J’ai visité le zoo d’Amnéville en Moselle

Situé dans le département de la Moselle et fort de ses 500 000 visiteurs, le zoo d’Amnéville est un site touristique majeur du département qui comprend près de 2000 animaux des six continents ; une visite dans le parc suscitera de l’émerveillement chez les petits et les grands. En voici le récit de la découverte d’un des zoos les plus surprenants d’Europe.

Une création partagée entre le rêve et la résilience

Pour qu’une histoire fonctionne, deux ingrédients sont nécessaires : l’espoir et le courage. L’espoir de se dire que tout est possible et le courage de se lancer dans une aventure que l’on sait irrémédiablement qu’elle sera d’une vie.

Ces deux ingrédients qui ont accompagné le rêve d’enfant du fondateur : Michel Louis, ont permis de faire de ce parc zoologique, un sanctuaire de préservation des espèces animales et un vecteur de transmission d’émotions. Pour se faire une idée, il suffit de se balader dans le parc et de croiser les regards emplis d’étoiles, des visiteurs considérés par le personnel, comme les membres d’une grande famille.

Et c’est bien là la plus grande réussite de Michel Louis et de ses quelques 160 collaborateurs : faire d’un des plus beaux d’Europe, un parc zoologique à la gestion humaniste et artisanale où chaque visiteur contribue à pérenniser ce royaume du bien-être et de la sérénité. Le tout, dans une ambiance conviviale et une bonne humeur qui se lit sur tous les visages.

Ainsi, à quatre ans, lorsque enfant, Louis Michel visite la ménagerie d’un grand cirque Français, il tombe éperdument amoureux du monde animal et commence à imaginer sa vie future. Mais c’est en 1978, après sa rencontre avec le docteur Jean KIFFER et Jean-Marc VICHARD, à un moment où son projet ne rencontrait qu’hostilité et rejet, qu’il imagine ce que serait pour lui le parc idéal : un endroit où animaux et humains cohabiteraient dans une sorte d’osmose avec une promesse : faire de chaque visiteur, la pierre angulaire de la réussite de son projet.

Et la détermination de Michel et de Jean-Marc vint à bout de toutes les difficultés. Le 28 juin 1986, le Parc Zoologique d’Amnéville ouvrit ses portes pour ne jamais plus les refermer.

Dès lors, une politique offensive en matière de communication et d’investissements a permis en moins de trente ans de faire de ce zoo, un véritable complexe animalier où le bonheur des animaux est l’étendard qualitatif souhaité par la direction. Et les chiffres sont éloquents :

18 hectares, 2000 animaux originaires des cinq continents et appartenant à 360 espèces différentes, 100 à 160 salariés suivant la saison et près de 500.000 visiteurs chaque année. Pour un zoo, excusez-moi du peu qui ne bénéficie d’aucun fond public.

Chaque jour, ainsi ce ne sont pas moins de 600 kg de viande (boeuf et poulet), 300 kg de poissons, 600 proies décongelées (rats, souris, poussins, cailles, lapins), 1 tonne de foin et fourrages variés, 200 kg de céréales, 500 kg de graines et granulés spécifiques, 700 kg de fruits et légumes, biscottes et pain d’épices, 100 pièces de salade, du lait, des oeufs, des vers de farine, de la confiture, du miel, qui sont distribués. Pour un coût de fonctionnement en frais fixe de 29 000 euros quotidiennement.

Quelques informations 

Le zoo se trouve à Amnéville, une petite ville de Moselle située entre Metz et Thionville ; son adresse est le 1 rue du Tigre. Pour plus d’informations, un site Internet est disponible : http://www.zoo-amneville.com Le zoo est ouvert toute l’année.

Tarifs :

• Moins de 3 ans : gratuit.
• De 3 à 11 ans : 30€
• 12 ans et plus : 36€

Plusieurs activités sont proposées :

• Immersions sauvages A partir de 39€
  45 minutes de visite avec immersion dans les enclos et nourrissage des espèces (Otaries, loups, pandas roux, manchots)

• Stages soigneurs 90€/enfant
  Découverte des coulisses, nettoyage des enclos, nourrissage des espèces et manipulation d’un reptile.

• Anniversaires 120€/groupe de 10 enfants, gâteau et boissons inclus
  2 heures d’activités au zoo.

• Visites Carnivores 90€/personne
  2 heures de visite avec nourrissage des pandas roux et immersion dans l’enclos des loups.

