Le secteur du Carladès, un Cantal partagé entre vallées et montagnes
Situé au centre-Ouest du Massif Central, le Carladès est découpé par les quatre vallées de la Cère, du Brezons, du Goul et de la Bromme. Pays rural par excellence, la région est typiquement auvergnate partagée entre montagnes et vallées.
Au Carladès, la ville de Thiézac, marque notre entrée dans le territoire, alors qu’une fine neige entraîne une baisse des températures. Nous rejoignons la maison de Jeanne, une maison d’hôte tenue par un couple attentionné et convivial.
La maison de Jeanne
La maison, une grande demeure qui appartenait à une famille notable de la région porte le nom d’une grande dame qui a vécu à Paris, suite à une discordance quant à l’utilisation du nom des anciens propriétaires, une sorte de mal pour un bien tant la légende qui accompagne maintenant l’édifice a supplée son historique originel.
Après avoir été réceptionné par le maître de maison, nous découvrons une grande bâtisse qui s’étend sur plusieurs étages.
Nous parcourons un long escalier en bois pour découvrir une chambre décorée avec soin et s’étendant sur deux pièces, afin que les parents puissent bénéficier d’un confort relatif.
Dans une disposition volontairement rustique, mais dans le bon sens du terme… disons, rural, les agencements des pièces permettent un espacement facilitant le déplacement et le rangement des bagages ; les valises n’empiètent ainsi pas sur l’espace de vie. Sur les murs, quelques décorations, simplement pour mettre en valeur l’éclairement naturel qui entre dans les pièces par de grandes fenêtres.
Un peu partout dans la maison, des objets de décoration, généralement en monochrome blanc égayent sans choquer ; une finesse qui se retrouve dans chaque pièce de la maison en accès libre.
La maison de Jeanne, tenue par la famille Deknudt est un véritable coup de coeur ; elle se trouve rue des balcons et les réservations peuvent être faîtes sur le 04 71 47 04 82 ou sur le 06 89 23 27 57 ; le site Internet de l’établissement est le : http://lamaisondejeanne.net
Les tarifs sont approximativement de 70 euros la nuitée pour 2 personnes avec petit-déjeuner.
Nous rejoignons le couple qui nous attend dans la cuisine, afin de nous faire visiter une partie de la maison dont nous ne soupçonnions pas l’existence.
Il nous faut sortir pour découvrir juste voisine de la maison, une grange aménagée en véritable havre de paix ; chaque élément de l’ancienne grange a été utilisé de manière brillante ; les abreuvoirs servent d’accoudoir, les poutres d’éléments de décoration ; un baby-foot et un billard sont disposés dans un coin de la grande pièce et permettent une détente dans une sorte d’open space intéressant ; Dans un autre coin, une série de jeux de société divers permet aux familles de se regrouper et de partager des moments de convivialité ; pour ceux qui préfèrent s’adonner à la lecture, une grande bibliothèque contenant des centaines de références orne un mur complet de la pièce.
En s’enfonçant dans la grange, un véritable SPA, digne des plus grands hôtels se laisse découvrir : sauna, jacuzzis et table hydromassante viennent parfaire une véritable caverne aux trésors de relaxation et de détente. Un moment de grâce après une randonnée dans les alentours.
La ville de Thiézac
Le chef de maison nous propose de découvrir la ville, du moins dans ses hauteurs ; malgré les frimas qui recouvrent de leur dangerosité à peine voilée, le village tout entier, nous nous laissons tenter.
Armés de nos plus gros manteaux, nous quittons ce havre de paix pour rejoindre le froid extérieur. Mais d’après ce qu’on nous a promis, la sortie vaut le détour. Alors que la maison de Jeanne se trouve déjà dans les hauteurs de la ville, nous devons encore monter un petit peu…ou relativement peu en fonction de sa conception du peu. Bien vingt minutes avec une pente raide pour rejoindre le chemin de croix du village.
Alors que nous dépassons plusieurs croix disséminées le long de la route, le décor en contrebas émerge, de son blanc immaculé ; la neige qui ne cesse pas de tomber nous plonge dans les souvenirs des hivers d’antan…et ce alors que nous sommes au printemps. Le Cantal est ainsi fait : le temps changeant crée la rudesse des caractères, mais la générosité des cœurs.
Lorsque notre hôte nous indique la capacité des femmes du village à effectuer cette montée en chantant lors de la procession religieuse annuelle des vacances estivales, nous ne nous voyons pas céder face à l’effort ; redoublant de courage, nous parvenons jusqu’au sommet du chemin de croix et découvrons une belle chapelle comme semblant provenir d’un autre temps.
