Le Groenland, un voyage unique au cœur du pays

Un peu comme l’Antarctique, le Groenland est une île qui nous a souvent fait rêver. Au travers de ses paysages enneigés et de ses immensités désertiques blanches, l’île a toujours représenté une contrée synonyme d’aventures et d’explorations. Nous avons ainsi passé un séjour inoubliable au sein de ce territoire méconnu qui commence à s’ouvrir au tourisme et nous vous en présentons les incontournables au sein de cet article.

Dépendance du Royaume du Danemark, le Groenland est une île souvent associée à tort au Pôle Nord qui se situe en réalité, du moins en ce qui concerne son point géographique comme étant la localisation la plus septentrionale du monde, à près de 900 kilomètres au cœur de l’océan glacial Arctique.

Le Groenland est un Territoire d’Outre-Mer Européen qui se situe physiographiquement sur le continent Nord-américain. Deuxième plus grande île au monde, son territoire est couvert à plus de ¾ par la calotte glaciaire appelée également : « inlandsis »

Territoire ayant pour capitale la ville de Nuuk, le Groenland possède une sorte d’autonomie élargie de son pays de tutelle en étant responsable de sa police, de ses tribunaux, de ses garde-côtes, ainsi que du droit de contrôle sur ses ressources.

Entité administrative et politique, la moins densément peuplée au niveau international, le Groenland comporte un peu plus de 56 000 habitants, qui depuis quelques années, s’ouvrent au tourisme.

Il faut dire que le territoire composé d’Inuits et non d’esquimaux, terme réducteur désignant les habitants des Grands Nords, est totalement méconnu du reste du monde, qui le caractérise essentiellement lorsque le thème du réchauffement climatique est abordé.

Nous y avons passé plusieurs jours afin de le découvrir. Nous avons, outre la magie opérée au travers de ce sentiment omniprésent de visiter un territoire mythique, vécu des émotions intenses avec un peuple chaleureux et partagé entre une volonté de conserver ses traditions et de s’ouvrir au monde.

Globalement, le pays est onéreux. De près de 40 à 50 % plus cher qu’en France métropolitaine. Il faut dire qu’en tant qu’île, les coûts d’importation des matières premières sont importantes. Mais, toutes les denrées proviennent essentiellement du Danemark, un pays du Nord de l’Europe, dont les prix sont déjà supérieurs à ceux pratiqués en France, ce qui alourdit encore un peu plus la facture finale pour le consommateur.

Étant donné que le Groenland s’ouvre au tourisme, il n’est pas difficile de trouver dans chaque ville, des possibilités d’hébergement avec des classifications allant des auberges ou des motels à 70 euros la nuit à des hôtels étoilés se situant aux alentours de 250 euros.

En ce qui concerne la nourriture, si nombre d’établissements sont présents, ce sont généralement des restaurants rapides qui proposent de la malbouffe, les restaurants plus traditionnels peinant à exister, les groenlandais préférant faire leur course dans de grands supermarchés pour cuisiner chez eux. Par contre, ils affectionnent les bars, qui englobent généralement des discothèques, dans lesquels ils peuvent faire la fête jusqu’au bout de la nuit.

Autre particularité du Groenland et pas des moindres, les déplacements intercommunaux sont impossibles en voiture. Pour se rendre d’une ville à une autre, seuls les déplacements en bateau (en été), en hélicoptère ou en avion sont permis, les routes se terminant en sortie d’agglomération. Autant dire que les coûts de ces transports représentent à eux seuls, une part non négligeable à prendre en compte pour un voyage au Groenland.

Pour découvrir le récit de voyage photographique complet de notre séjour au Groenland, n’hésitez pas à vous rendre sur le lien suivant :  https://hors-frontieres.fr/groenland-recit-de-voyage/

Tasiilaq

Peuplée de 1985 habitants, la ville qui se trouve dans le Sud-Est du pays est intégrée dans la municipalité de Sermersooq.

Petite bourgade tranquille composée de belles petites maisons colorées, juste aux abords d’une belle chaîne de montagnes, lui donnant un côté niché intéressant, elle est située à 106 kilomètres du cercle polaire Arctique sur l’île d’Ammassalik sur la rive d’un port naturel du fjord éponyme.

A l’Est, la ville est également bordée par le fjord Sermilik qui possède une station de recherche à 15 kilomètres sur sa côte Ouest.

La ville compte une petite église ainsi que plusieurs commerces. Aux abords de son petit port, quelques pans de glaces semblent perpétuels et donnent à l’ensemble, un côté mosaïque recherché des touristes, ce qui explique sa croissance économique rapide.

Glacier Russel

A 15 kilomètres de Kangerlussuaq, dans l’Ouest du pays, après 20 minutes de route dans un paysage aride, nous arrivons aux abords du glacier Russel, un glacier actif avançant de près de 25 mètres chaque année.

Particulièrement visité du fait de sa localisation, il est délimité au Nord par la toundra d’Isunngua et au Sud par une crête stérile.

En arrivant sur place, une fois que le moteur de la voiture a été coupé, nous sommes subitement pris d’un enivrement silencieux intense. Plus un bruit ne nous provient, un peu comme si nous étions dans un grand vide spatial.

Lorsque nous portons une attention particulière à notre environnement, nous apercevons quelques craquelures sonores émanant du glacier dont les parois se dévoilent avec force.

Il nous faut réellement tendre l’oreille pour percevoir les écoulements d’eau de fonte qui forme la rivière Akuliarusiarsuup Kuua, s’écoulant vers la ville proche.

A proximité de Russel, se trouvent le grand lac Aajuitsup Tasia et un autre glacier anonyme dont les eaux de fonte alimentent de rivière Qinnguata Kuussua.

En prenant d’infimes précautions, nous arpentons le sol du glacier en empruntant sur les côtés, un passage un peu moins abrupt que les hautes falaises qui nous font face. Nous avançons difficilement sur un sol glissant, tout de glace constitué et recouvert d’une épaisse couche de neige, qui à certains moments, disparaît et dévoile une sorte de patinoire sur laquelle nous tenons difficilement debout.

Enivrés par le plaisir de parcourir ce monstre qui nous semble vivant, nous admirons sur sa belle robe blanche, quelques taches noires, des tatouages naturels gravés par le charriage de certains sédiments, une sorte de pollution dont il s’accommode sans rien pouvoir y faire.

Une fine bande de glace remonte et un peu à la manière d’un entonnoir, elle s’ouvre sur une surface impressionnante semblant infinie. Et alors qu’un vent nous inonde de poussières de roches légères, nous nous perdons dans cette nature hostile et au combien impressionnante.

