La Mauritanie : organiser son voyage au cœur du Sahara

Carrefour commercial, la Mauritanie est une porte d’entrée de l’Afrique, partagée dans un continent entre une double culture : maghrébine et africaine. Alors que le pays fut longtemps considéré de manière illégitime comme dangereux, un peu à l’instar de la Tunisie, celui qui fut autrefois un paria en étant déconseillé par le ministère des affaires étrangères français, devient aujourd’hui, un eldorado du tourisme authentique et traditionnel.

Pays d’Afrique de 1 030 700 km2 comprenant 3 840 429 habitants, la Mauritanie, également appelée république islamique de Mauritanie est une ancienne colonie française qui se trouve le long de l’Océan Atlantique, mais dont les terres se prolongent jusque dans le désert du Sahara, qui couvre le pays sur une grande partie.

Par ce fait, le climat est globalement désertique très chaud et très sec, ce qui explique la faible densité de population, répartie principalement le long de la côte.

Mauritanie Aune

Un pays hyper sécurisé

Nous avons choisi de nous rendre en Mauritanie alors que le pays était majoritairement en rouge sur la carte des affaires étrangères du gouvernement français et avons assisté en direct à un changement unique : le passage de l’Adrar, la région désertique et touristique du pays, du rouge au jaune, ce changement faisant suite à la venue nous ayant précédé de l’ancien président François Hollande.

Alors que nous étions reçus par le gouverneur de la région : Cheikh Abdallahi EWAH, Wali de l’Adrar, il nous a annoncé ce changement, les yeux embués, signe pour lui de la résurgence touristique que le ministère du tourisme mauritanien avait toujours souhaitée. Mais avec de grandes difficultés pour se faire entendre, l’adage : « personne n’est plus sourd que celui qui ne veut pas entendre » étant particulièrement vrai en ce qui concerne les relations diplomatiques et le peu d’intérêt que peuvent parfois présenter nos gouvernants pour ces pays dits : « en développement »

Pourtant, le pays a toujours lutté contre la criminalité et le terrorisme et malgré sa stabilité, il fut considéré depuis de longues années, comme étant un repaire de criminels à qui on a imputé la responsabilité d’une agression survenue il y a plus de 10 ans. D’un simple fait divers, le téléphone arabe, pourtant peu employé par les sociétés occidentales l’a transformé en une attaque terroriste, responsable du griffonnage en rouge d’un pan entier du territoire…et non pas des moindres… puisque ayant été depuis toujours le plus touristique.

Autant dire qu’à notre arrivée sur le territoire, nous n’avons pas aperçu beaucoup de touristes, essentiellement des travailleurs humanitaires et des employés des gisements de gaz et de charbons.

Pour découvrir le récit photographique de notre voyage au cœur de la Mauritanie, rendez-vous sur le lien suivant.

Pour découvrir le récit littéraire de notre première partie de voyage, qui nous a conduit de Nouakchott à Atar, en développant notre expérience dans les camps de nomades, notre égarement dans le désert, notre ensablement et notre effarement lors de la découverte du sacrifice d’une chèvre, rendez-vous ici : https://hors-frontieres.fr/la-mauritanie-les-incontournables-de-ladrar/

Pour découvrir le récit littéraire de notre deuxième partie de voyage, qui nous a conduit des cercles de Richât à Wadâne, rendez-vous ici : https://hors-frontieres.fr/les-incontournables-de-mauritanie-des-cercles-de-richat-a-atar/

Mauritanie Chinguetti Coucher de soleil

Les dessous d’un voyage

Alors que nous effectuions des recherches pour connaître notre future destination, nous avons immédiatement pensé à la Mauritanie, un pays qui est généralement découvert par des voyageurs de passage en provenance d’occident et en direction des pays d’Afrique noire.

Dans la majeure partie du temps, ces voyageurs empruntent la route en provenance du Sahara occidental et arpentent la côte Atlantique, s’arrêtant pour quelques-uns d’entre eux à Nouahdibou, à la réserve naturelle du banc d’Arguin ou à Nouakchott, la capitale. Un chemin qui ne s’éloigne pas de la nationale 2 et qui permet depuis la France de rejoindre le Sénégal.

Une hérésie lorsque l’on sait que le pays compte deux secteurs touristiques majeurs du Sahara : l’Adrar et ses villes millénaires et le Sud frontalier avec le Mali… moins intéressant que l’Adrar cependant.

