, créant un rideau liquide en perpétuel mouvement. Les falaises de basalte, noires et massives, accentuent le contraste avec la blancheur éclatante de l’écume, offrant un spectacle fascinant aux amoureux de la nature brute. Le coucher du soleil magnifie encore le décor : la lumière dorée effleure la brume en suspension, créant un halo éthéré autour de la cascade.

Non loin de là, une centrale hydroélectrique utilise la force de l’eau pour produire de l’énergie durable, témoin du lien étroit entre l’homme et son environnement aux îles Féroé. Mais plus que son utilité, c’est l’âme de Týggjará qui captive : celle d’une nature vivante, d’une île où l’eau et la roche se livrent une danse infinie sous le regard du ciel changeant.

Kirkjubøargarður, un trésor du patrimoine féroïen
Nous découvrons le village de Kirkjubøur, un véritable trésor du patrimoine féroïen niché sur la côte occidentale de l’île de Streymoy. Malgré sa petite taille et ses 78 habitants, il fut autrefois le centre religieux et culturel des îles Féroé.



Nous nous retrouvons face à l’église Saint-Olav, dernier vestige d’une longue lignée d’édifices religieux ayant occupé cet emplacement. En pénétrant à l’intérieur, nous ressentons immédiatement l’atmosphère mystique qui s’en dégage. Son mobilier sobre, son éclairage tamisé et la sérénité qui y règne nous plongent dans une ambiance propice à la contemplation. Les bancs sculptés qui ornaient jadis l’église sont aujourd’hui conservés au musée national des îles Féroé, un lien tangible entre le passé et le présent.


Nous poursuivons notre exploration à la cathédrale Saint-Magnus, une imposante construction inachevée dont les murs sont en cours de restauration. Cette cathédrale, sans toit ni tour, témoigne de la grandeur passée du village et de son importance ecclésiastique à travers les siècles.


Mais le véritable joyau de Kirkjubøur reste sans doute Kirkjubøargarður, plus connue sous le nom de Roykstovan. Cette maison en rondins du XIe siècle, l’une des plus anciennes encore habitées au monde, nous transporte dans un autre temps. Nous avons la chance de pouvoir visiter une partie de cette demeure, transformée en musée, et d’observer la vie des générations successives qui s’y sont succédé. Le bois noirci par les siècles et le toit de tourbe confèrent à l’endroit une atmosphère unique, où chaque détail raconte une histoire.

Nous terminons notre visite par une randonnée vers Úti í Bø, un ancien village abandonné dont seules les ruines subsistent. Ce chemin escarpé dont nous en parcourons une partie nous offre une vue imprenable sur l’océan et les îles environnantes, tandis que les vestiges de hangars à bateaux rappellent le passé maritime du lieu. En arpentant ces sentiers, nous prenons pleinement conscience de la manière dont la nature et l’histoire s’entrelacent pour façonner l’âme des îles Féroé.

Hoyvík, une banlieue qui ne rougit pas
À quelques kilomètres de là, Hoyvík nous accueille avec son équilibre parfait entre tradition et modernité. Cette banlieue de Tórshavn s’étend au nord de la capitale et se distingue par son dynamisme.
En montant sur les hauteurs de Hoyvík, nous apercevons Hoyvikar Kirkja, une église moderne achevée en 1965. Son architecture avant-gardiste contraste avec les bâtiments plus traditionnels de l’archipel. Nous nous arrêtons quelques instants pour profiter du panorama qu’elle offre sur la mer et les environs, particulièrement saisissant au lever et au coucher du soleil. Son clocher élancé est devenu un véritable repère dans le paysage urbain et une source d’inspiration pour artistes et photographes.



Alors que les portes de l’église s’ouvrent, des dizaines d’hommes et de femmes sortent, accompagner un défunt pour son dernier voyage. Alors que les musiciens présents dans la bâtisse rangent leur matériel, nous entrons, découvrir son intérieur épuré et ébloui de clarté.

Nous rejoignons le petit port de Hoyvík, où l’air salin et le clapotis de l’eau nous invitent à la détente. Malgré des températures rarement clémentes, nous observons des habitants braver le froid pour une baignade revigorante.
Nous poursuivons notre découverte avec le musée national des îles Féroé et le musée en plein air, deux institutions majeures de la ville. En nous promenant parmi les expositions, nous plongeons dans l’histoire et la culture féroïenne. Les collections variées nous emmènent des origines géologiques de l’archipel jusqu’à la vie quotidienne des anciens habitants.



Tórshavn, au cœur des îles Féroé
Dès notre arrivée à Tórshavn, nous sommes frappés par son ambiance unique, à mi-chemin entre un petit village traditionnel et une capitale vibrante. Ici, le temps semble suspendu, les toits de tourbe se fondent dans la nature environnante et les ruelles pavées nous invitent à la flânerie.

Un peu excentrés, nous empruntons un sentier menant à Svartifossur, une superbe cascade dont les eaux sombres dévalent la roche basaltique. La nature nous enveloppe ici, nous rappelant combien les îles Féroé sont un paradis sauvage et authentique.



Nous poursuivons notre exploration vers la Maison Nordique, un lieu fascinant qui met en valeur les traditions et la modernité nordique. L’architecture en bois et verre de ce centre culturel semble se fondre dans le paysage, tandis qu’à proximité, un dolmen millénaire rappelle la présence ancienne de l’homme sur ces terres. L’histoire et la culture cohabitent harmonieusement ici, offrant un aperçu de l’identité féroïenne.


Nous nous garons aux abords de l’église catholique Sainte-Marie, reconnaissable à son architecture élégante. À proximité, deux petits parcs offrent un havre de paix au cœur de la ville. Nous nous y attardons, admirant les statues et profitant de la douceur du moment.



L’art et la culture féroïenne s’expriment magnifiquement au Listasavn Føroya, le musée d’art des îles Féroé. En franchissant ses portes, nous sommes transportés dans un monde de couleurs et de formes inspirées par la nature sauvage de l’archipel.
Chaque tableau, chaque sculpture raconte une histoire, une connexion profonde entre l’homme et son environnement. Juste à côté, le théâtre de Tórshavn se dresse avec sa façade verte et nous rappelle que l’animation culturelle ne manque pas dans cette ville à taille humaine.


Nous décidons ensuite de nous promener le long de Niels Finsens gøta, l’unique rue piétonne de Tórshavn. L’ambiance y est conviviale, les habitants se saluent et prennent le temps de discuter devant les boutiques colorées.



Nous nous arrêtons devant un petit atelier de tricot traditionnel, fascinés par le savoir-faire ancestral qui s’y perpétue. Deux femmes d’un certain âge maîtrisent cet art à la perfection. sans avoir besoin de regarder leurs doigts, elles conçoivent des vêtements dotés d’une âme. Nous ne résistons pas à l’envie de ramener un pull en laine féroïenne, véritable emblème de l’artisanat local.



Le centre-ville se dévoile à nous et avec lui, l’ancien hôtel de ville et le parlement, tous deux figures de la politique du pays.


Nous poursuivons notre balade en longeant le port de Tórshavn, divisé en Eystaravág et Vesteravág. Le va-et-vient des bateaux de pêche donne au lieu une effervescence douce et apaisante. Nous nous arrêterons un instant devant la statue de Nólsoyar Páll, figure emblématique de la liberté féroïenne, avant de découvrir le petit marché de poissons tout proche.

L’odeur iodée nous enveloppe tandis que nous observons un étal regorgeant de prises fraîches du jour. Tout en étant entourés par de belles maisons traditionnelles.



En nous dirigeant vers la cathédrale de Tórshavn, nous ressentons une atmosphère paisible et solennelle. Restaurée en 1865, elle conserve l’empreinte de ses origines du XVIIIe siècle. En entrant, nous sommes surpris par la simplicité de l’intérieur, qui contraste avec l’histoire riche de l’édifice. Les bancs alignés et les motifs nordiques délicats nous rappellent que la spiritualité ici est sobre et intime, à l’image des Féroïens eux-mêmes.

Nous continuons notre exploration par Tinganes, le quartier historique de la ville. Nous nous laissons guider par les ruelles sinueuses bordées de maisons en bois rouge, vestiges du passé viking de l’archipel. Le siège du gouvernement féroïen, encore en activité, se fond parfaitement dans ce décor historique. Nous ne pouvons nous empêcher d’imaginer les siècles de discussions et de décisions qui ont façonné ces îles balayées par les vents.



Notre curiosité nous mène à la forteresse de Skansin, perchée sur les hauteurs. Les canons pointés vers l’horizon nous rappellent que ce lieu fut jadis un rempart contre les pirates et les envahisseurs. Nous montons sur les remparts et, face à la mer agitée, nous laissons le vent frais caresser notre visage tout en contemplant l’île de Nólsoy au loin. L’endroit dégage une aura mystérieuse, chargée d’histoires guerrières et de batailles oubliées.



Notre voyage nous conduit vers la nature préservée de Tórshavn, à commencer par la plage de Sandagerð, qui dégage une beauté brute et sauvage. Mais c’est également un lieu marqué par une tradition controversée, le grindadráp, la chasse aux cétacés. Nous ressentons une certaine mélancolie en observant cet endroit chargé d’histoires contrastées, entre pratiques ancestrales et questionnements modernes sur la préservation marine.


Nous en profitons pour visiter à côté, l’aquarium de la ville, qui expose de nombreux poissons sur deux salles desquelles se dégagent une ambiance intimiste.


Nous prenons ensuite un peu de hauteur pour admirer le Kongaminnið, un monument érigé en hommage au roi Christian IX du Danemark. La structure pyramidale se dresse fièrement, et de là, nous profitons d’une vue magnifique sur la ville. Pyramidal également, le dôme de l’église de l’Ouest que nous apercevons en toute fin de visite.

Les autres incontournables de l’île
Île de Hestur
Située dans les îles Féroé, Hestur est une île peu habitée marquée par une nature préservée et une riche histoire. Son unique village, tourné vers la mer, abrite une église datant de 1910 et une population d’environ 15 habitants. L’île est dominée par quatre sommets, dont Múlin et Eggjarrók, culminant à 421 mètres. Au sud, le Hælur et son phare rappellent son passé maritime. Le nord présente un paysage de marécages et de lacs, dont le Fagradalsvatn. La grotte marine Klæmintsgjógv, l’une des plus vastes au monde, est accessible par bateau. Une piscine construite en 1974 encourage la population à rester sur l’île. L’accès se fait par ferry depuis Gamlarætt sur Streymoy, avec un trajet de 15 minutes. L’embarquement se fait à pied et les traversées sont sur demande. L’île est un havre pour les amoureux de la nature et de la tranquillité.

Île de Koltur
Koltur, la plus petite île habitée des Féroé, est un site préservé où vivent aujourd’hui seulement quelques habitants. Autrefois peuplée par deux familles rivales, elle fut abandonnée dans les années 1980 avant d’être réinvestie en 1994. Son point culminant, Kolturshamar (477 mètres), domine l’Atlantique et donne une allure imposante à l’île. Koltur est aujourd’hui un parc national sous la gestion du musée national féroïen. Il n’y a pas de liaison en ferry, rendant son accès difficile et réservé aux privilégiés. Depuis Norðradalsskarð sur Streymoy, il est possible d’admirer l’île et ses falaises abruptes. Une randonnée mène à la ferme de Norðradalur, offrant une immersion dans cet environnement sauvage. Le patrimoine agricole de Koltur est en restauration grâce aux subventions de l’État. Son isolement et son histoire en font un site unique. Elle symbolise la lutte entre tradition et modernité aux Féroé.