Un zoo gigantesque

Alors qu’il est à peine 10 heures, nous entrons dans le zoo ; face à nous, la pancarte d’entrée représentant plusieurs animaux majestueux donne le ton : nous allons passer un agréable moment.

De nombreux visiteurs se bousculent pour être les premiers ; mais une bousculade gentillette, non une cohue malveillante ; d’ailleurs, de la malveillance ou autres sentiments négatifs, je n’en ressens pas ; dans les rangs, les adultes au visage souriant et les enfants font part de leurs états d’âmes pour patienter. Nouveaux visiteurs, abonnés, tous se mélangent et font émerger les souvenirs d’animaux qui les ont marqués : « La dernière fois que je suis venu, le tigre blanc a frappé la vitre juste quand je souhaitais le prendre en photo » La réponse ne se fait pas attendre et un petit garçon tente : « moi, j’ai eu la même chose avec Félix, mon chat » L’éclat de rire est général. En passant devant le comptoir, la raison reprend le dessus quand le petit garçon souhaite acheter au prix de deux euros un paquet de pop-corn « Pour les animaux et les visiteurs » est inscrit de manière humoristique sur le paquet. Le père, un peu bougon de cette dépense qu’il considère inutile se laisse finalement tenter.

Nous faisons la connaissance de Louis Michel, le directeur, que nous trouvons fortuitement sur notre passage ; nous échangeons quelques mots avec lui : l’homme aujourd’hui d’un certain âge n’a rien perdu de sa douceur et de son côté baroudeur. Il a parcouru le monde et cette quête de découverte qui l’a emmené sur les cinq continents est ancrée en lui jusque dans sa poigne : ferme sans être autoritaire. Compassionnel et attentif aux moindres détails de l’accueil des visiteurs qu’il regarde avec affection, il nous présente Thomas et Michael, les deux responsables qui nous accompagneront durant cette journée de découverte.

Nous entrons enfin dans le zoo ; au détour de nombreuses allées étendues, les cris des animaux se perdent dans un brouhaha raisonnable ; les touristes, un peu à la manière des acheteurs dans un magasin durant les soldes se pressent sans grande cohérence aux abords de tous les enclos qu’ils trouvent sur leur chemin.

A notre gauche, à notre droite, les animaux, tous nombreux suscitent des extases et des admirations incontrôlées. Les enfants se penchent et les parents tout aussi impatients les aident à se pencher un peu plus pour enfin apercevoir l’animal tant désiré et dont le panneau rappelant les caractéristiques de l’espèce orne fièrement l’entrée de l’enclos.

Si le zoo était un ciel étoilé, il serait une voute céleste sans pollution visuelle, laissant les moindres recoins de l’espace dévoiler ses étoiles les plus lointaines, une sorte de planisphère à 360 degrés où chaque point scintillant ne serait plus qu’un rêve d’enfant.

Le nourrissage des manchots

Thomas nous propose de l’accompagner dans une des nombreuses activités que le parc propose : le nourrissage des manchots. Il réceptionne ses deux visiteurs à qui il a donné rendez-vous à une horaire précise et à un lieu établi. En leur compagnie, il se dirige vers l’enclos aux manchots. Il remet aux visiteurs un gant blanc et leur permet d’entrer dans le royaume du grand froid.

La femme, tout d’abord s’avance, méticuleusement et un peu fébrile, elle tend un poisson par la queue qu’un manchot espiègle attrape furtivement, rapidement suivi par nombre de ses congénères qui se laissent tenter par cette nourriture facile et si appétissante.

Pendant ce temps, et afin de ne pas déranger ce couple dans cette activité tant désirée, nous sortons de l’enclos pour admirer la vie des manchots un peu moins courageux qui sont restés à l’écart, regardant avec leurs yeux à la fois jaloux et ébahis, leur congénère affronter leur peur de l’homme pour se familiariser avec ce contact, synonyme d’une bonne dégustation.

Le nourrissage des ours bruns

Nous retrouvons Thomas aux abords de l’enclos des ours bruns pour un spectacle de nourrissage auquel assistent des dizaines de visiteurs amassés derrière des vitres transparentes.

Après avoir grimpé à une échelle raide, Thomas prépare son sceau contenant de nombreux légumes ; il branche son casque. A ses pieds, les deux ours s’approchent. De grosses peluches qui entraînent dans mon esprit l’apparition soudaine d’une chanson enfantine dont il est facile de se rappeler : « Bouba » Et non pas le chanteur bodybuildé en quête constante de notoriété, mais bel et bien le petit ourson, réminiscence de notre enfance où avec son amie Frisquette, il arpentait les plaines américaines insouciant et joueur.