Mauritanie Dunes

Le choix du guide

C’est ainsi en Adrar que ma collaboratrice : Murielle et moi-même avons décidé de nous rendre. Pour organiser notre voyage, les informations sur le pays étant rares, nous avons longuement parcourus des forums où des aventuriers aguerris faisaient état de leur séjour en Mauritanie, en postant généralement des photos de l’Adrar, région la plus touristique du pays. Mais ces publications dataient généralement de plus de dix ans, date à laquelle, le pays a été inscrit en rouge sur les fiches des ministères des affaires étrangères, suite à une agression aux fins de vol de quatre Français dans le Sud, cette agression qui tenait plus du brigandage ayant été mal interprétée, les autorités françaises l’ayant considérée comme une agression terroriste.

En parcourant les forums, nous sommes ainsi tombés sur le numéro de téléphone d’un expatrié français que nous avons contacté et qui possédait une agence de voyage locale. Nous sommes tombés sur un certain Patrice Dubois, un homme charmant qui nous explique avoir quitté la Mauritanie depuis plusieurs années et s’être reconverti dans l’enseignement. Il est désolé de ne pouvoir nous aider, mais, il nous transmet les coordonnées d’un guide local, avec lequel il a toujours travaillé…un véritable ami selon lui et un des guides les plus fiables du pays, un véritable nomade qui connaît le pays comme sa poche et qui nous fera vivre un voyage en pleine immersion dans le Sahara.

En parallèle de ce guide que je contacte, je me mets en relation avec une autre agence locale avec laquelle je communique en Anglais. L’agence me propose une expédition pour la somme de 900 euros par personne sans le vol pour 10 jours d’excursion. J’apprendrai par la suite que l’agence Mauritanides voyage qui chapeaute l’agence locale travaille généralement avec les voyagistes français et que les guides employés ne sont en rien des nomades, provenant pour la majeure partie d’entre eux de la capitale.

Le guide local me contacte enfin ; il s’agit d’Isselmou, un ami de longue date de Patrice ; dès les premiers échanges, je me sens en confiance, qui plus est, il est parfaitement bilingue en Français. Je négocie avec lui un prix de 100 euros par jour, le tarif comprenant la location d’un 4/4, sa présence, la présence d’un ami cuisinier, ainsi que ses frais d’hébergement. A notre charge, les hébergements, l’essence et nos repas.

Au fur et à mesure de nos conversations par message interposé, le courant passe bien ; nous nous lions d’amitié ; je lui envoie un programme éventuel qu’il module et complète. Et lorsque j’entends enfin sa voix par le biais d’un message vocal envoyé par l’application WhatsApp, je sais pertinemment que j’ai fait le bon choix : la voix rassurante, chaleureuse teintée d’un léger accent, il me remercie de ma confiance et s’excuse de n’avoir pas pu me répondre plus tôt, étant donné qu’il se trouvait dans le désert avec un groupe de touristes.

Lorsqu’il me demande par quelle entrée je compte arriver en Mauritanie, trois options s’offrent à nous: Nouadhibou, Nouakchott ou directement dans le cœur de l’Adrar par la ville d’Atar.

Je tente la ville de l’Atar ; j’apprends que quelques mois dans l’année, des charters en provenance de France font la liaison en direct. Je contacte le numéro de téléphone de l’agence Point Afrique basée en France que m’a transmis l’agence locale mauritanienne.

Je tombe sur une femme désagréable au possible, essayant de me vendre un voyage de quelques jours dans le désert à plus de 1400 euros, ce que je considère au vu des prix locaux pratiqués comme une escroquerie et à laquelle je ne donne pas suite. La femme m’explique ensuite que l’agence vend à quelques reprises des vols secs, mais seulement lorsque l’avion n’est pas plein.

Je change mon fusil d’épaule ; en attendant, Isselmou me déconseille de me rendre sur Nouadhibou, estimant que cette ville ne présente que peu d’intérêts. Nous nous mettons d’accord sur notre arrivée à Nouakchott ; je lui envoie également le nouveau planning ; il viendra nous récupérer à l’aéroport de la capitale ; nous visiterons la ville le lendemain et nous partirons ensuite dans la ville de Atar à près de 450 kilomètres de distance. A la fin du séjour, il nous accompagnera à l’aéroport en retournant à Nouakchott.

Mauritanie Eleveurs

L’organisation du voyage

Nous effectuons tout d’abord nos recherches en partance de Paris ; nous trouvons un vol aller à près de 500 euros ; en modifiant l’aéroport de départ et en le remplaçant par Bruxelles, nous tombons sur un vol à moins de 300 euros avec la compagnie Air Tunis qui propose une escale de quelques heures dans la capitale de la Tunisie. Nous le validons.