Île de Nólsoy
Face à Tórshavn, l’île de Nólsoy protège la capitale des tempêtes et abrite un village de 252 habitants. Une porte en mâchoire de cachalot marque l’entrée du village, rappelant l’histoire maritime locale. L’île offre des services comme une épicerie, un café et un office de tourisme, ouvert en été. Le phare de Borðan, à l’extrémité sud, est accessible après une randonnée de deux heures. Le sommet de l’île, Eggjarklettur (372 mètres), offre une vue panoramique. L’île est aussi célèbre pour Ove Joensen, qui a traversé l’Atlantique à la rame. Son bateau Diana Victoria, est exposé au port et visitable en été. Désignée site Ramsar depuis 2012, l’île abrite une grande colonie de macareux. L’accès se fait par ferry depuis Tórshavn, en 20 minutes. La randonnée jusqu’au phare offre une expérience inoubliable au cœur d’une nature sauvage.

Ferry vers l’île de Suðuroy
Le lendemain, nous embarquons sur le ferry Smyril, notre porte d’entrée vers l’île de Suðuroy, cette île mystérieuse et sauvage qui se détache du reste de l’archipel féroïen. L’excitation monte à mesure que nous approchons du terminal de Tórshavn, où l’animation est déjà bien présente. Les véhicules s’alignent dans un ballet bien orchestré, chacun prenant place selon son statut : résidents, passagers ayant réservé en ligne ou voyageurs de dernière minute comme nous. Nous nous faufilons entre les voitures et les camions, attirés par la masse imposante du ferry qui nous attend, prêt à larguer les amarres.

L’embarquement se fait en douceur, et à peine montés à bord, nous devons nous acquitter du paiement du trajet. Sur le pont supérieur, l’efficacité féroïenne est de mise : une simple lecture de la plaque d’immatriculation enregistre notre présence, et nous réglons les 129 couronnes correspondant à un véhicule et son conducteur avec la sensation de franchir un passage vers une nouvelle aventure.

Nous nous installons confortablement dans l’un des vastes salons panoramiques du ferry, où de grandes baies vitrées nous offrent une vue imprenable sur l’Atlantique et les côtes escarpées des îles. Alors que le ferry démarre, nous offrant une magnifique vue sur la ville, nous rejoignons l’extérieur et admirons ces matelots s’affairer à faire fonctionner ce petit titan des mers.

L’air marin emplit nos poumons alors que nous nous laissons bercer par le léger roulis du navire. Nous observons les autres passagers : des locaux, habitués de la traversée, discutent calmement autour d’un café, tandis que quelques touristes partagent leur excitation en scrutant l’horizon.

Peu à peu, nous nous laissons porter par la magie du voyage en mer. Les îles semblent flotter dans la brume, leurs reliefs surgissant et disparaissant au gré du déplacement du ferry. Le vent fouette nos visages alors que nous profitons du spectacle offert par l’océan. Nous distinguons des îlots inhabités, des falaises abruptes où les oiseaux marins tournoient, et au loin, l’ombre de l’île de Suðuroy commence à poindre. Nous avons l’impression de naviguer vers une terre de légende, un territoire reculé où l’aventure nous attend.

Alors que nous approchons du fjord de Tvøroyri, la capitale de l’île se dévoile peu à peu. Les maisons colorées s’égrainent le long des pentes, tandis que le port se dessine dans la lumière changeante de la mer du Nord. Mais ce qui attire immédiatement notre regard, c’est un imposant bâtiment, moderne et surprenant au cœur de ce paysage sauvage : le centre culturel Salt qui se situe juste en face de la capitale, à Øravík qui dépend de le ville de Trongisvágur. Son architecture singulière tranche avec le décor environnant, symbolisant un carrefour entre tradition et modernité.

L’accostage est imminent. Une annonce nous invite à regagner nos véhicules, mais nous restons encore un instant sur le pont extérieur, profitant des derniers instants de cette croisière singulière. Nous venons de vivre bien plus qu’un simple trajet en ferry : un véritable voyage à travers les éléments, une introduction poétique à l’univers fascinant de Suðuroy.

Sandvík, un lieu chargé d’histoire
Notre périple commence à Sandvík, ce petit village féroïen blotti sur la côte nord de Suðuroy. Dès notre arrivée, une sérénité absolue nous enveloppe. Le vent marin caresse nos visages tandis que nous arpentons les ruelles silencieuses de ce lieu chargé d’histoire. Dans le village, tout semble immobile, comme suspendu dans le temps. Autrefois appelé Hvalvík, Sandvík conserve la mémoire des âges rudes et des marins courageux qui ont bravé les eaux féroïennes.



Nous découvrons Húsið uttan Ánna, une maison traditionnelle féroïenne, aujourd’hui transformée en musée. Son toit de tourbe et ses murs de bois noirci racontent la vie simple mais rythmée par la mer et les saisons. Nous entrons, fascinés par ces vestiges du passé, touchant du doigt l’héritage d’une culture insulaire à la fois rude et poétique. Dehors, la plage de sable noir s’étire en un ruban sombre et mystérieux. Nous marchons lentement, admirant le contraste saisissant entre le sable et l’écume des vagues, absorbant chaque instant de cette atmosphère presque mystique.

Un sentier nous invite à l’aventure, serpentant jusqu’à Ásmundarstakkur, un éperon rocheux s’élevant à 97 mètres au-dessus de l’océan. L’endroit est un véritable sanctuaire pour les oiseaux marins, et nous restons un moment en silence à observer les macareux et les goélands qui virevoltent au-dessus de nous. Plus loin, nous tombons sur un mémorial en hommage à Sigmundur Brestisson, le légendaire chef viking féroïen. L’émotion nous gagne à l’idée de marcher sur les traces de ce guerrier qui a marqué l’histoire de ces îles battues par les vents.

Notre promenade nous ramène au cœur du village, où nous découvrons la petite église et le port. Un sentiment de plénitude nous envahit devant ces paysages qui respirent l’authenticité. Ici, à Sandvík, le temps ralentit et nous laisse savourer chaque instant avec une intensité rare.

Hvalba, les deux faces d’une même pièce
Nous poursuivons notre voyage à Hvalba, l’un des plus grands villages de Suðuroy. Niché entre des montagnes imposantes et une mer infinie, il nous offre un spectacle saisissant. Le vert intense des prairies contraste avec les flots tumultueux de l’Atlantique, tandis qu’à l’horizon se dessine la silhouette mystérieuse de Lítla Dímun, une île inhabitée souvent voilée de brume.

En arrivant à Fiskieiði, nous sommes subjugués par la vue sur la côte accidentée de Suðuroy. Cet ancien port de pêche est un témoin silencieux de l’histoire maritime du village, un lieu où le temps semble s’être arrêté.



Nous poursuivons vers Norðbergseiði, une falaise vertigineuse où un trou naturel dans la roche témoigne de la puissance érosive de l’océan. En contrebas, des formations basaltiques sculptées par les âges ajoutent à la grandeur du paysage. Nous nous laissons happer par la beauté brute de ces lieux, subjugués par la force des éléments qui nous entourent. En repartant, nous faisons un arrêt à Kolaratangi, où un petit lac reflète le ciel en perpétuel mouvement.

Hvalba n’est pas seulement une terre de nature, mais aussi de mémoire. Le mémorial situé près du port rend hommage aux mineurs et marins disparus.

Nous lisons les noms gravés avec un profond respect, ressentant le poids des sacrifices faits pour survivre dans ces contrées sauvages. Pour clore notre visite, nous nous recueillons un instant dans l’église de Hvalba et quittons cette terre d’aventure, encore émerveillés par les trésors découverts.

Fámjin : le passé qui rencontre le présent
Situé sur la côte centre-ouest de Suðuroy, Fámjin est un village authentique entouré de montagnes et ouvert sur l’Atlantique.


Son église en bois, construite en 1876, abrite le premier drapeau féroïen, le Merkið, conçu en 1919.

À proximité, la spectaculaire gorge du prêtre (Prestgjógv) offre une vue impressionnante sur l’océan, où les vagues viennent s’écraser contre les falaises. Au nord de Fámjin, Kirkjuvatn, le « lac de l’église », s’étend dans un cadre paisible.


Fámjin incarne à merveille l’esprit des villages féroïens : isolé, préservé et profondément ancré dans son patrimoine. Sa beauté brute et son histoire en font une étape incontournable pour qui visite Suðuroy.

Vágur, entre traditions et nature sauvage
Nous arrivons à Vágur, l’une des principales villes de l’île de Suðuroy, nichée au fond du fjord Vágsfjørður. Dès nos premiers pas, nous ressentons l’histoire de ce lieu, marqué par la pratique ancestrale du grindadráp. Aujourd’hui, la ville est vivante et tournée vers l’avenir, mais garde les traces de son passé maritime.

Nous commençons notre exploration par Vágseiði, une zone rocheuse spectaculaire à l’ouest de la ville. Ici, les vagues s’écrasent avec une puissance saisissante sur les falaises, rappelant que cet endroit servait autrefois de port de pêche. Les tempêtes des années 1980 et 1990 ont emporté les hangars à bateaux, mais une statue représentant un bateau trône fièrement sur un rocher, comme un hommage aux pêcheurs d’antan.


Nous poursuivons notre route vers Eggjarnar, un promontoire offrant une vue imprenable sur l’océan et la côte accidentée de Suðuroy. La route sinueuse qui y mène : Eggjarvegur, nous conduit à un panorama où la nature règne en maître. En face de nous, la silhouette imposante de Beinisvørð se dessine, tandis que l’infini de l’Atlantique s’étend devant nos yeux. Nous restons prudents, car les falaises abruptes et le vent violent rendent l’endroit aussi impressionnant que dangereux.



De retour dans le centre-ville, nous visitons le musée d’art Ruth Smith, dédié à cette artiste féroïenne qui a su capturer la beauté brute de son île natale. Le musée, situé près du supermarché DJ Vilhelm, expose plusieurs de ses œuvres fascinantes. Avant de quitter la ville, nous faisons un détour par le nouveau port, où se dressent une belle église et l’hôtel de ville.


Le promontoire de Beinisvørð, au-delà des vents
Nous prenons la route vers l’un des sites les plus impressionnants de Suðuroy : le promontoire de Beinisvørð. L’excitation monte alors que nous approchons de cette falaise monumentale qui s’élève à 470 mètres au-dessus de l’Atlantique. Depuis le village de Lopra, la vue est déjà spectaculaire, mais nous décidons d’aller plus loin, de nous aventurer jusqu’à son sommet.
La route sinueuse de Hesturin, bordée d’herbe verte battue par le vent, nous conduit à travers un paysage dramatique. Le vent souffle fort et nous devons progresser avec prudence. Arrivés à destination, nous nous arrêtons un instant, saisis par l’immensité du paysage. Le vide se déroule devant nous, la mer semble infinie, et les vagues viennent se fracasser contre la base de la falaise dans un fracas assourdissant.
Nous marchons jusqu’au bord, sentant à chaque pas le vent tenter de nous repousser. Il faut faire preuve de prudence, mais le spectacle en vaut la peine. Le regard porte loin, jusqu’à Eggjarnar au sud-ouest de Vágur, le promontoire visité auparavant que nous distinguons nettement dans la brume légère de l’horizon. Dans les hauteurs, un vieux bâtiment abandonné, battu par les éléments, témoigne de la rudesse du climat. Nous nous interrogeons sur son passé, sur ceux qui ont osé s’installer ici, si haut, si exposés.
Nous restons un long moment silencieux, absorbés par la beauté brute et sauvage du lieu. Le vent, le bruit de l’océan, la sensation d’être si petits face à cette immensité… L’expérience est unique, presque mystique. En redescendant, nous jetons un dernier regard à cette falaise imposante. Elle semble imprenable, inébranlable, un monument naturel sculpté par le temps et les tempêtes.

Hov, une terre de rencontres
Hov nous accueille avec son port paisible et ses formations basaltiques impressionnantes. Avant d’explorer le village, nous nous arrêtons au musée de Mýrí, une halte que nous n’oublierons jamais.



