Åland (prononcé /’oːland/) est une province historique de Finlande et la seule entité territoriale de ce pays à jouir d’un statut d’autonomie gouvernementale. Elle est constituée de l’archipel du même nom comprenant environ 6 500 îles situées entre la Finlande et la Suède, à l’extrémité sud du golfe de Botnie. D’une superficie totale de 1 527 km2, l’archipel compte quatre-vingts îles habitées et une population de 28 355 habitants en 2011. L’archipel est relié à la Finlande par une chaîne d’îlots alors que le golfe de Botnie le sépare plus nettement de la Suède.

Le territoire d’Åland comprend plus de 6 500 îles et forme un archipel à l’extrémité méridionale du golfe de Botnie, en mer Baltique. Åland est éloigné d’environ 29 km des côtes suédoises (depuis l’île de Signilskär) et 20 km des côtes finlandaises (depuis l’île de Norröna). L’île principale, Fasta Åland, compte environ 90 % des habitants et se trouve à l’ouest, à 49 kilomètres de la côte suédoise et 73 kilomètres des côtes finlandaises.

Les îles ont une superficie totale de 1 554 km2 et une population de 28 355 habitants. La densité est de 17,1 habitants par km2. Åland est un groupe d’îles relativement plat. Le point culminant est l’Orrdalsklint, au nord de Fasta Åland, qui culmine à 129 m. L’île Märket a la particularité d’être la seule île de l’archipel à être territorialement partagée entre la Finlande et la Suède.

Des pêcheurs et des chasseurs de phoques s’installent sur les îles durant l’âge de pierre, il y a environ 5 000 ans. Les premiers objets en bronze, d’abord des bijoux, puis également des armes, atteignent Åland durant le I er siècle av. J.-C. et marquent ainsi de manière tardive pour cette partie de l’Europe le début de l’âge du bronze. Cette période dure jusqu’au IV èm siècle.

Par la suite, les îles restent apparemment inhabitées pendant environ 200 ans, aucune trace de vie humaine datant de cette période n’ayant pu être retrouvée. Les raisons de cette dépopulation ne sont pas éclaircies.

Une nouvelle vague de colons sacandinaves atteint les îles au VII èm siècle et jette les bases de la population actuelle d’Åland.

Lors de la fondation du Royaume de Suède entre 1000 et 1300, Åland est sous la domination de l’évêché de Linköping. En tant que partie de ce diocèse, Åland fait partie du royaume suédois bien avant que l’influence de ce royaume ne s’étende sur le reste du territoire finlandais actuel. C’est à cette époque également que les îles sont christianisées.

L’histoire d’Åland se confond ensuite avec celle de la Suède. En raison de sa situation, Åland acquiert une grande importance stratégique. Cela conduit à l’édification du château de Kastelholm par Bo Jonsson Grip. Le château est mentionné pour la première fois en 1388.

Durant les troubles de l’Union de Kalmar, le château change plusieurs fois de maître. Il est repris par Karl Knutsson en 1440, qui deviendra le roi Charles VIII. Svante Nilsson s’empare de Kastelhom en 1480 pour le roi de Danemark. Après avoir changé de camp, Svante Nilsson remet le château à Sten Sture le Vieil, qui le remettra lui-même à Gustave Vasa. Après de violentes attaques danoises, la propriété du château est donnée au Danemark à la suite d’un duel en 1502 entre le général danois Lyder Frisman et le représentant suédois Henning von Brockenhus. Le Danemark doit toutefois rendre le château à la Suède deux ans plus tard.

Dans les siècles qui suivent, Åland retourne au second plan, la possession du château ayant perdu en importance. Les habitants des îles sentent toutefois les effets des nombreuses entreprises guerrières du Royaume suédois en expansion. Ils doivent payer des impôts élevés et loger des soldats principalement pour la flotte suédoise.