Qaanaaq

Localité la plus septentrionale du Groenland, entourée par le fjord Inglefield au cœur de la baie de Baffin, Qaanaaq est une petite ville de 620 habitants, considérée comme la ville peuplée de manière permanente la plus au Nord du territoire.

Ainsi, accessible uniquement par avion, la ville reçoit peu de touristes.  Il faut dire que mis à part la base aérienne de Thulé interdite d’accès qui se trouve à une centaine de kilomètres, peu d’activités sont proposées aux visiteurs. Du fait de son emplacement, les températures globales sont fraîches et les voitures sont rares. Les déplacements se font en bateau afin de découvrir les alentours constitués de monts plus ou moins abrupts.

La ville comprend une église ainsi que quelques magasins alimentés plus ou moins périodiquement par bateau. En arpentant les rues souvent désertes, le visiteur est frappé de ce sentiment de solitude omniprésente qui y règne. Une sorte de bout du monde dans lequel la pêche reste une possibilité de subsistance non négligeable.

Sur la plage qui longe la côte Sud de Qaanaaq, les bateaux stationnés sont nombreux et dénote au travers de leur disposition, un agencement sans véritable structure portuaire, ce qui intensifie ce sentiment de ville esseulée.

Sisimiut

Ville de la côte Ouest du Groenland, se trouvant à 320 kilomètres au Nord de Nuuk, la capitale et à 75 kilomètres au Nord du cercle polaire Arctique, Sisimiut est bordée par les rives orientales du détroit de Davis entourée au Nord par le fiord Kangerluarsuk Tulleq et au Sud par le fiord Amerloq.

En sortant de l’aéroport, nous nous trouvons dans une petite crique du détroit de Davis, dans la baie de Kangerluarsunnguaq avec une vue dégagée sur le massif Palasip Qaqqaa d’une hauteur de 544 mètres.

À mi-chemin entre la ville et l’aéroport, il y a une petite plage de sable noir. La plage, ainsi que les récifs au large de la côte, sont très populaires l’été.

À l’Est, les massifs de Palasip Qaqqaa et Majoriaq sont séparés par la route polaire entre Sisimiut et Kangerlussuaq qui est une des seules routes du pays permettant de rejoindre deux villes. Elle mesure un peu plus de 150 kilomètres et elle est souvent utilisée par des randonneurs qui en une dizaine de jours parviennent à en effectuer la distance.

En nous promenant dans cette petite ville typique du pays, peuplée de 5582 habitants, nous sommes subjugués par l’harmonie des maisons colorées, qui nous laisse à penser à des petits villages des îles des Caraïbes, la neige et le froid en moins.

Au milieu de la vallée se dresse le mont Alanngorsuaq entouré de plusieurs lacs, dont l’un sert de réservoir d’eau pour la ville. Au Sud-Est, la vallée est bordée par un autre massif : « le Nasaasaaq » constitué de plusieurs sommets, dont le plus élevé a une altitude de 784 mètres.

Face au petit port de la ville, située dans la partie Sud de la baie où de nombreux bateaux sont à quai, une belle statue représentant une petite sirène nous fait face. Un pêcheur rentre dans le port et nous agrémente d’un signe de la main, les projections glaciales de l’eau aspergeant son visage, il replace son bonnet sur sa tête et semble s’éponger le front.

Dans le centre, au cœur d’un bâtiment historique non loin du port, le musée de Sisimiut, au travers d’expositions fortement intéressantes de plusieurs milliers d’objets issus de fouilles archéologiques, présente un aperçu de la culture de la région il y a 4 000 ans par l’intermédiaire de thèmes basés sur le commerce, l’industrie et les expéditions maritimes.Le musée abrite également une collection d’outils et d’articles domestiques ainsi qu’une exposition en plein air en la présence d’une reconstitution d’une maison en tourbe groenlandaise.

Le centre culturel Taseralik, quant à lui est situé dans la partie orientale de la ville, sur la rive du lac Nalunnguarfik. Le centre accueille souvent des troupes de théâtre ainsi que des concerts.

Alors que quelques flocons de neige commencent à tomber, nous découvrons non loin d’un immeuble d’habitations, une petite église construite en bois et aux abords de laquelle se trouve un petit cimetière.

Dans la ville peu touristique, quelques commerces et des restaurants rapides dynamisent comme ils peuvent des allées peu fréquentées. Il faut dire que les températures glaciales ne poussent pas à la marche à l’extérieur. Le long de la rue principale, certains commerces proposent des produits artisanaux locaux. Il est possible de trouver des créateurs les fabriquant, travailler encore à l’ancienne dans un atelier situé dans un ancien entrepôt sur le vieux port.Des pierres groenlandaises et des produits dérivés de peaux de phoques sont également produits dans les ateliers : « Natseq » et « Panigiit »

Kangerlussuaq

Peuplée de 508 habitants et située dans la municipalité de Qeqqata, sur la côte Ouest du Groenland, la ville de Kangerlussuaq est surtout connue pour son aéroport international, le seul qui peut accueillir des gros porteurs.

Le premier pas que nous posons sur la piste de l’aéroport nous procure un immense sentiment de plénitude. Alors que nous admirons une borne géodésique indiquant les distances de la ville avec d’autres municipalités internationales, quelques flocons de neige s’écrasent sur nos visages.

Aux abords de l’estuaire de la rivière Qinnguata Kuussua, la vallée qui permet de rejoindre le bord de la calotte glaciaire dans les hautes terres d’Isunngua au Nord-Est et le glacier Russel, abrite la faune terrestre la plus diversifiée du Groenland, avec notamment des bœufs musqués, des caribous et des renards.

La ville est entourée par de grandes plaines de sables mouvants.  Au Sud-Est derrière le lac Tasersuatsiaq, qui fournit de l’eau douce à la ville, se trouve le plateau d’ Ammalortup Nunaa.

Alors que le froid glacial nous brûle la peau, nous avançons dans cette ville qui ne comprend pas de centre véritable, mais plutôt des habitations qui se perdent vers l’horizon, chaque maison donnant l’impression d’être une demeure du bout du monde.

En arpentant de grandes routes verglacées, nous effectuons le tour de la ville et rencontrons au détour d’un chemin, un vieil homme qui vit dans la ville depuis plus de 20 ans. Il nous invite à le rejoindre au sein de son habitation.

Immédiatement, nous ressentons une bonne odeur de bois brûlé, qui nous emplie de bonheur. La chaleur de sa demeure crée en nous une sorte de dichotomie corporelle, puisqu’entre les moins vingt de l’extérieur et les vingt degrés de l’intérieur, cette différence importante de température nous rougit les pommettes, un rouge encore intensifiée lorsque sa femme nous apporte une tisane bien chaude.