Alors que nous arpentons les étagères de ce petit musée, nous rencontrons son propriétaire, un vieil homme au regard pétillant, vêtu d’un habit de pêcheur. Il nous salue chaleureusement et, sans hésiter, nous invite à partager un moment avec lui et son ami, un autre vieil homme au visage buriné par le vent et la mer.
Le musée du village est un énorme coup de coeur. Il donne la possibilité, outre de rencontrer son propriétaire, un homme exceptionnel et de découvrir un véritable cabinet de curiosité, de partager un moment rare d’interaction avec un habitant de l’île, qui propose de nombreuses activités, dont l’apprentissage de l’écriture unique. Un véritable coup de coeur. Plus d’informations se trouvent sur les deux sites rattachés au musée. Le premier site comprend de nombreuses informations alors que le deuxième est plus didactique. |
Nous nous installons dans la petite cafétéria du musée, où ils nous servent un café fumant accompagné de crêpes maison. Autour de nous, les objets exposés racontent l’histoire de l’île, mais ce sont surtout leurs voix, leurs récits, qui nous captivent. Le propriétaire, ancien capitaine de navire, a sillonné le monde entier. Il nous parle de tempêtes en haute mer, de ports lointains, d’escales exotiques. Nous sommes suspendus à ses paroles, fascinés par cette vie d’aventure qu’il nous livre avec une humilité touchante. Son ami intervient parfois, ajoutant des anecdotes, riant de souvenirs partagés. Il nous conte son histoire, l’historique de sa terre. Il nous apprend l’écriture runique et semble nous léguer son savoir.

Le temps semble suspendu. Nous oublions le vent féroce qui souffle dehors, absorbés par ce moment rare d’authenticité. Lorsque nous nous levons enfin pour reprendre notre exploration, nous avons le sentiment d’avoir vécu quelque chose de précieux, une rencontre qui restera gravée en nous bien après notre départ.

Nous poursuivons notre visite du village, découvrant la tombe du chef viking Hovgrímur, un site empreint d’histoire. Un sentier nous mène aux cascades d’Ergifossur et d’Ergidalur, magnifiques sous la lumière changeante. L’église en bois, sobre et élégante, nous rappelle l’héritage religieux du village, tandis que la reconstitution miniature d’un village féroïen nous plonge dans le passé.

Les vestiges vikings sont partout. Nous marchons jusqu’à la Pierre Bauta, puis jusqu’aux restes d’un navire viking. La vallée de l’Ergi, que l’on surnomme le lieu de sacrifice, dégage une atmosphère mystique. Nous imaginons les anciens rituels qui ont pu s’y dérouler, le passé de Hov se superposant au présent.
Lorsque nous quittons le village, nous emportons avec nous bien plus que des souvenirs de paysages spectaculaires. Ce sont surtout les visages, les voix, les histoires partagées qui nous marquent. Hov n’est pas seulement un lieu sur une carte, c’est une rencontre, une émotion, une expérience que nous ne sommes pas prêts d’oublier.


Sumba, aux confins du monde
Nous reprenons la route vers le sud et atteignons Sumba, le village le plus méridional des îles Féroé. À l’entrée du village, un mémorial en forme de triangle nous accueille, nous rappelant l’attachement des habitants à leur terre et à leur passé. En nous enfonçant dans les ruelles, nous découvrons l’église au toit rouge, se détachant magnifiquement sur les maisons colorées qui l’entourent. Sumba est aussi le berceau du poète Pól F, dont les écrits empreints de mélancolie semblent résonner avec la beauté brute des paysages environnants.


Depuis Sumba, nous empruntons une route spectaculaire qui longe les falaises et l’océan. Chaque virage dévoile un nouveau tableau où la mer, les montagnes et le ciel se mêlent dans une harmonie saisissante. L’un des sites les plus impressionnants est la falaise de Beinisvørð, culminant à 470 mètres. Ce mur de pierre dominant l’Atlantique est l’une des plus hautes falaises d’Europe et un ancien repère redouté des marins. Le vent y souffle avec force, amplifiant la sensation de grandeur et de solitude du lieu.


Avant de quitter Sumba, nous décidons de pousser jusqu’à la péninsule d’Akraberg, où nous attend l’extrémité sud de Suðuroy.

Akraberg, là où la terre s’achève
Après quelques kilomètres sur une route isolée, nous atteignons le phare d’Akraberg, perché sur un promontoire rocheux balayé par les vents. Ce phare blanc au toit rouge, érigé en 1909, guide les navires à travers ces eaux souvent tumultueuses. L’atmosphère y est unique : il n’y a presque pas de traces de civilisation, hormis quelques maisons rouges dispersées, utilisées comme résidences estivales.

Akraberg fut autrefois habité par des Frisons, dont la présence a mystérieusement disparu vers 1350. Aujourd’hui, il ne reste que ce phare solitaire, les falaises et les vagues qui se fracassent contre les rochers. Nous nous arrêtons un moment pour observer les colonies d’oiseaux marins nichées dans les falaises. Au loin, les îlots rocheux de Flesjarnar émergent des eaux sombres, comme les derniers vestiges d’un monde oublié.
Face à cet horizon infini, nous prenons conscience de la puissance de la nature et du caractère unique de Suðuroy.


Lopra : entre falaises et océan sauvage
En remontant vers le nord, nous atteignons le paisible hameau de Lopra. Le silence n’y est troublé que par le vent et le bruit des vagues qui viennent frapper les rochers en contrebas. Nous levons les yeux vers la falaise de Beinisvørð, imposante et vertigineuse, tandis que le mont Kirvi se dresse fièrement à 236 mètres d’altitude. Ce paysage, aussi rude que magnifique, nous donne un sentiment de liberté absolue.
Sur le fjord de Lopra, nous observons les enclos circulaires flottants où est élevé l’un des trésors des îles Féroé : le saumon. La pureté de l’eau confère au poisson une qualité exceptionnelle. Notre balade nous conduit à Lopranshólmur, un minuscule îtlot au large du village. Autrefois, une station baleinière y était en activité, mais aujourd’hui, seules les ruines subsistent, témoins silencieux d’une époque révolue.

Trongisvágur : entre montagnes et traditions
De retour à la civilisation aux abords du port de ferry, blotti au fond du fjord Trongisvágsfjørður, Trongisvágur nous accueille avec son ambiance sereine et authentique. Ce village, bien que petit, regorge de charme et d’histoires. Nous nous promenons le long de la rivière Stórá, dont le cours traverse une plantation verdoyante avant de rejoindre l’anse voisine. Le chant des oiseaux et le bruissement des feuillages accompagnent nos pas.
La ville comprend également le Hvalbiartunnilin, le tout premier tunnel routier des îles Féroé, creusé en 1963. Récemment remplacé par une infrastructure plus moderne, il demeure un témoin de l’ingéniosité des habitants face aux défis géographiques de l’archipel.
Dominant le village, la montagne Gluggarnir se dresse majestueusement à 610 mètres. Il est possible d’y observer les infrastructures communautaires, dont le stade de football du club local TB Tvøroyri, ainsi que le Salt – Sound Art & Live Theatre. Cet espace culturel qui se situe plus précisément à Øravík anime la région avec des concerts et des expositions, ajoutant une dimension artistique à notre découverte.

Une randonnée de 2 heures peut également mener au lac d’Hvannhagi, en longeant des falaises abruptes et un col escarpé. L’effort est largement récompensé : au sommet, le lac s’étend dans un écrin de verdure, reflet parfait d’un ciel immense.

Tvøroyri : entre fjord et traditions
Dès notre arrivée à Tvøroyri, nous sommes frappés par l’harmonie entre la mer, les montagnes et les maisons colorées qui bordent le fjord Trongisvágsfjørður. L’air marin vif nous emplit les poumons. L’atmosphère paisible de la ville nous enveloppe aussitôt, et nous nous laissons guider par ses ruelles bordées de maisons traditionnelles féroïennes.

Nous visitons l’église en bois, dont la silhouette blanche et rouge domine le paysage depuis 1908. Son charme simple et authentique nous inspire une profonde quiétude. Non loin de là, la galerie Oyggin nous ouvre ses portes. Nous y découvrons des œuvres d’artistes féroïens et nordiques, capturant avec talent la beauté brute de l’archipel. Le jardin, agrémenté de sculptures, nous offre un instant de contemplation.
La ville permet de rejoindre Hvannhagi, une vallée spectaculaire accessible après une randonnée de trois heures. Le sentier serpente entre les collines, et à chaque pas, la nature se dévoile avec une intensité saisissante. Arrivés au sommet : un lac paisible s’étend sous les yeux des visiteurs, entouré de montagnes abruptes, tandis que l’île de Lítla Dímun flotte au loin dans la brume.
Avant de quitter Tvøroyri, nous explorons le musée local, installé dans une ancienne maison de docteur datant de 1852. Les objets et photographies exposés témoignent du passé maritime et de la vie quotidienne des habitants. Une immersion fascinante dans l’histoire de cette ville attachante.

Les autres incontournables de l’île de Suðuroy
Ásmundarstakkur
Dominant la mer au nord de l’île de Suðuroy, Ásmundarstakkur est un impressionnant monolithe de basalte qui surgit des eaux tumultueuses de l’Atlantique. Situé à proximité du village de Sandvík, ce pilier rocheux témoigne de la puissance des éléments naturels qui façonnent les côtes féroïennes. Son sommet abrupt et isolé offre un spectacle fascinant aux visiteurs, qui viennent l’admirer depuis les falaises environnantes. Les couchers de soleil y sont particulièrement magiques, lorsque les derniers rayons illuminent la roche d’une teinte dorée, transformant le paysage en une véritable œuvre d’art. L’atmosphère changeante, typique des îles Féroé, ajoute au caractère mystique du lieu.

Hole in the Cliff
Hole in the Cliff, ou Holið Í Helli, est une spectaculaire grotte maritime nichée dans les falaises du nord-est de l’île de Suðuroy. Accessible uniquement en bateau, cette formation rocheuse est un exemple frappant de l’érosion marine qui façonne les côtes accidentées des îles Féroé. Les visiteurs sont accueillis par d’immenses parois de basalte sculptées par les vagues incessantes de l’Atlantique. L’entrée de la grotte, une large ouverture béante sur la mer, donne une impression presque irréelle. Lorsque le soleil frappe l’eau, la lumière se reflète sur les parois sombres, créant des effets visuels fascinants. Le bruit des vagues résonne dans la cavité, accentuant l’ambiance mystérieuse du lieu. Outre son caractère spectaculaire, Hole in the Cliff est un sanctuaire pour de nombreuses espèces d’oiseaux marins. Macareux et goélands nichent dans les anfractuosités de la falaise, offrant un spectacle naturel d’une grande richesse. Ce lieu préservé est une destination idéale pour les amateurs de photographie et de nature.