Une clef intégrant le trou de serrure, la porte s’ouvre et dévoile dans une atmosphère baignée d’obscurité, la salle principale et son toit peint ; sur les murs, des messages gravés dans du marbre, remerciant la Sainte vierge des miracles effectués.
Le dîner champêtre
En retournant à la maison d’hôte, nous ne résistons pas à l’envie de nous détendre dans la salle de jeu, allant jusqu’à vouloir découvrir les bienfaits du Spa que la propriétaire a préparé pour nous, une surprise agréable alors que nos corps froids plongent dans une eau chaude galvanisante. Une petite table hydromassante plus loin, nous retrouvons nos hôtes ainsi que deux nordistes venus passer les vacances dans le secteur pour un repas champêtre qui commence avec une bonne soupe de légume pour continuer avec une tourte au Cantal accompagnée de jambons du pays.
Mais le clou de ce repas émerge lors du dessert avec peut-être la pana Cotta la plus exquise mangée depuis ces vingt dernières années, un dessert italien fait maison et qui provoque par le truchement de sa douceur, une explosion buccale des saveurs.
Le tracteur-stop
Si tant est que, après une bonne nuit de sommeil, nous reprendrons de la pana Cotta lors du petit-déjeuner.
Après de chaudes embrassades, nous quittons nos hôtes pour rejoindre à moins de cinq kilomètres, la cascade de Faillitoux, une des plus belles de tout le département. Malheureusement, la neige qui tombe en abondance nous empêche de continuer en voiture ; nous devons nous garer aux abords d’une ferme ; lorsque la propriétaire nous rejoint pour s’enquérir de notre présence, nous la saluons et lui expliquons le pourquoi de notre arrêt subit.
La cascade étant à 1 kilomètre de marche, elle nous indique le chemin. C’est alors qu’il me vient une idée ; le temps pressant, nous n’avons pas la possibilité de prendre deux heures pour la découvrir ; et si nous tentions le tracteur stop avec pour pilote, cette fermière de près de 80 ans ?
L’idée saugrenue la surprend dans un premier temps, mais les cantalous n’étant pas les derniers à vivre une belle expérience, qui plus est, marrante, elle acquiesce et devant nos yeux éberlués, elle sort son tracteur dans lequel je prends place en compagnie de mon fils.
L’expérience est unique ; nous nous rendons dans un tracteur, arpentant un chemin de terre enneigé, en compagnie d’une fermière d’un autre âge, découvrir une des plus belles cascades de France. Patiemment, l’engin agricole avance, le crépitement de la neige écrasée au contact des lourdes roues, réduit au quasi silence par le bruit tonitruant du moteur du tracteur, se laisse imperceptiblement entendre.
Le décor défile mollement, nous laissant en l’instant vivre ce que ressent un escargot pris dans les tourments de son inertie.
Alors que les yeux dirigés vers le ciel, nous observons les cimes des arbres blanchis, la cascade de Faillitoux apparaît.
La cascade de Faillitoux
Face à nous, dans un décor immaculé, une chute d’eau de près de 40 mètres de haut franchissant une coulée de lave qui a formée des orgues basaltiques qui se dressent à ses pieds.
Alors que le tracteur fait un demi-tour, laissant présager des capacités de conduite de la fermière qui parvient à replacer l’engin dans le bon sens de direction du retour, nous arpentons un petit chemin glissant, sautant au passage quelques cours d’eau en nous appuyant contre de petites pierres en espérant ne pas mettre les pieds dans ce liquide glacé, nous arrivons aux pieds de la géante.
A notre droite et à notre gauche, nous sommes entourés par deux petits cours d’eau qui sont parvenus à déjouer l’emprise de la glace ; une petite montée et enfin, nous pouvons nous maintenir statiques face à la géante qui déverse son torrent d’eau depuis son sommet.
Derrière la cascade, des orgues basaltiques semblant avoir été façonnés de la main de l’homme, mais à l’instar de la giant causaway Nord-irlandaise, la nature peut se révéler surprenante quand alliée au temps, elle fait de la terre sa toile d’artiste.
Nous sommes aspergés à plusieurs reprises de gouttelettes d’eau qui se fracassent contre les rochers, mais malgré tout, notre envie de figer ce moment pour l’éternité est plus fort que la froideur de cette eau projetée sur nos visages.
Durant plus de 20 minutes, nous observons ce trésor naturel, sans départir notre regard…et ce alors que les flocons de neige recommencent à chuter. Un : « il est temps de partir » émanant de la fermière nous extirpe de cette danse hypnotique et un dernier regard en direction de la belle souligne le respect que nous lui portons.
