Le territoire Sumène Artense, la séduisante authenticité du Cantal
Situé au Nord du Cantal, et limitrophe du Limousin, le territoire Sumène Artense allie majestueusement le respect des traditions et la modernité. Second bassin industriel du département, Sumène Artense, souvent oublié des circuits touristiques classiques, bénéficie de paysages uniques dans un cadre de vie préservé
En entrant dans le secteur local de Sumène Artense et par la même occasion, dans le département du Cantal en provenance du département du Puy de Dôme, les paysages qui défilent nous surprennent : des lacs à l’eau translucide dévoilent leur charme, nichés au cœur de vallées qui dénotent un relief escarpé, face à des montagnes majestueuses placides.
En découvrant ce paysage millénaire et les fermes esseulées que nous apercevons au détour du chemin, nous ne pouvons nous empêcher de penser que les merveilles géographiques ne se trouvent pas toujours au bout du monde et qu’au sein de notre pays, les trésors émerveillant se trouvent souvent à portée de main…ou de route.
Nous rejoignons Bénédicte Molia, la responsable de l’office du tourisme local qui nous attend dans la ville de Champs sur Tarentaine. Le site de l’office du tourisme qui se trouve 6 place de l’église et joignable au 04 71 78 76 33 est disponible à l’adresse : www.tourisme-sumene-artense.com
Nous entrons dans la ville après que le GPS nous a fait emprunter une petite route communale, ce qui a eu pour effet de ralentir notre progression mais en concomitance, de nous permettre de découvrir les paysages étendus de ce secteur du Cantal souvent oublié des touristes et qui pourtant a fait de la nature le fer de lance de sa communication : randonnées, sports outdoors et équitation, pour ne citer qu’eux.
Nous faisons connaissance avec Bénédicte, une femme joviale et extravertie qui nous met tout de suite à l’aise ; en sa compagnie, nous découvrons la ville agréable de Champs sur Tarentaise en rejoignant un restaurant local dans lequel nous découvrons pour la première fois la cuisine du Cantal, une cuisine généreuse et traditionnelle.
La ferme Gaec de la Besseyre
Après un repas savoureux, en compagnie de Bénédicte qui nous présente ses deux autres collaboratrices, nous nous dirigeons vers la ferme Gaec de la Besseyre qui se situe comme une partie de son nom l’indique à La Besseyre ; la ferme qui se visite en famille est joignable au 04 71 78 79 16, sur le 06 47 11 04 22 ou au 06 78 31 30 81
Nous sommes accueillis par la propriétaire des lieux, qui nous fait tout d’abord visiter la ferme dans laquelle, les vaches alignées patientent en mangeant du foin ; nous sommes autorisés à les nourrir ; avec délectation, elles se saisissent de cet aliment omniprésent dans l’établissement, mais semblent plus se régaler de ce foin directement placé dans leur bouche par nos soins, un gain d’énergie optimisé probablement.
En compagnie de la propriétaire des lieux, nous nous rendons ensuite dans les laboratoires de la fromagerie dans lesquels sont préparés les fromages Saint-Nectaire. Patiemment, la jeune femme les hume après avoir soulevé des caisses de plusieurs kilos ; méticuleusement, chaque fromage est retourné suivant un paradigme précis ; il est fort intéressant de découvrir un passionné donner le meilleur d’elle-même pour permettre à un formage de qualité d’entrer en maturation.
En ouvrant une autre porte, la jeune fermière nous présente des fromages Saint-Nectaire déjà matures qu’elle conserve dans son établissement afin de les faire entrer dans un circuit de distribution court ; les fromages sont affinés dans une autre cave, mais elle les propose à la vente directement au consommateur, ce qui évite les intermédiaires et permet de proposer à ses clients un fromage de qualité à un coût bien plus faible qu’en supermarché.
Nous repartons ainsi avec un Saint-Nectaire que nous mettrons sous vide un peu plus tard.
Le château de Val
Nous prenons la route du château de Val, un édifice unique se situant sur le territoire du Cantal et plus précisément sur la commune de Lanobre, qui est géré, suite à un imbroglio administratif par le département voisin de la Corrèze et par la ville de Bort-les-Orgues, le bâtiment et son lac empiétant sur les deux territoires.
Mais dans ces régions profondes de la France, aucune animosité entre les deux départements, la cohabitation est sincère et va dans le sens de proposer aux visiteurs, la découverte unique d’un château fort du XIII èm siècle, rénové et restauré à de multiples reprises.
Nous profitons immédiatement d’une vue sur les lacs alentours ; le château semble se trouver sur une île, un peu à la manière du temple du vent à Jaipur en Inde.
Outre sa beauté majestueuse, le château possède la particularité de bénéficier d’une aile privative, ce qui permet sa location ; une chambre d’hôte ainsi atypique dans un décor unique aux tendances romanesques.
Les tarifs qui comprennent le petit-déjeuner sont de l’ordre de 280 euros la nuitée pour 2 personnes ; la location de l’aile durant un Week-end est à 470 euros pour deux nuits. Les réservations peuvent se faire au chateaudeval@orange.fr ou sur le 04 71 40 30 20.