Île de Lítla Dímun
Lítla Dímun est la plus petite des îles habitées des Féroé, bien que totalement inhospitalière. Son sommet, Rávan, culmine à 414 mètres et est souvent recouvert d’un nuage lenticulaire, créant l’illusion d’un chapeau flottant au-dessus de l’île. Ses falaises abruptes la rendent pratiquement inaccessible. Aucune infrastructure ne dessert Lítla Dímun, mais des excursions en bateau depuis Hvalba permettent de l’admirer de près. Depuis la vallée reculée de Hvannhagi, sur Suðuroy, la vue sur cette île isolée est également saisissante. Bien que dépourvue d’habitants, Lítla Dímun est le domaine exclusif des moutons qui y vivent en semi-liberté. L’île est aussi un sanctuaire ornithologique, abritant des colonies d’oiseaux marins qui profitent de l’absence de prédateurs terrestres.
Porkeri
Porkeri est un village paisible perché sur la côte est de Suðuroy. Le village respire l’authenticité. Les maisons en bois, souvent peintes en rouge ou en noir, s’alignent le long des rues, chacune racontant une histoire, un passé riche de traditions maritimes. Le village comprend l’église de Porkeri, la plus ancienne de Suðuroy. Son toit en herbe et sa structure en bois noirci fascinent. Non loin de là, se trouve le musée de Porkeri qui expose des objets du quotidien d’antan : outils agricoles, ustensiles de pêche, vêtements traditionnels…

Tunnel vers l’île de Sandoy
Le matin est radieux sur l’île de Streymoy. Depuis notre hébergement, nous voyons le soleil percer à travers les nuages épars, révélant des teintes dorées sur les fjords tranquilles. L’air est vif et vivifiant, empli de la promesse d’une belle journée. Avec enthousiasme, nous prenons la route vers le tunnel de Sandoy, cette prouesse d’ingénierie de 11 kilomètres au coût de 175 couronnes qui relie désormais les deux îles sans qu’il soit nécessaire d’embarquer sur un ferry. La perspective d’une traversée souterraine vers une île encore méconnue nous emplit d’excitation.
Nous pénétrons dans le tunnel, laissant derrière nous la lumière éclatante de Streymoy. L’asphalte lisse défile sous nos roues, les lumières artificielles projetant des ombres fugaces sur les parois rocheuses. L’atmosphère y est presque irréelle, comme si nous traversions un passage secret menant vers un autre monde. Nous échangeons quelques mots sur ce que nous attendons de Sandoy, en plaisantant sur les caprices bien connus du climat féroïen.
Puis, enfin, la sortie du tunnel apparaît. L’ouverture vers l’extérieur grandit peu à peu, révélant un premier aperçu de l’île. Nous émergeons, impatients de découvrir les paysages… et nous sommes aussitôt accueillis par une pluie battante ! En un clin d’œil, le soleil de Streymoy semble appartenir à une autre époque. Le ciel est bas, menaçant, et les gouttes d’eau s’écrasent sur le pare-brise avec une vigueur impressionnante. Un véritable déluge, comme si l’île de Sandoy voulait nous rappeler qu’ici, c’est elle qui décide du temps qu’il fait.
Nous éclatons de rire en nous regardant, trempés d’avance par l’humidité qui s’insinue partout. On se croirait dans le film Bienvenue chez les Ch’tis, s’exclame l’un de nous. La référence est parfaite : nous avons à peine eu le temps de poser les roues sur cette terre nouvelle que la météo nous fait un accueil des plus théâtraux. Il ne nous reste plus qu’à enfiler nos vestes imperméables et à embrasser pleinement cette expérience, typiquement féroïenne. Après tout, n’est-ce pas aussi pour cela que nous sommes venus ?

Skopun, porte d’entrée de Sandoy
Nous arrivons à Skopun, un village portuaire vivant qui nous accueille. Le port est le cœur battant du village sous le regard imposant d’une statue représentant un homme scrutant l’horizon. Juste à côté, une bâtisse au toit recouvert de tourbe attire notre attention, offrant un parfait exemple de l’architecture traditionnelle féroïenne.


Nous nous dirigeons vers l’église de Skopun, un édifice charmant qui reflète l’histoire du village avec ses lignes épurées et son atmosphère paisible.

Plus loin, nous découvrons un lieu singulier : un atelier de taillage de pierre, tenu depuis 2013 par les frères Heini et Høgni Tausen. Dans ce lieu de savoir, de gigantesques blocs sont transformés en pierres tombales, tables ou objets du quotidien, perpétuant un savoir-faire ancestral. Devant l’atelier, un mémorial imposant rend hommage aux artisans du passé.


Notre exploration nous mène à une curiosité insolite : la plus grande boîte aux lettres du monde. Peinte en bleu, elle domine le paysage et intrigue les visiteurs, non loin d’un autre mémorial. Depuis ce point, nous profitons d’une vue splendide sur les îles de Streymoy et Hestur, îles voisines qui se détachent sur l’horizon. L’empreinte maritime de Skopun est omniprésente, entre les nombreux bateaux amarrés et les odeurs de sel qui flottent dans l’air.


Nous décidons d’emprunter la route qui mène au nord du village et grimpons jusqu’au promontoire de Trøllhøvdi. Là-haut, la tranquillité est absolue et la vue sur l’océan saisissante. Poursuivant notre marche, nous atteignons la falaise de Líraberg, un spectacle naturel impressionnant où le temps semble suspendu.

Líraberg, un balcon sur l’infini
Nous empruntons le sentier qui nous mène à la falaise de Líraberg, située à l’extrémité ouest de Sandoy. Dès les premiers pas, la sensation d’immensité nous enveloppe. Entre collines verdoyantes et pâturages où paissent des moutons, nous progressons lentement, suivant les poteaux rouges indiquant la direction à prendre. À chaque détour, le paysage se transforme, dévoilant de petits lacs et des affleurements rocheux façonnés par les vents marins.

Après une marche d’environ 3 kilomètres, nous atteignons enfin le sommet de la falaise. Face à nous, l’Atlantique Nord s’étend à perte de vue. Le vent souffle fort, balayant la lande et nous rappelant la force brute de la nature. Nous restons silencieux, absorbés par la beauté sauvage du site. Le mont Oknadalsdrangur, qui se dresse à 182 mètres au-dessus des flots, ajoute une touche dramatique au paysage.
Nous nous installons sur un rocher plat et laissons nos regards dériver sur l’horizon. Les couleurs du ciel changent constamment, offrant un spectacle grandiose. Ici, la mer et le ciel se confondent dans une harmonie parfaite, et seuls les cris des oiseaux marins troublent le silence.
Nous restons un long moment à admirer le panorama, savourant l’instant. Il nous faut redescendre avant que la météo ne change brusquement, mais l’empreinte de Líraberg restera gravée dans nos mémoires.

Dalur, un refuge au bout du monde
Nous prenons la route sinueuse qui descend vers Dalur, un village niché dans une vallée encaissée du sud-est de Sandoy. Dès notre arrivée, nous ressentons une paix profonde, comme si le temps s’écoulait différemment ici. Les 48 habitants vivent au rythme de la nature, entourés par les montagnes majestueuses qui protègent le village du reste du monde.

Les maisons, modestes mais charmantes, sont alignées face à l’océan, offrant une vue dégagée sur l’horizon. Le Biriksgarour, bâtiment communautaire du village, accueille les rares événements culturels, notamment les fameuses danses en chaîne féroïennes. À quelques pas de là, nous découvrons Myllan, un ancien moulin à vent rappelant le passé agricole du village.


Nous nous dirigeons vers la côte, où une plage de galets s’étend le long du rivage. Les vagues viennent s’écraser avec force, créant une mélodie apaisante. Juste au-dessus, l’église de Dalur, construite en 1957, surprend par sa simplicité et son intérieur chaleureux. Nous nous y arrêtons un instant, profitant du silence et de la sérénité du lieu.
En quittant Dalur, nous emportons avec nous une sensation de plénitude, comme si ce coin reculé du monde nous avait offert un instant de pure harmonie avec la nature.



Húsavík, un charme unique
Húsavík nous accueille avec son charme intemporel et son atmosphère empreinte de mystère. Ce petit village du sud de Sandoy, fort de ses 88 âmes, semble figé dans le temps, protégé par les collines environnantes et bordé par l’Atlantique Nord. Nous commençons notre exploration par la ruine de Heimi á Garði, vestige supposé d’une ferme ayant appartenu à la légendaire Dame de la Chambre à Húsavík.


L’histoire raconte que son esprit hante encore ces terres, ajoutant une dimension mystique à notre visite. À quelques pas, nous découvrons la superbe plage de sable noir, où le tumulte des vagues contraste avec la sérénité du village. Plus loin, plusieurs maisons anciennes en pierre, surmontées de toits en chaume, témoignent du mode de vie ancestral des habitants. Parmi elles, les maisons en tourbe de Tumbakka, dont l’âge demeure un mystère, semblent sorties d’un autre temps.



Nous nous imprégnons du silence en nous rendant à l’église locale, un édifice datant de 1863, dont le toit recouvert de gazon s’intègre parfaitement au paysage environnant.



En sortant, une vue imprenable sur l’océan nous rappelle l’isolement du village : aucune autre terre en vue, juste l’immensité de la mer. À quelques pas, un terrain de football surprenant nous attend, partagé entre une bergerie et une vue plongeante sur l’Atlantique. Cette vision typique des îles Féroé, où le quotidien se mêle en harmonie à la nature, nous fascine. Flâner dans les ruelles de Húsavík est une expérience hors du temps, où chaque recoin recèle une part d’histoire et de beauté brute.



Skarvanes, au bout du monde
Dans la foulée, Skarvanes nous offre une immersion dans un monde encore plus intime et préservé. Ce hameau reculé du sud-ouest de Sandoy, peuplé d’une dizaine d’habitants, semble tout droit sorti d’un conte ancien.

Niché entre des collines verdoyantes et des falaises imposantes, le village est traversé par une cascade, offrant un cadre idyllique. Nous arpentons ses quelques ruelles, où les maisons traditionnelles aux toits de gazon se fondent dans le paysage.



Une atmosphère intemporelle nous enveloppe tandis que nous découvrons les vestiges du passé, comme l’ancienne école, active de 1936 à 1971, et un ancien moulin, témoignages silencieux d’une époque révolue. Nous entrons dans l’école et nous nous inspirons de cette ambiance anachronique. Sur les murs, au milieu d’un débarras sans nom, des portraits bien agencés des anciens instituteurs, qui au travers de leur posture et leur tenue vestimentaire appartiennent à un autre temps.


Skálavík, la perle de Sandoy
Nichée sur la côte est de l’île, Skálavík est une perle méconnue des îles Féroé. Avec ses 169 habitants, ce village possède un charme authentique, accentué par son église en pierre construite en 1891. La localité vit au rythme de la pêche, mais elle est également réputée pour son hospitalité chaleureuse.

Notre immersion à Skálavík commence par une rencontre inoubliable avec la propriétaire de la pension Mølin, qui nous accueille avec un large sourire et une générosité typiquement féroïenne.


Ce lieu n’est pas un simple hébergement : il s’agit d’un véritable musée vivant. Le café attenant à l’établissement, datant de 1889, a conservé son mobilier d’époque et l’ancien bureau de poste d’origine, plongeant les visiteurs dans une atmosphère hors du temps. Caféin á Mølini, où nous nous attablons, est une institution locale, un véritable cabinet de curiosités où chaque objet raconte une histoire.


Alors que dehors, les éléments se déchaînent et que le vent s’engouffre dans les ruelles du village, nous avons la chance d’assister à la préparation d’un plat traditionnel féroïen. La maîtresse des lieux nous montre comment elle prépare un rôti mijoté avec des produits locaux, accompagné d’une sauce riche obtenue grâce à un roux savamment travaillé et un bouillon de viande parfumé. L’odeur emplit la pièce, et la chaleur du feu de cuisine contraste avec l’humidité extérieure.
La propriétaire a également construit à ses côtés un des plus beaux hôtels de l’île. Pour toutes informations, n’hésitez pas à contacter la propriétaire sur le 00 298 50 83 11 ou par mail sur le molin.birita@gmail.com. Le site Internet de l’hôtel fournit également de nombreuses informations. |
Après avoir assisté à cette représentation culinaire, nous pouvons savourer notre plat. Chaque bouchée de ce repas réconfortant raconte une histoire de tradition et de savoir-faire, rendant ce moment inoubliable.



Après ce festin, nous nous aventurons dans les rues de Skálavík. Le port, avec sa jetée glissante et ses cabanons bruns parfaitement intégrés dans le paysage maritime, offre un spectacle typique des villages de pêcheurs.

Au centre du village, une statue en hommage à un natif de la région trône fièrement aux côtés d’un mémorial composé de cylindres, témoignant de l’attachement des habitants à leur histoire.


Pour clore notre visite, nous empruntons un sentier menant au promontoire de Skálhøvdi. La randonnée nous dévoile un panorama spectaculaire sur l’Atlantique Nord, où les vagues se brisent en contrebas avec une force saisissante. Ce paysage grandiose, changeant au gré des saisons, incarne l’essence même de la beauté sauvage des îles Féroé.

Le lac Sandsvatn, l’illusion optique de Sandoy
Le lac Sandsvatn, l’un des plus vastes de Sandoy, nous attire par son atmosphère envoûtante et ses légendes. Situé à proximité de Sandur, il est entouré de formations rocheuses impressionnantes et d’un paysage sculpté par le vent et le temps.