La ferme
Avant de partir, la fermière nous invite à visiter sa ferme traditionnelle ; nous découvrons une vieille bâtisse antique, une sorte de grange archaïque où quelques vaches vaquent à leurs occupations.
L’agricultrice nous explique qu’en contrebas de la ferme, un nouvel édifice géré par son fils a vu le jour, mais étant habituée à cette atmosphère intimiste de la grange de ses aïeuls, elle ne parvient pas à se séparer de cet endroit : « la grange est bien plus âgée que moi » nous confie-t-elle dans un sourire.
A nos pieds, un petit veau d’à peine deux jours ; sur le sol, gisent encore quelques traces de sang, disséminées ici et là et semblant être la preuve de cette naissance proche. Juste en face du veau et de sa mère, encore épuisée par cette mise au monde, une autre vache qui ne se soucie pas de notre présence et préfère brouter le foin en quantité abondante.
La ville de Vic sur Cère
Nous rejoignons en moins de quinze minutes et alors que la neige cesse de tomber, la ville de Vic sur Cère et nous nous dirigeons sans tarder à l’office de tourisme de la ville. Le bâtiment moderne impose au cœur de cette petite ville. Le sol est constitué en pierre volcanique de la région et de nombreuses bornes numériques permettent à l’office d’être intégré pleinement dans une révolution numérique engagée par le département et la municipalité.
Peuplée de 1830 habitants, la ville est le chef-lieu du canton de Vic, située dans la vallée de la Cère, bordée en aval par la commune de Polminhac et en amont par la commune de Thiézac.
Reconnue comme station verte et village de neige, la ville jouit d’un climat agréable durant l’été et en hiver, la station de ski proche du Lioran lui assure une fréquentation touristique importante.
La ville, ancienne cité thermale possède un parc des eaux dans lequel un kiosque protège une source en accès libre ; l’eau que nous goûtons est ferrugineuse ; ses nombreuses vertus n’effacent cependant en rien le goût étrange qu’elle laisse dans le palais ; mais n’étant pas exempt de nouvelles expériences, nous nous laissons tenter…néanmoins, la boire nous laisse à penser à l’adage : « un verre ça va, plus, bonjour les dégâts » Ou du moins, les désordres intestinaux, ses capacités laxatives n’étant plus à prouver.
En rejoignant le centre-ville historique constitué de nombreuses maisons en pierre de lave, nous découvrons le manoir, un ancien couvent des Bénédictines fondé en 1640, ainsi que l’hôtel du Bailliage royal.
La ville est dominée par le Castelvielh, un site du château et en son sein, l’ancien hôtel des princes de Monaco égal de sa superbe les plus beaux monuments de France. Belle demeure en lave du XV èm siècle, elle est située dans l’ancien bourg et appartient aujourd’hui à un propriétaire privé.
La recette de la truite au lard du restaurant Bel Horizon
Nous avons rendez-vous pour le déjeuner à l’hôtel restaurant Bel Horizon afin de rencontrer le chef Eric Bouyssou.
L’hôtel restaurant Bel Horizon est situé dans les hauteurs de la ville ; il comporte près de 24 chambres avec vue sur les massifs cantaliens ; les chambres avoisinent les 71 euros par nuitée et l’hôtel est de belle qualité.
L’hôtel restaurant se trouve au 5 rue Paul Doumer et les réservations peuvent se faire au 04 71 47 50 06 ou sur le site de l’établissement : https://www.hotel-bel-horizon.com/
Nous rencontrons le chef qui nous attend au comptoir de son établissement ; sans perdre de temps et après les salutations d’usage, il nous conduit dans son jardin afin de pêcher devant nous trois truites, qu’il assomme dans sa cuisine avant de les vider.
Dans une casserole, il met à chauffer des morceaux de lard de porc qu’il vient de couper en petits dés et en parallèle, place les truites enfarinés dans une autre poêle.
Le fumet qui s’empare des cuisines est ravageur ; nous avons faim. Surtout, quand dans une assiette, il place une truite qu’il recouvre de morceaux de lards grillés. Nous ne pouvons résister à l’envie d’y goûter en en quelques secondes, nous finissons l’assiette.
Ainsi, naturellement et car la truite que nous venons de goûter nous laisse dans la bouche l’étrange sensation d’un manque, afin d’atteindre la satiété, lorsque nous nous retrouvons à la table du restaurant, nous n’hésitons pas à commander en plat principal une truite au lard.
Nous terminons le repas, fourbus et rassasiés et nous pouvons rejoindre Patricia de l’office du tourisme de la ville, qui nous attend afin de nous faire visiter les environs.
Le château de Pesteils
Après 20 minutes de route, nous arrivons au château de Pesteils, dans la commune de Polminhac.