Le château en lui-même est un musée à part entière ; chaque pièce a ainsi été rénovée avec soin ; sont exposés de nombreux meubles antiques essayant le plus fidèlement possible de reproduire des scènes de vie d’antan. Une promenade jusque dans les combles donnera aux visiteurs la possibilité de remonter le temps et de se plonger dans les méandres d’un passé tortueux.
L’entrée coûte 6,50 euros pour les adultes et 3,50 euros pour les enfants.
Du château, nous effectuons un peu moins de trente minutes de route pour rejoindre, le site de Fraysse.
Le site de Fraysse
Au sommet d’une petite colline, le site permet de découvrir sur près de 360 degrés, le pays de Sumène Artense avec un prolongement vers les massifs du Puy de Dôme ; la vue y est spectaculaire, les émotions intenses ; un petit banc permet à Bénédicte de s’asseoir et de nous conter les légendes des environs : des contes racontés aux enfants, mais dont nous, jeunes adultes nous nous accommodons.
Au coeur du site de Fraysse, une grande croix surplombe une table indicative qui présente les différents massifs pouvant être aperçus.
Nous passons ainsi plusieurs dizaines de minutes à nous ressourcer au coeur du Cantal, la vue laissant parfois la place à l’ouïe lorsque les oreilles sont agréablement accompagnées de chants d’oiseaux, marquant après une longue période hivernale, l’éveil du printemps.
Dans le coeur de ce département, je me laisse bercer par un amour envers la nature intemporel, surdimensionné, un peu comme si l’instinct s’exprimait au travers de nos retrouvailles, une fusion des émotions qui nous donne enfin l’occasion de célébrer une union qui ne connaît pas de crise.
Nous quittons le massif cantalien afin de nous immerger dans des contrées plus proches du niveau de la mer ; après trente minutes de route et une plongée dans les tréfonds du territoire, nous découvrons au passage de magnifiques rivières.
Le centre de pêche de Lastioulles
Arrivés sur place, nous faisons connaissance avec Jérôme Gaillard, un pêcheur passionné de nature qui nous accueille dans le centre de pêche de Lastioulles.
Nous découvrons le chalet et ses milliers de références, une véritable caverne d’Ali Baba pour les pêcheurs. L’homme, extraverti et au combien généreux, nous propose après nous avoir servi un café, de nous expliquer la fabrication d’une mouche, un appât utilisé fréquemment dans la région et ses innombrables cours d’eau.
Patiemment et après avoir replacé ses lunettes sur son nez, il monte des fils qu’il extrait de plumes de coqs et de poules. Mais pas des volailles de bas étage… non, des volailles élevées pour la finesse de leur robe… des volailles dont les plumes sont importées des Etats-Unis ou de Norvège.
Méticuleusement, il entoure le morceau de fil de fer de ces poils de plume qu’il retire les uns après les autres et à terme d’une construction proche du microscopique, uniquement grâce à sa dextérité et à son expérience, il nous présente sa création, qu’il nous offre dans un geste de bonté.
Nous en profitons pour découvrir le lac de Lastioulles, qui s’étend sur plusieurs hectares ; le centre de pêche qui le surplombe donne au territoire, grâce à sa construction en bois inscrit dans une vision de développement durable, un air de Finlande. Mais plus pour longtemps ; Jérôme, qui possède également avec Véronique sa compagne, la maison d’hôte : les roches d’Artense dans laquelle nous sommes attendus dans la soirée, est dans l’obligation de le vendre, incapacité pour lui de gérer l’accueil de ses invités et les longues journées au centre de pêche.
Le lac de Crégut
Alors que nous arpentons des petites routes communales, le lac de Crégut qui nous fait face nous attire irrémédiablement.
Face à un paysage somptueux, nous faisons connaissance avec un pêcheur âgé d’une cinquantaine d’années, qui s’adonne à sa passion, accompagné de ses deux chiens, espiègles qui nous pressent de leur jeter un morceau de bois qu’ils nous posent sur le sol.
Alors que je discute avec l’homme, qui nous explique son art, mon fils s’amuse à jeter le morceau de bois que les deux chiens, à tour de rôle, parviennent à récupérer. Jusqu’à ce que dans un élan de fougue, le morceau de bois atterrit dans le lac.
Espiègles, mais pas téméraires, les chiens se regardent dubitativement et décident de ramasser un autre morceau de bois qu’ils déposent encore à nos pieds ; leur regard en dit long sur leur fierté d’avoir déjoué ce mauvais tour. S’ils pouvaient parler, ils ne manqueraient pas de nous rabrouer.
La maison d’hôte : les roches d’Artense
Classée par Le Figaro magazine comme faisant partie des 100 plus belles maisons d’hôte française, la maison d’hôte nous accueille en la personne de Véronique, la compagne de Jérôme que nous venons de quitter au centre de pêche de Lastioulles.
La jeune femme nous reçoit en nous donnant l’accolade et nous aide à transporter nos affaires jusqu’à la chambre familiale dans laquelle, nous découvrons une décoration rustique fine et agréable à la vue.