Nous nous rendons d’abord sur le site de Gívrinarspor, où une empreinte gravée dans la pierre serait celle de la sorcière Gívrinar. La légende raconte qu’elle aurait tenté de poursuivre un voleur en sautant au-dessus du lac Gróthùsvatn, laissant ainsi cette trace indélébile. Cette histoire confère au lieu une aura mystique, que nous ressentons pleinement en contemplant la pierre monumentale de quatre mètres de haut, jadis ornée d’une nappe tricotée par les femmes de Sandur.

Nous poursuivons notre marche sur les sentiers menant à Gívrinarhol et au sommet de Salthøvdi, nous offrant une perspective unique sur les vastes tourbières où les habitants extraient encore la tourbe. Ici, la nature se mêle à l’histoire dans une parfaite harmonie. Depuis Gívrinarspor, nous découvrons un point de vue fascinant sur le lac : suspendu au-dessus de l’océan, il ne semble séparé de la mer que par un mince passage rocheux, rappelant le célèbre lac Sørvágsvatn sur l’île de Vágar. L’illusion est saisissante et nous laisse un souvenir impérissable de cet endroit hors du commun, où le mythe et la réalité se confondent dans un décor à couper le souffle.

Ship Capsize Memorial, hommage au passé
En continuant notre route, nous rejoignons le Ship Capsize Memorial qui rend hommage aux victimes du naufrage du vapeur britannique Principia, survenu en novembre 1895. Pris dans une tempête dévastatrice, le navire s’est fracassé contre les rochers, entraînant la disparition tragique de 28 marins. Seul un rescapé, porté par une écoutille de chargement, a miraculeusement survécu après 14 heures de dérive dans les eaux glaciales de l’Atlantique Nord. Cette histoire, transmise à travers les générations, illustre les périls inhérents à la vie maritime féroïenne.


Le site commémoratif est sobre et poignant. Deux ancres du Principia, repêchées en 2001, y sont exposées, accompagnées d’une pierre gravée portant les noms des disparus. Ce lieu de recueillement s’inscrit dans un paysage grandiose, où la puissance des éléments rappelle sans cesse la fragilité de l’homme face à la nature. La baie de Søltuvík, où se situe le mémorial, est particulièrement impressionnante : l’océan s’y déchaîne, venant heurter avec force les falaises abruptes et les étendues sauvages de l’île.

Les visiteurs qui s’aventurent jusqu’au site sont saisis par l’atmosphère dramatique du site. Le vent hurle, les vagues explosent contre les rochers, et l’histoire de ce naufrage semble encore flotter dans l’air marin. Le lieu est à la fois austère et fascinant, où se mêlent mémoire et contemplation. Loin des sentiers touristiques habituels, ce mémorial rappelle la rudesse de l’Atlantique et l’histoire souvent tragique des navigateurs qui l’ont affronté.


Sandur, la perle de l’Atlantique
Il est temps pour nous de rejoindre, Sandur l’un des villages les plus emblématiques des îles Féroé, connu pour son riche passé historique et son environnement naturel exceptionnel dont des magnifiques plages et dunes comme Mølheyggjar, contrastant avec les falaises abruptes environnantes. Offrant une vue imprenable sur les îles voisines de Skúvoy, Stóra Dímun et Lítla Dímun, Sandur possède une atmosphère paisible qui séduit autant les habitants que les visiteurs.

Nous rejoignons la mairie pour obtenir quelques informations. Alors que personne ne travaille en ce début d’après-midi, toutes les portes de tous les bureaux sont ouvertes. Nous avons la chance de rencontrer un ouvrier qui répond à nos interrogations et nous guide dans le village.



Le village dispose d’un centre dynamique avec une épicerie locale et une boutique où il est possible de découvrir des produits régionaux tout en profitant d’un moment convivial autour d’un café. Parmi les lieux incontournables, l’église de Sandur, datant du XIXe siècle, et le musée d’art de Sandur, situé à Árbøur 11, présentent les œuvres d’artistes féroïens contemporains. Pour une immersion dans le passé, le musée du village de Sandur, installé dans une maison du XVIe siècle, offre un fascinant voyage dans le temps, avec des objets et récits illustrant la vie rurale d’antan.

À quelques kilomètres de Sandur, la réserve naturelle de Søltuvík dévoile une faune variée et des paysages à couper le souffle. Le lieu est un site privilégié pour observer les oiseaux marins et se laisser envelopper par la nature sauvage de Sandoy.

Les autres incontournables de l’île de Sandoy
Île de Stóra Dímun
Stóra Dímun est une île minuscule et escarpée des îles Féroé, accessible uniquement par hélicoptère ou par une ascension exigeante le long de falaises abruptes. Dominée par Høgoyggj et Klettarnir, elle abrite seulement sept habitants répartis en deux familles vivant de l’élevage de moutons et de la culture de navets. L’île est un sanctuaire pour les oiseaux marins, notamment les macareux et sternes, qui profitent de l’absence de prédateurs. Le ravitaillement se fait grâce à un treuil, et une petite école fonctionne en été comme hébergement pour les visiteurs. Malgré sa rudesse, Stóra Dímun conserve un mode de vie profondément ancré dans la tradition féroïenne.

Île de Skúvoy
Skúvoy est une île paisible des îles Féroé, connue pour ses colonies d’oiseaux marins et son riche passé historique lié à Sigmundur Brestisson, premier évangélisateur des Féroé. Son unique village est entouré de falaises spectaculaires, notamment Høvdin, où nichent guillemots et macareux. Accessible en ferry depuis Sandur, l’île offre un cadre préservé, idéal pour les randonnées entre le sommet de Knúkur et les vallées verdoyantes. Les visiteurs peuvent séjourner dans des maisons de vacances ou chez l’habitant, profitant de l’hospitalité locale. L’absence de voitures renforce l’atmosphère tranquille de cet endroit hors du temps.

Baie de Søltuvík
Située à l’ouest de Sandur, la baie de Søltuvík est un joyau naturel des îles Féroé, offrant un panorama saisissant sur l’Atlantique et les formations rocheuses environnantes. Accessible par une piste non goudronnée, elle est bordée de falaises abruptes et de plages de galets, servant de refuge à de nombreuses espèces d’oiseaux marins. Son histoire est marquée par la présence de l’armée britannique durant la Seconde Guerre mondiale, dont certains vestiges subsistent encore. Loin de toute agitation, Søltuvík est un lieu privilégié pour les amoureux de nature et de tranquillité.

Route vers l’île d’Eysturoy
Depuis Tórshavn, nous choisissons de longer le fjord plutôt que d’emprunter le tunnel sous-marin payant pour rejoindre Eysturoy et d’économiser ainsi 175 couronnes. La route serpente le long des côtes escarpées, offrant des vues spectaculaires sur les eaux calmes du fjord et les montagnes embrumées qui se dressent au loin. Nous passons par de petits villages, leurs maisons colorées contrastant avec le paysage austère. À chaque virage, la lumière change, jouant sur les reliefs et les reflets de l’eau, nous rappelant à quel point la nature féroïenne est vivante et imprévisible.
Après une agréable traversée de l’île de Streymoy, nous atteignons le pont Oyrarbakki qui relie les deux îles. Gratuit et emblématique, il s’étend sobrement au-dessus du détroit, reliant deux terres aux caractères bien distincts. En le franchissant, nous sentons presque un changement dans l’atmosphère : de nouveaux sommets se dessinent devant nous, et l’île d’Eysturoy s’ouvre à nous avec ses vallées profondes et ses fjords entrelacés.

Leirvík, entre histoire viking et paysages surprenants
Nous arrivons à Leirvík, charmant village du sud-est de l’île d’Eysturoy, où l’histoire viking semble encore présente à chaque coin de rue. Le site archéologique, situé non loin du centre, nous plonge immédiatement dans le passé féroïen. Les vestiges mis à jour lors de fouilles nous rappellent que ces terres ont été foulées par les navigateurs nordiques, laissant derrière eux des traces tangibles de leur passage.

Poursuivant notre exploration, nous nous arrêtons devant le mémorial maritime de Leirvík. La stèle, évoquant la proue d’un navire, se dresse fièrement face à l’océan. Une ancre repose au sol, comme figée dans le temps, rappelant les exploits et les tragédies des marins locaux. Nous prenons un instant pour contempler la mer du Nord qui s’étend à perte de vue, avant de nous diriger vers le phare du village.


Notre visite continue au musée du bateau, où nous découvrons des embarcations traditionnelles et l’évolution de la navigation locale. Juste à côté, une galerie d’art expose des œuvres inspirées par la nature féroïenne. Enfin, une surprenante forêt, perchée sur les hauteurs du village, attire notre curiosité. Cet écrin de verdure, rare sur l’archipel, nous plonge dans une atmosphère paisible et abrite de magnifiques points de vue sur la mer et les villages environnants.

Fuglafjørður, un fjord vivant et culturel
Nous rejoignons ensuite Fuglafjørður, l’un des ports les plus actifs de l’île d’Eysturoy. En arrivant, nous sommes immédiatement frappés par l’atmosphère animée qui y règne. Les bateaux de pêche s’activent, les habitants s’affairent sur les quais, et l’odeur salée de la mer emplie l’air. Il est fascinant d’observer la cadence quotidienne de cette communauté liée à l’océan depuis des générations.


Nous nous rendons au centre culturel, un lieu incontournable pour comprendre l’identité de la ville. Ce bâtiment moderne accueille expositions et concerts, offrant une belle vitrine à la créativité locale. En arpentant les rues adjacentes, nous tombons sur une statue intrigante représentant un vieil homme contemplant une main en train d’écrire. Une métaphore saisissante de la transmission des histoires et de la culture féroïenne.


L’église de Fuglafjørður nous surprend par son architecture atypique. Avec sa tour pyramidale, elle détonne dans le paysage tout en s’intégrant harmonieusement à l’environnement.

Norðragøta, l’âme des vikings
En arrivant à Norðragøta, nous sommes immédiatement frappés par le calme qui règne dans ce petit village des îles Féroé. L’air frais de l’île d’Eysturoy nous envahit, et chaque pas que nous faisons sur ses rues semble nous plonger un peu plus dans l’histoire viking. Nous nous arrêtons un instant devant la statue de Tróndur í Gøtu, érigée en son honneur, le chef viking dont l’héritage plane sur ce village. Ce souvenir tangible du passé nous touche profondément. Il est difficile de ne pas ressentir un certain respect devant cette figure historique, tellement liée à la culture locale. Nous imaginons les sagas vikings, ces récits de bravoure et de batailles, comme si les échos de ces temps anciens résonnaient encore autour de nous.

En marchant le long de la route Tróndargøta, nous admirons l’architecture de l’hôtel de ville, avec son toit en tourbe, un trait distinctif qui confère à cet édifice une beauté toute particulière. Ce toit, fait de terre et d’herbe, semble presque se fondre dans le paysage. Ce détail, aussi fonctionnel qu’esthétique, nous fascine, car il reflète l’harmonie que les habitants ont su établir entre leur environnement naturel et leur mode de vie.


À quelques pas, nous découvrons le Gøta Museum, où des bâtiments traditionnels nous offrent un aperçu de la vie quotidienne d’autrefois. Chaque pièce, chaque objet, semble porter une histoire. Nous ressentons une connexion profonde avec les anciens habitants de Norðragøta. En nous arrêtant un instant devant l’église au toit en tourbe, nous ressentons une grande sérénité. L’atmosphère y est paisible, et nous nous laissons imprégner par la beauté simple de ce lieu de culte.

Nous n’oublions pas le port de plaisance tout proche, où des bateaux de pêche, certains inspirés des anciens navires vikings, se reposent dans le calme.