L’homme, un professeur à la retraite qui a enseigné dans la ville profite de cette ambiance du bout du monde qu’il affectionne. C’est alors qu’il nous sort une guitare et commence à improviser un chant groenlandais qui nous remplit d’entrain

En rejoignant l’extérieur, nous prenons conscience de la différence de Kangerlussuaq avec les autres villes du territoire, Kangerlussuaq présentant la structure urbaine des villes du Far-West d’antan. La disposition des maisons entoure de vastes routes désertes et leur couleur surtout axée sur le rouge, résiste tant bien que mal aux vents glaciaux dominants.

Alors que nous arpentons les rues désertes de cette petite ville, nous visitons avec chance un entrepôt des pompiers et découvrons le fonctionnement des gros hélicoptères qui servent à la fois pour porter secours à des victimes à l’intérieur des terres qu’en haute mer.

Nous rejoignons ensuite un élevage canin et sommes accueillis par de grands aboiements, les chiens de ces latitudes appréciant les dépenses énergétiques… et les câlins avant de nous diriger vers l’aéroport.

Illimanaq

Après trente minutes de bateaux, nous posons nos pieds dans le village d’Ilimanaq, un village de 86 habitants situé dans la municipalité d’Avannaata à l’Ouest du Groenland, sur la rive Sud-Est de la baie de Disko. Face à nous, comme posées sur une colline, des maisons colorées présentent une harmonie naturelle.

Alors que nous déambulons entre ces habitations, dérangeant à notre passage, les nombreux chiens présents sur l’île et qui aboient à vue, nous nous rendons dans la seule épicerie du territoire et faisons connaissance avec les habitants du secteur, dont un homme qui souhaite nous faire visiter sa maison d’hôtes, qu’il loue aux rares touristes de passage.

La maison, quoiqu’austère possède tout le confort requis, dont une petite cuisine. En discutant avec le propriétaire, nous pouvons ressentir toute la lassitude qu’il ressent de vivre dans ces contrées reculées : « nous aussi, nous souhaitons bénéficier du confort à l’occidental…si nous parvenons aujourd’hui à manger de la viande, elle est excessivement chère et comme nous devons tout importer du Danemark, forcément, les prix s’envolent »

Alors qu’en sa compagnie, nous rejoignons ce qui s’apparente être la place principale du village, mais qui est en réalité, l’espacement le plus grand entre plusieurs maisons, nous continuons notre discussion avec cet homme fortement sympathique « et le réchauffement climatique ? » tentons-nous.

« Vous savez, si le réchauffement climatique vous inquiète, nous en ce qui nous concerne…et vous pouvez le demander à d’autres habitants de l’île, c’est plus un souhait qu’une crainte. Si la neige fond, peut-être pourrons-nous aussi avoir des champs avec de l’herbe et dans ces champs, mettre des vaches pour qu’elles nous donnent du lait et de la viande »

Il est difficile pour nous de nous positionner et de mettre en avant nos craintes d’occidentaux, en retrouvant nos maisons et notre confort de vie quotidien. De toutes façons, le réchauffement climatique, quand bien même frappera en premier les pôles, il n’est aucunement la conséquence de ces peuples du Grand Nord qui ne polluent pas et qui se battent pour préserver la pureté de leurs territoires. Rien ne peut ainsi leur être imputé et ce n’est pas notre rôle de tenter de leur faire ouvrir les yeux sur le danger qui nous guette et qui frappe directement leurs côtes.

« Nous sommes bien conscients du changement climatique. Du temps de mes parents, la banquise nous permettait de rejoindre Ilulissat à pied. Aujourd’hui, vous avez besoin d’un bateau pour nous rendre visite. C’est pareil pour la chasse. Nous souhaitons manger de la viande. Pourquoi ? Avant, en début de saison, mon père n’avait pas de longue distance à faire pour chasser un ours blanc, qui nous servait tout l’hivers. Aujourd’hui, avec la fonte des glaces, il est très rare d’en apercevoir un et si nous voulons en chasser, nous devons nous éloigner grandement au coeur des terres. Notre mode de vie change, et nous souhaitons simplement changer avec lui »

Aux abords d’une maison, nous sommes subjugués de découvrir un séchoir à poissons, son agencement identique à nos mères faisant sécher leur linge, accentue le sentiment d’une terre d’ailleurs…surtout lorsque non loin du séchoir, un crane d’animal se dévoile, posé sur un muret à la manière d’un objet de décoration.

Baie de Disko

Le long de la côte d’Ilulissat, la baie de Disko constitue une large entrée sud-est de la mer de Baffin. Considérée comme la plus belle merveille naturelle du monde, la baie de Disko est un véritable appel à touristes mais pas seulement, puisqu’elle représente également une voie de navigation importante du Groenland.

Si au Sud, la baie est constituée de petites îles dans l’archipel d’Aasiaat, au Nord, elle est délimitée par Qeqertarsuaq , la plus grande île de la côte. A l’Ouest de l’île Alluttoq, la baie se transforme en détroit de Sullorsuaq séparant Qeqertarsuaq de la péninsule de Nuussuaq.

En réalité, plus grande baie ouverte de l’Ouest du pays, mesurant 150 kilomètres du Nord au Sud et 100 kilomètres d’Est en Ouest, Disko a une profondeur moyenne de 400 mètres dans des eaux qui abritent de nombreuses espèces : phoque du Groenland ( Pagophilus groenlandicus ), phoque à capuchon ( Cystophora cristata ), phoque annelé ( Pusa hispida ), phoque barbu ( Erignathus barbatus ), baleines boréales ( Balaena mysticetus ), baleines à bosse ( Megaptera novaeangliae ),  globicéphales ( Globicephala melas ), épaulards ( Orcinus orca ) et narvals ( Monodon monoceros)

Alors que des berges de la ville d’Ilulissat, nous prenons le temps d’admirer cette baie sous toutes les coutures, pour en profiter pleinement, nous essayons de trouver un bateau afin de nous en approcher au plus près.

Nous nous rendons dans le port et faisons la connaissance d’un homme qui accepte de nous prendre avec lui durant une de ses séances de chasse aux phoques.

L’homme, d’un âge avancé ne nous sourit pas. Non pas qu’il soit antipathique, mais le froid a tant calciné son visage qu’il semble figé. Tout au plus, nous avons le droit d’un petit crissement labial qui nous prouve son contentement.

Il prépare méticuleusement son bateau, dans lequel il pose le fusil qui lui servira à la chasse du phoque s’il parvient à en trouver un et après 1 heure d’attente, nous quittons le port de la ville ; les bateaux restés à quai s’éloignent. Certains d’entre eux n’ont pas bougé depuis plusieurs mois et sont prisonniers des glaces qui a commencé à en recouvrir la coque.