La maison d’hôte, un des plus grands coups de coeur de mes douze années de voyage se situe au 3 les roches, dans la ville de Champs sur Tarentaine Marchal. Les réservations peuvent se faire au 04 71 40 57 62 ou directement sur le site de l’établissement : www.lesrochesdartense.com
Pour un établissement de cette qualité et un accueil chaleureux et sincère, les tarifs pratiqués par les maîtres de maison sont exceptionnellement bas.
Ainsi, une nuitée avec petit-déjeuner coûtera en basse saison, 60 euros pour deux personnes, 65 euros en moyenne saison et 70 euros en haute saison. Les chambres peuvent accueillir de 1 à 4 personnes et les tarifs sont adaptés en fonction du nombre d’occupants des chambres.
La table d’hôte comprenant l’entrée, le plat principal et le désert revient à 18 euros par personne hors boisson et un gite de haute capacité est également disponible à la location sur demande.
Rénovée intégralement, la maison d’hôte comporte plusieurs chambres, toutes uniques et particulières, avec pour fil directeur, le bon goût de la propriétaire des lieux qui a choisi avec son conjoint de quitter la ville de Lyon pour se lancer dans l’aventure, il y a plusieurs années, alors qu’ils souhaitaient faire de l’accueil de leurs invités, le moteur de leur existence.
Alors que nous buvons un bon verre de vin blanc, Jérôme rentre du centre de pêche ; après un bisou émouvant à la femme qu’il aime, il nous propose de l’accompagner pour une séance de pêche à la mouche.
La pêche à la mouche
Nous grimpons dans sa voiture pour parcourir les quelques kilomètres qui nous séparent de la rivière dans laquelle il pêche depuis toujours. Nous laissons la voiture, les portes non fermées à clef, sur le bord d’un petit chemin forestier et rejoignons, après une marche de quelques minutes au milieu d’une petite forêt, une rivière qui ferait passer les rivières écossaises pour des petits cours d’eau.
Au cœur d’un décor semblant tout droit sorti d’un documentaire de l’émission télévisuelle : « Chasse et pêche », Jérôme sort sa canne au bout de laquelle, il place sa mouche.
Avec un geste répétitif et déterminé, précis et envolé, il se coupe du monde et nous entraîne dans sa bulle, une bulle où les mouvements du fil projeté violemment et par à coup viennent ciseler la tranquillité ambiante. Et durant quelques minutes, nous nous coupons d’un monde toujours plus bruyant pour découvrir l’enivrement de la quiétude.
Alors que nous n’avons pas vu le temps passer, Jérôme nous extirpe de notre léthargie pour nous proposer de rentrer et assister à une scène surréaliste : la rentrée des moutons.
Véronique, la bergère qui murmurait à l’oreille des moutons
Nous rejoignons Véronique qui surnomme affectueusement ses animaux : « les belus », un néologisme qui n’appartient qu’à elle, mais qui est compris de ses animaux, qui à l’entente de ce surnom affectueux, me donnent la possibilité d’assister à une scène dépassant l’entendement : après quelques : « les belus, les belus», les moutons, pourtant en train de paître se regroupent instantanément devant la porte d’entrée du champ.
A l’instar des élèves d’une classe de maternelle, la cohue en moins, les animaux rejoignent les abords de la maison d’hôte dès l’ouverture de la grille et pénètrent dans l’enclos semi-ouvert qui leur est réservé. Dans un bac en aluminium, Véronique déverse plusieurs poignets de graines et pour les plus jeunes, elle émiette une baguette de pain.
Les moutons bêlent afin de la remercier ; un petit agneau qui passait par là se fait agripper par la bergère qui le couvre de bisous ; la scène d’une tendresse outrancièrement belle à regarder vient clore cette séance de repas qui restera gravée dans ma mémoire.
La soirée au coin de la cheminée
Bénédicte Molia, de l’office du tourisme nous rejoint peu de temps après, avant que le soleil ne se couche.
Accompagnés de Jérôme et de Véronique nous trinquons avec un vin blanc du pays, légèrement sucré ; alors que nous étions au coin du feu, à assister au crépitement des buches dans la cheminée, nous nous retrouvons tous autour de Jérôme qui nous concocte un menu de grand chef : un petit flanc trempant dans une bisque fine en entrée et quelques canards qu’il a reçus d’un ami chasseur en plat de résistance. L’omelette norvégienne faîte maison vient clore en le sublimant ce dîner.
Jérôme nous présente également sa collection de champignons dont des morilles, reçus des mains d’un pharmacien érudit dans cette recherche forestière.
Nous passons à table ; le repas est succulent, digne d’un grand restaurant étoilé ; les plats se succèdent dans une ambiance exceptionnellement familiale.
La panse bien tendue, le cœur en éveil, nous ne voyons pas le temps passer et redécouvrons les joies de la simplicité et de l’accueil à la Française.
C’est ainsi que nous nous couchons, bercés par une première journée dans le Cantal qui augure encore de belles expériences à vivre. Pour sûr, rencontrer des gens aussi généreux que Bénédicte Molia ou Jérôme et Véronique ne peut que nous donner envie de découvrir en profondeur ce département aux charmes ravageurs.
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