Les explications sont claires et limpides ; en parallèle, les aliments qu’il distribue aux animaux permet aux visiteurs de voir les ours évoluer dans un habitat semi sauvage. Derrière les vitres, nous pouvons, alors que nous nous trouvons sur notre promontoire, entendre les esclaffements et les surprises. Une didactique ludique où quand l’apprentissage devient un jeu.

Le nourrissage des ratons laveurs

Une fois que les ours ont été nourris, Thomas qui a organisé un nourrissage des ratons laveurs permet à Julia, une petite fille brillante de dix ans qui souhaite travailler dans sa future carrière prometteuse, au contact des animaux de se voir proposer la chance exceptionnelle de suivre Johanna, une soigneuse dans l’enclos des ratons laveurs.

Sur le chemin qui la mène vers son rêve, elle reçoit des explications bienveillantes sur le métier escompté, la petite fille ne sachant pas encore si elle s’orientera vers une carrière de soigneuse ou de vétérinaire. Durant de longues minutes, l’échange entre Thomas le professionnel et la petite fille est émotionnellement fort ; avec des étoiles dans les yeux, Julia ne perd pas une miette de cette conversation. Je sens alors que même les mauvais côtés du métier, tels que le nettoyage des cages et le soin des animaux malades ne suffiront pas à l’éloigner de sa passion, un peu comme Michel Louis, le directeur, qui une fois qu’il avait découvert le monde animal ne s’en est jamais éloigné. Le moment que je suis en train de vivre est unique ; je découvre et j’assiste en direct à l’enracinement profond de ce que sera la vie de cette petite fille.

Mais si des étoiles furent posées sur ses yeux lors des explications reçues, ce sont des comètes qui apparaissent lorsque Julia nourrit son premier raton laveur, qui s’approche, un peu maladroitement, un peu timidement. Une sorte de premier contact à l’instar de deux adolescents qui se touchent la main pour la première fois.

Face à tant de maîtrise de ses émotions et devant une maturité indéniablement hors âge pour une petite fille de cet âge, Thomas organise un autre nourrissage : celui des tapirs, des mammifères ongulés originaires d’Amérique centrale.

Une détente bien méritée

Mais en attendant, il nous faut manger. En nous dirigeant vers un stand de restauration rapide, nous avons le temps de parcourir une partie du zoo et de découvrir de nombreux autres animaux, dont un singe joueur qui se trouve dans l’enclos des cygnes.

Le repas que nous commandons est copieux et agréable : des produits simples, mais de qualité : viandes hachées, frites, poulet rôti, fromage…et glaces pour les enfants.

Nous profitons d’un moment de quiétude et nous pouvons reprendre notre découverte du zoo. Les animaux que nous découvrons à présent sont surprenants : lions, tigres, jaguars. Les animaux majestueux sont mis à l’honneur sur ce chemin que nous arpentons justement pour rejoindre Thomas et sa visite carnivore : un nourrissage des Hyènes et des tigres blancs.

La visite carnivore

Durant une vingtaine de minutes, Thomas présente tout d’abord les hyènes qui le regardent avec passion, sachant que ce moment de regroupement signifie un nourrissage de viande en règle.

Equipés d’un gant servant à masquer leur odeur tout en préservant les animaux d’éventuels microbes ou autres germes, les visiteurs qui ont choisi cette activité unique s’égosillent à jeter avec précision, les morceaux de viande que les hyènes rattrapent en vol…du moins, pour les plus adroits. Et dans les éclats de rire, les visiteurs retombent en enfance en admirant ces animaux dont ils n’avaient souvent entendu l’existence que dans les documentaires animaliers télévisuels.

Dans une ambiance festive, les petits deviennent grands, les grands deviennent petits. Les âges se mélangent, mais pas la ferveur qui anime chaque visiteur, devenu le temps d’un instant un aventurier perdu au cœur de la savane africaine qui s’amuse d’un plaisir simple de la vie.

Le groupe d’une dizaine de personnes se dirige ensuite dans l’enclos des tigres blancs et les privilégiés reproduisent le geste qu’ils perfectionnent du lancer de viande.

Chez les tigres, la matriarche se sert en premier, ne laissant à ses petits…oxymore à peine voilée, tant leur taille est imposante, que les restes. Et avec les explications de Thomas, le groupe ne masque pas sa joie.