Dans l’eau, nous apercevons quelques petits morceaux qui proviennent des icebergs vers lesquels nous nous dirigeons à grande vitesse. Sur le bateau, nous sommes secoués par les mouvements effectués par le capitaine qui ne souhaite pas percuter ces petits morceaux présents dans l’eau. Non pas que son bateau soit fragile comme du verre, mais parce que les morceaux qui ont l’air inoffensif pourrait être rattachés à un bloc beaucoup plus grand qui percerait immédiatement la coque, nous laissant au cœur de cette eau glacée, que quelques minutes de survie. Autant ne pas tenter.

C’est alors que givrés par les embruns glacés qui se projettent contre nos visages, nous regardons devant nous et découvrons ces monstres de la nature qui nous font face. Des géants, des colosses qui semblent immuables, indestructibles. En nous approchant du premier d’entre eux, nous devons lever haut nos yeux vers le ciel pour en apercevoir le sommet. Au travers de sa falaise semblant avoir été coupée à la serpe, il me semble irréel, factice.

Pourtant, en le regardant de plus près, nous pouvons apercevoir les craquelures qui le marquent à la manière d’un tatouage.

En le contournant, nous en apercevons un autre, puis un autre et encore un autre. Tout d’un coup, les icebergs se dévoilent par dizaines, tous différents, tous caractérisés par une spécificité qui les rend unique.

Nous admirons ces glaciers éphémères dont nous savons pertinemment que les jours sont comptés et que leurs pieds sont constitués d’argiles. Mais nous ne pouvons pas nous empêcher de les croire immortels.

C’est alors que le pêcheur décide de nous faire vivre une expérience unique. Nous rendre sur l’un d’entre eux. Nous acceptons immédiatement et automatiquement, il démarre le moteur de son bateau et après 15 minutes de navigation, il se présente doucement aux abords d’un petit morceau de glace qui semble accueillant…du moins, petit est relatif puisqu’il représente la taille d’une belle demeure. Mais petit comparé aux mastodontes que nous venons de croiser.

En posant le pied sur ce bout de glace qui flotte, et en voyant le bateau s’éloigner, nous avons l’impression de nous faire abandonner sur ce radeau naturel dont nous ne savons rien. Pas tout à fait une terre existante ou répertoriée, pas tout à fait une entité surnaturelle puisque existante, nous nous maintenons sur de la neige recouvrant une sorte de patinoire rugueuse et le mouvement imperceptible de ce glaçon ne nous donne pas confiance.

Pourtant, nous essayons de la découvrir ou du moins d’en appréhender les subtilités. Au bout de quelques minutes, nous nous faisons à l’idée. Nous ne trouverons rien, ni animaux, ni roche, ni terre. Juste à perte de la petite vue qu’il nous est donné de voir, de la glace et de la neige. Trop uniforme pour nous surprendre mais assez impactant pour provoquer en nous ce sentiment de vivre une expérience unique.

De retour sur le bateau, alors que nous sommes sur le point de retourner au port, sans nous prévenir, le capitaine qui depuis quelques instants a commencé à froncer les yeux, coupe le moteur.

Il se dirige vers sa petite cabine et revient sur la passerelle avec son fusil, dans les mains. Il le pointe en direction d’un gros iceberg à l’horizon. Nous croyons comprendre qu’il a aperçu un phoque.

Nous tentons à notre tour de voir l’animal. Nous fronçons les yeux, nous les plissons, mais rien n’y fait. Nous ne voyons rien à l’horizon, simplement de l’eau et de la glace. Pourtant, en apercevant le petit rictus qui dérange sa concentration optimale, nous sommes sûrs qu’il a vu une forme qui l’attire.

C’est alors que nous entendons le bruit du tir résonner dans nos oreilles. Nous regardons à nouveau au loin, toujours sans rien remarquer. Le monde qui nous entoure n’a pas bougé, n’a pas changé. Pour sûr, lorsque nous le voyons ranger son arme et continuer sa route, nous savons qu’il a loupé sa cible. Du moins, s’il y en avait réellement une.

La baie de Disko en avion

Souvent, afin de découvrir un site sous un autre angle, il convient de prendre de la hauteur. Pour nous, la baie de Disko au Groenland est si importante, que nous ne pouvons pas quitter le pays sans la voir globalement.

Pour cette raison, nous décidons de rendre une visite à Mathias, un danois qui vit à Ilulisat. Lorsque nous le rejoignons dans son entrepôt, nous faisons la connaissance d’un jeune homme d’une blondeur à faire pâlir : « Rahan » le fils des âges farouches et accessoirement célèbre pour la bande dessinée qui porte son nom.

Mathias nous sourit et nous explique son activité. Du fait du développement croissant des touristes, il a postulé pour devenir pilote pour une compagnie qui propose des survols de la baie en avion, pour un coût de 250 euros approximativement.

Étant donné que nous aurons, nous le pensons, qu’une fois l’occasion de nous trouver au Groenland, nous acceptons de vivre cette expérience.

Alors que Mathias prépare son avion, nous l’aidons à le pousser à l’extérieur de l’entrepôt. Une fois sur le tarmac, il effectue les vérifications de sécurité avant de nous faire monter dans l’appareil.

Serrés comme des sardines, nous ne nous sentons pas rassurés, surtout lorsqu’il allume les moteurs qui tournent au ralenti, à l’instar d’une vieille voiture des années 80. Néanmoins, après avoir prévenu la tour de contrôle, il obtient l’autorisation de décoller.

Et difficilement, nous quittons le plancher des vaches pour en quelques secondes survoler la baie de DisKo. Les icebergs qui nous paraissaient immenses semblent minuscules. Un peu comme des glaçons dans un verre d’eau, ils bougent imperceptiblement, mais nous pouvons paradoxalement en ressentir les mouvements.

L’avion possède une petite ouverture sur les côtés, dans laquelle nous sortons notre main collée à notre caméra afin de capturer ces merveilles de la nature. Alors que nous nous épanchons sur nos appareils pour exploiter parfaitement le temps qui nous est mis à disposition, nous ne prenons pas conscience du danger de cette action.

Si nous ne risquons rien d’une éventuelle dépressurisation, l’avion ne volant pas à une altitude élevée, néanmoins, la fait de laisser nos doigts à l’extérieur avec les températures glaciales qui nous accompagnent, températures hypertrophiées par le vent provoqué par le mouvement de l’appareil, il ne nous faut pas longtemps pour ne plus sentir certains de nos membres.

Et c’est accompagné par la plus belle baie du monde qui se déploie sous mes pieds, que je tente par tous les moyens de faire revivre mes doigts…du moins, mon auriculaire qui progressivement reprend du poil de la bête en se trouvant à l’intérieur de ma cavité buccale.