S’étend face à nous, une forteresse bâtie dès le XIIIe siècle qui a été remaniée au début du XVII et XIXe siècle.
De l’ancienne forteresse médiévale subsiste le donjon, tour rectangulaire de quarante mètres de haut qui comporte cinq étages desservis par un escalier à vis logé dans l’épaisseur du mur.
Le château aujourd’hui appartenant à un comte et à une comtesse est proposé à la visite ; les fonds récoltés permettent de payer une partie des frais d’entretien, estimés à plusieurs dizaines milliers d’euros par an.
Les réservations peuvent être faîtes sur le 04 71 47 40 03 ou sur le 06 73 39 24 04 ; le site Internet du château est le : https://www.chateau-pesteils-cantal.com
Le château propose également des après-midis dédiés aux enfants ; les tarifs individuels sont de 12 euros par enfant. Le tarif basique qui s’applique aux adultes pour une entrée simple est de 9 euros ; l’accès au parc et aux terrasses coûte quant à lui 4 euros.
En entrant dans le château, nous découvrons nombre de salles qui ont été décorées par les châtelains ; à l’intérieur de chacune des salles, des objets de décoration et des tapisseries transportent le visiteur dans le passé. Certaines salles, agrémentées de statues de cire en provenance directe du musée Grévin viennent renforcer cette immersion dans le passé d’une France qui brillait au travers de ses châteaux.
Une fois parcourus l’allée centrale constituée d’un grand et majestueux escalier de bois, l’accès à l’étage permet de découvrir un donjon ainsi que des chambres à coucher baignant dans leur jus originel.
Raulhac
En moins de trente minutes et après avoir salué comme il se doit Béatrice de l’office de tourisme du Carladès, nous rejoignons Raulhac, un petit village typique du Cantal.
Nous faisons tout d’abord une halte dans un petit bar tabac comme il existe encore tant dans les petits bourgs, puis, accompagné d’un membre de l’office du tourisme local, nous parcourons les vieilles ruelles de la ville, qui se dévoilent avec sérénité et quiétude.
Les habitants du village que nous rencontrons sont les reliquats d’une France au verbe fort. L’ancienne coiffeuse, l’ancienne boulangère, non avares de discussions. Et lorsque ces deux dames se retrouvent dans la rue, les discussions prennent le tournant d’un regret du temps qui passe et du village qui se désertifie. « Mais, vous pouvez rencontrer mon mari ; il est le garagiste du village. Par contre, il s’est levé du mauvais pied ; il est un peu grognon » Sa femme ne s’était pas trompée ; en effet, le mari, âgé de plus de 60 ans est bougon ; il grommelle mais plus par jeu que par volonté. Son regard en dit long : il ne doit pas perdre son statut de colérique. Au fond de ses yeux, de la tendresse pour ces visiteurs impromptus que nous sommes. Une rencontre qui amène le rire et alors qu’il ne s’y attend pas, un sourire dévoile son humanité. Un homme comme il devrait y en avoir beaucoup plus. La France comme on l’aime.
Pailherols
En rejoignant Pailherols, nous traversons le village de Jou sous Monjou dans lequel nous découvrons un beau château.
En entrant dans le village de Pailherols, nous faisons immédiatement connaissance avec le maire du village qui nous fait visiter l’hôtel les maisons de montagne, un établissement trois étoiles sublime, dont les réservations peuvent se faire sur le 04 71 47 57 01 ou sur le site : www.auberge-des-montagnes.com
Le maire du village tient un gite somptueux dont les chambres se louent près de 15 euros la nuitée. Il gère également un magasin de location de ski ; pour le gite ou la location de ski, les réservations peuvent se faire sur le 04 71 47 56 67 ou sur le flocons.verts@orange.fr
En compagnie du maire et de sa collaboratrice, nous faisons une halte tout d’abord dans la fromagerie…tenue… tenez-vous bien…par le maire en personne, qui se dévoue corps et âmes pour faire vivre son village, parmi un des plus beaux qu’il nous ait été donné de voir. Nous goûtons son Cantal, fabriqué dans sa ferme.
Nous visitons ensuite le village, dont les vieilles pierres sont agréablement mises en valeur, constituant la majeure partie des bâtisses du bourg. Le maire nous présente également une statue contemporaine ainsi que les nombreuses randonnées pouvant être effectuées dans les alentours.
Le secteur du Carladès, à ne pas confondre avec le Carladez aveyronnais fut pour nous d’une richesse insoupçonnée ; les rencontres avec la population locale furent magiques et les paysages de ce cœur du Cantal galvanisèrent nos yeux, dont les regards, souvent ne surent où se tourner.
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