En ce qui concerne les formalités de départ, un passeport seul suffit ; en effet, depuis 2018, le visa peut être effectué dès l’arrivée, et ce dans n’importe quelle poste-frontière ou aéroport au prix unitaire de 55 euros, un prix qui a baissé fortement, surtout lorsque l’on sait que le visa mauritanien était d’antan l’un des plus chers du continent africain.

Une fois nos billets réservés, je recontacte Isselmou en lui expliquant mon souhait d’utiliser mon voyage pour effectuer quelques missions humanitaires. Je m’enquiers ainsi sur les besoins des populations locales : Isselmou me répond que je dois privilégier les médicaments, les affaires d’école ainsi que des petits présents à offrir aux enfants.

Il me demande en outre, si je peux parvenir à lui trouver une paire de lunette à sa vue pour laquelle il m’envoie une ordonnance.

Je n’ai qu’à passer un coup de fil à un opticien du réseau Krys et lui expliquer la situation pour que la responsable de la boutique nous donne un primo-accord. Cet accord sera validé dans la foulée et les lunettes remises gracieusement moins d’une semaine plus tard.

Murielle, ma collaboratrice et moi-même réunissons de nombreux médicaments, divers objets du quotidien ainsi que des peluches et des bonbons pour les enfants ; en ce qui concerne les objets scolaires, nous faisons une demande à un hypermarché ; le responsable nous montre une palette de cahiers dont certains sont abîmés, mais il refuse de les donner. Les cahiers finiront certainement à la déchetterie, politique consumériste du groupe.

En nous renseignant, nous apprenons que nous ne sommes pas les seuls en France à nous être vus opposés une fin de non-recevoir de ces hypermarchés qui ont fait du gaspillage, l’étendard de leur philosophie. Jeter vaut ainsi mieux que de donner. Sous couvert d’anonymat, un cadre du groupe nous explique ainsi que distribuer des produits, même usagés fait perdre à l’enseigne beaucoup d’argent ; les assurances leur permettent de se faire rembourser et les produits sont ainsi vendus sans perte…et de temps en temps…pour certains de ces hypermarchés, les produits ne sont pas détruits, mais revendus sous un packaging différent. Ce qui est le cas des fruits et légumes que l’on retrouve dans des sachets, en vrac, mais à prix coûtant. Etre payés deux fois pour un même produit, tellement so money friendly…

Nous parvenons tout de même à récupérer autour de nous plusieurs stylos et cahiers, que nous agrémentons de shampoings et de gels douche. Nous plaçons le tout dans une valise que nous stockons et que nous emmènerons avec nous le temps venu.

Dans nos valises, nous emportons de nombreux vêtements légers, de la crème solaire ainsi qu’une veste que nous porterons sur nous le jour du départ. Les températures en France en mars étant négatives, le port de la veste est ainsi logique.

Le jour J, il est temps pour nous de rejoindre la ville de Bruxelles et d’embarquer avec la compagnie Air Tunis pour une destination qui s’avèrera être un des pays les plus intéressants découverts durant ces douze années de voyage.

Mauritanie Nomade

Le bilan

Non content d’être hyper sécurisée, à la différence de ce que les médias ont bien voulu nous faire croire durant plus de dix ans, la destination fut également authentique et traditionnelle. Les paysages étendus du Sahara et changeant au gré des kilomètres nous surprirent à de nombreuses reprises et la population de nomades, aimante et bienveillante nous permis d’en apprendre un peu plus sur nous-mêmes.

Nous découvrîmes également que l’islam pratiqué dans le pays était tolérant avec les étrangers et que l’excision dont on affublait le pays était interdite depuis longtemps, que les populations nomades étaient scolarisées et que ces hommes et ces femmes du désert rivalisaient d’ingéniosité pour s’inscrire dans une vision de développement durable…peut-être bien avant que les occidentaux en fassent une question prioritaire.

Et que dire de notre guide, Isselmou, qui fut tout au long de ce voyage, notre grand coup de cœur. Véritable touche à tout, à la fois enseignant, architecte, nomade aux allures de prince, il nous apprit énormément au travers de l’enseignement qu’il nous transmit à chaque instant.

Sa petite agence et sa connaissance du monde du Sahara en firent un pilier de notre découverte ; l’amour que lui portent les nomades nous permis de nous faire accepter sans restriction et considérés comme des membres de leur famille, ce qui facilita grandement les échanges.

Alors bien entendu, il est possible de partir en Mauritanie en travaillant avec Mauritanide voyage ou d’autres agences locales ou internationales, mais quoi qu’il en soit, le voyage sera bien plus onéreux et les émotions bien moins intenses, Isselmou étant à recommander sans restriction.Pour ceux qui souhaitent le joindre, rendez-vous sur la partie contact de notre site.

Mauritanie Voiture