Et avant de retourner sur le tarmac, nous nous évertuons à ne rien louper du spectacle qui se dessine. Nous ne loupons rien de ces colosses de glace dont les jours sont comptés. Tristesse de ne pouvoir changer cette destinée inéluctable.

Uummannaq

A 590 kilomètres au Nord du cercle polaire Arctique, sur la côte Ouest du Groenland, Uummannaq se trouve sur l’île du même nom, dans le fjord du même nom et surplombé par le mont…du même nom.

Territoire rocheux, l’île est un plateau de granit qui tombe dans l’océan, créant ainsi ce paysage escarpé constitué en des falaises abruptes remplies de crevasses.

Grâce à son mont qui culmine à 1170 mètres, la ville peuplée de 1364 habitants possède une identité qui lui est propre. Ainsi, au travers de ses maisons colorées dispersées un peu partout sans réelle structure d’organisation, la ville attire les attentions. Qui plus est, lorsque pour se démarquer, elle organise chaque année un championnat national de foot apprécié des Groenlandais.

Néanmoins, la ville présente d’autres atouts. Son église en pierres apparentes est une des rares du pays à ne pas posséder un agencement en bois de couleur vive. Ainsi, surplombant le petit port face au mont qui dépasse de beaucoup tous les petits icebergs flottant dans la baie, l’église apporte un côté chaleureux avec sa petite tour et son toit principal particulièrement pentu.

A l’Ouest de Uummannaq, dans la baie de Spraglebugten Bay, une maison appelée également : « le Château du Père Noël » fut construite à son emplacement pour un programme télévisé danois et demeure encore aujourd’hui la maison du Père Noël dans l’imagination populaire. Au travers de ses volets verts et de sa constitution en tourbe, avec son conduit de cheminée qui ressort timidement de son toit, la maison est une attraction touristique majeure de la ville.

Narsaq

Dans l’extrême Sud-Ouest du Groenland, peuplée de 1346 habitants, Narsaq a vu son développement s’intensifier ces dernières années du fait de son port en eau profonde pouvant accueillir des navires océaniques.

La ville qui a la pêche pour pilier de son économie locale tente aujourd’hui, d’exploiter un gisement minier et tend vers un développement de l’agriculture justifié par la présence de champs arables actifs dans sa région.

D’un point de vue historique, plusieurs sites prouvant une présence humaine depuis plus de 1000 ans sont visitables. Ainsi, les ruines de l’église de Dyrnaes se trouvent à la périphérie Nord-Ouest tandis que la ferme Landnàm multiséculaire faisant partie des plus anciennes du pays se situent un peu plus au Sud.

Le centre de la ville comprend outre des maisons colorées, une mairie, deux supermarchés, une église, un poste de police, une caserne de pompiers, une école primaire, des établissements d’enseignement, un cybercafé, un hôpital et plusieurs petits magasins.

Aux abords du port, une belle église conçue par le charpentier local Pavia Høegh en 1927 est constituée d’une structure commune au pays. Au travers de sa façade blanche, dont les arrêtes sont peintes en rouge, elle domine la ville et lui apporte un côté patriarcal rassurant.

Contrairement au reste du Groenland, la région élargie de Narsaq possède un réseau étendu de routes de terre et de gravier traversables, totalisant plus de 120 kilomètres en longueur avec pour plus long tronçon un chemin reliant l’extrémité Nord du fjord Tunulliarfik et les fermes ovines de Qassiarsuk à l’aéroport de Narsarsuaq.

Le tourisme se constitue essentiellement de visiteurs souhaitant effectuer des randonnées, de la pêche, de la collecte de minéraux rares et des excursions polaires.

Océan Glacial Arctique

S’étendant sur une surface d’environ 14 millions de kilomètres carrés, l’océan glacial Arctique, est le plus petit des océans sur la planète. Il recouvre l’ensemble des eaux situées entre le pôle Nord et les régions septentrionales de l’Europe, de l’Asie et de l’Amérique, communiquant avec l’Océan Pacifique et l’Océan Atlantique.

Il englobe de nombreuses mers : mer de Norvège, mer de Barents, mer Blanche, mer de Kara, mer des Laptev, mer de Sibérie orientale, mer des Tchouktches, mer de Beaufort, passage du Nord-Ouest, baie d’Hudson, baie James, détroit d’Hudson, mer de Lincoln, baie de Baffin, détroit de Davis et mer du Groenland.

Malgré le réchauffement climatique, la banquise en son centre peut mesurer jusqu’à 4 mètres d’épaisseur, une épaisseur atteinte par le glissement de plaques de glace les unes sur les autres

Lorsqu’un voyage est effectué au Groenland, l’océan glacial Arctique accompagne les visiteurs à chaque coin de côte, étant donné qu’il circonscrit le territoire dans son intégralité. Au travers de baies et de fjords sublimes, il possède une faune variée qui évolue en englobant une mosaïque d’icebergs de tailles diverses.

Si la pêche et le tourisme visuel en sont les activités les plus appréciées, certains visiteurs se risquent à s’y baigner, appréciant le contact de l’eau glaciale sur leur peau…ou du moins afin de vivre une expérience unique inoubliable.

Glacier Eqi Sermia

Situé au Nord d’Ilulissat, le glacier Eqi Sermia nécessite pour être rejoint, un trajet en bateau d’une durée de 3 heures approximativement, un trajet qui longe la côte groenlandaise.  Au fond d’une baie, l’imposant front glaciaire s’étire sur plus de 3 kilomètres de long avec une hauteur qui varie entre 50 et 170 mètres au-dessus de l’eau.

Toutes les quelques minutes se détachent des blocs de glace en dégageant de puissants craquements. Contrairement au glacier d’Ilulissat, qui donne naissance à des icebergs massifs aléatoirement, le glacier Eqi se désagrège en continu, laissant la glace s’accumuler dans la baie.

En arrivant devant le glacier, aux abords de chalets du Glacier Lodge Eqi disposant de plusieurs chambres à la location, qui permettent de bénéficier d’une vue à couper le souffle, le visiteur est placé face à un spectacle naturel inoubliable. Par fréquence de 2 à 3 minutes, ce sont ainsi de gros blocs qui se fracassent et plongent dans l’eau, fusionnant en une symphonie intenable, la vue et l’ouïe, une symbiose des éléments qui rend l’homme impuissant et sans contrôle.

Les bateaux, quant à eux sont dans l’obligation de conserver avec lui une distance minimale de 1,5 kilomètres afin de ne pas subir d’avaries lors de la chute de blocs qui provoquent à chaque violence, des vagues destructrices.