Gøtugjógv, un lieu suspendu dans le temps
En quittant Norðragøta, nous prenons la direction de Gøtugjógv, un village bien plus petit, mais tout aussi emblématique des îles Féroé. Avec seulement 43 habitants, ce lieu nous semble presque suspendu dans le temps. Dès notre arrivée, nous sommes frappés par la beauté pure de l’église de Gøtugjógv, une construction moderne, inaugurée en 1995, mais qui s’intègre parfaitement dans le paysage naturel. À l’intérieur, nous sommes immédiatement éblouis par la lumière qui filtre à travers le retable en vitrail, créant une atmosphère spirituelle et sereine. Les jeux de lumière, les couleurs vibrantes, nous saisissent et nous transportent dans une autre dimension. Nous nous asseyons un moment sur un banc, absorbés par la beauté du lieu, le silence et la profondeur spirituelle qui s’en dégagent.
Le clocher de l’église, avec ses trois croix, évoque les croix du Golgotha, et cette symbolique forte nous émeut. Les deux cloches résonnent doucement dans l’air frais, portées par un vent léger.
L’orgue, un instrument majestueux offert à l’église, est un autre symbole de l’héritage culturel de Gøtugjógv. Chaque note qu’il émet semble résonner au plus profond de nous. Nous ressentons une sorte de vénération pour ce lieu où l’histoire, l’art et la foi se rejoignent de manière si harmonieuse. L’église est un véritable trésor d’architecture, d’art et de spiritualité, et nous nous y sentons privilégiés de pouvoir faire une pause, de nous ressourcer en silence, dans ce lieu baigné de lumière et de symbolisme.

Syðrugøta, un ancien carrefour stratégique
Un autre arrêt nous mène à Syðrugøta, un village plus dynamique, avec ses 510 habitants, mais tout aussi empreint de l’histoire des vikings. Nous longeons la rive sud du fjord Gøtuvík et sommes immédiatement captivés par la beauté sauvage de l’endroit. Une plage de sable, rare aux îles Féroé, s’étend devant nous, contrastant avec les falaises imposantes qui entourent le village.

Syðrugøta nous dévoile ses secrets peu à peu. En nous renseignant sur l’histoire du village, nous apprenons que ce lieu a longtemps été un carrefour stratégique entre les différentes colonies. Ce passé, qui nous semble presque mystérieux, nourrit notre curiosité et nous avons hâte de découvrir plus sur ce village et ses légendes. L’histoire d’une église déplacée, après un crime non élucidé, nous fascine. Nous imaginons ce lieu autrefois animé, l’ancienne église et son cimetière, et le mystère qui entoure son déplacement. Ces récits anciens, mélangés aux paysages grandioses, créent une atmosphère particulière, un mélange de curiosité et d’émerveillement.

Oyndarfjørður, entre mystère et histoire
La route sinueuse qui nous mène à Oyndarfjørður traverse des vallées suspendues d’une beauté saisissante. À chaque tournant, nous apercevons des étendues verdoyantes s’étendant jusqu’à l’océan, avec en toile de fond les silhouettes des îles de Kalsoy et Kunoy. Le village, minuscule et paisible, semble figé dans le temps, ses maisons aux toits d’herbe nichées entre la mer et les montagnes.



Nous nous arrêtons devant l’église d’Oyndarfjørður, sa structure en bois noir contrastant avec son toit végétalisé. À l’intérieur, le retable d’Eckersberg capte notre regard, ses couleurs et son trait délicat offrant une parenthèse artistique inattendue dans ce lieu reculé.


Non loin du village, un sentier nous mène aux Rinkusteinar, ces mystérieuses pierres qui oscillent sur les flots. Nous nous approchons, curieux, observant ces énormes blocs de roche en mouvement perpétuel. La légende des pirates transformés en pierre ajoute une aura mystique au lieu, renforcée par la vieille chaîne rouillée qui les retient au rivage. Nous tendons l’oreille, espérant percevoir un grincement ou un clapotis particulier, comme si ces pierres murmuraient encore leur ancienne malédiction.



Norðskáli, entre modernité et traditions
En traversant le pont Streymin, nous atteignons Norðskáli, un village où l’activité humaine est plus palpable qu’ailleurs sur l’île. Contrairement aux hameaux paisibles que nous avons traversés, ici, une certaine effervescence anime les rues. Nous passons devant des commerces, une usine de poissons et même une fonderie, témoins du dynamisme économique du village. Pourtant, au-delà de cette modernité, Norðskáli conserve une âme profondément attachée à ses traditions.
L’église du village, avec son toit sombre et ses encadrements verts, attire notre regard. Son architecture a évolué au fil des ans, mais elle reste un repère essentiel pour la communauté. Depuis la rive, nous admirons la vue sur le détroit de Sundini, dont les eaux miroitantes reflètent les montagnes environnantes. Le paysage change selon les saisons : en hiver, un voile de neige recouvre les sommets, donnant à l’endroit un air de conte nordique, tandis qu’en été, la végétation luxuriante semble redonner vie aux reliefs escarpés.

Varmakelda, la source aux vertus envoûtantes
À Fuglafjørður, nous suivons un petit sentier qui nous mène à Varmakelda, cette source thermale légendaire dont l’eau s’écoule à une température constante située entre 16 et 18 degrés, peu importe la saison. L’endroit, modeste en apparence, dégage pourtant une aura particulière. Nous nous penchons au-dessus de la faille rocheuse d’où jaillit l’eau, et y trempons timidement nos mains. La chaleur surprend, contrastant avec l’air vif qui balaie la côte.
Nous nous imaginons au cœur du festival du Varmakeldustevna qui s’y déroule chaque année, entourés de chants et de danses, les flammes des feux se reflétant sur les visages des habitants. Nous nous laissons bercer par le murmure de l’eau. Certains disent que la boire ravive la passion et l’amour. Nous échangeons un regard complice avant d’en goûter une gorgée, savourant l’instant, persuadés que l’île d’Eysturoy a déjà su nous envoûter.

Nes vindmøllepark : Là où le vent façonne l’énergie
Nous arrivons au Nes vindmøllepark, un site impressionnant où les grandes éoliennes se dressent face aux vents féroïens. Dès notre approche, le vrombissement des pales en rotation se mêle au souffle puissant du vent, créant une atmosphère presque hypnotique. Ici, l’énergie naturelle est maîtrisée et exploitée pour fournir de l’électricité à plusieurs localités des îles Féroé. L’endroit dégage une aura futuriste en contraste avec les collines verdoyantes qui s’étendent à perte de vue. Nous nous arrêtons un moment pour observer ces géants blancs tournoyer avec une régularité implacable, véritables sentinelles de l’innovation au cœur d’un paysage encore sauvage.


Nous avançons sur un sentier qui serpente entre les éoliennes, profitant d’une vue spectaculaire sur l’océan Atlantique. La force du vent est telle qu’il devient difficile de garder l’équilibre par moments, mais cette instabilité ajoute à l’expérience unique de ce lieu. Nous nous amusons à tester notre résistance en marchant contre les bourrasques, tout en admirant les contrastes entre technologie et nature brute. Une fois arrivés au sommet d’une colline voisine, nous apercevons l’ensemble du parc éolien avec une belle île qui dévoile ses crêtes face à nous, un tableau fascinant où l’homme et la nature semblent coexister en parfaite harmonie.

La lumière dorée se reflète sur les pales en mouvement, créant un jeu d’ombres et de lumières captivant. Nous prenons un instant pour mesurer l’importance de ce projet écologique pour les îles Féroé, qui cherchent à réduire leur dépendance aux énergies fossiles. Ce site, bien plus qu’un simple parc éolien, représente une avancée majeure vers un avenir plus durable. Nous terminons notre découverte par un arrêt aux abords d’un petit lac aux abords duquel se trouve des moutons et un banc entouré de cylindres qui le circonscrivent.



Nes : Entre traditions et panorama maritime
Nous redescendons vers Nes, un charmant village qui se déploie au bord de l’eau, où le calme règne en maître. Les petites maisons aux toits de tourbe se fondent parfaitement dans le décor, témoins d’une tradition architecturale préservée.


Nous nous promenons dans les ruelles étroites, où l’histoire se lit à chaque coin de rue. L’église du village, sobre et élégante, attire notre attention avec son clocher typiquement féroïen.

Nous longeons ensuite le littoral, où le port de Nes s’anime doucement avec l’arrivée de quelques bateaux de pêche. L’odeur du sel et du poisson frais emplit l’air, tandis que les mouettes tournent au-dessus des embarcations en quête d’un repas facile. Nous dépassons le musée du village qui nous attire irrémédiablement, mais nous lui choisissons le mémorial de la seconde guerre mondiale, qui héberge un canon de grande taille, semblant immuable.


Toftir : Entre nature et croyance
Notre voyage nous mène ensuite à Toftir, un village dynamique qui se distingue par son mélange de nature préservée et de modernité. Nous poursuivons notre exploration en nous dirigeant vers le bord de mer, où les vagues viennent doucement lécher les rives rocailleuses.

L’eau limpide reflète le ciel changeant, offrant un spectacle perpétuel où lumière et nuages jouent ensemble. Nous marchons le long du sentier côtier, profitant du chant des oiseaux marins et du silence apaisant qui règne. À quelques pas de là, nous découvrons une belle église, avec en face, un mémorial qui impose le recueillement.

Runavík, carrefour économique et charme maritime
En longeant la rive sud-est d’Eysturoy, nous découvrons Runavík, une ville dynamique dont le port constitue le cœur battant. Dans le port de la ville, les navires de pêche croisent les cargos et les ferries dans un ballet incessant, témoignant de l’importance stratégique du port pour l’archipel féroïen. Les infrastructures modernes de la ville, notamment ses quais récemment aménagés, offrent un cadre propice aux échanges commerciaux et maritimes, renforçant son rôle de centre économique majeur des Îles Féroé.
Le centre-ville de Runavík, animé et fonctionnel, s’étend le long du port. Les boutiques y côtoient des cafés chaleureux où les habitants aiment se retrouver après une journée de travail. Une statue imposante, représentant un pêcheur sur le rivage, se dresse non loin des quais, rappelant l’histoire maritime de la ville et rendant hommage aux générations de marins qui ont façonné son identité. À quelques pas de là, la bibliothèque municipale attire les passionnés de lecture, proposant un large choix d’ouvrages et servant de lieu de rencontres culturelles pour la communauté locale.

Pour les visiteurs en quête de nature, le sentier côtier qui longe la baie de Runavík offre une balade des plus agréables. Il dévoile des points de vue exceptionnels sur les îles environnantes et le vaste océan qui s’étend à perte de vue. Les promeneurs peuvent y observer des oiseaux marins évoluant dans le ciel tandis que le vent marin souffle doucement à travers les hautes herbes. Plus au nord, l’église de Runavík, avec son architecture sobre et élégante, se dresse sur une légère éminence, veillant sur les habitants et les voyageurs.



À quelques minutes de route, la vallée de Rituvík dévoile un paysage spectaculaire entre collines verdoyantes et falaises escarpées plongeant dans l’Atlantique. Ce site sauvage, refuge de nombreuses espèces d’oiseaux marins, constitue un paradis pour les amateurs de randonnée et d’ornithologie, qui peuvent y observer des sternes arctiques et des fulmars dans leur habitat naturel.

Slættaratindur, sommet majestueux des Féroé
Dominant fièrement l’île d’Eysturoy, Slættaratindur s’élève à 880 mètres, faisant de lui le point culminant de l’archipel féroïen. Son nom, signifiant le sommet plat, illustre parfaitement la vaste étendue qui s’ouvre à son sommet, offrant un espace unique où les visiteurs peuvent s’arrêter, pique-niquer ou même exécuter quelques pas de danse traditionnelle féroïenne.
L’ascension de cette montagne est un défi physique, mais chaque pas est récompensé par des paysages à couper le souffle. Le sentier le plus accessible démarre depuis Eiðisskarð, un col situé entre les villages de Funningur et Eiði. En partant de ce point, les marcheurs entreprennent une montée d’environ 500 mètres, souvent raide mais toujours gratifiante. Tout au long du parcours, la nature se dévoile dans une splendeur sauvage : les pentes sont tapissées d’herbes rases et ponctuées de fleurs alpines aux couleurs vives contrastant avec le ciel souvent changeant des Féroé.
Arrivés au sommet, les randonneurs sont récompensés par une vue panoramique spectaculaire. Par temps clair, il est même possible d’apercevoir les falaises de Risin et Kellingin, ces formations rocheuses légendaires sculptées par l’érosion marine et imprégnées de contes féroïens.