Après la Grande Guerre du Nord, en 1714, la plus grande partie de la Finlande actuelle, dont Åland, est occupée par la Russie sous le commandement de Fiodor Apraxine. Pendant cette domination violente de la marine russe, qui dure jusqu’en 1721, et est marquée par la bataille de Grengam, une grande partie de la population des îles fuit vers la Suède. Une nouvelle occupation a eu lieu entre 1741 et 1743. De nombreux habitants fuient à nouveau, mais cette occupation est marquée par nettement moins d’actes de violence que la précédente.

Les Îles Åland sont cédées à la Russie avec le reste de la Finlande lors du traité de Fredrikshamn de 1809. Elles sont alors rattachées au Grand-duché de Finlande. La Russie édifie sur les îles la forteresse de Bomarsund.

Pendant la Guerre de Crimée, les troupes françaises débarquent à Åland le 8 août 1854. Elles assiègent et bombardent la forteresse durant huit jours avant de pouvoir l’occuper. Avant leur départ, les Français détruisent complètement la forteresse. Après la guerre, l’Angleterre et la France exigent que les îles soient démilitarisées. Lors du traité de Paris de 1856, les Russes s’engagent à ne pas fortifier l’île.

Pendant la Première guerre mondiale, la Russie amène à nouveau des troupes sur les îles Åland et recommence à les fortifier, mais cette fois-ci avec l’accord de la France et de l’Angleterre qui sont ses alliés. Des cercles nationalistes suédois (les « Activistes ») en prennent prétexte pour demander, sans succès, l’entrée en guerre de la Suède aux côtés de l’Allemagne et l’annexion d’Åland au Royaume.

Après la révolution russe de 1917, la Finlande retrouve sa souveraineté et proclame son indépendance. L’année suivante, Åland se trouva confronté à la guerre civile qui sévissait en Finlande. Les habitants de l’archipel en profitèrent pour demander leur rattachement à leur ancienne mère-patrie, le royaume de Suède. D’ailleurs, pendant la guerre d’indépendance, la Suède avait occupé militairement Åland qui, selon le traité de Paris, était pourtant démilitarisé, en revendiquant ces îles sur la base de considérations politiques et ethniques mais surtout sur le fait que les Ålandais avaient réclamé leur réunion à la Suède. La Finlande n’accepta ni cette requête ni cette occupation et fit appel, sur initiative du Royaume-Uni, à la Société des Nations : le Conseil de la SDN décida le 25 juin 1921 de l’appartenance définitive à la Finlande, qui entre-temps avait accordé à l’archipel, en 1920, une large autonomie politique dans les affaires intérieures et la dispense du service militaire.

L’État finlandais devait s’engager à respecter et à garantir aux Ålandais l’usage de leur langue suédoise, de leur culture et de leurs coutumes locales.

Les premières élections ont eu lieu à Åland en 1922. Le parlement ålandais est entré en fonction le 9 juin 1922. Le 9 juin est depuis la fête nationale des îles.

Cette autonomie fut confirmée au fil des années par de nouvelles lois, notamment l’octroi d’un droit de veto à l’application dans l’archipel des lois promulguées par le pouvoir central. Dans presque tous les domaines, sauf la politique extérieure, les douanes (ce qui inclut l’appartenance au marché unique européen), la monnaie (donc l’euro depuis 1999) et la justice, le conseil d’Åland dispose d’un pouvoir législatif autonome (qui lui permet de continuer à fixer librement la politique économique et la fiscalité locale, dans les limites permises par l’Union européenne).

Aujourd’hui, la province d’Åland reste un territoire démilitarisé (hors de l’OTAN et de l’UEO), membre de l’Union européenne depuis 1995 et, à l’instar de Porto Rico, bénéficie d’un statut très privilégié, celui d’un « État libre associé » à la Finlande.

On pourra cependant comparer ce statut d’autonomie à celui des possessions européennes de la Couronne britannique (Jersey, Guernesey, île de Man…) qui ne font pas partie du Royaume-Uni mais tout en étant des États très largement autonomes bien que non totalement indépendants, car sous l’autorité directe de la Couronne.