Le tigre blanc, parfois aussi appelé tigre blanc royal, est un tigre du nom scientifique Panthera tigris, mammifère carnivore de la famille des félidés, qui possède une mutation génétique lui conférant une robe blanche rayée de noir. Il n’est pas une espèce ou une sous-espèce à part entière mais présente une anomalie génétique appelée leucistisme ou leucisme. Les tigres blancs ne sont donc pas des spécimens albinos, qui n’ont quant à eux pas de rayures et des yeux plutôt clairs, apparence due dans ce cas à une autre mutation génétique, l’albinisme.

Alors la mère se saisit des morceaux de viande en plein vol, sous les grognements de sa descendance qui voit d’un mauvais œil cet gourmandise gloutonne. Mais, instinct animal oblige, ils parviennent tout de même à grappiller quelques morceaux de choix. Sous les applaudissements des soigneurs éphémères.

La sortie des fourmiliers

Nous abandonnons Thomas et son groupe de visiteurs pour rejoindre Michael, qui nous accompagne dans l’enclos des fourmiliers, ces mammifères au long museau réparti en Amérique du Sud.

J’accompagne Jean Thomas, un autre soigneur dans l’enclos des animaux afin qu’ils puissent profiter de l’air agréable de l’extérieur. Mais les animaux sont têtus et ne souhaitent pas quitter leur enclos.

Aidé d’un avocat, le soigneur parvient à faire sortir non sans mal la matriarche, appâté par l’odeur alléchante du légume.

La démarche est plus compliquée pour faire sortir le petit, qui visiblement a décidé de n’en faire qu’à sa tête. Une scène marrante se déroule ensuite ; le petit accepte finalement de suivre le soigneur à l’extérieur, mais après avoir mangé l’avocat posé sur le sol, il file à l’anglaise à nouveau dans son enclos, devant un soigneur dubitatif qui se gratte le menton, scène me laissant échapper un léger rictus, puis un éclat de rire.

Le nourrissage des tapirs

Juste dans l’enclos qui se trouve à proximité, nous rejoignons un autre soigneur qui réceptionne Julia afin qu’elle puisse approcher les tapirs.

Les tapirs (Tapirus) forment un genre de mammifères ongulés, dont une espèce est originaire d’Asie alors que quatre sont d’Amérique centrale et d’Amérique du Sud. C’est le seul genre de la famille des Tapiridés, une famille très proche de celles des chevaux (Equidae) et des rhinocéros (Rhinocerotidae), classés également dans les Perissodactyla en raison d’un nombre de doigts impair.

Le soigneur ouvre la porte de l’enclos. Julia reçoit une banane et découvre l’animal, massif recouvert d’une peau épaisse. D’une longueur de près de deux mètres, l’animal, un mâle, pèse approximativement 200 kilos. Sentant l’odeur de la banane, il s’approche de Julia, qui sans vaciller épluche le fruit et le lui donne délicatement. Elle saisit ensuite l’animal qu’elle entoure de ses petits bras et pose sa tête sur ce corps imposant. La scène, d’une tendresse inouïe arrache les larmes. S’abandonnant à l’animal, la petite fille est seule au monde. A cet instant, plus rien n’a d’importance que ce rapprochement dont elle avait toujours rêvé.

Le soigneur est obligé de s’immiscer entre Julia et l’animal et trouble ainsi cet amour infini qui émane de ce couple improbable, pour la prévenir que la matriarche qui porte plusieurs petits a décidé de sortir de son enclos pour les rejoindre. Une pointe de curiosité, un zeste de jalousie…ou tout simplement, une volonté de bénéficier elle aussi d’un morceau de banane, quoi qu’il en soit, Julia parvient à réunir les deux animaux et étendre sa tête sur leurs corps rapprochés. Une scène du livre de la jungle se déroule sous mes yeux. Le petit Mowgli est devenu féminin. Les loups ont laissé la place aux tapirs. Et juste à mes côtés, Baloo reprend ce qui pourrait bien être la philosophie du zoo d’Amnéville :

« Il en faut peu pour être heureux
Vraiment très peu pour être heureux
Il faut se satisfaire du nécessaire
Un peu d’eau fraîche et de verdure
Que nous prodigue la nature
Quelques rayons de miel et de soleil

Je dors d’ordinaire sous les frondaisons
Et toute la jungle est ma maison
Toutes les abeilles de la forêt
Butinent pour moi dans les bosquets
Et quand je retourne un gros caillou
Je sais trouver des fourmis dessous
Essaye c’est bon, c’est doux

Il en faut vraiment peu
Très peu pour être heureux!  
Pour être heureux »