Le lac Toftir, écrin de sérénité
À quelques kilomètres de Runavík, le lac Toftir, également appelé Toftavatn, offre un havre de paix au cœur d’un paysage féroïen préservé. Avec une superficie de 0,5 km², il est le quatrième plus grand lac de l’archipel et se distingue par son environnement d’une quiétude envoûtante. Niché entre les villages d’Æðuvík et de Rituvík, il attire aussi bien les habitants que les voyageurs en quête de ressourcement et d’évasion.

Le lac est bordé de collines vallonnées recouvertes de vastes étendues de bruyère, formant un décor unique aux Îles Féroé. Cette végétation dense, changeant de teinte selon les saisons, confère au site une atmosphère à la fois sauvage et poétique. Le reflet du ciel sur les eaux calmes du lac amplifie encore notre impression d’immensité et de sérénité.

Une promenade circulaire nous permet d’apprécier pleinement la beauté du site. Le sentier suit les contours du lac, offrant des points de vue variés sur les eaux miroitantes et les collines environnantes. Les randonneurs peuvent y observer des espèces locales comme le pluvier doré ou le chevalier gambette, nichant dans les hautes herbes bordant le rivage. À l’automne, la lumière rasante magnifie le paysage, dessinant des ombres longues et dorées sur la surface du lac.

Lamba, la carte postale
Nous parvenons à Lamba, un petit village niché au sud d’Eysturoy, sur une pointe avançant vers le fjörd Lambavík. Dans le village, le temps semble suspendu, et avec seulement 144 habitants, l’endroit conserve un charme intact, digne des plus belles cartes postales des îles Féroé. Contrairement à la plupart des villages voisins, Lamba ne possède pas d’église, ce qui renforce son caractère authentique et préservé.

Le port du village, modeste mais essentiel, il rappelle combien la pêche reste une activité vitale pour les habitants. Flâner dans les ruelles bordées de maisons en bois aux couleurs vives est une expérience en soi : le silence n’est troublé que par le cri des oiseaux marins et le clapotis des vagues contre les rochers.
La localité comporte un sentier panoramique reliant Lamba à Rituvík. Marqué par des cairns traditionnels, ce chemin offre des vues spectaculaires sur la nature féroïenne. La randonnée, qui dure environ deux heures, est une véritable immersion dans ces paysages bruts et changeants, entre collines herbeuses et falaises plongeant dans la mer.

Skála, un village niché au coeur des montagnes
Notre voyage se poursuit à Skála, un village dynamique niché sur la côte sud-ouest d’Eysturoy. Avec ses 775 habitants, il est bien plus animé que Lamba et s’impose comme un centre d’éducation et d’activités économiques. Nous passons devant Skála skúli, l’école locale fondée en 1965, où les enfants étudient avant de poursuivre leur scolarité à Runavík. Plus loin, nous découvrons le musée, le jardin d’enfants Barnahúsið Sillan et la maison de retraite Eldrasambýlið á Skála, spécialisée dans l’accompagnement des personnes atteintes de démence.

Le village est entouré de montagnes imposantes, dont Halgafelstindur et Reyðafelstindur, qui s’élèvent respectivement à 758 et 766 mètres. Nous faisons une halte au port et au chantier naval de Skála, un site industriel clé qui témoigne de l’importance historique du village dans le domaine maritime. Aujourd’hui géré par MEST, ce chantier a su s’adapter aux évolutions du secteur naval.


Nous visitons ensuite la magnifique église de Skála, inaugurée en 1940. Son toit rouge en éternit et son clocher octogonal lui confèrent une silhouette singulière. À l’intérieur, nous sommes frappés par l’atmosphère chaleureuse de la nef, où se trouve un superbe retable représentant « Jésus et Thomas l’incrédule », copie d’une œuvre de Marstrand réalisée en 1959 par Jacob Olsen.



Avant de quitter Skála, nous faisons une pause dans un petit parc en périphérie du village, où une chute d’eau s’écoule au milieu de pierres anciennes, vestiges d’un passé oublié. Non loin, nous découvrons avec surprise un vaste stade de football, témoignage de l’importance du sport dans cette communauté insulaire. Entre traditions maritimes et infrastructures modernes, Skála nous apparaît comme un mélange équilibré de passé et d’avenir.


Elduvík, le village isolé
Nous poursuivons notre périple jusqu’à Elduvík, un village isolé au nord-est d’Eysturoy, où seuls douze habitants vivent à l’année. Immédiatement, nous ressentons une atmosphère de bien-être, un peu comme si le temps semble s’être arrêté. Coupé en deux par un ruisseau sinueux, le village s’étend sur les rives du fjörd Funningsfjørður, où des maisons en bois noir goudronné contrastent avec la verdure environnante.


Nous explorons les deux hameaux qui composent Elduvík, chacun doté de son propre débarcadère et de hangars à bateaux. Dans le hameau d’Yvri á Støð, nous découvrons d’anciens bâtiments servant encore aujourd’hui au stockage de la tourbe, du foin et des moutons. Plus loin, des cabanes traditionnelles abritent des bateaux féroïens et des installations destinées au séchage du poisson et de la viande, un savoir-faire ancestral toujours pratiqué ici.

Nous entrons dans la petite église d’Elduvík, construite en 1951. Son orientation nord-sud est inhabituelle et intrigue. L’intérieur est sobre mais chaleureux, baigné par la lumière qui traverse ses grandes fenêtres. À quelques pas de là, le cimetière du village, utilisé depuis 1926, nous rappelle combien la vie était autrefois rude dans ces contrées reculées. Autrefois, les habitants devaient transporter leurs défunts jusqu’à Oyndarfjørður pour les inhumer. Aujourd’hui encore, il est possible de suivre l’ancien chemin reliant Elduvík à Oyndarfjørður, une randonnée aussi belle qu’émouvante.

Avant de partir, nous admirons la sculpture « Marmennilin », une œuvre contemporaine installée en 2020 par l’artiste Hans Pauli Olsen. Cette représentation d’un homme-poisson légendaire ancre le village dans un univers de mythes et de légendes féroïennes. Enfin, nous nous aventurons jusqu’à la gorge d’Elduvík, un site naturel spectaculaire où l’eau a sculpté des falaises escarpées.

Gorge d’Elduvík, les merveilles de la nature
Nichée à l’est du village d’Elduvík, la gorge d’Elduvík nous apparaît comme un spectacle sauvage et impressionnant.

Dès notre arrivée, après quelques minutes de marche, le fracas des vagues contre les parois rocheuses résonne dans l’air salin, offrant un avant-goût de l’intensité du site. L’eau que nous apercevons de hauteur, d’une limpidité absolue, dévoile une violence fascinante. L’endroit est une véritable invitation à l’exploration, tant pour les plongeurs que pour ceux qui souhaitent simplement observer cette merveille depuis les hauteurs.

Nous rejoignons la hauteur de la mer en descendant des escaliers taillés dans la roche et rejoignons l’intérieur de la gorge. Nous avançons prudemment le long de la falaise. L’endroit est sculpté par le vent et l’eau, chaque paroi rocheuse semblant avoir été taillée par des siècles d’érosion implacable. Le panorama qui se dévoile est à couper le souffle : les vagues s’engouffrent avec force dans cette crevasse naturelle, projetant des gerbes d’écume éclatantes. En regardant autour de nous, nous remarquons les multiples anfractuosités dans la roche, formant un véritable labyrinthe minéral où l’eau vient s’engouffrer avant de ressortir en un tourbillon bruyant.


Nous décidons de nous aventurer un peu plus loin, grimpant sur les rochers qui bordent la gorge. L’accès à son cœur est un défi, nécessitant de se frayer un chemin entre les aspérités du terrain. Derrière un mur rocheux qui masque partiellement l’entrée, nous découvrons une crique abritée où l’eau est étrangement calme en comparaison avec la violence des vagues extérieures. C’est ici que certains plongeurs choisissent de s’immerger, profitant de la visibilité exceptionnelle pour explorer les reliefs sous-marins. L’expérience est saisissante : des canaux sinueux serpentent sous l’eau, laissant entrevoir des formations minérales uniques où la lumière du soleil joue avec les reflets aquatiques.

Au fil de notre exploration, nous constatons que la gorge d’Elduvík est également un lieu prisé des surfeurs aguerris. Les vagues qui s’engouffrent dans cette faille naturelle créent des conditions extrêmes, attirant ceux qui cherchent des sensations fortes. Loin de la douceur des plages, en plein coeur des falaises, l’océan se déchaîne, rendant chaque tentative de surf périlleuse mais exaltante.

Funningur, au coeur d’un fjord sublime
Nous poursuivons notre périple en direction du nord-ouest, où nous atteignons bientôt Funningur, un village niché au bord du fjord de Funningsfjørður. Dès notre arrivée, nous sommes frappés par la majesté des montagnes qui encadrent ce hameau paisible, notamment Slættaratindur, qui domine l’horizon du haut de ses 882 mètres. L’atmosphère est empreinte de sérénité, avec les petites maisons en bois colorées contrastant avec la rudesse du paysage environnant.



Notre premier arrêt nous conduit vers l’église en bois de Funningur, construite en 1847. Son architecture traditionnelle, typiquement féroïenne, nous charme immédiatement, et nous nous attardons devant son cimetière, dont certaines pierres tombales datent de 1926. Le lieu respire l’histoire et le recueillement, un véritable témoignage de la vie spirituelle de ce petit village isolé.



Depuis le port, la vue sur le fjords de Funningsfjørður est sublime, avec en arrière-plan l’île de Kalsoy, semblant flotter sur les eaux calmes. Nous nous approchons des entrepôts en bois qui bordent le quai, témoins d’une activité portuaire séculaire.

Le village permet également d’entreprendre l’ascension du Slættaratindur, le plus haut sommet des îles Féroé. L’ascension débute sur un sentier bien tracé, partant du col entre Eiði et Funningur. La montée est exigeante mais chaque pas rapproche d’un spectacle grandiose. Une fois au sommet, le panorama est tout simplement époustouflant : un océan de montagnes et de fjords se déploie sous les yeux des randonneurs, offrant une vue à 360° sur tout l’archipel.
À proximité, nous découvrons le monument Grímur Kamban, érigé en hommage au premier colon viking des îles Féroé. Les trois pierres plates qui le composent, surplombées par une statue en bronze, évoquent la traversée audacieuse de ce pionnier nordique, un symbole fort du passé maritime de la région.



Gjógv, le plus beau village de l’île
Nous reprenons la route en direction de Gjógv, situé à l’extrême nord-est de l’île d’Eysturoy. Ce village, considéré comme l’un des plus beaux des îles Féroé, nous accueille avec ses maisons colorées et son atmosphère paisible.



Nous faisons un détour par l’église de Gjógv, un édifice sobre mais chargé d’histoire. À proximité, un mémorial saisissant attire notre attention : une statue représentant une mère et deux enfants, dédiée aux marins disparus en mer. Face à cette sculpture, l’émotion nous gagne, rappelant à quel point la mer, si belle soit-elle, peut être impitoyable.


Nous nous aventurons ensuite dans la vallée d’Ambadalur, qui mène au majestueux Búgvin, le plus grand pilier rocheux des îles Féroé, culminant à 188 mètres. Depuis ce promontoire naturel, nous pouvons observer de nombreux oiseaux marins s’élançant dans le vide avant de plonger dans l’océan.


Pour clôturer notre visite, nous décidons d’emprunter le sentier menant à Djúpini, une randonnée payante offrant un point de vue incroyable sur Gjógv. Les escaliers en bois nous guident à travers un paysage accidenté, chaque marche nous rapprochant d’un spectacle saisissant où terre et mer se confondent dans une harmonie parfaite.