Si les roches aux alentours prouvent l’ancienne taille de ce colosse tout de blanc vêtu, il en possède de bons restes, quand bien même le réchauffement climatique l’amenuise progressivement année après année, un phénomène de réduction de sa surface qui s’il est bien naturel n’en demeure pas moins accentué par la main de l’homme.

Il est possible de randonner sur le glacier, mais du fait de la présence de crevasses, il est vital de se faire accompagner par un guide professionnel pour s’adonner à une telle activité. Des randonnées, à partir du campement Paul-Emile Victor, sont possibles, avec différents niveaux de difficulté. Par ailleurs, le camp de base porte le nom du chef des expéditions polaires menées à partir de là. Si le baraquement d’origine est toujours présent et permet un véritable bond dans le passé, son mauvais état ne permet pas d’y séjourner dans de bonnes conditions. Il convient ainsi de lui préférer le lodge, plus onéreux mais bien plus qualitatif.

Pour rejoindre le glacier, il est possible de louer un bateau privé ou de faire appel à un tour-opérateur local.

Inlandsis et le point 660

Si l’inlandsis, appelée également communément : « calotte glaciaire » peut être parcourue de tous les points cardinaux du Groenland, étant donné sa superficie de 1 710 000 km2, soit 80 % du territoire du territoire, à Kangerlussuaq, son accès est facilité par une route qui permet d’en rejoindre un point d’accès mythique : « le Point 660 »

Découvert récemment, le Point 660 est  un sommet de colline situé à la même altitude que la calotte, qui à cet endroit est fréquemment utilisé comme point de départ pour des expéditions sur la glace.

D’une hauteur de 660 mètres, l’entrée dans la calotte, marque comme il est facile de l’imaginer, l’accès à une vaste étendue de glace dont l’horizon au travers des mauvaises conditions de visibilité et une neige fine qui commence à tomber, fusionne avec le sol.

Sur place, nous apprenons en effectuant quelques dizaines de mètres sur une neige recouvrant le permafrost, que l’altitude moyenne de cette glace à profusion est de 2135 mètres et qu’elle est âgée pour sa plus ancienne partie de 110 000 ans.

Si en plein hivers, nous ne risquons pas grand-chose, en été, la situation se complique et la fonte de la calotte entraîne l’apparition de failles, de crevasses et de torrents dangereux, couplés à une glace qui devient tranchante comme une lame de rasoir.

Sur les côtés de l’inlandsis, nous découvrons les restes d’un avion ainsi qu’un igloo servant à protéger les aventuriers qui se lancent de cet endroit à des expéditions arctiques de plusieurs semaines.

En arpentant les zones découvertes qui dévoilent des silicates, rendant l’eau à la couleur de lait, impropre à sa consommation, nous découvrons une zone partagée entre le pergélisol et la terre, dans une sorte de bataille rangée où le vainqueur se déduit aisément, lorsque la calotte qui n’a jamais cessé de reculer depuis ces dernières années, dévoile outrancièrement des pans entiers de son intimité.

En regardant droit devant nous, nous sommes subjugués, limite, hypnotisés par ce blanc soporifique qui nous brûle les yeux. Ici, les distances, les formes nous jouent des tours dans une illusion optique qui déforme la réalité. Une petite colline que nous suspectons n’être à quelques centaines de mètres de distance peut être atteinte en plusieurs jours. Une altitude de quelques centimètres se dévoile sur une centaine de mètres. Tout se mélange dans nos têtes et avec d’immenses précautions nous retournons au point 660, après une marche d’une heure, point de départ que nous parvenons à retrouver avec difficulté. Pourtant, quelques minutes ont suffi à un moment pour que nous vivions un sentiment dérangeant de perte de repères…et accessoirement de chemin.

L’uniformisation de l’endroit, un peu à la manière du désert de sable est trompeur et pernicieux. Difficile de trouver un chemin lorsque tout se ressemble.

 Qaqortoq

Peuplée de 3050 habitants et située dans le Sud du Groenland, Qaqortoq bénéficie d’un des climats les plus doux du Groenland et sa localisation aux abords d’un des bras du Gulf Stream, le célèbre courant marin, en explique l’humidité importante ayant pour effets des précipitations qui verdissent la ville.

Ainsi, le visiteur est accueilli par un sobre panneau lui souhaitant la bienvenue, aux abords d’un grand port dans lequel nombre de bateaux effectuent des va-et-vient fréquents.

Sur une petite place, le visiteur peut trouver une belle petite fontaine : « Mindebronden » achevée en 1932 et représentant des baleines dont de l’eau jaillit du corps. Un peu plus loin, une statue représentant une femme assise apparaît comme par magie. Le centre composé de nombreux commerces est dynamique et les maisons colorées situées par étage donnent un côté vivant et joyeux à la ville.

Près de 40 sculptures englobées dans l’exposition : « Stone and Man », émanant de l’artiste : « Aka Hoegh » accompagné par 18 confrères nordiques sont disséminées dans la ville.

Une petite église comprenant une grande façade rouge attire les regards et en arrière-plan d’un petit faubourg, une rivière s’écoule paisiblement. Une nouvelle église : « l’église luthérienne de Gertrud Rasch » construite en béton blanc consacrée en 1973 sert à célébrer les offices de la ville en remplacement de l’ancien édifice religieux, trop petit face à l’augmentation de la population.

A 19 kilomètres de la ville, les ruines de Hvalsey, les ruines nordiques les plus importantes du Groenland justifient une présence humaine depuis près de 1000 ans.

Qaqortoq est un port maritime et le centre du Sud du Groenland. La transformation du poisson, le tourisme, le tannage, la production de fourrure et l’entretien et la réparation des navires sont des activités importantes de la ville.

Ilulisat

Ville de 4670 habitants et siège de la municipalité d’Avannaata dans l’Ouest du pays, Ilulissat comprend sur son ban, la baie de Disko englobée dans son fjord qui a été déclarée site du patrimoine mondial de l’Unesco.

A Ilulisat, nous prenons réellement le pouls du pays. En arpentant ces petites rues aux maisons colorées, nous agrémentons nos yeux de cette beauté qui nous émerveille.

Rien qu’en regardant le paysage qui nous surplombe, nous sommes submergés d’émotions. Nous vivons notre aventure au Groenland un peu à la manière d’un rêve éveillé. En marchant sur la route, la neige fraîchement tombée craquelle. A moins que ce ne soit de la glace. Il faut dire qu’avec les températures fortement négatives qui nous gèlent le bout du nez, la monde qui nous entoure caractérise bien ce paysage du Grand Nord.