Gjógv Harbour, le trésor sculpté par l’océan
Dans le village de Gjógv, nous nous promenons le long du sentier qui surplombe l’océan, où l’eau s’engouffre entre les falaises, formant un décor spectaculaire. La gorge, qui se jette directement dans l’Atlantique Nord, est un spectacle saisissant où les vagues se fracassent avec force entre les parois rocheuses. Par temps calme, il est possible de s’aventurer au fond de la gorge en empruntant un escalier qui mène jusqu’au niveau de l’eau.

En hiver, entre novembre et mars, la mer tumultueuse remplit la gorge d’une écume blanche, créant un paysage en perpétuelle mutation. En été, les visiteurs peuvent admirer la sérénité du site et profiter du contraste saisissant entre les eaux cristallines et le vert intense des collines avoisinantes.



Depuis les hauteurs, la vue sur le village et la côte environnante est tout aussi spectaculaire, surtout assis sur le banc de la princesse Mary, une membre émérite de la royauté danoise. Ce lieu, empreint de quiétude, illustre parfaitement la beauté brute et préservée des îles Féroé, attirant les randonneurs et les amoureux de la nature en quête de paysages à couper le souffle.

Nous décidons tout de même de descendre à l’intérieur de la gorge par les escaliers prévus, au travers de leur forme, certainement pour y descendre des bateaux. Face à l’océan, nous nous abandonnons aux éléments et l’enivrement qui en résulte nous procure un pur sentiment de bien-être.

Funningsfjørður
Nous arrivons à Funningsfjørður, un petit village blotti au fond du fjord, où les eaux sombres se mêlent aux montagnes abruptes. Le village semble presque suspendu dans le temps, ses 58 habitants savourant la tranquillité d’un endroit à l’écart du monde. Les montagnes qui bordent le fjord nous impressionnent, imposantes et majestueuses, formant un cadre naturel spectaculaire. L’air frais et les bruits de la mer créent une atmosphère presque mystique. Le village a été fondé en 1812 et a connu un essor temporaire au début du XXe siècle grâce à une station baleinière qui n’existe plus aujourd’hui, mais son port, bien que modeste, reste un témoin silencieux de cette époque.
En longeant le rivage, nous découvrons que la région conserve un caractère sauvage et presque intact. La partie nord de Funningsfjørður est particulièrement préservée, un espace vierge où nous pouvons sentir l’isolement et l’éloignement du reste du monde. Ce sentiment d’intimité avec la nature est renforcé par l’arrivée du câble sous-marin FARICE-1, qui relie l’Islande à l’Écosse et symbolise un pont invisible entre la modernité et les traditions séculaires de cette terre. Il est fascinant de penser qu’ici, entre ces montagnes et cette mer, la technologie se fraie discrètement un chemin sans perturber l’environnement intact.
Les eaux du fjord, assombries par les profondeurs, reflètent le ciel changeant, et nous nous arrêtons plusieurs fois pour admirer les paysages à couper le souffle. Malgré le port restreint de Funningsfjørður, la pêche et les activités maritimes continuent de jouer un rôle dans l’économie locale.

Route Funningsfjørður vers Elduvik
Nous prenons la route menant de Funningsfjørður vers Elduvik, une des plus belles routes des îles Féroé. Le chemin serpente au gré du fjord, les montagnes imposantes se dressant de chaque côté comme des géants endormis. Chaque virage nous dévoile un panorama encore plus grandiose, avec des vues imprenables sur les sommets escarpés et les eaux sombres qui bordent la route. Au détour d’un virage, nous atteignons le Elduvík Scenic Viewpoint, où nous nous arrêtons pour admirer la vallée et les montagnes environnantes. La beauté de l’endroit est presque irréelle, et nous prenons un moment pour nous imprégner de cette nature brute, où chaque élément semble en parfaite harmonie.



En longeant le fjord, nous apercevons des fermes de saumons flottant sur l’eau, un témoignage de l’importance de l’aquaculture dans cette région. Les fermes circulaires, avec leurs structures métalliques flottantes, contrastent avec la majesté des montagnes et l’immensité de l’océan. C’est ici que la nature, l’industrie et la modernité coexistent.



Les paysages grandioses sont dominés par des sommets majestueux comme le Gráfelli, qui culmine à 856 mètres, et le Slættaratindur, le plus haut sommet des îles Féroé. Ces géants de pierre veillent sur nous tout au long du trajet, comme des gardiens silencieux de cette terre ancienne.


Le chemin est un véritable voyage dans un autre monde, où la majesté des paysages n’a d’égal que la solitude qu’ils confèrent. Nous sommes fascinés par les monts, comme le Vaðhorn et le Blámansfjall, qui ajoutent à la diversité du panorama. La route semble nous mener au cœur de la nature, un lieu où la grandeur des montagnes rencontre la beauté tranquille du fjord. Chaque détour nous offre une nouvelle perspective, et à chaque nouveau point de vue, nous sommes émerveillés par la pureté des lieux.

Hvíthamar, un panorama époustouflant sur Funningsfjørður
Niché au cœur des paysages époustouflants des îles Féroé, Hvíthamar est un point de vue spectaculaire dominant le fjord de Funningsfjørður. Il offre une randonnée courte mais gratifiante qui mène à un panorama inoubliable : la Gongutúrur Hvithamar trailhead. Le sentier commence au niveau du col de Gjáarskarð, où un petit parking non pavé signale le point de départ. De là, une montée légère d’une dizaine de minutes suffit pour atteindre l’un des plus beaux belvédères de l’archipel. L’ascension est marquée par des poteaux en bois verts guidant les randonneurs sur une pente herbeuse sans difficulté majeure.
La récompense est immédiate : du sommet, la vue s’ouvre sur le fjord de Funningsfjørður, entouré de montagnes majestueuses. Par temps dégagé, il est même possible d’apercevoir le sommet de Slættaratindur, la plus haute montagne des îles Féroé, culminant à 880 mètres. Au loin, l’île de Kalsoy se dessine dans l’horizon brumeux, offrant une perspective saisissante sur la diversité du relief féroïen. Entre les villages de Funningur et Gjógv, Hvíthamar est une étape idéale pour les amateurs de nature et de photographie. Son accessibilité en fait une attraction parfaite pour les familles et les visiteurs recherchant une expérience immersive au cœur des éléments.

Eiði, la ville tranquille
Après avoir parcouru une belle route de montagne, normalement interdite à la circulation, nous arrivons à Eiði, un village tranquille situé dans le nord-ouest de l’île d’Eysturoy. Entouré par la mer, Eiði est un havre de paix où la modernité se mêle aux traditions anciennes. Le village, avec ses 702 habitants, nous accueille chaleureusement, et nous sommes captivés par son port de pêche moderne. Plusieurs bateaux sont amarrés, témoignant de l’activité maritime qui anime encore cette petite communauté. Mais Eiði, ce n’est pas seulement la mer. Ce village vit également grâce à une économie diversifiée, avec des industries locales, une usine d’enveloppes et même une société de camionnage. Le village est une localité dynamique, où la nature reste omniprésente, façonnant chaque instant de notre séjour.



Nous découvrons rapidement que l’histoire et la culture d’Eiði sont riches et variées. L’église d’Eiði, datant de 1881, est un modèle de simplicité et d’élégance, avec sa tour basse et son toit en ardoise. En nous promenant, nous tombons sur la maison Látralonin, construite en pierre en 1842, aujourd’hui transformée en musée. Ce lieu conserve les traces du passé, nous permettant de mieux comprendre les racines profondes de ce village.


Sur les falaises voisines, nous admirons Eiðiskollur, un sommet de 343 mètres qui offre un point de vue imprenable sur l’océan Atlantique et les formations rocheuses emblématiques de Risin et Kellingin. Ces deux piliers de basalte, dressés contre les vagues, sont les gardiens de ce paysage à couper le souffle.

Nous visitons également le musée du patrimoine de Látrið, dans une ferme rénovée, qui nous permet de découvrir des curiosités et des objets du passé, nous plongeant encore plus dans l’histoire fascinante des îles Féroé. Le petit parc au centre du village, avec sa statue représentant une femme tenant un jeune garçon, ajoute une touche de calme et de beauté à cet endroit déjà exceptionnel.


Risin og Kellingin, les gardiens de pierre des Féroé
Un peu plus au nord de gjógv, à proximité de la ville d’Eiði, se dressent les emblématiques formations rocheuses de Risin og Kellingin. Ces deux stacks marins, sculptés par l’érosion, sont ancrés dans la mythologie féroïenne et racontent une légende fascinante. Le Géant (Risin), mesurant 71 mètres de haut, est le plus éloigné de la côte, tandis que la Sorcière (Kellingin), haute de 68 mètres, se tient plus près de la terre. Selon la légende, ces deux êtres auraient été envoyés d’Islande pour voler les îles Féroé. Après une nuit de lutte acharnée pour déplacer les terres, ils furent surpris par les premiers rayons du soleil et pétrifiés à jamais.
Aujourd’hui, ces imposants piliers de pierre sont l’un des sites les plus photographiés des Féroé. Il est possible de les observer en marchant vers le nord depuis Eiði, ou encore depuis le village de Tjørnuvík sur l‘île voisine de Streymoy, où ils se dressent majestueusement face à l’océan. Offrant un spectacle naturel à la fois sauvage et empreint de mystère, les monuments rappellent la puissance des éléments et le riche patrimoine légendaire de l’archipel. Entre montagnes escarpées, fjords profonds et formations rocheuses spectaculaires, les îles Féroé dévoilent au travers de ce site unique certains de leurs plus beaux trésors naturels. Le Risin og Kellingin viewpoint se trouve en ce qui le concerne sur la route de montagne reliant Funningur à Eiði.

Eðiskollur, au sommet des falaises vertigineuses
Nous prenons la route en direction du nord d’Eysturoy pour atteindre l’impressionnante falaise d’Eðiskollur, qui culmine à 352 mètres au-dessus de l’océan Atlantique. Nous suivons la route de Kolsvegur jusqu’à un petit parking. Là, le sentier s’élève progressivement au milieu des pâturages, offrant dès les premiers pas un spectacle saisissant. Autour de nous, seuls le vent et les moutons viennent troubler le silence absolu de cette nature intacte.
L’ascension, bien que raide, se révèle exaltante. Chaque pas nous rapproche de l’infini maritime qui s’étend sous nos yeux. En suivant les cairns de pierre qui jalonnent le sentier, nous gravissons la dernière pente avant d’atteindre le sommet. De là-haut, le panorama est tout simplement grandiose. L’horizon semble sans limite, et au loin, nous apercevons les silhouettes imposantes de Risin et Kellingin, ces rochers mythiques émergeant des eaux tumultueuses. Nous restons un long moment, hypnotisés par ce paysage sculpté par le vent et les vagues.

La descente se fait avec prudence, tant le sol peut être glissant par endroits. Nous regagnons Eiði, encore grisés par cette expérience hors du commun avant de rejoindre notre appartement.

Conclusion
Chaque étape de ce périple nous a plongés au cœur d’une nature brute et préservée. Les reliefs escarpés, les fjords profonds et les étendues verdoyantes ponctuées de maisons aux toits d’herbe ont dessiné un décor d’une beauté rare, où le silence n’est rompu que par le vent et le cri des oiseaux marins.
Mais au-delà des paysages, ce voyage fut aussi une immersion dans la mythologie et l’histoire féroïenne. Chaque sentier emprunté, chaque sommet atteint, chaque village traversé nous a rappelé la profonde harmonie entre l’homme et la nature, un équilibre fragile et précieux que les habitants de ces terres isolées préservent avec soin.
En quittant ces îles battues par les vents, nous emportons avec nous bien plus que des images spectaculaires. Nous repartons avec le sentiment d’avoir touché du doigt un monde à part, un refuge hors du temps où la beauté réside dans la simplicité et la force des éléments. Les îles Féroé, mystérieuses et envoûtantes, restent une invitation au voyage, une promesse de retour pour les chanceux qui, un jour, voudront se perdre dans leur immensité sauvage.
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