Nous nous rendons au cœur de la ville et découvrons la présence de nombreux petits commerces qui proposent des produits artisanaux, ainsi que des vêtements. En arpentant un peu cette grande rue qui se dresse devant nous, nous découvrons la présence de nombreux restaurants rapides. Depuis plusieurs années, la malbouffe est un problème qui devient récurrent dans le pays. Les groenlandais apprécient particulièrement ce type de nourriture à l’occidentale. Ainsi, on ne compte plus dans la ville, les restaurants proposant des sandwichs, des pizzas et des kebabs à une jeunesse qui se rue généralement dessus, pouvant ainsi manger rapidement pour un coût relativement bas.

Nous faisons également un tour dans le supermarché : « SPAR » de la ville afin de faire quelques emplettes et sommes stupéfaits de découvrir que le commerce présente tous les rayons que nous possédons en Europe. Avec quelques spécificités dont le poisson séché en plus. Ainsi ordonnés de manière disparate, les produits sont proposés aux clients avec un coût supérieur de près de 30% à celui pouvant être proposé en France et il est surprenant de voir que des bonbons côtoient des écrans plats de télévision non loin des viandes de rennes.

Nous nous rendons ensuite dans la petite église de la ville, d’un brun vif qui surpasse tous les autres bâtiments de la ville ; une messe s’y déroule et nous y entrons doucement afin de ne pas déranger les fidèles priant à la demande du curé.

L’église de Sion, construite dans les années 1800 est un des édifices incontournables de la ville.

Nous l’admirons sous toutes les coutures et sommes subjugués par son austérité. Ici, pas de clinquant, la piété est poussée au paroxysme de son intensité pour permettre à la foi de n’exister que par et pour les croyants.

A l’extérieur, quelques tombes situées face à l’océan composent le cimetière, dont les croix semblent être dirigées vers l’horizon. Une légende explique cette disposition afin que les défunts bénéficient d’une belle vue, pour l’éternité.

La ville comprend un musée portant le nom du célèbre explorateur danois : « Knud Rasmussen » Le musée qui présente la vie et les épopées arctiques de l’explorateur se trouve dans un grand bâtiment rouge construite en 1917 et accueillant une exposition permanente depuis 1939. Il s’agit de la maison natale du fameux explorateur, maison qui fut d’abord une école et un logement de fonction pour les missionnaires avant d’être habitée en 1879, par le pasteur et philologue Christian Vilhelm Rasmussen et sa seconde épouse Sophie Lovise, qui accoucha du petit Knud.

Avec le même billet, il est possible de visiter le musée d’art qui abrite entre autres une cinquantaine de tableaux du peintre danois : « Emanuel Petersen »

Alors que nous arpentons les rues de la ville, nous faisons connaissance avec un vieil homme, assis dans la neige qui répare son scooter. Sans trop savoir ce qu’il fait, il démonte plusieurs pièces qu’il remonte après les avoir nettoyées.

Dans son quartier, nous nous rendons à l’école maternelle afin de rencontrer les petits Groenlandais. Nous sommes accueillis par des enfants tout sourire qui nous chantent une chanson nous emplissant de joie. Les maîtresses qui maîtrisent l’Anglais nous expliquent qu’elles donnent une importance considérable à laisser les enfants développer leur entendement à leur rythme, afin qu’ils puissent toujours apprécier l’apprentissage et l’école.

En nous rendant dans la salle centrale de la ville, nous faisons connaissance avec des adolescents qui jouent au football. Ils nous expliquent que les cours se déroulant le matin, les après-midis sont réservés aux loisirs, aux activités et aux sports. Ainsi, dans une grande salle chauffée pouvant accueillir concomitamment du football, du basketball et du handball, dont l’accès est libre, les habitants sont invités à se dépenser à leur guise.

A l’instar des autres villes du pays, Ilulisat comporte une route uniquement à l’intérieur de son territoire, rendant obligatoire l’accès aux municipalités voisines uniquement en avion, en hélicoptère ou en été, par bateau.

Ainsi, les habitants parviennent à se débrouiller pour tenter au maximum de compter sur eux-mêmes. C’est ainsi que nous nous rendons au marché aux poissons, qui se trouve non loin d’une grande usine de conserve, devant laquelle, nous assistons au ballet incessant d’engins de manutention déchargeant les cales remplies de produits de la mer apportés chaque jour par nombre de pêcheurs qui sont parvenus à extirper en début de fin de saison, leurs bateaux des glaces.

Lorsque nous entrons dans le marché, nous sommes immédiatement surpris par l’ambiance chaleureuse qui y règne. Alors que le sang des gros poissons sur les étals s’écoule sur le sol, manquant de peu de nous faire tomber sous l’hilarité générale, nous assistons à des scènes de vie qui nous réchauffent le cœur. Une vendeuse d’un certain âge plaisante avec une cliente, le cabas débordant de victuailles. Un homme tente à l’intérieur du marché de s’allumer une cigarette, mais il se fait huer gentiment dessus par des pêcheurs qui lui jettent quelques morceaux de glaces.

Durant notre séjour dans la ville, nous avons la chance inestimable de nous nouer d’amitiés avec une famille groenlandaise, qui nous invite à partager leur repas le jour de Pâques, qui revêt une importance particulière pour les habitants, marquant leur attachement à la chrétienté.

En nous présentant à la porte, nous sommes accueillis avec bienveillance par toute la famille, dont les enfants qui nous tirent par le bras pour nous emmener jusque dans le salon que nous découvrons coquet, un bel écran plat relié à une Playstation dernier cri, bien mis en évidence et que l’adolescent du groupe ne se fait pas prier pas pour prendre en main.

Pendant ce temps, nous sommes conviés, après avoir entendu les présentations de tous les membres de la famille, à suivre la coupe de la viande qui nous est servie dans un beau plat en porcelaine.

La viande de rennes est un peu prononcée, mais véritablement exquise. Nous nous régalons. Nous ne comprenons pas totalement les discussions, mais nous pouvons sentir de la joie et du partage émanant de chaque regard.

Une fois que le repas est terminé, un des adolescents présents sort une guitare et commence à chantonner un air local, rapidement repris en chœur par l’ensemble de la famille. Le chant parfaitement rythmé nous met en liesse et c’est au travers de sons et d’onomatopées, que nous partageons ce moment précieux que nous n’oublierons jamais.

En nous rendant dans les hauteurs de la ville, nous arpentons un sentier enneigé et découvrons quelques maisons en bois brut. Nous longeons un chemin constitué avec des planches de bois. La température extérieure de moins 45 degrés nous brûle la peau, mais nous luttons pour rejoindre une vue sur la baie de Disko qui nous fait face.

Nous nous asseyons sur un banc et profitons du spectacle.

Les icebergs qui se laissent apercevoir, nus sont à l’état brut ; ils semblent statiques et imposent leur grandeur à notre vue. Ainsi, frigorifiés, cette vision enchanteresse nous réchauffe le cœur et l’âme. Nous nous sentons privilégiés de pouvoir ainsi contempler ce que la nature polaire offre de plus beau.

En contrebas, aux abords d’un socle qui accueille des bateaux, nous pouvons également découvrir la baie de Disko, avec ce sentiment de nous trouver un peu plus près de ces colosses glacés. A plusieurs reprises, en nous rendant dans le centre, nous nous rendons à cet emplacement qui se trouve non loin de l’église pour tenter de nous rassasier de cette vue unique au monde. Un véritable bonheur qui restera gravé à jamais dans nos mémoires.

Ile de Disko

Appartenant à la municipalité de Qeqertalik, l’île de Disko est la deuxième île la plus grande du Groenland. Peuplée de 892 habitants, elle se situe à 100 kilomètres au Nord de la ville d’Ilulissat et regroupe plusieurs villes dont Qeqertarsuaq, construite autour d’un port fondé en 1773. La ville comporte un musée installé dans l’ancienne maison du gouverneur du Nord-Groenland

Kangerluk, un petit village fort intéressant est constitué de 54 habitants vivant principalement de pêche et de chasse et étant réellement accessibles aux visiteurs.

Si l’île est célèbre pour ses sources chaudes, elle permet d’effectuer de belles randonnées au cœur de la vallée de Blaesedalen et de découvrir le long de ses côtes, outre un paysage exceptionnel composé d’icebergs, une faune riche et une flore variée, justifiant l’implantation depuis 1906 en ces lieux de la station Arctique, une base de recherche scientifique.

L’île est séparée de la péninsule de Nuussuaq par le détroit de Sullorsuaq, ce qui donne la possibilité pour les visiteurs de profiter d’un décor naturel exceptionnel. Sur l’île, les vestiges de l’ancienne colonie minière de Qullissat permettent au travers des quelques ruines conservées de faire connaissance avec le travail acharné des mineurs d’antan. Sont encore présents : quelques maisons en bois, un ancien aqueduc ainsi que les restes de matériels d’excavation.

Sur l’île, le glacier Lyngmark qui s’atteint en 3 heures de randonnée avec un dénivelé d’environ 800 mètres, offre des possibilités de randonnées appréciées.

Nuuk

Capitale et plus grande ville du Groenland, avec ses 18 800 habitants, Nuuk est le siège du gouvernement et le plus grand centre culturel et économique du territoire.

Fondée en 1728 par le missionnaire dano-norvégien Hans Egede, dont la statue surplombe la ville, Nuuk s’est développée grandement à l’embouchure de Nuup Kangerlua, à 10 kilomètres de la mer du Labrador au Sud-Ouest des côtes du Groenland.

Elle se trouve à 240 kilomètres du cercle polaire Arctique dans un fjord qui se divise en trois bras dans sa partie inférieure, avec trois grandes îles entre les bras : Sermitsiaq Island , Qeqertarsuaq Island , et Qoornuup Qeqertarsua. Près de la ville, se trouvent les sommets de Store Malene, d’une hauteur de 790 mètres et celui de Lille Malene , mesurant 420 mètres.

La ville compte une rue principale : « la rue Aqqusinersuaq » comprenant nombre de commerces ainsi que l’hôtel Hans Egede et qui permet d’avoir accès à ses différents quartiers, desservis par des routes goudronnées accessibles en voiture ou en bus, les transports publics étant bien dotés en infrastructures diverses.

Parmi les marchés, celui de Kalaaliaraq qui permet à des vendeurs de proposer des produits frais à Nuuk, est situé dans le vieux quartier, à environ 150 mètres au Sud-Est de la cathédrale. Outre sa fonction sociale, le marché est connu pour son poisson frais et d’autres produits locaux vendus en direct par les commerçants qui les achètent du jour aux pêcheurs et aux chasseurs. Certains produits tels que : la baleine, le renne, le phoque et de manière plus restreinte, l’ours blanc, sont proposés dans une ambiance réservée et sobre.

D’un point de vue architectural, Nuuk comporte à l’instar des autres villes du Groenland, des maisons colorées, mais également des bâtiments modernes qui permettent à la ville de posséder une structure intéressante mêlant le nouveau et l’ancien, les bâtiments étant majoritairement composés de bois, un matériau noble qui permet la conservation de la chaleur.

Dans le centre, la cathédrale appelée également : « église Notre-Sauveur du diocèse luthérien » construite en 1849 a reçu son statut en 1994. Constituée d’une façade en bois de couleur rouge, elle possède une tour édifiée en 1884.

Le musée national du Groenland se trouve à Nuuk et a été l’un des premiers musées établis au Groenland, inauguré au milieu des années 1960. Il possède de nombreux objets liés à l’archéologie, l’histoire, l’art et l’artisanat du Groenland. A l’intérieur sont exposées : « les momies Qilakitsoq »


La maison de Hans Egede , construite en 1721 par le missionnaire norvégien éponyme est le plus ancien bâtiment de la ville. Situé près du port parmi d’autres maisons anciennes, elle est utilisée pour les réceptions gouvernementales.

Toujours dans le domaine culturel, Katuaq est un centre utilisé pour des concerts, des films, des expositions d’art et des conférences. Conçu par Schmidt Hammer Lassen et inauguré le 15 février 1997, il comprend deux auditoriums, d’une capacité de 1 008 et de 508 personnes. Le complexe comprend également une école d’art, une bibliothèque, des salles de réunion, des bureaux administratifs et un café.Le Nuuk Art Museum est le seul musée privé d’art et d’artisanat du Groenland. Il expose une collection de peintures locales, d’aquarelles, de dessins et de figures en stéatite, en ivoire et en bois.

Conclusion

Rare destination qui permet chaque jour de se sentir dans un univers diamétralement opposé au sien, le Groenland s’est avéré être un territoire unique qui a répondu intégralement à nos attentes. Nous avons pu admirer des paysages exceptionnels et rares, en ayant ce sentiment de vivre un véritable rêve.

Les habitants qui s’ouvrent au tourisme sont généreux et avides d’échanges ; ils possèdent une identité propre partagée entre une volonté de se tourner vers l’avenir tout en ayant le coeur dirigé vers un passé qui n’existe plus mais qu’ils, aux tréfonds de leur âme, semblent regretter. Ainsi, dans leurs yeux, cette mélancolie qui les anime est un livre ouvert sur les tenants d’une histoire qui nous concerne tous.

Si les prix pratiqués dans le pays sont, il ne faut pas le nier, souvent élevés, le Groenland mérite une attention particulière au travers de l’expérience que le territoire procure.